Grande Humoresque
Humoreske op. 20 Grande Humoresque | |
Première page de l'édition Breitkopf & Härtel (1887). | |
Genre | Humoresque pour piano |
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Musique | Robert Schumann |
Durée approximative | 26 min |
Dates de composition | 1839 |
Dédicataire | Julie von Webenau |
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La Grande Humoresque en si bémol majeur, op. 20, est une pièce romantique pour piano composée par Robert Schumann en 1839 et dédiée à Julie von Webenau.
Les commentateurs rapprochent l’œuvre du style d'humeur et d'humour de l'écrivain Jean Paul.
Présentation[modifier | modifier le code]
Grande Humoresque est le titre complet de l'opus 20 pour piano de Robert Schumann, publié sous le nom d'Humoreske[1]. Par cette indication, la pièce se rattache au genre romantique de l'humoresque, qui selon Schumann recouvre « deux particularités aussi enracinées dans la nationalité allemande que l'exaltation du rêve (das Schwärmerische) et l'humour »[1].
La partition est écrite en 1839 à la fin d'un séjour à Vienne, en huit jours exaltés, ainsi que le rapporte le compositeur à son épouse Clara Schumann dans une lettre datée du 11 mars 1839 : « J'ai été toute la semaine au piano, composant, écrivant, riant et pleurant tout à la fois. Tu trouveras une bonne description de cet état de choses dans mon opus 20, la Grande Humoresque »[1].
L’œuvre est dédiée à la pianiste et compositrice viennoise Julie von Webenau née Baroni-Cavalcabò[2], que Schumann estimait beaucoup[a].
Guy Sacre considère que c'est une grande fantaisie « d'une quarantaine de pages, apparemment discontinues, mais dont les nombreux points d'orgue, les changements de mètre, de tempo, de tonalité, n'entament pas la continuité (la vérité) psychologique[3] ».
Pour le musicologue Harry Halbreich, « c'est l'humour un peu bizarre, inquiétant et vagabond, de [...] Jean Paul » qui irrigue cette vaste « suite de variations de climat expressif — de Stimmung comme disent les Allemands — dont le lien unificateur est de nature poétique bien plus que musicale ou même esthétique[1] ».
Structure[modifier | modifier le code]
L'Humoreske, d'une durée moyenne d'exécution de vingt-six minutes environ[4], consiste en un mouvement unique mais composé de six sections contrastées[5] :
- « Einfach », en si bémol majeur
- « Hastig », en si bémol majeur
- « Einfach und zart », en sol mineur
- « Innig », en si bémol majeur
- « Sehr lebhaft », en si bémol majeur
- (« Mit einigem Pomp », de sol mineur à fa majeur)
- « Zum Beschluss », en si bémol majeur
Analyse[modifier | modifier le code]
La première partie, Einfach (« simple »[3]), est une rêverie au lyrisme chantant[1], en forme d'arche[3]. Dans la deuxième partie, Hastig («précipité »[3]), une troisième portée est consacrée à une voix intérieure, innere Stimme, « filigrane du rêve » selon Marcel Beaufils[6]. La troisième partie, Einfach und zart (« simple et tendre »[7]), de forme ABA[7], s'ouvre sur une phrase « intensément lyrique »[6]. La quatrième partie, Innig («intime »[7]), est un court rondo[7], qui s'enchaîne sur un mouvement perpétuel, Sehr lebhaft (« très vite »)[7], épisode qui se termine par une strette brusquement interrompue par une fanfare pompeuse, le passage modulant Mit einigem Pomp[6].
Enfin, l'épilogue Zum Beschluss, « vers la fin »[8], est une « tendre méditation mélodique[6] » sous forme de « longue et intrigante coda[8] », qui s'achève « en fanfare, sur de persistants roulements de la basse[8] », par de « grands piliers d'accords de la main droite, en succession chromatique descendante, fouettés de brèves fusées de la main gauche[6] ».
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Harry Halbreich, « Robert Schumann », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083), p. 702-759.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 978-2-221-08566-0), p. 2335-2345.
- (en) Betty Margaret Ferris, A study of Schumann’s Humoreske, opus 20, for piano, Thesis (M.A.), University of Rochester, (lire en ligne).
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- Écrivant par exemple que ses compositions sont « les meilleures ou à peu près, qui aient été publiées dans la ville impériale (Vienne), bien que d'autres puissent être plus populaires[2] ».
Références[modifier | modifier le code]
- Halbreich 1987, p. 733.
- Otto Ebel (trad. Louis Pennequin), Les femmes compositeurs de musique. Dictionnaire biographique, Paris, P. Rosier, (lire en ligne), p. 12
- Sacre 1998, p. 2565.
- (en) Robert Cummings, « Humoreske for piano in B flat… | Details », sur AllMusic (consulté le )
- Ferris 1942, p. 12.
- Halbreich 1987, p. 734.
- Sacre 1998, p. 2566.
- Sacre 1998, p. 2567.
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives à la musique :