Utilisateur:Leonard Fibonacci/Autobiographie (Flavius Josèphe)

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Buste qui pourrait être celui de Flavius Josèphe[1] (Glyptothèque Ny Carlsberg).

L'Autobiographie de Flavius Josèphe (en grec Ἰωσήπου βίος / Iôsèpou Bios), souvent simplement appelé sa Vita, est le dernier des textes que Flavius Josèphe a publié à Rome vers la fin du Ier siècle. Il y fournit la plupart des éléments biographiques que nous connaissons à son sujet, mais curieusement 85% du texte est consacré aux 6 à 8 mois de sa vie où pendant la Grande révolte juive, il a été le gouverneur de la Galilée désigné par les révoltés de Jérusalem (de la fin 66 - c. juin/juillet 67). Il est admis par la critique que la raison de l'écriture de cette Autobiographie est de répondre aux assertions que Justus de Tibériade venaient de faire dans son Histoire de la guerre juive. Selon Josèphe, celui-ci a attendu que le roi Agrippa (II) soit mort pour publier son ouvrage qui pourtant était prêt depuis 20 ans. La date de la publication de cette Autobiographie dépend donc de la date de la mort d'Agrippa II. Un débat existe chez les historiens pour savoir si ce roi est mort soit sous l'empereur Domitien (mort en 96) soit, selon l'indication que l'évêque Photios de Constantinople émet au IXe siècle dans une note de lecture, la troisième année de Trajan (100).

Le livre de Justus de Tibériade est perdu, aucun auteur païen ne le mentionne, seul Josèphe semble répondre à ce qui y était écrit mais sans jamais en citer le moindre extrait. Il a probablement été mis à l'index peu après la publication de cette réponse de Josèphe. L'Autobiographie de Flavius Josèphe est donc l'objet d'études pour essayer de savoir ce que disait Justus. Comme dans cette Autobiographie, Flavius Josèphe donne une version complètement différente des faits qu'il avait racontés dans sa Guerre des Juifs, il s'agit aussi de tenter de déterminer ce qu'il s'est effectivement passé sur ces quelques points controversés et plus globalement en Galilée en 66-67, Flavius Josèphe étant notre seule source au sujet de ces événements. Les critiques estiment en général que la version donnée dans la Vita est la plus proche de la vérité, mais en raison du caractère extrêmement confus de ce texte, celle-ci est très difficile à reconstituer. Ils sont partagés pour expliquer la raison pour laquelle Josèphe aurait menti lors de l'écriture de la Guerre des Juifs. Certains estiment que Josèphe a ainsi tenté de cacher une partie de son action, d'autres pensent que Josèphe a menti au sujet d'un grand nombre de personnages pour soutenir la version que voulaient fournir Titus et Vespasien. La fiabilité globale des écrits de Josèphe — notamment sur sa description des « sectes » juives — est aussi interrogée.

Josèphe sur lui-même dans son Contre Appion[modifier | modifier le code]

Certainement sur la guerre même que nous avons eue récemment, des auteurs ont publié de prétendues histoires sans être venus sur les lieux ou s'être approchés du théâtre de l'action. Mais d'après des on-dit, ils ont réuni un petit nombre de faits, et les ont décorés du nom d'histoire avec une impudence d'ivrognes[21].

(Contre Justus de Tibériade et peut-être aussi contre Hermogène de Tarse (voir Suétone et Christophe Burgeon p. 160))

IX Apologie de son histoire de la guerre.

