Infor Jeunes

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Infor Jeunes
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique ASBL
But Répondre aux questions des jeunes sur les problématiques qui leur sont propres et les informer sur leurs droits et leurs devoirs.
Fondation
Fondation 1964
Fondateur Gustave Stoop (1931-2012)
Identité
Affiliation européenne

European Youth Information and Counselling Agency

https://www.eryica.org/
Site web https://inforjeunes.be/

Infor Jeunes (en allemand : Jugendinfo[1]) est une association sans but lucratif belge créée en 1964 dans le but de répondre aux questions des jeunes sur les problématiques qui leur sont propres et de les informer sur leurs droits et leurs devoirs. Les activités de l'association s'inscrivent dans le cadre de la politique jeunesse[2] de la Fédération Wallonie-Bruxelles et sont régies par le décret du 20 juillet 2000[3] du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui indique qu'elles doivent contribuer au développement de la citoyenneté.

Reconnue par le ministère de la Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'association est également membre de l'Agence européenne pour l'information et le conseil des jeunes (ERYICA)[4],[5],[6] et adhère à la Charte européenne de l’Information Jeunesse[7]. L'association dispose également de sa propre charte, rédigée en 1969[8], qui impose le pluralisme, l'indépendance et la gratuité de l'information fournie par les structures disposant du label Infor Jeunes.

L'association est composée de 15 centres d'information jeunesse (CIJ[9]) agréés[10] en Région wallonne et 3 centres en Région bruxelloise. En communauté flamande, c'est l'association sans but lucratif De Ambrassade[11] qui coordonne l'information jeunesse[12] (en néerlandais : Jeugdinfo[13] ou Jeugdinformatie[14]) à travers le label WAT WAT[15].

Historique[modifier | modifier le code]

La permanence téléphonique Télé Jeunes en 1964[modifier | modifier le code]

Infor Jeunes est créée en 1964 à Bruxelles par l'abbé Gustave Stoop[16],[17] et un groupe de professeurs, animateurs et assistants sociaux bénévoles. Au départ, l'initiative s'appelle Télé Jeunes[18] et consiste en une permanence téléphonique pour adolescents organisée chaque samedi par les bénévoles. Gustave Stoop, qui dirige alors la maison des jeunes d'Etterbeek, espère ainsi pallier le manque d'accessibilité à l'information dans les institutions[19] - en particulier l'école, la presse, l'armée et l'église -, un manque signalé par les jeunes au contact desquels il travaille. À cette époque, proche des évènements de mai 68, les questionnements des jeunes concernent principalement le service militaire et la libération sexuelle[20].

Ouverture du Centre national Belge d'Information des Jeunes en 1965[modifier | modifier le code]

Toujours en 1964, une permanence journalière est ouverte dans un local prêté par la commune de Saint-Josse, Place Quételet[8]. C'est en 1965 que cette structure devient le premier centre « Infor Jeunes »[21], abrégé de « Centre national Belge d’Information des Jeunes »[22]. Son objectif est alors « d’informer et de conseiller toutes les personnes qui le souhaitent et plus particulièrement les jeunes dans tous les domaines qui les concernent ».

Les premiers centres Infor Jeunes de Wallonie ouvrent ensuite en 1969 à Mons, Namur et Tournai, sur le modèle d'Infor Jeunes Bruxelles. Ils sont suivis par la fondation du centre de Charleroi en 1970, et de Libramont en 1972[8]. Dans la même année est créé le Centre National d’Information des Jeunes (CNIJ)[23], qui deviendra plus tard la Fédération Infor Jeunes Wallonie-Bruxelles[24], structure chargée de coordonner ce réseau.

Organisation et reconnaissance progressive de l'association par les autorités[modifier | modifier le code]

La charte Infor Jeunes[modifier | modifier le code]

En 1969, parallèlement à l'ouverture des premiers centres Infor Jeunes de province et à la création de leur fédération, est rédigée la première « Charte des Infor-Jeunes[25] ». Ce document énonce en dix points l'essentiel de l'action d'information telle qu'elle doit être conçue par tous les centres. L'obtention du label Infor Jeunes est conditionnée par le respect des principes énoncés dans cette charte. Les centres optent pour la forme juridique d’ASBL pour asseoir le caractère non lucratif de l’association, ainsi que son objet social[26].

