Soheil Arabi

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Soheil Arabi
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Soheil Arabi (en persan : سهیل عربی) né le , est un blogueur iranien condamné à la mort par pendaison en Iran en 2013 pour des propos irrespectueux envers le prophète Mahomet tenus dans des publications sur Facebook. À la suite de la mobilisation internationale, sa peine est commuée en 2015 en sept ans et demi d'emprisonnement et deux ans d'étude forcée de la théologie islamique[1].

Il est lauréat du prix de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières rendant hommage aux journalistes-citoyens[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Soheil Arabi est photographe et est âgé de 31 ans au moment de son arrestation à Téhéran, le . À la suite de son arrestation, sa femme est forcée au divorce et il perd le droit de voir sa fille[3]. La famille de Soheil Arabi est avertie que « aucune prise de parole publique ne sera tolérée », elle n'a pas le droit de répondre aux demandes de contacts des médias, et selon l'observatoire iranien des droits de l'homme, elle est victime d'un harcèlement permanent, principalement de la part du Corps des Gardiens de la révolution islamique[4].

Arrestation et condamnation[modifier | modifier le code]

Arrestation[modifier | modifier le code]

En 2013, Soheil Arabi qui gère alors plusieurs comptes Facebook[5], partage plusieurs messages, principalement issus d'autres auteurs et critiquant la République Islamique d'Iran, des officiels du régime et diffuse des propos irrespectueux envers le prophète Mahomet[4].

En , des agents du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) arrêtent Arabi chez lui à Téhéran[1]. Il est incarcéré en isolement pendant deux mois dans le quartier 2-A du CGRI de le prison d'Evin. Il est soumis à de très nombreux interrogatoires, durant lesquels il subit des pressions pour avouer ses crimes présumés avant d'être transféré à la section 350 d'Evin sous le contrôle de la justice iranienne[3].

Condamnation à mort[modifier | modifier le code]

Condamnation pour apostasie dans les pays à prédominance musulmane en 2013. La peine de mort par pendaison est pratiquée en Iran.
  • Peine de mort
  • Prison, perte de la garde des enfants
  • Convertir un musulman est un crime

Le , un collège de cinq juges de la chambre 76 du tribunal pénal de Téhéran juge Arabi pour « insulte au prophète de l'islam » pour ses propos sur Facebook[6]. Son avocat, Vahid Moshkani, plaide qu'Arabi « n ’a pas rédigé lui-même plusieurs messages jugés offensants, mais les a simplement partagés sur son compte Facebook ». L'article 263 du Code pénal islamique révisé en vigueur en Iran prévoit qu'une personne insultant le prophète « en citant les propos d’autres personnes [...] sera condamnée à 74 coups de fouet et non à la peine de mort »[7]. Sa défense est ignorée et les juges condamnent Arabi à la mort par pendaison[6].

Annulation provisoire de la condamnation à mort[modifier | modifier le code]

En , à la suite d'une mobilisation internationale, sa condamnation à mort est commuée en une peine de sept ans et demi de prison[8] associée à la « lecture obligatoire de 13 livres religieux et études de la théologie pendant deux ans ». C'est la première fois que la décision de commuer une condamnation à mort est prise en Iran où un nombre indéterminé de personnes se trouvent dans le quartier des condamnés à mort pour blasphème, hérésie ou autres délits religieux[1].

Dans sa nouvelle peine, Soleil Arabi doit prouver ses remords afin d'échapper à la peine de mort. Durant son emprisonnement, il doit lire 13 livres de théologie et rédiger pour chacun des résumés de 5 à 10 pages. Il doit également contacter les instituts « Dans la voie de la vérité » et « Institut de recherche Imam Khomein » chargés de lui poser des questions théologiques dont les réponses écrites seront envoyées aux magistrats. Arabi doit rédiger un article sur la religion ou la théologie basé sur 5 à 10 livres de théologie et est également présenté au tribunal chaque trimestre pour convaincre les juges de sa foi et de sa lamentation dans le but d’empêcher l'application de la peine capitale[9],[8].

Emprisonnement[modifier | modifier le code]

Violences carcérales[modifier | modifier le code]

En , Soheil Arabi est passé à tabac par d'autres détenus incités par les autorités pénitentiaires. Il subit plusieurs blessures, dont un nez cassé. Contrairement à la réglementation Iranienne, Arabi qui est prisonnier politique est détenu dans une salle avec des prisonniers non politiques, y compris des délinquants potentiellement violents[3].

