Santiago Espinosa

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Santiago Espinosa
Naissance
Nationalité
Formation
Université de Paris-Sorbonne, Université de Barcelone
Principaux intérêts
Esthétique, culture, métaphysique, langage.
Œuvres principales
L'Inexpressif musical, L'Impensé, L'Objet de beauté.
Influencé par
Distinction

Santiago Espinosa, né en 1978 à Mexico, est traducteur, docteur et agrégé de philosophie. Il est le lauréat 2015 de la Bourse Cioran du Centre National du Livre.

Parcours et axes de recherche[modifier | modifier le code]

Son mémoire de master, publié en 2007 et réédité en 2022, porte sur la philosophie de la musique de Schopenhauer (Schopenhauer et la musique). Inspiré par l'œuvre de Clément Rosset, avec lequel il collabora pendant plusieurs années, il écrit une thèse sur la musique où il soutient qu'elle n'exprime rien qu'elle-même, c'est-à-dire des rapports exclusivement musicaux, provoquant des émotions purement musicales. Il tire la conclusion que ce que la musique et le « réel » — ce qui existe — ont en commun est leur insignifiance essentielle, c'est-à-dire le manque d'un sens extérieur ou caché, ne renvoyant à rien d'autre qu'eux-mêmes, mais surtout que l'affirmation inconditionnelle de leur « inexpressivité » peut produire, paradoxalement, la joie de vivre (au sens « tragique » de Nietzsche). Cette première partie, publiée en 2013 (L'Inexpressif musical) a été saluée vivement par la presse[1],[2].

La deuxième partie de cette étude, Voir et entendre. Critique de la perception imaginative[3], publiée en 2016, étend les vues d'Espinosa aux autres arts et à d'autres domaines (il montre que la physique contemporaine adopte la perspective critiquée lorsqu'elle s'efforce de produire une "image du réel"). À cette tendance invétérée qui assimile depuis longue date la vue et le savoir, Espinosa oppose la perception auditive, toujours prompte à saisir le caractère éphémère et singulier, non interprétable des objets, qu'elle n'échange pas, comme la vue, contre leur image stable. De la perception auditive du réel s'ensuit une pensée du devenir, qu'Espinosa oppose à la pensée de l'Être, entendu comme un « rendu en image du réel ». À l'encontre de la « perception imaginative », dont la logique fait penser que tout se répète, suscitant les affections de la mélancolie, l'angoisse et la nausée, la philosophie de l'écoute qui résulte de l'attention à l'ouïe se rapporte quant à elle à la joie de ne percevoir dans le réel qu'une surprenante et incessante nouveauté.

Le Traité des apparences[4] poursuit les recherches sur l'inexpressivité en abordant la question de la signification dans le domaine de l'art en général. À partir de la critique de la notion d'expression, et de la revalorisation de celle d'« apparence », l'ouvrage s'intéresse aussi à la notion du politique en même temps qu'il expose de manière critique l'orientation philosophique qui a longtemps privilégié le point de vue métaphysique et moral au détriment de celui, tragique, qui privilégie la réflexion sur la réalité et son affirmation.

C'est cette dernière réflexion qui conduit Espinosa à prendre, dans L'Impensé[5],[6], le poème de Parménide comme fil d'Ariane pour montrer que ce qui existe (l'être ou le réel) n'est chez le philosophe présocratique en rien différent de ce qui apparaît, à l'encontre d'une longue tradition — de Platon à Heidegger — qui a tendance à interpréter son Poème à la lumière de la philosophie idéaliste et intellectualiste.

L'Objet de beauté clôt la réflexion esthétique d'Espinosa. Il s'agit d'un traité d'esthétique générale dans lequel il montre que toute œuvre d'art a une signification purement esthétique qui constitue la base d'évaluation de sa beauté. Il analyse ainsi l'ontologie de l'œuvre, son rapport avec sa réalisation, son sens et son expression. Il souligne que l'idée artistique n'est pas la traduction d'une idée pensée dans un autre langage que celui, matériel, de l'œuvre, ce qui conduit Espinosa à affirmer qu'un jugement esthétique objectif n'est pas seulement possible mais surtout souhaitable.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

Traductions en espagnol[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Eric Loret, « Du son, rien que du son », sur Libération (consulté le )
  2. François Noudelmann, « Penser avec les oreilles. Trois livres de philosophie sur la musique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Franck Colotte, « Quinzaines - Homo videns, homo audiens », sur www.nouvelle-quinzaine-litteraire.fr (consulté le )
  4. Robert Maggiori, « L’être ou le paraître, telle est la question », sur Libération (consulté le )
  5. Roger Pol-Droit, « « L’Impensé », de Santiago Espinosa », sur Le Monde (consulté le )
  6. Stéphane Floccari, « Essai. L’histoire d’un crime », sur L'Humanité, (consulté le )
  7. (fr) L'Esthétique de l'éphémère, Paris, Galilée,
  8. (fr) Anthologie du portrait. De Saint-Simon à Tocqueville, Paris, Gallimard,
  9. (fr) De Immundo, Paris, Galilée,
  10. (en) Natural History of Religion. My Own Life,
  11. (fr) Discours de la servitude volontaire,
  12. (fr) L'Homme-Machine, L'Homme-Plante et autres textes,
  13. (fr) Aux couleurs de Rome,
  14. (fr) Quelqu'un, Paris, Les Éditions de Minuit,
  15. (fr) Tropiques. Cinq conférences mexicaines, Paris, Les Éditions de Minuit,
  16. (fr) Le Démon de la tautologie, Paris, Les Éditions de Minuit,
  17. (fr) Le Choix des mots, Paris, Les Éditions de Minuit,
  18. (fr) Logique du pire, Paris, P. U. F.,
  19. (fr) L'Objet singulier, Paris, Les Éditions de Minuit,
  20. (fr) Principes de sagesse et de folie, Paris, Les Éditions de Minuit,
  21. (fr) Le Réel et son double, Paris, Gallimard,

Liens externes[modifier | modifier le code]