L'arrêté royal du 22 octobre 1971[modifier | modifier le code]

Un premier arrêté royal, le [27], établit les conditions d’agrément et d’octroi des subventions aux maisons de jeunes et associations assimilées. Les centres Infor Jeunes de Mons, Namur et Bruxelles, obtiennent une dérogation pour être reconnus comme centres de jeunes, dans le cadre de cet arrêté[8]. L’Arrêté Royal sera modifié à plusieurs reprises, notamment en 1979 avec l’intégration, dans ce dispositif, des centres d’information jeunesse et des centres d’hébergement[27].

La création du Conseil National d'Information des Jeunes[modifier | modifier le code]

En 1972, le Conseil National d'Information des Jeunes (CNIJ) est créé afin de construire une structure fédéralisante annexe aux centres Infor Jeunes. Toutefois, le centre Infor Jeunes bruxellois manifeste rapidement sa volonté de se détacher de la fédération[28] et quitte donc le réseau Infor Jeunes nouvellement créé dès 1974[29]. Au début des années 1980, d’autres centres d’information sont créés (Saint-Vith, Huy et Nivelles[8]) et intègrent le CNIJ.

Publication du « Petit livre rouge des écoliers et des lycéens » en 1971[modifier | modifier le code]

À ses débuts, Infor Jeunes est une association dont les travailleurs revendiquent un certain militantisme[30]. Les premiers bénévoles sont porteurs d’un idéal d’émancipation des jeunes et de libération des mœurs, dans la mouvance des évènements de mai 68.

En 1971, Infor Jeunes publie un numéro spécial de son périodique : « Table ronde à propos du petit livre rouge des écoliers et lycéens »[16],[29]. Ce livret contient la traduction française du Petit livre rouge des écoliers et lycéens, ouvrage polémique interdit à la vente en Belgique et dans plusieurs pays d'Europe. Publié en 1969 par deux professeurs et un psychologue danois, le livre est rapidement censuré, essentiellement en raison des informations concernant l’avortement, qui est interdit à cette époque. Gustave Stoop réunit autour de trois tables rondes des personnalités de milieux philosophiques, politiques et scientifiques afin de débattre de l’intégralité du contenu de ce manuel controversé qui évoque l’enseignement, la sexualité, les drogues et le système[31].

En 1979, le sociologue belge Axel Gryspeerdt range Infor Jeunes dans la catégorie des « initiatives de contre-information qui se font en dehors des médias techniques »[32]. Le positionnement d'Infor Jeunes lui vaut notamment d'être attaqué par le journal d'extrême droite belge Nouvel Europe Magazine[33], qui qualifie Gustave Stoop de « prêtre rouge, pervertisseur de la jeunesse, marxiste, trotskyste »[16],[34].

Structuration de l'information jeunesse en Belgique[modifier | modifier le code]

Dès 1972, année de création du Conseil National d'Information des Jeunes, un objectif de professionnalisation s'installe. Plusieurs centres continuent de voir le jour en Wallonie et choisissent de se fédérer. Face à la diversité des demandes des jeunes, certains bénévoles décident de se spécialiser dans un secteur particulier de l'information jeunesse[35]. De ces tensions vont naître une série d'associations à partir d'Infor Jeunes, dont Infor Drogues, la Free Clinic[36], le Service d'Information sur les Études et les Professions (SIEP), SOS Jeunes, le Service Droit des Jeunes (SDJ) ou encore la Fédération des Centres d’Information et de Documentation pour Jeunes (CIDJ).

Dans les années 1980, les politiques de résorption du chômage engendrent une arrivée importante de travailleurs dans le secteur socioculturel, ce qui incite les pouvoirs publics à intensifier le soutien financier. La formation des acteurs socioculturels professionnels commence à se développer, tant à l’initiative du monde associatif qu’à celle des pouvoirs publics. Le secteur de l’information jeunesse est lui aussi touché par cette professionnalisation[37].