En , il est passé à tabac par les gardes de la prison et subit plusieurs blessures graves[3].

Grèves de la faim[modifier | modifier le code]

En , Arabi entame une grève de la faim pour protester contre le harcèlement et les mauvais traitements infligés à sa famille par le Corps des Gardiens de la révolution islamique[10].

Le , il entame une nouvelle grève de la faim pour protester contre la répression des activistes Atena Daemi et Golrokh Ebrahimi Iraee[11]. Il est sévèrement battu en représailles par les gardes de la prison pour le forcer à mettre fin à sa grève de la faim qui lui assènent plusieurs coups sévères à la tête[12].

En , il entame une troisième grève de la faim pour protester contre les mauvaises conditions de détention et les mauvais traitements et la violence des gardiens et fonctionnaires de prison envers les prisonniers[3].

Réactions[modifier | modifier le code]

Le Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne (en) demandant la libération d'Arabi en décembre 2014.

A la condamnation à mort[modifier | modifier le code]

En 2014, à la suite du premier verdict du procès, Human Rights Watch (HRW) appelle la justice iranienne à annuler la condamnation à mort d'Arabi. Le directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord déclare : «Il est tout simplement choquant que quiconque soit confronté à la potence simplement à cause de publications sur Internet jugées grossières, offensantes ou insultantes. L'Iran devrait réviser d'urgence son code pénal pour éliminer les dispositions qui criminalisent la liberté d'expression pacifique, en particulier lorsqu'elles punissent son exercice par la mort »[13].

Amnesty International appelle ses partisans à exhorter les autorités iraniennes à ne pas exécuter Arabi et à le libérer « s'il est détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression »[6].

Au changement de peine[modifier | modifier le code]

Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters sans frontières déclare : « Soheil Arabi a certes été sauvé d'une exécution immédiate, mais ce verdict est moyenâgeux. C’est une torture arbitraire contre un accusé qui a clamé à plusieurs reprises ne pas avoir voulu offenser la religion, déclare. La justice sous le contrôle d’Ali Khamenei veut faire peur aux internautes. Nous demandons l’intervention des rapporteurs spéciaux des Nations unies en vue de l'annulation de cette peine, comparable à des travaux forcés, interdits par le droit international et les lois nationales »[8].

La communauté de libre-pensée Atheist Republic annonce son intention d'organiser des manifestations le dans divers endroits du monde, exigeant la libération d'Arabi en utilisant le hashtag #FreeSoheil[réf. nécessaire].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Saeed Kamali Dehghan, « Iranian death sentence commuted to two years' theology study », The Guardian, (consulté le )
  2. « Les journalistes confrontés au châtiment archaïque de la peine de mort dans le monde », sur IFEX, (consulté le )
  3. a b c d et e (en-US) « Soheil Arabi in deteriorating health after hunger strike », sur Iran HRM, (consulté le )
  4. a et b « Soheil Arabi Resumes Hunger Strike to Protest Harassment of His Family », sur Center for Human Rights in Iran, (consulté le )
  5. (en) « Death Sentence for 'Insulting the Prophet' on Facebook », International Campaign for Human Rights in Iran,
  6. a b et c (en) « Iran: Death Sentence for 'Insulting The Prophet' », Amnesty International,
  7. « Iran : Condamnation à mort pour des messages sur Facebook », sur Human Rights Watch, (consulté le )
  8. a b et c « Nouvelle condamnation arbitraire du net-citoyen Soheil Arabi après avoir provisoirement échappé à l’exécution | Reporters sans frontières », sur RSF, (consulté le )
  9. (ar) « خبرگزاری هرانا | نود ماه زندان و دو سال تحقیقات مذهبی؛ حکم سهیل عربی صادر شد - خبرگزاری هرانا »,‎ (consulté le )
  10. (en) « Mother of Activist Jailed by Iran Says He's on Hunger Strike | Voice of America - English », sur www.voanews.com (consulté le )
  11. (fa) « «اعتصاب غذای مجدد» سهیل عربی », sur رادیو فردا (consulté le )
  12. « ضرب و شتم و ضربه شدید به سر سهیل عربی توسط مامورین زندان و وخامت حال وی », sur ضرب و شتم و ضربه شدید به سر سهیل عربی توسط مامورین زندان و وخامت حال وی (consulté le )
  13. (en) « Iran: Death Sentence for Facebook Posts », Human Rights Watch,