Reine de la pluie

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Modjadji

photographie en couleur de la reine de la pluie, en tenue de cérémonie, lors de son couronnement
La reine de la pluie Makobo Modjadji VI à l'occasion de son couronnement en avril 2003.

La reine de la pluie ou Modjadji est la souveraine du peuple Balobedu, de la province du Limpopo en Afrique du Sud. La succession au titre de Reine de la pluie est matrilinéaire, seule la fille aînée de la reine accède à la couronne. De ce fait, les hommes n'ont pas le droit d'occuper le trône.

Selon la tradition, la Reine de la pluie aurait notamment les pouvoirs de contrôler les averses et les nuages, d'où son nom.

La souveraine Makobo Modjadji VI est décédée le .

En , est annoncé le futur couronnement de Modjadji VII, nouvelle reine de la pluie. Masalanabo Modjadji, la future reine, est la nièce de Makobo Modjadji. Elle est âgée de 10 ans en 2015 et sera la plus jeune reine de la pluie couronnée[1]. En attendant son intronisation, lorsqu'elle sera en âge pour cela[2], elle poursuit ses études[3] et une régence a été mise en place[4].

Histoire des reines de la pluie[modifier | modifier le code]

Il existe différentes histoires relatives à la création et à l'histoire des Reines de la pluie. L'une d'entre elles raconte qu'un ancien chef du Monomotapa (sud-est du Zimbabwe), au XVIe siècle, aurait été informé par ses ancêtres que, s'il fécondait sa fille, Dzugundini, elle gagnerait le don de provoquer la pluie. Une autre histoire implique un scandale dans la maison du même chef, où son fils aurait fécondé Dzugundini. Dzugundini aurait été tenue pour responsable et contrainte de fuir le village. Elle se serait retrouvée dans la vallée de Molototsi, qui se trouve aujourd'hui dans le royaume Lovedu. Le village qu'elle aurait établi avec ses fidèles partisans était dirigé par un Mugudo, un dirigeant masculin, mais la paix et l'harmonie du village étaient perturbées par les rivalités entre différentes familles. Par conséquent, pour apaiser la Terre, le Mugudo féconda sa propre fille pour restaurer la tradition matrilinéaire de la tribu. Cette dernière aurait donné naissance à la première reine des pluies, connue sous le nom de Modjadji.

Coutumes[modifier | modifier le code]

Selon la coutume, la reine de la pluie doit fuir les représentations publiques et ne peut communiquer avec sa population que par l'intermédiaire de son conseiller. Chaque mois de novembre, elle préside la cérémonie annuelle de la pluie, dans l'enceinte de la résidence royale de Khetlhakone.

Elle n’est pas censée se marier mais a de nombreuses « femmes », comme on les appelle en langue lovedu[5]. Ce ne sont pas des épouses au sens habituel du terme ; en tant que reine en exercice, elle possède l’équivalent d'une cour royale avec des domestiques et des dames d'honneur, venant de nombreux villages du royaume. Ces épouses sont sélectionnées par le Conseil royal de la Reine et appartiennent en général à la famille des membres du Conseil. Ce rituel du « mariage » est une forme de diplomatie, destinée à assurer leur loyauté envers la reine.

Les pouvoirs mystiques de la reine de la pluie se reflètent dans le jardin luxuriant qui entoure son enceinte royale. Entouré de terres arides, ce jardin contient les plus grands cycadophytes du monde, abondants sous la ceinture de pluie tropicale[réf. nécessaire]. Une espèce de Cycadophyta porte un nom vernaculaire, Modjadji cycad (Encephalartos transvenosus), en hommage à la reine des pluies.

La reine de la pluie est une figure éminente en Afrique du Sud, de nombreuses communautés respectent sa position et, historiquement, tentent d'éviter les conflits par déférence. Shaka Zulu lui-même a envoyé ses meilleurs émissaires pour lui demander sa bénédiction[réf. nécessaire]. La cinquième reine des pluies, Mokope Modjadji, a entretenu des relations cordiales avec Nelson Mandela.

La reine de la pluie est devenue une attraction touristique contribuant à l’économie sud-africaine. Elle s'est vu offrir une liste civile annuelle par le gouvernement sud-africain. L'allocation est également censée contribuer à couvrir les coûts de préservation des cycadales qu'on trouve dans ses jardins.

Les différentes reines de la pluie[modifier | modifier le code]

  1. Reine de la pluie I : Maselekwane Modjadji[6] (1800-1854)
  2. Reine de la pluie II : Masalanabo Modjadji (1854-1894)
  3. Reine de la pluie III : Khetoane Modjadji (1895-1959)
  4. Reine de la pluie IV : Makoma Modjadji (1959-1980)
  5. Reine de la pluie V : Mokope Modjadji (1981-2001)
  6. Reine de la pluie VI : Makobo Modjadji (2003-2005)

Hommage[modifier | modifier le code]

Un sous-marin d'attaque conventionnel, de type 209, de la marine sud-africaine, est baptisé SAS Queen Modjadji (S103), le , en hommage aux reines de la pluie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alex Matlala, « Youngest rain queen soon to rule », sur citizen.co.za, (consulté le ).
  2. (en) Susan Njanji, « SA’s pre-teen queen with ‘rainmaking’ powers », The Citizen,‎ (lire en ligne)
  3. (en) « It's education first for Queen Modjadji 'because the world is modern' », sur news24.com,
  4. (en) « Rain Queen Modjadji of the Balobedu kingdom », African Times,‎ (lire en ligne)
  5. AFP, « Afrique du Sud : la reine de la pluie, une souveraine très féministe », France Info,
  6. (en) Simone Schwarz-Bart, « Modjadji I: Rain queen of Lovedu », in In praise of black women, vol.1, Ancient African Queens, University of Wisconsin Press, Madison, 2001, p. 270-283

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Ann Jones, Looking for Lovedu : A journey through Africa in search of the legendary rainmaking queen, Londres, Robinson, , 377 p. (ISBN 1841193429)
  • (en) Katesa Schlosser, Rain-queens and python dance : historical colour photographs of Lovedu and Venda life in Northern Transvaal, Kiel, Museum für Völkerkunde, , 56 p. (ISBN 3-928794-35-3)
  • (en) Alistair Boddy-Evans, « The Lovedu Rain Queen », sur africanhistory.about.com (lien archivé) (consulté le )
  • (en) Gosiame Amy Goitsemodimo, « Modjadji – The Rain Queen », sur nationalmuseumpublications.co.za,