47 Moi, au contraire, et sur l'ensemble de la guerre et sur le détail des faits, j'ai écrit une relation véridique, ayant assisté en personne à tous les événements. 48 Car j'étais général de ceux qu'on appelle chez nous les Galiléens tant que la résistance fut possible, puis, capturé, je vécus prisonnier dans le camp romain. Vespasien et Titus, me tenant sous leur surveillance, m'obligèrent à être toujours auprès d'eux, enchaîné au début; plus tard, délivré de mes liens, je fus envoyé d'Alexandrie avec Titus au siège de Jérusalem. 49 Pendant ce temps pas un fait n'a échappé à ma connaissance. En effet, je notais avec soin non seulement ce qui se passait sous mes yeux dans l'armée romaine, mais encore les renseignements des déserteurs que j'étais seul à comprendre. 50 Ensuite, dans les loisirs que j'eus à Rome, la préparation de mon histoire entièrement terminée, je me fis aider pour le grec par quelques personnes et c'est ainsi que je racontai les événements pour la postérité. Il en résulta pour moi une telle confiance dans la véracité de mon histoire qu'avant tous les autres je voulus prendre à témoin ceux qui avaient commandé en chef dans la guerre, Vespasien et Titus. 51 C'est à eux les premiers que je donnai mes livres et ensuite à beaucoup de Romains qui avaient participé à la campagne; je les vendis d'autre part à un grand nombre des nôtres, initiés aux lettres grecques, parmi lesquels Julius Archélaüs [22](Julius Archélaüs, fils d'Helcias, avait épousé Mariamme, fille d'Agrippa Ier et était vraisemblablement le neveu de saint Paul (Ant., XIX, 355); il était donc le beau-frère d'Agrippa II.), le très auguste Hérode[23](Hérode ὁ σεμνότατος (Hérode le modeste) est non pas, comme l'a cru Dessau, le très jeune fils d'Aristobule (roi de Petite Arménie et arrière petit-fils d'Hérode le Grand qui vers 94 doit approcher les 45 ans et devait approcher les les 35 ans vers 75 au moment de la publication du Ier livre de la Guerre), mais, probablement, suivant Otto (Pauly-Wissowa, Supplément, II, 162), un fils de Phasaël (neveu d'Hérode le Grand) et de Salampio (fille du même). Cf. Ant., XVIII, 131-138.), et le très admirable roi Agrippa lui-même. 52 Tous ces personnages ont témoigné que je m'étais appliqué à défendre la vérité, eux qui n'auraient point caché leurs sentiments ni gardé le silence si, par ignorance ou par faveur, j'avais travesti ou omis quelque fait.

X Réponse à ses adversaires.

53 Cependant certains personnages méprisables ont essayé d'attaquer mon histoire, y voyant l'occasion d'un exercice d'accusation paradoxale et de calomnie[24], comme on en propose aux jeunes gens dans l'école; ils devraient pourtant savoir que, Si l'on promet de transmettre à d'autres un récit véridique des faits, il faut d'abord en avoir soi-même une connaissance exacte pour avoir suivi de près les événements par soi-même ou en se renseignant auprès de ceux qui les savent. 54 C'est ce que je crois avoir très bien fait pour mes deux ouvrages. L'Archéologie, comme je l'ai dit[25], est traduite des Livres saints, car je tiens le sacerdoce de ma naissance et je suis initié à la philosophie[26] de ces Livres. 55 Quant à l'histoire de la guerre, je l'ai écrite après avoir été acteur dans bien des événements, témoin d'un très grand nombre, bref sans avoir ignoré rien de ce qui s'y est dit ou fait. 56 Comment alors ne point trouver hardis ceux qui tentent de contester ma véracité ? Si même ils prétendent avoir lu les mémoires des empereurs, ils n'ont pas, du moins, assisté à ce qui se passait dans notre camp à nous, leurs ennemis.

Conclusions Appion[modifier | modifier le code]

  • 1) Même au sujet de l'histoire la Guerre des Juifs, dans sa Vita, Josèphe ne dit rien de ce qui se passe après le siège de Yotapata (qu'il traite d'ailleurs en une seule phrase), or il dit lui même qu'une partie de ce qu'il a connu vient de sa proximité avec Vespasien et Titus et de l'interrogatoire des transfuges. Donc même sur la Guerre sa Vita n'est pas une biographie.
  • 2) Il est significatif que les "garants" dont il se réclame sont le neveu de Paul de Tarse ou un Hérode qui pourrait bien être le fils aîné d'Aristobule de Chalcis, il est vraisemblable que tous deux aient été des adeptes de la Voie.
  • 3) Justus de Tébériade semble avoir lu les mémoires des empereurs

Contexte de publication[modifier | modifier le code]

Gravure représentant Eusèbe de Césarée.

L'Autobiographie de Flavius Josèphe est son dernier écrit, vraisemblablement publié 20 ans, sinon plus, après le livre II de la Guerre des Juifs[2],[3] dans lequel il racontait les faits couvrants la même période. Il est probable qu'elle figurait initialement en appendice au XXe et dernier livre des Antiquités judaïques[3]. Au IVe siècle, Eusèbe de Césarée la lisait encore à la fin de l'exemplaire des Antiquités dont il disposait[4]. On détecte d'ailleurs deux fins à ce livre XX. Il y aurait donc eu une première publication des Antiquités en 93/94[5] sans cette Vita, puis une seconde publication, peu d'années après[5],[Note 1]. Une partie importante de la critique historique identifie l'Épaphrodite à qui Flavius Josèphe dédie ses Antiquités judaïques à l'ancien secrétaire de Néron, qui a ensuite été secrétaire des trois empereurs flaviens[6],[7]. Il est exécuté sur ordre de Domitien fin 95/début 96[8], pendant ce qu'il est convenu d'appeler la « persécution de Domitien »[9]. Toutefois pour les historiens il ne s'agit pas d'une persécution religieuse, mais plutôt d'une répression à caractère politique[10]. Comme Josèphe rend hommage à cet Épaphrodite dans son Autobiographie, selon cette hypothèse celle-ci aurait été publiée avant 96[9] et naturellement après la première édition des Antiquités.

