Union française de la jeunesse

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Union française de la jeunesse

Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Formation professionnelle et éducation populaire
Fondation
Fondation 1875
Identité
Siège Rue du Mal-Assis, 59000 Lille
Président Dominique Dams
Directeur général Flore Bienvenuti
Site web https://www.ufj.asso.fr/

L'Union française de la jeunesse (UFJ) est une association loi de 1901 d’éducation populaire et de formation d'adultes créée à Paris en 1875 et déclarée d'utilité publique le . L'UFJ a suivi et s'est adaptée aux changements de l'histoire de la formation professionnelle en France et de la formation tout au long de la vie. Depuis 1970, son siège social est situé à Lille.

Forte de ses plus de 140 ans d'existence et toujours portée par l'esprit de modernité et de fraternité de ses fondateurs, l'Union française de la jeunesse poursuit ses missions d'éducation permanente et de formation professionnelle des adultes grâce à l'implication de ses salariés et de ses bénévoles.

Historique[modifier | modifier le code]

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Contexte historique de l'enseignement en France dans les années 1800[modifier | modifier le code]

Sous la Deuxième République et au début de la Troisième République, l'instruction n'est ni obligatoire ni gratuite et, malgré la création d'un ministère de l'Instruction publique, elle est toujours fortement liée au pouvoir religieux. Pour lutter contre l'illettrisme de la population plusieurs lois (Guizot, Falloux, Duruy) ont commencé à mettre en place les fondements d'un enseignement gratuit à destination des enfants pauvres. Malgré tout le peuple n'a pas le loisir d'avoir accès à l'éducation et l'instruction. Les révolutions parisiennes de 1830 et 1848 où se côtoient des étudiants, des artisans et des ouvriers, vont entraîner la formation de premières grandes associations laïques d'éducation populaire : l'Association philotechnique, l'Association polytechnique et la création de la Ligue de l'enseignement en 1866 par Jean Macé. En 1871, les insurgés de la Commune de Paris demandent également un enseignement laïc et gratuit et un enseignement professionnel. À partir de 1881, les lois Jules Ferry sur l'école primaire rendent l'école gratuite, l'instruction obligatoire et l'enseignement public laïque.

1875 - Création de l'Union française de la jeunesse[modifier | modifier le code]

L’Union française de la jeunesse est fondée dans le 2e arrondissement de Paris. Ce sont cinq jeunes instruits (un publiciste, un avocat, un interne des hôpitaux, un élève des ponts et chaussées, un jurisconsulte), qui créent une nouvelle association publique d’éducation populaires, apolitique et areligieuse[1],[2].

Leurs objectifs sont :

  • organiser des lectures, cours et conférences pour les jeunes ouvriers ;
  • encourager à l'étude en accordant aux plus méritants des livrets de caisse d'épargne ou toute autre récompense ;
  • faciliter à ceux qui en seront jugés dignes les moyens de continuer leur instruction ;
  • encourager la création de bibliothèques et d'écoles populaires.

Ainsi, ces jeunes bénévoles n’hésitent pas à aller sur le terrain et vont donner leurs premiers cours sur les lieux de vie des ouvriers :

« […] c’était parfois à côté d'un bal de barrière ou d'un comptoir de marchand de vins que vous allumiez bravement vos lanternes. »

Ils sont portés par un idéal de rapprochement entre le peuple et les élites comme le soulignera Jean Jaurès, président de l'association en 1889 :

« Les jeunes gens qui l’ont fondée en 1875, au sortir du collège ou du lycée, quelques années après la guerre étrangère, quelques années après la guerre civile, ces jeunes gens s’étaient dit : Entre la bourgeoisie et le peuple, les siècles, les révolutions, les haines, les guerres civiles, les inégalités ont créé de funestes, de déplorables malentendus qui ne pourraient se renouveler qu’en entraînant aux abîmes la Patrie, qui peut-être y resterait cette fois. Eh bien ! il faut faire cesser ce malentendu, il faut rapprocher du peuple la bourgeoisie, il faut que ceux qui travaillent de leur esprit aillent vers ceux qui travaillent des mains, pour qu’une pénétration se produise, pour que la bourgeoisie, qui autrement s’étiolerait, emprunte quelque chose à la vigueur toujours renouvelée des masses populaires, et pour que le peuple emprunte quelque chose de ses lumières à cette classe privilégiée qui a pu les acquérir[3]. »