Adoption de la Charte européenne de l'information jeunesse en 1993[modifier | modifier le code]

En 1993, l'assemblée générale d'ERYICA[38] (Agence européenne pour l'information et le conseil des jeunes) adopte la Charte européenne de l'information jeunesse[7] qui est depuis un texte de référence en Europe en tant qu'ensemble de principes professionnels et de lignes directrices pour le travail d'information et de conseil des jeunes[39]. Infor Jeunes adhère à cette charte, ce qui implique le respect de 9 principes : l'indépendance, l'accessibilité, l'inclusivité, la prise en compte des besoins de la jeunesse, la responsabilisation, la participation, l'éthique, le professionnalisme et la proactivité.

Agrément des centres d'information des jeunes[modifier | modifier le code]

Le décret du 20 juillet 2000[40], sur la reconnaissance et l’agrément des centres de jeunes, a finalement donné un cadre juridique aux circulaires ministérielles antérieures concernant l’information des jeunes[41]. Auparavant, les centres Infor Jeunes étaient assimilés à des maisons de jeunes. Depuis, ils bénéficient d'un agrément propre (Centre d'Information des Jeunes[10]) dont les conditions sont précisées dans le décret.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) « Aus JIZ und Infotreff wird Jugendinfo Ostbelgien », sur GrenzEcho (consulté le )
  2. « En savoir plus sur la politique de jeunesse en FW-B », sur Service Jeunesse (consulté le )
  3. « Les centres de jeunes en fédération Wallonie-Bruxelles », sur Service Jeunesse (consulté le )
  4. (en-GB) « OUR MEMBERS », sur ERYICA - The European Youth Information and Counselling Agency (consulté le )
  5. « L'Agence européenne pour l'information et le conseil des jeunes - Jeunesse - www.coe.int », sur Conseil de l'Europe (consulté le )
  6. (en-GB) « The Belgian Infor Jeunes network as a radio commentator! », sur ERYICA - The European Youth Information and Counselling Agency (consulté le )
  7. a et b (en-GB) « European Youth Information Charter », sur ERYICA (consulté le )
  8. a b c d et e Jean-Eric Le Brun, Infor-Jeunes, Bruxelles, Direction générale de la jeunesse et des loisirs du Ministère de la Culture française, coll. « Cahiers JEB », , 140 p., p. 61
  9. Quentin MORTIER - Service de la Jeunesse Fédération Wallonie-Bruxelles, « Panorama des politiques de jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles : Dispositifs et institutions en vue de leur mise en œuvre », Brochure,‎ , p. 63 (lire en ligne)
  10. a et b « Agrément centres d'Information des jeunes », sur Site officiel du Service de la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles
  11. (nl) « Beleidsnota », sur ambrassade.be (consulté le )
  12. (nl) « De Ambrassade », sur www.vlaanderen.be (consulté le )
  13. (nl) « Jeugdinfo | De Ambrassade », sur ambrassade.be (consulté le )
  14. (nl) « Jeugdinformatie », sur vlaamsejeugdraad.be (consulté le )
  15. (nl) « Wat is WAT WAT? », sur ambrassade.be (consulté le )
  16. a b et c Christian Laporte, « L’abbé Stoop avait créé Infor-Jeunes et Infor-Drogues », sur La Libre.be (consulté le )
  17. Laporte Christian, « Un grand de l’associatif », sur La Libre.be (consulté le )
  18. Infor Jeunes Bruxelles, « Rapport d'activité 2022 : Historique d'Infor Jeunes », , p. 4
  19. Bernard Voyenne, Le droit à l’information, Paris, Aubier Montaigne, , p. 304
  20. Michel Kesteman, Gustave Stoop, debout et frontalier, Couleur Livre, coll. « Question de société », , 96 p. (ISBN 978-2-87003-659-4)
  21. « Infor Jeunes Bruxelles fête ses 50 ans et ouvre cinq nouvelles antennes », sur RTBF (consulté le )
  22. Moniteur Belge du 8 avril 1965, Statuts d’Infor Jeunes Bruxelles, Article 2, no 1767
  23. (en) C. G. European Commission, Youth policies in the European Union : structures and training, Office for Official Publications of the European Communities, (ISBN 92-827-0113-1 et 978-92-827-0113-3, OCLC 32988762, lire en ligne), p. 15