Autre date de publication[modifier | modifier le code]

Toutefois les historiens et exégètes sont d'accord pour dire que ce qui provoque l'écriture de sa biographie par Flavius Josèphe est la publication par Justus de Tibériade de son Histoire de la Guerre juive[11],[12],[13]. Josèphe lui reproche d'avoir attendu la mort de Vespasien, de Titus et d'Agrippa (II) pour publier son « Histoire ». Pour une partie de la critique qui se fonde sur des inscriptions épigraphiques et la disparition des monnaies de Domitien dans ses territoires, la mort du roi de Batanée et de l'est de la Galilée intervient pendant le règne de cet empereur[14],[5],[2]. En analysant les textes de Flavius Josèphe, ils estiment qu'Agrippa était probablement déjà mort lors de la publication de la première édition des Antiquités judaïques[14],[5],[2]. Si cette thèse est parfaitement compatible avec l'identification de l'ancien secrétaire de Néron appelé Épaphrodite comme étant le parrain littéraire de Josèphe[7], d'autres critiques se fondent sur une indication de Photios de Constantinople pour situer la mort d'Agrippa en 100. La publication de son Autobiographie par Flavius Josèphe aurait dans ce cas eu lieu bien après les exécutions qui ont émaillé la fin du règne de Domitien.

Pour un exposé détaillé à ce sujet, voir le § Date de publication.

Justus de Tibériade[modifier | modifier le code]

L'historiographe juif[modifier | modifier le code]

Carte de la Galilée vers le milieu du Ier siècle.

Justus de Tibériade dont la publication du livre sur « l'Histoire de la guerre juive » provoque l'écriture de cette Autobiographie, est surtout connu comme historiographe[15]. C'était un Juif ayant reçu une solide éducation grecque[16]. Aucun de ses écrits n'est parvenu jusqu'à nous, mais trois d'entre-eux sont mentionnés par des auteurs antiques[Note 2]. Justus est un fils de Pistos[15]. Tous deux occupent une position proéminente à Tibériade lorsque Flavius Josèphe est gouverneur de Galilée en 66/67[16]. Pistos était selon Josèphe le seul de la noblesse de Tibériade à ne pas être résolument pro-romain afin de plaire à son fils[17]. Celui-ci aurait dirigé la tendance qui hésitait entre le soutien aux Romains et la tendance favorable à la révolte à leur encontre, espérant ainsi en tirer avantage pour sa carrière[18].

L'écrit qui nous vaut de le connaître, bien qu'il semble avoir presque immédiatement disparu, est son Histoire de la guerre juive par la réaction qu'il provoque chez Flavius Josèphe[19]. L'Autobiographie de ce dernier tente en effet de contrer différentes assertions qui racontaient une histoire très différente de ce qu'il avait publié dans sa Guerre des Juifs[20],[21],[22]. Il y attaque longuement Justus, alors qu'il ne l'avait même pas mentionné — ni son père Pistos — dans sa « Guerre » écrite vingt ans auparavant[23].

Justus accusé d'être responsable de la révolte[modifier | modifier le code]

