Pecia

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La Pecia est un système de copie de manuscrit spécifique aux universités qui aurait été développé au Moyen Âge, à la fin du XIIe siècle, notamment à l'Université de Bologne, puis mis en place à l’Université de Paris au XIIIe siècle[1]. Il fut grandement exploité afin de rendre accessible les ouvrages nécessaires aux cours des étudiants.

Origines du terme[modifier | modifier le code]

Au départ, le terme Pecia désignait les peaux de moutons utilisées comme support d’écriture. Par la suite, il désigna la feuille de parchemin rectangulaire obtenue à partir des peaux[2]. Plus tard encore, il désigna le cahier de huit pages obtenu en pliant la feuille de parchemin en 4, pour enfin désigner de manière générale les cahiers de plusieurs pages.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

À la suite de la fondation d’universités dans l’Occident chrétien, il devint rapidement nécessaire de fournir des livres aux étudiants afin qu’ils puissent suivre l’enseignement des matières. À l’époque, la reproduction des livres étaient uniquement manuelle, c’est pourquoi un système de travail en série fut mis en place : la Pecia. Ce système permettait à plusieurs copistes de recopier simultanément le contenu d’un ouvrage à partir de textes modèles (ou Exemplaria Souches), et d’en livrer des pages qui, mises ensemble, formaient un nouvel Exemplar[3].

Processus[modifier | modifier le code]

Après leur copie, les Exemplaria étaient soumis à la commission des petiarii qui en vérifiait l’authenticité. Après validation, les Exemplaria étaient déposés chez un stationnaire qui avait pour fonction de les louer aux maîtres, étudiants ou écrivains selon un tarif déterminé[4]. Il n’était possible de louer qu’une Pecia à la fois pour éviter qu’elles ne soient retenues trop longtemps et faciliter leur circulation, mais on pouvait la conserver le temps d'en faire une copie et cela a permis de multiplier rapidement le nombre d’Exemplaria.

Développement[modifier | modifier le code]

Le système de la Pecia continua de se développer dans les milieux universitaires au XIIIe siècle et aboutit à la création des premières bibliothèques universitaires[5] et fut encore largement utilisé jusqu’à la création de l’imprimerie au XVe siècle[6].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bataillon Louis J. e.a., La production du livre universitaire au Moyen Âge : exemplar et pecia : acte du symposium tenu au Collegio San Bonaventura de Grottaferrata en , Paris, CNRS, Centre régional de publication de Paris, 1988, p. 170.
  • Beullens Pieter et Leemans Pieter de, Aristote à Paris : le système de la « pecia » et les traductions de Guillaume de Moerbeke, dans Recherches de théologie et philosophie médiévales, t. 75, 2008, p. 87-136.
  • Destrez Jean, La « pecia » dans les manuscrits universitaires du XIIIe et du XIVe siècle, dans Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 22, no 96, 1936, p. 356.
  • Fink-Errera Guy, "Une institution du monde médiéval : la “pecia”", dans Revue Philosophique de Louvain, vol. 60, no 66, 1962, Modèle:P. 184-243.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Fink-Errera Guy, Une institution du monde médiéval : la “pecia” [article], Revue Philosophique de Louvain, 1962, vol. 60, no 66, p .197
  2. Destrez Jean, La « pecia » dans les manuscrits universitaires du XIIIe et du XIVe siècle [compte rendu], Dumas Auguste, Revue d'histoire de l'Église de France, 1936, vol. 22, , no 96 p. 356
  3. Ibid., p. 355
  4. ibid., p. 356
  5. La production du livre universitaire au Moyen Âge : exemplar et pecia : acte du symposium tenu au Collegio San Bonaventura de Grottaferrata en mai 1983 / Textes réunis par Louis J. Bataillon e.a., Paris, CNRS, Centre régional de publication de Paris, 1988, p. 170
  6. Fink-Errera Guy, Op. cit., p. 221

Liens externes[modifier | modifier le code]