Relations entre l'Algérie et la Libye

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Relations entre
l'Algérie et la Libye
Drapeau de l'Algérie
Drapeau de la Libye
Algérie et Libye
Algérie Libye
Ambassades
Ambassade d'Algérie en Libye
  Ambassadeur Abdul Hamdi Abu Zaher
  Adresse 12 Rue El Kiraoun
Tripoli, Libye.
Ambassade de Libye en Algérie
  Adresse 15 Chemin Brahim El Brahimi - El Biar
1600 Alger, Algérie.
Frontière
Frontière entre l'Algérie et la Libye
  Longueur 982 km

Les relations entre l'Algérie et la Libye (en arabe : العلاقات بين الجزائر وليبيا), sont de longue date entre les états voisins en Afrique du Nord et au Maghreb, même si elles se sont considérablement tendues par des tensions entre le Conseil national de transition (CNT) révolutionnaire de la Libye, et le parti du Président Abdelaziz Bouteflika d'Algérie. Les relations bilatérales furent généralement amicales au cours des 41 ans de règne sur la Libye de Mouammar Khadafi[1].

Le fort soutien libyen au Front Polisario au Sahara occidental jusqu'en 1984, et des positions dures similaires sur le colonialisme et Israël, ont facilité dans les années 1970 les relations algériennes avec la Libye. L'inclination libyenne pour une union politique à grande échelle ont cependant fait obstacle à la collaboration politique officielle, parce que l'Algérie a toujours tenu à l'écart cette coopération avec ses imprévisibles voisins. Le traité d'Oujda entre la Libye et le Maroc, qui a représenté une réponse au Traité algérien de Fraternité et de Concorde avec la Tunisie, a temporairement aggravé les relations algéro-libyennes en établissement un clivage politique dans la région--la Libye et le Maroc d'un côté, et l'Algérie, la Tunisie et la Mauritanie, de l'autre côté[1].

En 1988, la Libye a été invitée à participer à la Commission Inter-Maghrébine qui a été chargée du développement de l'Union nord-africaine. La création de l'UMA en a marqué la première collaboration politique ou économique entre les deux voisins[1].

Comparaison entre les deux pays[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'Algérie Algérie
الجزائر
Drapeau de la Libye Libye
ليبيا
Superficie (km²) 2 381 741 km2 1 759 540 km2
Population 42 200 000[2] 6 244 174
Densité de population (hab./km²) 18 3,5
Capitale Alger Tripoli
Plus grande ville Alger (2 740 000 hab.) Tripoli (1 191 047 hab.)
Gouvernement République à régime semi-présidentiel République parlementaire
Langues officielles Arabe, Berbère Arabe, Berbère
Langues nationales Arabe, Berbère, Arabe Dialectal Algérien Arabe, Berbère, Arabe Dialectal Libyen
PIB (nominal) (milliards de dollars)[3] 188,3 50,9
PIB (PPA) milliards de dollars[4] 671,1 125,1
PIB (nominal) par habitant US$[5] 4 123 660
PIB (PPA) par habitant US$[5] 15 622 19 631
IDH (2021)[6] 0,745 (91e) 0,718 (104e)

Historique des relations entre l'Algérie et la Libye[modifier | modifier le code]

Les Présidents Houari Boumédiène, Moammar Gaddafi et Hafez el-Assad à Tripoli en 1977.

Époque du Royaume de Libye[modifier | modifier le code]

L'Algérie sous colonisation française au cours des XIXe et XXe siècles, la Libye voisine, quant à elle, dans un cas très similaire, puisque cette dernière passe de la tutelle coloniale italienne à britannique puis la Libye sous colonisation française, au cours du XIXe siècle le célèbre savant algérien Mohammed bin Ali Al-Sanoussi décide de quitter son pays l'Algérie lors de l'intervention française en Algérie pour s'installer en 1840 en Arabie à La Mecque où il fonda la Tariqa al-Sanussiya puis la Dynastie Senussi avec à sa tête le petit-fils de Mohammed bin Ali Al-Sanoussi, Idriss Ier qui proclame l'indépendance de l'Émirat de Cyrénaïque en (1922) puis en (1951) l'indépendance du Royaume Sanussi de Libye.