Tout ce que nous connaissons sur Justus, provient d'ailleurs des attaques de Josèphe dans cette Autobiographie[16] et notamment d'une longue digression qui lui est entièrement consacrée (336-367)[23]. Il lui reproche de multiplier les erreurs[24] — mais sans en citer aucune explicitement — et de « n'avoir pas eu accès, contrairement à lui, aux notes de terrain de Vespasien et de Titus[25]. » Pour déconsidérer son adversaire, Josèphe indique justement que « dans les commentaires de l'empereur Vespasien », que Justus n'a pas pu consulter[25], il serait indiqué qu'à l'arrivée du futur empereur à Ptolémaïs (printemps 67) « les habitants de la Décapole le prièrent de faire châtier [Justus] comme l'auteur de tous leurs maux[26]. » Vespasien l'aurait remis entre les mains d'Agrippa (II) et Justus n'aurait réchappé à la mort que grâce à la clémence du roi et sur la prière de sa sœur Bérénice[26]. Flavius Josèphe l'accuse d'avoir conduit « son pays à se révolter contre les Romains[27] »[28]. Toutefois en dépit des efforts de Josèphe pour rejeter la responsabilité du soulèvement de la Galilée sur Justus plusieurs faits qu'il évoque dans sa Vita contredisent cette accusation[28]. Ainsi, Justus était opposé à la destruction du palais d'Hérode à Tibériade[28], alors qu'au contraire Josèphe tentait d'obtenir sa destruction du Conseil de la ville[29]. Josèphe dit lui-même que Justus n'était pas membre de la fraction favorable à la guerre, mais chef d'une fraction aux positions intermédiaires[28]. Il est d'ailleurs possible que ce troisième parti soit une invention de Josèphe qui ne pouvait pas faire de Justus le dirigeant du parti révolutionnaire car il était beaucoup trop connu que son chef était Jésus fils de Sapphia[30]. Certains des proches parents de Justus ont d'ailleurs été tués par les révolutionnaires à Gamala[28]. De plus, Josèphe déclare l'avoir fait prisonnier avec tous les membres du conseil de Tibériade, car en raison de l'invincibilité des Romains, ce conseil avait secrètement fait allégeance au roi Agrippa et demandé qu'il envoie des forces pour prendre le contrôle de la ville[31],[32]. Josèphe les aurait ensuite relâché en leur recommandant de faire preuve de duplicité car s'il était bien conscient de l'invincibilité des Romains, ils devaient faire semblant de soutenir la guerre contre Rome à cause des « brigands » (lestai)[33],[Note 3]. Josèphe s'approprie ici « le vocabulaire discriminatoire des Romains[34]. » À plusieurs reprises dans la Guerre des Juifs, il appelle « brigands »[35] les révoltés juifs, comme les Sicaires, les Zélotes[36] ou les membres de la Quatrième philosophie[34]. Pour Shaye J. D. Cohen, ceux qui sont appelés « brigands » dans ce passage, étaient les propres partisans de Josèphe à l'époque des faits[37]. Enfin, avant même l'offensive de Vespasien en Galilée (printemps 67), Justus n'était plus à Tibériade, mais avait rejoint le roi Agrippa[16] à Beyrouth[38],[39], alors que celui-ci allait joindre son armée aux trois légions de Vespasien pour entamer la reconquête de toute la Palestine en commençant par la Galilée. Après la Grande révolte juive (66-70), Justus a été le secrétaire d'Agrippa[40],[41], roi de Batanée et de la partie orientale de la Galilée[15] (Vita 356).

Justus accusé d'être un faussaire[modifier | modifier le code]

Josèphe compare Justus et tous les historiens qui mentent « par haine ou partialité » aux « faussaires qui fabriquent de faux contrats (§ 337)[42]. » Puis dans la longue digression dans laquelle Josèphe attaque Justus (§ 356), il suggère que si Agrippa a chassé Justus et lui a défendu de se « présenter jamais devant lui » à partir d'un moment indéterminé, c'est parce-qu'il se serait rendu compte qu'il se montrait malhonnête « dans la charge de secrétaire dont il [l'avait] honoré[43]. » Pour Shaye J. D. Cohen, « Josèphe étiquette Justus comme un faussaire, une accusation parfois proférée contre des secrétaires officiels[42] », ce qui renvoie à la comparaison qu'il a fait au § 337[42] entre ceux qui mentent pour fabriquer une histoire fausse — comme l'a fait d'après lui Justus — et les « faussaires qui fabriquent de faux contrats. » Josèphe termine toutefois ce passage en disant que « sur tout cela [il] renonce de faire la preuve jusque dans le détail[44]. »

Après la publication de l'Autobiographie de Flavius Josèphe, les deux hommes disparaissent de l'histoire.

Le livre de Justus[modifier | modifier le code]

Site de l'ancienne ville de Jotapata dont Flavius Josèphe a dirigé la résistance au siège effectué par l'armée romaine.