  24. Jean-François Guillaume et Pascaline Lambert, Comment redéployer l’information des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles ?, Liège, Institut des sciences humaines et sociales de l'Université de Liège, , 137 p. (lire en ligne), p. 36
  25. Guillaume, J.-F. (juillet 2012). Lignes de conduite et tensions des politiques publiques en matière d'information jeunesse : le cas de la Belgique francophone. Article présenté au XIXe Congrès de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française, Rabat, Maroc.
  26. Vandenbergh, Y., Pour une réelle démocratisation de l’information jeunesse, document réalisé par le CNIJ, janvier 1973.
  27. a et b « Arrêté du Gouvernement de la Communauté française portant modification de l'arrêté royal du 22 octobre 1971 établissant les conditions d'agréation et d'octroi de subventions aux maisons de jeunes et associations assimilées, modifié par l'arrêté royal du 1er août 1979., de 2 juin 1995 », sur vLex (consulté le )
  28. H.Q., « Les quatorze Infor-Jeunes du pays se désolidarisent du centre de Bruxelles », dans Le Soir, 12 juin 1974
  29. a et b Claudia CHIN, Florence GILLET et Charel ROEMER, « La Free Clinic, De la contestation à l’institutionnalisation. », Séminaire d’histoire de l’Epoque contemporaine, Université Libre de Bruxelles,‎ , p. 33 (lire en ligne)
  30. Ingrid Leruth, « Autogestion : l’exemple d’une structure de santé particulière », Santé conjuguée, no 45,‎ , p. 47 (lire en ligne)
  31. Soren Hansen et Jesper Jansen, Le petit livre rouge des écoliers et lycéens (édition française incluant la préface), Lausanne, CEDIPS, coll. « Collection La Taupe », , 149 p. (Service bibliothécaire national 412 3112 0, lire en ligne)
  32. Axel Gryspeerdt, « Les nouveaux courants de la presse francophone en Belgique après mai 1968 : la contre-information régionale/locale et sectorielle », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. n° 845-846, no 20,‎ , p. 7 (ISSN 0008-9664 et 1782-141X, DOI 10.3917/cris.845.0001, lire en ligne, consulté le )
  33. Étienne Verhoeyen, « L'extrême-droite en Belgique (I) », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. n° 642-643, no 16,‎ , p. 1 (ISSN 0008-9664 et 1782-141X, DOI 10.3917/cris.642.0001, lire en ligne, consulté le )
  34. Étienne Verhoeyen, « L'extrême-droite en Belgique (I) », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. n° 642-643, no 16,‎ , p. 1 (ISSN 0008-9664 et 1782-141X, DOI 10.3917/cris.642.0001, lire en ligne, consulté le )
  35. bonnescauses.be, « Historique d'Infor Jeunes »
  36. Leruth, I. (2008). Autogestion: l’exemple d’une structure de santé particulière. Santé Conjugée, (45).
  37. Ivan Dechamps, « Le renforcement de la fonction d'accueil de première ligne : Débat entre Télé-accueil, Infor-Jeunes Bruxelles, Mission Locale de Forest et le Centre de Santé Mentale La Gerbe. » (Séminaire), BIS, no 143,‎ , p. 10-16 (lire en ligne [PDF])
  38. (en-GB) « GENERAL ASSEMBLY & GOVERNING BOARD », sur ERYICA - The European Youth Information and Counselling Agency (consulté le )
  39. (en-GB) « EUROPEAN YOUTH INFORMATION CHARTER », sur ERYICA - The European Youth Information and Counselling Agency (consulté le )
  40. ministere de la communaute francaise, « Décret du 20/07/2000 decret determinant les conditions de reconnaissance et de subventionnement des maisons de jeunes, centres de rencontres et d'hebergement et centres d'information des jeunes et de leurs federations », sur etaamb.openjustice.be, (consulté le )
  41. « Les politiques publiques en matière d’enfance et de jeunesse au XXème siècle, en Belgique et en Communauté française », sur OEJAJ - Observatoire de l'Enfance, de la Jeunesse et de l'Aide à la Jeunesse (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]