L’UFJ connaît un grand succès tant auprès du peuple que des élites. En 1885, Louis Pasteur souligne l'originalité des cours de l'UFJ :

« Vous vous êtes arrangés pour que ce ne soit pas les élèves qui se plient aux exigences des maîtres, mais pour que ce soit les maîtres qui se conforment aux besoins des élèves. Vos chefs de section ont demandé quels étaient les désirs de leurs auditeurs, et partout ils y ont répondu par l'ouverture d'un cours spécial : cours de littérature française, cours de langue allemande, d’histoire, d’hygiène, de dessin […]. Au Faubourg St-Antoine, vous installez un cours de géométrie pour venir en aide aux ouvriers en bois et aux ouvriers mécaniciens. À côté du Jardin des Plantes vous organisez […] un cours de chimie industrielle[4]. »

1885 - Ouverture de la section lilloise[modifier | modifier le code]

À la suite du cinquième congrès de la Ligue de l'Enseignement à Lille, le , des étudiants invitent les membres de la Ligue à se rendre à leur local. Lors cette rencontre, en présence de René Paillot, alors vice-président de l'Union des étudiants de L’État et de Marcel Charlot, président de l'UFJ, nait le désir de créer à Lille une association analogue à celle existant à Paris. Le , la nouvelle association est approuvée par arrêté préfectoral et René Paillot en assure la première présidence.

1893 - Reconnaissance d'utilité publique[modifier | modifier le code]

Par décret du , l'association est reconnu établissement d'utilité publique.

1898 - L'Association prospère et rayonne[modifier | modifier le code]

À cette époque, l'UFJ compte dans Paris vingt-trois centres de cours et de conférences avec quatre-cent-trente professeurs volontaires pour une population scolaire de douze-mille élèves. Plusieurs autres sections se sont ouvertes à Cambrai (1894), en Haute-Garonne, en Lorraine, en Meurthe et Moselle, dans les Ardennes. Toutes les sections autonomes de province sont subventionnées par les municipalités[5].

1899 - Création de l'Université populaire de Lille[modifier | modifier le code]

Pour compléter son œuvre d'éducation populaire, l'UFJ dans son Assemblée Générale de , décide de créer une Université populaire à Lille. L'association avait préalablement sollicité le concours des professeurs des Facultés de Lille, notamment un groupe qui avait déjà organisé des conférences populaires à destination des ouvriers. Plusieurs réunions furent nécessaires pour aboutir à l'élaboration des statuts, notamment la suppression d'un article qui plaçait l’Université Populaire sous le patronage de l'UFJ. Le , un comité provisoire, avait approuvé les statuts et dressé un premier programme : "En dehors des cours professionnels, dont l'organisation reste à l'Union française de la jeunesse, il y aura des cours théoriques, tels que : géographie générale, histoire moderne et contemporaine, hygiène publique et privée, littérature au point de vue social, enseignement civique, conditions du travail moderne et les lois qui le régissent. Enfin l'Université organisera des promenades dans les usines et les musées, et des conférences mensuelles". Le , l'Université populaire de Lille est fondée sous la présidence du docteur Charles Debierre, professeur à la Faculté de Médecine et adjoint au Maire. La préfecture autorise officiellement l'Université populaire de Lille par un arrêté préfectoral le [6].

XXe siècle[modifier | modifier le code]

1901 - Loi sur les associations[modifier | modifier le code]

La loi du 1er juillet 1901 sur les associations à but non lucratif est mise en place. L'UFJ est immédiatement répertoriée sous ce statut.

1905 - Des sections bien implantées.[modifier | modifier le code]

Comme en témoigne Édouard Petit, rapporteur pour le Ministère de l'instruction publique, à Paris, l'UFJ s'étend sur 14 arrondissements, ses cours ont une tendance professionnelle et son certificat d'études commerciales est recherché. Dans le nord, la section de Lille a aussi une belle vitalité avec 2000 auditeurs et 87 cours, les conférences qui y sont données sont très appréciées[5], d'autres sections ont été créées à Haubourdin, Canteleu, La Madeleine, Loos et Hellemmes.