Le livre de Justus au sujet de la grande révolte juive était un récit de la guerre[45] qui incluait la campagne en Galilée, les actions de Josèphe[46] et qui contestait sa version du siège de Jotapata[47]. Il racontait aussi le siège de Jérusalem en 70[46],[48]. Il contestait aussi visiblement la version de Josèphe au sujet de Philippe de Bathyra et de ce qui s'était passé à Gamala et en Batanée[49]. C'est principalement sur ces sujets-là que Josèphe s'attache à répondre longuement[50], alors qu'il ne consacre qu'une phrase pour répondre aux contestations de Justus au sujet du siège de Iotapata — dont Josèphe déclare avoir dirigé la défense — et une autre phrase à propos de la version de Justus des événements ayant eu lieu lors du siège de Jérusalem[51].

Si Justus avait tant de raisons de haïr Flavius Josèphe, pourquoi a-t-il attendu 20 ans (Vita 360) avant de l'attaquer dans son écrit[52] ? Josèphe utilise cette attente comme une preuve des mensonges de Justus[53]. S'il a attendu la mort de Vespasien, Titus, Agrippa, et tous ceux qui connaissaient la vérité, c'est qu'il savait qu'ils n'auraient pas toléré ses mensonges[54],[Cit. 1] (359-360). On s'est donc demandé si Justus n'attaquait pas Agrippa et les empereurs, attendant leur mort pour publier « sa vérité »[40]. Toutefois, il n'y a pas de signe qu'il ait attaqué un personnage royal, juif ou romain[40]. Si cela avait été le cas, il est invraisemblable que Josèphe qui consacre une grande place aux attaques contre Justus dans sa Vita, n'en ait pas fait état[40].

Dans son livre Justus, déclarait raconter une histoire supérieure à celles déjà publiées, et qui prenait soin de respecter les faits historiques[46]. Selon Josèphe, il contredisait ainsi les notes de terrain de Vespasien[25],[46],[48]. Il « témoignait faussement » contre Josèphe[46],[55]. Les paragraphes 357 à 367 impliquent aussi que Justus attaquait la véracité de la Guerre des Juifs sur certains points[46].

Histoire de la transmission du texte[modifier | modifier le code]

La totalité de la conservation et de la transmission de l'œuvre de Flavius Josèphe est redevable à la tradition chrétienne « qui y a vu le complément indispensable de ses Écritures saintes, et plus particulièrement du Nouveau Testament[56]. » « S'il n'avait tenu qu'à la tradition juive, il est probable que son œuvre ne serait jamais parvenue à la postérité[56]. » En effet, Josèphe n'est cité dans la littérature juive — peut-être à une exception près — qu'à partir du Xe siècle[56]. Au contraire, les chrétiens de ce qui allait devenir la Grande Église semblent l'avoir tout de suite adoptée et les écrivains chrétiens l'ont très tôt utilisée et citée, comme en témoignent Origène (mort vers 253), Eusèbe de Césarée, Jérôme de Stridon, et bien d'autres par la suite[56].

« C'est pour des raisons théologiques que l'œuvre de Josèphe, apparemment peu lue par les Grecs et dédaignée par les Juifs a été recueillie par les chrétiens qui en ont assuré la transmission et la conservation pour la postérité[57]. » Ils ont interprété théologiquement la chute de Jérusalem comme la punition du peuple Juif pour ses méfaits à l'égard de Jésus[56]. De plus, les écrits de Josèphe « sont proches de ceux du Nouveau Testament[58] » et en « éclaire l'arrière plan historique et religieux[58]. » L'œuvre de Josèphe a même été considérée comme étant le cinquième évangile, au moins jusqu'à la Contre-Réforme, dans le courant du XVIe siècle[59]. L'Occident latin l'a « lue et traitée presque à l'égal d'un texte sacré[60]. »

Cette « Vita de Flavius Josèphe » a été initialement publiée en appendice de la seconde édition des Antiquités judaïques[61].

Analyse critique[modifier | modifier le code]

Curieusement, Flavius Josèphe consacre la majeure partie de son Autobiographie à réécrire ses campagnes en Galilée au moment du déclenchement de la révolte, mais il omet totalement dans sa seconde rédaction tout engagement d'importance contre les Romains, pour se consacrer presque uniquement aux divisions entre forces ou groupes juifs[62]. Ainsi, il arrête son récit détaillé avant le siège de Iotapata (juin/juillet 67[Note 4]), alors que dans la Guerre des Juifs, il racontait en détail toutes les tactiques qu'il prétendait y avoir utilisées contre les Romains et qui semblaient sortir de Thucydide[63]. L'absence de toute réponse aux contestations de sa version du siège de Jotapata interroge, alors qu'elle semblait si importante pour lui dans sa rédaction du livre III de la Guerre[64].

