Mary Hamilton (ballade)

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Mary Hamilton, ou The Fower Maries (The Four Marys), est une ballade écossaise bien connue du XVIe siècle. Elle est basée sur l'histoire fictive d'une dame d'honneur à la cour d'Écosse. Il s'agit de la Child Ballad 173[1] ou de la Roud 79.

Dans toutes les versions de la chanson, Mary Hamilton est une dame d'honneur ou dame de compagnie de la reine d'Écosse. Elle tombe enceinte du roi d'Écosse, et donne naissance à un bébé, puis elle tue cet enfant en le jetant à la mer[2] ou en le noyant et elle est alors condamnée. La ballade raconte les dernières pensées de Mary, sur sa vie et sa mort imminente, dans un récit à la première personne.

Plusieurs versions de cette ballade ont été enregistrées, notamment par Joan Baez, Almeda Riddle, The Corries, Marie Laforêt (adaptation française) et Angelo Branduardi[3].

Origines de la ballade[modifier | modifier le code]

Illustration par Eleanor Fortescue-Brickdale : Il y avait Mary Seaton, Mary Beaton, Mary Carmichael, et moi.

Dans la plupart des versions la scène se passe à Édimbourg, mais celle de Joan Baez se situe à Glasgow, et se termine ainsi :

Hier soir, il y avait quatre Marie ;
Ce soir, il n'y en aura plus que trois :
Il y avait Mary Beaton et Mary Seton
Et Mary Carmichael et moi.

Ce verset suggère que Mary Hamilton était l'une des célèbres quatre Marie qui ont été choisies par Marie de Guise pour accompagner sa fille Marie Stuart, reine d'Écosse quand elle est partie pour la France, mais leurs noms étaient Mary Seton, Mary Beaton, Mary Fleming et Mary Livingston.

Marie Stuart n'est probablement pas à l'origine de la ballade traditionnelle, sous aucune de ses formes, car son histoire diffère beaucoup de celle que raconte la chanson. Marie Stuart et les Quatre Marie vivent en France de 1547 à 1560, à l'époque où Marie est dauphine puis reine consort du roi François II. Elle rentre en Écosse à la mort du jeune roi et épouse, en , son deuxième mari, Henry Stuart, Lord Darnley, qui est assassiné 20 mois plus tard. Il n'est nulle part fait mention d'un enfant illégitime d'Henry Stuart avec une des dames de compagnie de la reine d'Écosse.

La ballade peut faire penser à l'histoire de Jacques IV ou Jacques V, qui ont eu tous deux des enfants illégitimes, mais aucune de leurs maîtresses n'a été exécutée ou ne s'est débarrassée d'un bébé. Bien au contraire, plusieurs de ces enfants ont été légitimés.

Dans de nombreuses versions, la reine est appelée « l'ancienne reine » ce qui évoque une reine douairière ou une reine mère, mais dans ce contexte il s'agirait d'une reine consort comme Marie de Gueldre, épouse de Jacques II, roi d'Écosse.

Mary Hamilton en Russie[modifier | modifier le code]

L’histoire a peut-être été transférée en Écosse à partir d'un contexte très différent. On peut en effet remarquer l'analogie de la chanson avec la légende de Maria Danilova Gamentova, fille d'une branche expatriée du clan Hamilton établi en Russie sous le règne du tsar Ivan IV.

Dame d'honneur de la tsarine Catherine, seconde épouse du tsar Pierre « le Grand », Mary Hamilton était également la maîtresse du tsar. Elle a eu, en 1717, un enfant qui pourrait être du tsar et qu'elle a admis avoir noyé peu après sa naissance. Elle a également volé des bibelots à la tsarine pour les offrir à son amant Ivan Orlov et a été décapitée en 1719 pour le meurtre de son enfant[réf. souhaitée].

La tête de Marie a été conservée et exposée à la Kunstkamera, un palais abritant des « curiosités » naturelles et scientifiques. À cette époque, Charles Wogan était en Russie dans le cadre d'une mission pour James Francis Edward Stuart ; il a pu rapporter cette histoire en Écosse[4].

Enregistrements[modifier | modifier le code]

Des dizaines de versions traditionnelles ont été enregistrées, dont celles de James Madison Carpenter, versions qui peuvent être écoutées en ligne via la Vaughan Williams Memorial Library[5],[6],[7],[8],[9]. Peter Kennedy a enregistré deux versions écossaises au milieu des années 1950, chantées par Jeannie Robertson d'Aberdeen[10] et Ethel Findlater de Dounby, Orkney[11] ainsi qu'une autre version chantée par Mary Taylor de Saxby-All-Saints, Lincolnshire, Angleterre[12]. En 1966, Fred Hamer a enregistré « The Four Marys » chantée par Fred Jordan de Ludlow, Shropshire[13].