1914 - 1918 - L'UFJ Lilloise pendant la première guerre mondiale[modifier | modifier le code]

A Lille, les cours ne peuvent plus avoir lieu pendant l'année scolaire 1914-1915.Les écoles publiques, où sont données les cours du soir, ne peuvent plus donner l'hospitalité, il n'y a plus de subvention ni de cotisation. Les bombardements de la ville de Lille au mois d'octobre 1914 détruisent totalement le principal local, rue de l'hôpital Militaire, le local de la rue Poissonceaux est occupé par l'armée allemande, les soldats allemands couchent dans les salles de cours et les livres de la bibliothèque, qui faisait la fierté de la section Lilloise, sont dispersés. Malgré tout, des membres fondateurs de l'UFJ Lille, René Paillot, président, Bernard Welhoff et des amis de l'UFJ décident de réagir afin de travailler utilement dans l'objectif de l'après-guerre. Dès le , une équipe d'ouvriers remet en état le local rue Poissonceaux et les cours gratuits et publics rouvrent le (arithmétique, coupe, géographie commerciale, français, broderie et dentelles, Espéranto, comptabilité, couture, géométrie, sténographie, dessin industriel…). Les auditeurs affluent et d'autres locaux sont prêtés (écoles publiques, lycée Baggio). Les cours comptent 3500 élèves dont 29 % de jeunes. Au mois d', l'armée allemande réquisitionne 20 000 personnes sur Lille et ses environs, principalement des jeunes dont des élèves et professeurs de l'UFJ, elles seront déportées dans les territoires occupés pour des travaux forcés. Ceux qui restent continuent vaillamment les cours,mais la misère s'installe à Lille et l'UFJ élargit son champ d'action et contribue, dans la mesure de ses moyens, en récoltant des fonds qui sont distribuées à des œuvres de bienfaisances. L'UFJ Lille continue les cours jusqu'à la fin de la guerre[7].

Présidents[modifier | modifier le code]

Présidences parisiennes
XIXe siècle
1875 M. Roche
1876 M. Bourgeois
1877 M. Dubasty
1879 Gustave Ollendorff
1881 M. Henry

M. Pierret

1882 M. Garbe
1883 M. Simon
1884 M. P. Leser

M. A.P. Leser

1885 Marcel Charlot
1889 Jean Jaurès

Docteur Bataillard

1890 M. Heyman
1891 M. Spronck
1892 M. Gouzy
1893 Docteur Salmon
1894 M. Richard
1898 Docteur Peyré
XXe siècle
1900 M. Charlot
1901 Docteur Peyré
1902 Docteur Legrain
Présidences lilloises
XIXe siècle
1885 René Paillot
XXe siècle
1927 M. Bertrand
1927 F. Boyaval
1932 R. Moutier
1935 M. M. Daure
1946 M. J. Crépelle
1965 M. F. Lebon
1965 M. J. Lévy
1970 M. L. Dupont
1973 Raymond Allard
XXIe siècle
Pierre Reynaert
Jean-Claude Pavot
Dominique Dams

Labels et certifications[modifier | modifier le code]

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

  • 1878 : médaille de bronze à l'Exposition universelle de Paris.
  • 1884 : mention d'honneur spéciale à l'Exposition de Londres.
  • 1885 : diplôme d'honneur à l'Exposition de la Nouvelle Orléans.
  • 1888 : premier ordre de mérite à l'Exposition de Melbourne.
  • 1889 : médaille d'or et médaille d'argent à l'Exposition universelle de Paris.
  • 1900 : Grand prix et médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris[8].
  • 1910 : Grands prix à l'Exposition de Bruxelles.
  • 1911 : Grands prix aux Expositions de Turin et Roubaix.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bulletin de l'Union française de la Jeunesse, (ISSN 1255-3697, lire en ligne)
  2. Jean-Claude Allard, L’Union française de la jeunesse : 1875-1975 : de l’instruction et de l’éducation populaires à la formation permanente (Plaquette commémorative), Lille, UFJ, , 109 p.
  3. « Discours à la Sorbonne - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le ).
  4. L’Union française de la jeunesse : 1875-1975 : de l’instruction et de l’éducation populaires à la formation permanente, p. 5
  5. a et b Edouard Petit, Rapport sur l'éducation populaire en 1904 - 1905, Paris, Journal Officiel, (lire en ligne), p. 37
  6. « L’histoire de l’Université populaire de Lille », sur universitepopulairedelille.fr.
  7. René Paillot, L'Union Française de la Jeunesse de Lille pendant l'Occupation allemande 1914-1918., Lille.
  8. Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes, « Liste des récompenses : Exposition universelle de 1900, à Paris - Page 3 », sur gallica.bnf.fr.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]