Ruines de la cité fortifiée de Gamala, enjeu de la guerre entre Arétas IV et Hérode Antipas en 36, puis lieu des deux batailles de Gamala en automne et novembre 67, pendant la campagne de Galilée menée par les trois légions de Vespasien appuyées par ses forces auxiliaires. La cité a été détruite par les Romains après la prise de la ville. On entrevoit, au fond, le lac de Tibériade.

Problèmes posés par cette Vita[modifier | modifier le code]

Le principal problème avec cette Autobiographie est que ce raconte Josèphe ne coïncide pas avec ce qu'il avait raconté 20 ans auparavant dans la Guerre des Juifs[65]. Les causes poussant à une révision globale ne sont pas clairement établies[65]. Les différences portent aussi bien sur le fond que sur la chronologie[66]. Une analyse de ce qu'il décrit dans ses deux écrits fait ressortir que, pour des événements ayant eu lieu en à peu près 6 mois[23], pas moins de six épisodes ont lieu dans un ordre différent[67]. Mis à part les attaques contre Justus de Tibériade, la question qui occupe le plus de place dans sa Vita concerne Philippe de Bathyra, certains de ses parents, les actes des habitants de la Batanée et Gamala. Sur tous ces points il donne dans sa Vita une version différente de ce qu'il avait écrit dans la Guerre des Juifs et souvent les contradictions sont très importantes. La Vita et la Guerre des Juifs se contredisent sur les noms propres ou sur l'identité de plusieurs personnages[67] ainsi que sur la date et les circonstances de la mort de certains. « En dépit de l'abondance de détails, les incohérences de la Vita sont si importantes que l'impression laissée au lecteur est la confusion et l'obscurcissement, peut-être pour se protéger »[68]. Déjà, vers la moitié du XIXe siècle, Édouard Reuss s'interrogeait : « Quelles étaient toutes ces interminables querelles qui l'ont absorbé en Galilée, qu'il raconte avec tant d'emphases, mais dont on ne comprend ni l'origine ni le dénouement ? Pourquoi son Autobiographie est presque entièrement dévolue à ces intrigues confuses qui ont duré moins d'un an et qui n'ont exercé qu'une influence mineure sur le cours des événements et pourquoi est-il incapable de donner aux spectateurs distants et impartiaux une idée précise de ces intrigues[69] ? » Pour Robert Eisenman, la Vita « montre que Josèphe était maintenu sous une énorme pression pour expliquer son passé[70] » et pour justifier ses actions pendant la révolte[70]. Pour lui, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien, parfois considéré comme aussi violent que Néron[70]. Il est aussi probable que le patron littéraire de Josèphe appelé Épaphrodite dans toutes ses œuvres publiées après la mort de Titus, soit celui que Domitien a fait exécuter en 95/96 et c'est dans cette période qu'a été écrite sa Vita[70].

Dans cette Autobiographie, Flavius Josèphe confirme que son « récit de la guerre est fait du point de vue romain[71] » et que « ce que représente Rome pour Josèphe, par delà les faveurs réelles ou supposées dont il a été comblé, c'est l'État, l'État de droit divin[71]. » Il écrit aussi : « L'empereur Titus voulut qu'on ne répandît dans le public la connaissance de ces événements que d'après mes seuls livres, à tel point qu'il les parapha de sa propre main et en ordonna la publication[72]. » Si cette attitude de Titus est devenue une politique impériale poursuivie après sa mort, cela explique peut-être la rapide disparition du livre de Justus de Tibériade sur l'Histoire de la guerre juive.

Josèphe était-il anti-romains ou pro-romains en Galilée ?[modifier | modifier le code]

Ruines du théâtre romain à Tibériade

Josèphe a-t-il été envoyé comme seul dirigeant de la Galilée comme le dit la Guerre des Juifs ou bien étaient-ils trois comme Josèphe le relate dans son Autobiographie[73] ? Quelle était sa mission ? Était-il un général sélectionné par une assemblée à Jérusalem pour apporter la guerre contre les Romains en Galilée, comme le décrit la Guerre des Juifs[73] ? Ou bien, a-t-il été envoyé avec deux autres prêtres comme émissaire de l'aristocratie de Jérusalem afin de maintenir la paix en Galilée, comme il l'écrit dans sa Vita[73] ?

