Discussion:Le Soldat oublié

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Service militaire[modifier le code]

"Il rentre alors chez lui, à Wissembourg, retrouvant très progressivement la manière de vivre en temps de paix, après un passage de dix mois dans l'armée française" Je n'ai aucun souvenir que ce livre évoquait le service militaire de Sajer au sein d'une unit française. Cette info ne vient elle pas d'une interview et donc hors sujet par rapport à l'article.

Bonjour, Il en est pourtant bien fait état dans l'épilogue de l'ouvrage, dans mon édition datée de 2008, chez Robert Laffont. Merci de bien vouloir laisser cet élément dans la rédaction de l'article. Et merci de signer vos commentaires avec 4 tildes "~~~~". Cordialement, choumix (d) 13 juin 2010 à 14:57 (CEST).[répondre]

Pas de souci, je posais simplement une question. L'article en lui même n'a pas été altéréW@rrior 67 (d) 6 juillet 2010 à 12:49 (CEST)[répondre]

Intéressant[modifier le code]

« Guy Sajer… Guy Sajer, qui es-tu ? » (A. Roche, in Revue des Conflits européens, septembre 2022)

Il aura fallu attendre la mort de Guy Mouminoux, le 11 janvier 2022 à deux jours de son quatre-vingt-quinzième anniversaire, pour qu’enfin un coin du voile de mystère qui entoure l’auteur du Soldat oublié soit levé.

Dessinateur de bandes dessinées à succès sous le nom de Dimitri, Guy Mouminoux fut aussi l’auteur de l’un des plus grands classiques du récit militaire, sous le pseudonyme de Guy Sajer. Paru en 1967 aux éditions Robert Laffont, dans la collection « Vécu », Le Soldat oublié a été traduit dans près d’une quarantaine de langues et vendu à plus de 3 millions d’exemplaires. En France, il a encore récemment été réédité dans la collection « Tempus », aux éditions Perrin (2019). Et les droits pour une adaptation au cinéma (qui ne verra finalement pas le jour) ont été acquis en 2006 par le cinéaste Paul Verhoeven, auteur de plusieurs blockbusters hollywoodiens (RoboCop, Basic Instinct, Starship Troopers…). C’est dire si ce formidable récit « autobiographique » a suscité l’engouement.

En 1968, le Soldat oublié reçoit le prix des Deux Magots. En 1971, il est traduit aux Etats-Unis où la critique l’encense. Dans le New York Times Book Review, J. Glenn Gray, professeur de philosophie et vétéran de la Seconde Guerre mondiale écrit : « Sajer dépeint brillamment et en détail les activités, les émotions, les souffrances et la terreur qui sont le lot du simple soldat […]. Ceux qui n’ont jamais eux-mêmes connu la guerre ne pourront saisir qu’une fraction de la réalité qu’il dépeint. Et même les anciens combattants devront avouer que ce qu’ils ont vécu n’était en comparaison qu’un jeu d’enfant. » En pleine guerre froide contre l’Union soviétique, plusieurs officiers de l’US Army en recommandent vivement la lecture. Le Soldat oublié devient incontournable.

Mais c’est aussi aux Etats-Unis que, quelques années plus tard, la controverse sur l’authenticité du témoignage de Sajer va se développer avec le plus d’acuité. En 1992, dans un numéro d’Army History, le lieutenant-colonel Edward L. Kennedy Jr. soutient que The Forgotten Soldier n’est en réalité qu’ « un roman intelligemment déguisé en récit véridique. » Pour preuve, les imprécisions ou erreurs qui émaillent le récit : l’insigne de la division Grossdeutschland, par exemple, qui n’était pas placé sur la manche droite de l’uniforme, comme l’écrit Sajer, mais sur la manche gauche, ou l’introuvable Hauptmann (capitaine) Wesreidau, dans la compagnie duquel Sajer aurait servi…

En 1997, dans la même revue, le lieutenant-colonel Douglas E. Nash lui répond point par point et reste convaincu de l’authenticité du récit autobiographique. Le « cas Sajer » (selon la formule de Philippe Carrard (1)) va dès lors passionner les spécialistes et alimenter de nombreux forums de discussion sur internet.

Or, s’il est incontestable que « le récit de Sajer surpasse en vérité et en horreur tout ce qui a été écrit » et que « la peur, le froid, la faim et la blessure de la captivité prennent sous sa plume l'accent et la force terrible de la réalité » (2), il n’est pas moins incontestable qu’il s’agit d’une magistrale forgerie.

Guy Mouminoux naît à Paris 10e le 13 janvier 1927. Son père, Jean Mouminoux, d’ascendance auvergnate (comme son nom l’indique), est un ancien combattant de la Grande guerre. Au moment de son mariage, à Paris en 1912, avec Amélie Faugeron, il est mécanicien (plus tard, il sera chauffeur de taxi). Son épouse est, quant à elle, couturière et originaire du Périgord. De leur union naîtront trois enfants. Guy est le second. En 1931, on les trouve domiciliés au 81, boulevard de Charonne dans le 11e arrondissement de Paris (3), où ils vivent avec François Faugeron, menuisier, grand-père des enfants.

On est donc bien loin de la mère allemande, originaire de la Saxe, dont Guy Mouminoux aurait repris le nom de jeune fille, Sajer, pour s’enrôler dans les rangs de la Wehrmacht… Pas de trace non plus d’une hypothétique installation de la famille en Alsace, à Wissembourg. D’ailleurs, et quoiqu’il en soit, n’aurait-il pas été bien jeune pour endosser l’uniforme en juillet 1942, à tout juste quinze ans et demi ? Les épisodes relatés dans le Soldat oublié ne semblent pas davantage provenir de sa belle-famille : son épouse, Yvette, est issue du bocage vendéen…

Mais alors, de qui Guy Mouminoux s’est-il fait l’interprète ? A qui appartiennent les souvenirs de ces furieux combats sur le front russe ? Comment ces dix-sept cahiers d’écoliers, rédigés entre 1952 et 1957 et « illustrés de dessins précis comme des planches d’anatomie » (4), ont-ils pu voir le jour ?

Le fait qu’ils aient d’abord été publiés par fragments dans un magazine belge pourrait laisser penser qu’il s’agit de souvenirs d’anciens de la Légion Wallonie, dont Mouminoux aurait pu faire la connaissance par le milieu de la bande-dessinée dans l’immédiate après-guerre. A moins qu’il n’ait effectivement connu quelque alsacien lors d’un séjour plus ancien dans cette région rattachée au Reich ? (5) Voilà deux suppositions pour relancer le débat.

Ce qui est désormais certain, c’est qu’il n’a pas vécu directement les horreurs du front russe qu’il a pourtant su évoquer avec un si incroyable talent. Au travail : Guy Sajer n’a pas encore livré tous ses secrets !

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(1) Nous avons combattu pour Hitler, Armand Colin, 2011 (The French Who Fought for Hitler, Cambridge University Press, 2010, pour l’édition originale).

(2) Comme on peut le lire sur la quatrième de couverture de la réédition de 2019 dans la collection « Tempus » (Perrin).

(3) Archives de Paris, Recensement de population.

(4) Note de l’éditeur, Robert Laffont (1967).

(5) La base de données Mémoire des hommes recense deux Sager déclarés « morts pour la France » sous l’uniforme allemand. 178.16.171.170 (discuter) 7 septembre 2022 à 11:07 (CEST)[répondre]