Révolution libyenne[modifier | modifier le code]

Manifestation en Libye pour réclamer la famille du Kadhafi.

Au cours de la Guerre civile libyenne, le Conseil national de transition anti-Kadhafi (CNT) de Libye a accusé l'Algérie de soutenir Kadhafi en lui permettant de faire circuler du matériel militaire et des combattants étrangers à travers le territoire algérien[7],[8].

Le , Sadek Bouguetaya, un leader parlementaire et membre du comité central du FLN gouvernant, a exprimé le soutien inconditionnel de l'Algérie à Kadhafi, tout en abordant la rencontre de Khadafi avec des tribus libyennes à Tripoli[9]. Plus tard, il a expliqué, lors d'une interview pour le journal algérien Echourouk, que sa visite en Libye a été à des fins humanitaires et qu'il a été chargé de cette mission par Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN et Ministre[10].

Au début de , le CNT a commencé à assouplir sa rhétorique. Ghoga, le vice-président du CNT, a accepté une interview avec le quotidien algérien Echourouk, dans laquelle il dit que "Les peuples algériens et libyens sont frères. Nous sommes sûrs que nos relations seront plus fortes dans les jours à venir. Nous ne voulons pas nous engager dans des conflits avec d'autres pays, surtout avec un pays frère comme l'Algérie. Nous avons également le souhait de voir l'Algérie étendre son soutien à la CNT très prochainement."[11]

Malgré les efforts de Ghoga pour réparer les relations avec l'Algérie, deux mois et demi plus tard, les combattants de l'opposition ont pris d'assaut l'ambassade d'Algérie à Tripoli au cours de l'Opération aube de la sirène, pillant et vandalisant le bâtiment. Il était difficile de savoir si les vandales avaient pour ordre de cibler l'ambassade. Le ministre des Affaires étrangères algérien Mourad Medelci s'est plaint au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à propos de l'incident[12]. Le , le ministère des Affaires étrangères algérien a de nouveau nié les allégations disant qu'Alger avait offert son soutien à Kadhafi pendant la guerre et a exigé que le CNT revienne sur ses accusations comme une condition pour que le gouvernement algérien reconnaisse le conseil[13].

Toutefois, lorsqu'il est apparu que l'Algérie a prétendument mis à l'abri des membres de la famille Kadhafi après qu'ils ont fui à la suite de la prise de contrôle de Tripoli par le CNT, le CNT a pris un ton beaucoup plus sévère. Le , il a déclaré que la mise à l'abri de Khadafi ou des membres de sa famille par l'Algérie serait considérée comme un "acte d'agression"[14]. En réponse, les forces de sécurité libyennes ont fermé la frontière avec l'Algérie pour empêcher plus de passage illicite[réf. nécessaire]

Dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera le 8 juin 2021, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l'Algérie était prête à intervenir d'une manière ou une autre en Libye pour stopper l'avancée de l'offensive lancée sur la capitale Tripoli en 2019-2020 par les forces du maréchal Khalifa Haftar. Le président algérien a dit avoir songé à une intervention en Libye car «Tripoli est une ligne rouge»[15]. L'Algérie affirme toujours qu'elle adopte une position neutre dans la crise libyenne, mais dans le bras de fer qui oppose le gouvernement de Abdel Hamid Dbeibah (reconnu pas l'ONU) et celui de Fathi Bachagha (désigné par le Parlement et allié du maréchal Khalifa Haftar soutenu par l'Égypte), elle soutient celui de Dbeibah, qui est reconnu par la communauté internationale[16].

En mai 2022, le gouvernement algérien a ouvert le poste-frontière de Ghadamès (à 6 km au nord de la ville algérienne de Debdeb) au trafic commercial, mais n'a pas autorisé la circulation des personnes. La frontière a été fermée en 2014 en raison du conflit libyen[17].