Josèphe à Tibériade[modifier | modifier le code]

Justus soutenait aussi que Josèphe et son armée de galiléens étaient responsables d'actions anti-romaines contre sa ville de Tibériade[74] (Vita 340 et 350). On peut déduire de Vita 353 que Justus accusait Josèphe de brutalité à Tibériade[74]. Lorsqu'il est arrivé en Galilée la première chose que Flavius Josèphe raconte dans sa Vita est la destruction du palais que le roi Agrippa possédait à Tibériade, suivi du meurtre de tous les habitants grecs de la ville. Selon lui, alors qu'il n'avait pas pénétré dans la cité, il a demandé aux autorités de Tibériade de détruire le palais d'Hérode qui comportait des peintures violant l'aniconisme prôné par certaines tendances du judaïsme[75]. Alors que le conseil de Tibériade, dans lequel siégeait le père de Justus, était très réticent pour exécuter cette décision qui émanait de Jérusalem, l'archonte de la ville qui dirigeait aussi la tendance anti-romaine, Jésus fils de Sapphia, aurait incendié le palais et tué tous les habitants grecs de la cité[75] (V 66-67). Pour Shaye J. D. Cohen, cette relation est probablement fausse[75]. S'il n'a joué aucun rôle dans ces événements et dans le pillage du palais qui a suivi, comment Josèphe et le conseil de Tibériade ont-ils pu contrôler le butin résultant de ce pillage[75] ? Josèphe prétend qu'il a simplement soustrait ce butin des mains des criminels et qu'il l'a donné à Julius Capella, chef de la tendance de ceux qui voulaient « demeurer fidèles au peuple romain et à leur roi[76] » afin de préserver les intérêts d'Agrippa[75] (V 68-69). Comment a-t-il pu contrôler le butin s'il n'avait rien à voir avec le pillage[75] ? Cohen émet l'hypothèse que Josèphe et Jésus ont initialement coopéré pour détruire le palais et pour le massacre qui a suivi[75].

Mais pourquoi les événements de Tibériade pendant la révolte deviennent-ils un problème trente ans après les faits[77] ?

Philippe de Bathyra, la Batanée et Gamala[modifier | modifier le code]

Ruines des murailles de la cité fortifiée de Gamala prise et détruite par les Romains en novembre 67.

Outre le fait que 85% de son Autobiographie soient consacrés aux 6[23] à 8 mois de la vie de Josèphe où pendant la Grande révolte juive, il a été le gouverneur de la Galilée désigné par les révoltés de Jérusalem (fin 66[78] - c. juin 67) et qu'une grande importance soit accordée aux attaques contre Justus[23], il est étonnant qu'une place aussi importante soit consacrée à Philippe de Bathyra, à certains de ses parents, à la Batanée et à Gamala[79]. Le seul lien entre ces personnages et Justus de Tibériade semble un parent de Philippe appelé Jésus, marié avec une des sœurs de Justus[79]. Ce couple aurait été tué par les révolutionnaires à Gamala en même temps qu'un parent de Philippe et de Jésus appelé Chares[79],[80]. Mais la Guerre des Juifs fournit une version très différente de la mort de Chares. Ce qui est étonnant, c'est que ce fait semble être la motivation de Josèphe pour faire plusieurs développements sur Philippe qui contredisent totalement les informations qu'il avait donné dans la Guerre des Juifs[81]. Par exemple, dans la Vita, Philippe n'est plus envoyé en octobre 66 par Cestius Gallus pour faire un rapport à Néron qui se trouvait alors en Achaïe (Grèce), mais il a été envoyé à Rome par le roi Agrippa sur la recommandation de Vespasien[82] parce qu'il était accusé d'actes anti-Romains, quelques mois avant le suicide de cet empereur (). La situation de guerre civile qu'il a rencontrée à son arrivée à Rome lui a d'ailleurs permis de revenir sans même avoir été déféré devant Néron. Philippe est aussi un parent de Chares qui, au moins en son absence, est le chef des habitants de Batanée qui sont allés se réfugier dans la forteresse de Gamala[83]. Dans la Vita, Chares semble présenté comme un frère ou un parent de Jésus qui s'est marié avec une sœur de Justus de Tibériade, bien que les deux passages concernés (§ 185-186 et § 177-178) (le second renvoyant au premier) soient particulièrement confus, car impossibles à réconcilier[79]. En 66-67, Chares est un des chefs de la ville fortifiée conjointement avec un Joseph qualifié de fils de la femme médecin[79],[Note 5]. Dans la Guerre des Juifs, Chares dirige avec Joseph la résistance aux Romains[79] jusqu'au dernier moment et meurt lors de la prise de la ville, en novembre 67[84], le même jour que son alter ego : lui malade dans son lit et Joseph en tentant de sortir des remparts[85],[Cit. 2]. Au contraire, dans la Vita, il est tué par les habitants révolutionnaires de Gamala, dirigés par ce même Joseph, en même temps que son parent Jésus, avant que Flavius Josèphe n'arrive en Galilée[79] peu après la défaite de Cestius Gallus le 8 Dios[86] (fin octobre 66[87]). Des informations que Shaye J. D. Cohen estime quelque peu difficiles à concilier[79]. Y-avait-il plusieurs dirigeants appelés Chares à Gamala ? Dans ce cas, pourquoi Josèphe qui pourtant essaye de répondre longuement à ce que disait Justus, qui visiblement avait contesté sa version, a-t-il laissé une telle ambiguïté sans apporter la moindre précision ? (Voir à ce sujet : Problèmes sur les identités de certains des parents de Philippe de Bathyra.)