La chanson a aussi fait son chemin vers les États-Unis, où Alan Lomax a enregistré une version de Texas Gladden en 1941[14] ; la chanteuse traditionnelle Almeda Riddle de l'Arkansas a également interprété la chanson en 1972[15]. Jean Ritchie et sa sœur Edna ont été filmées dans leur ville natale de Viper, dans le Kentucky, en train d'interpréter une version transmise par leur famille[16]. De nombreuses autres versions ont également été trouvées au Canada, dont plusieurs enregistrées par Helen Creighton en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et en Ontario[17],[18],[19],[20].

Une chambre à soi[modifier | modifier le code]

Mary Hamilton avant son exécution, Pavel Svedomskiy, 1904.

Dans son essai A Room of One's Own, l'auteur Virginia Woolf fait allusion aux personnages de la ballade. Elle fait plusieurs fois référence à Mary Beton, Mary Seton et Mary Carmichael. Seule Mary Hamilton, la narratrice de la ballade, n'est pas mentionnée. C'est Mary Beton qui tient le rôle principal dans le texte de Woolf, car elle en est la conférencière.

Paroles[modifier | modifier le code]

Les Quatre Marie dans un livre pour enfants.

Yest're'en[note 1] the Queen had fower[note 2] Maries

The nicht[note 3] she'll hae but three

There was Mary Seton and Mary Beaton,

And Mary Car-Michael and me.

Oh little did my mother think

The day she cradled me

The lands I was to travel in

The death I was tae die[note 4]

Oh tie a napkin roon[note 5] my eyen[note 6]

No let me seen to die[note 4]

And sent me a'wa[note 7] tae my dear mother

Who's far away o'er the sea

But I wish I could lie in our ain[note 8] kirkyard[note 9]

Beneath yon old oak tree

Where we pulled the rowans and strung the gowans[note 10]

My brothers and sisters and me

Yest're'en[note 1] the Queen had fower[note 2] Maries

The nicht[note 3] she'll hae but three

There was Mary Seton and Mary Beaton,

And Mary Car-Michael and me

But why should I fear a nameless grave

When I've hopes for eternity

And I'll pray that the faith o' a dying thief[note 11].

Be given through grace tae me.

Yest're'en[note 1] the Queen had fower[note 2] Maries

The nicht[note 3] she'll hae but three

There was Mary Seton and Mary Beaton,

And Mary Car-Michael and me.

There was Mary Seton and Mary Beaton,

And Mary Car-Michael and me.

Notes sur les paroles :

  1. a b et c yest're'en – yestereven(ing) (i.e. last night)
  2. a b et c fower – four
  3. a b et c nicht – night /nɪxt/
  4. a et b pronounced /diː/
  5. roon – around
  6. eyene – eyes
  7. a'wa – away
  8. ain – own
  9. kirkyard – churchyard (cemetery)
  10. gowans – daisies
  11. The penitent thief.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Francis James Robarts - University of Toronto et George Lyman Kittredge, The English and Scottish popular ballads, Boston Houghton, Mifflin, [1882-98] (lire en ligne), p. 379
  2. University of California, Fresno, « Mary Hamilton [Child 173] », Folklore ballads (consulté le )
  3. « Mary Hamilton », Antiwar songs (consulté le ).
  4. Andrew Lang. The Valet’s Tragedy and Other Stories, online-literature.com.
  5. (en-GB) « Mary Hamilton (VWML Song Index SN16895) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  6. (en-GB) « Mary Hamilton (VWML Song Index SN16327) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  7. (en-GB) « Mary Hamilton (VWML Song Index SN18146) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  8. (en-GB) « Four Marys (VWML Song Index SN18051) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  9. (en-GB) « Four Marys, The (VWML Song Index SN17984) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  10. (en-GB) « The Four Maries (Roud Folksong Index S175600) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  11. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S244526) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  12. (en-GB) « The Four Maries (Roud Folksong Index S205736) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  13. (en-GB) « The Four Marys (Roud Folksong Index S430638) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  14. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S244527) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  15. (en-GB) « The Four Marys (Roud Folksong Index S145203) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  16. (en-GB) « The Four Marys (Roud Folksong Index S305246) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  17. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S385109) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  18. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S384736) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  19. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S244530) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )
  20. (en-GB) « Mary Hamilton (Roud Folksong Index S272216) », The Vaughan Williams Memorial Library (consulté le )