Inondations dans l'est de la Libye[modifier | modifier le code]

Le passage de la tempête Daniel le 10 septembre 2023 a provoqué d'immenses inondations dévastatrices dans l'est de la Libye, causant des dégâts considérables et un bilan humain provisoire de plus de 2300 personnes mortes et plus de 10 000 personnes portées disparues. L’Algérie a décidé le 12 septembre 2023 d’envoyer des secouristes de la protection civile et une aide humanitaire urgente et importante à la Libye via un pont aérien composé de 8 avions appartenant à la force aérienne algérienne[18],[19]. Le président du Conseil présidentiel libyen, Mohammed el-Menfi a exprimé « ses profonds remerciements et sa gratitude à l'Algérie pour cet élan de solidarité »[20]. Dans la nuit du même jour, une délégation ministérielle algérienne composée du ministre de l’Intérieur Brahim Merad, du ministre de la Santé Abdelhak Saihi et de la ministre de la Solidarité Nationale Kaoutar Krikou, en plus de la présidente du Croissant-Rouge algérien Ibtissem Hamlaoui, est dépêchée en Libye sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune, afin de transmettre un message de solidarité du peuple algérien au peuple libyen [21]. La délégation algérienne a été reçu par le président du Conseil présidentiel libyen Mohammed el-Menfi[22].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Entelis, John P. with Lisa Arone.
  2. l'APS, recensement de la population algérienne au 1er Janvier 2018.
  3. http://knoema.com/nwnfkne/world-gdp-ranking-2015-data-and-charts
  4. IMF World Economic Outlook (WEO), October 2015 [1]
  5. a et b http://knoema.com/sijweyg/gdp-per-capita-ranking-2015-data-and-charts
  6. Rapport sur le développement humain 2021/2022 : Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation, New York, Programme des Nations unies pour le développement, , 337 p. (ISBN 978-92-1-126452-4, lire en ligne).
  7. (en) Duraid Al Baik, Gulfnews, « Rebel council calls on UN to hit mercenary bases », Gulf News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Al-Alam News Network, « Algeria predicts tense ties with Libyan rebels » [archive du ], (consulté le )
  9. Algeria's 'one-eyed' American general - Briefings - Al Jazeera English
  10. (French) http://www.echoroukonline.com/fra/international/9099-participation-du-fln-%C3%A0-la-rencontre-des-tribus-libyennes-%3A-bouguetaya-s%E2%80%99explique.html
  11. (en) Echorouk Online, « Libyan National Transition Council: "Algeria is a brotherly country" », (consulté le )
  12. (en) Bernama, « Algerian Embassy In Tripoli Target Of series Of Violations », (consulté le )
  13. Walid Ramzi, « Algeria to open relations with Libya transitional council », Magharebia, (consulté le )
  14. (en) « Rebels to seek return of Gaddafi family from Algeria », Reuters,‎ (lire en ligne)
  15. « L'Algérie était prête à «intervenir» en Libye contre l'offensive du maréchal Haftar », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  16. « Libye: les soutiens du maréchal Haftar critiquent la prise de position de l'Algérie », sur rfi.fr, (consulté le )
  17. « Le premier ministre libyen demande à l'Algérie de rouvrir la frontière avec Ghadamès », sur trtafrika.com, (consulté le )
  18. « Dérèglement climatiqueInondations : ce que l’on sait de la tempête Daniel, qui a frappé le bassin méditerranéen de la Grèce à la Libye », sur liberation.fr, (consulté le )
  19. « Inondations en Libye : sur ordre de Tebboune, l’Algérie envoie une aide humanitaire », sur algerie360.com, (consulté le )
  20. « Attaf affiche la pleine disponibilité de l'Algérie à soutenir la Libye par tous les moyens », sur aps.dz, (consulté le )
  21. « Une délégation ministérielle algérienne dépêchée en Libye », sur lalgerieaujourdhui.dz, (consulté le )
  22. « Brahim Merad : « L’Algérie sera toujours aux côtés de la Libye » », sur lapatrienews.dz, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]