Après avoir dit qu'Agrippa a démis Varus et l'a remplacé par Aequus Modius lorsqu'il a appris qu'il avait l'intention de « massacrer les Juifs de Césarée (de Philippe) par dizaines de milliers en un seul jour, avec femmes et enfants », la Vita (§ 61) indique « comme je l'ai exposé ailleurs »[50],[Cit. 3]. Certains critiques estiment que cela se réfère au paragraphe 483 du livre II de la Guerre des Juifs. Toutefois, Shaye J. D. Cohen n'est pas de cet avis car ce passage est beaucoup moins détaillé que celui de la Vita et ne mentionne même pas Aequus Modius[88] ni même l'intention de Varus de massacrer les Juifs de Césarée de Philippe et ne parle que du massacre de la délégation des 70 députés de Batanée en route vers la capitale d'Agrippa[89]. Cohen remarque que le livre XVII des Antiquités judaïques promet un traitement plus complet du thème des Babyloniens de Batanée et des descendants de Zamaris et Joachim[50]. Cette promesse n'est nulle part honorée dans les Antiquités[50], on ne sait pas si c'est un oubli de Josèphe ou si ce passage a été enlevé par la suite.

Pour Shaye J. D. Cohen, il est évident que nous ne pouvons pas retrouver exactement ce que disait Justus ou ce qui s'est ébruité sur ce qui s'est passé à Gamala en 66-67[81]. La seule exigence d'informations de mise en contexte de l'histoire de Gamala ne peut expliquer l'extraordinaire quantité de détails fournis sur Philippe et Gamala[81]. Pour lui, « en tout cas, les Antiquités judaïques et la Vita font preuve d'un grand intérêt pour Gamala, la Batanée et Philippe, bien plus grand que ce qu'une simple réfutation de Justus aurait nécessité[81]. »

Josèphe se révèle être « Pharisien »[modifier | modifier le code]

Rouleau de la Torah

Dans la Vita, un thème important est la revendication par Josèphe de son appartenance aux pharisiens[90]. Selon lui, à l'âge de 16 ans il aurait fait un stage chez les pharisiens, les sadducéens et les esséniens, puis aurait passé trois ans avec un baptiste appelé Bannous[91],[Note 6] (Βάννουν), qui « vivait austèrement dans le désert[92] » et « se baignait plusieurs fois le jour et la nuit dans l'eau froide[92] ». Il serait « retourné à la ville à l'âge de dix-neuf ans[93] » et aurait alors « commencé à [s]'impliquer dans la vie publique[93] », en embrassant la « secte »[Note 7] (αἱρέσεις) des pharisiens[93],[90]. Visiblement, en écrivant cela, Josèphe « ne s'attend pas à ce que ses lecteurs se souviennent de son affirmation faite 20 ans auparavant[94], selon laquelle les Esséniens ont besoin de trois ans pour être totalement admis dans le groupe[95]. ». Cette donnée rend très peu probable ses trois années d'études dans les trois écoles ainsi que chez Bannous[95]. S'il est vraiment resté trois ans avec Bannous, ce qu'il écrit devient même impossible[95]. Pour Shaye J. D. Cohen, « l'impossibilité chronologique de cette section peut être un signe non pas d'une corruption textuelle, mais de sa fausseté : Josèphe dispose de trois ans pour étudier avec Bannous car sa tournée des académies est imaginaire[96]. » Pour lui, « sa revendication d’appartenance aux pharisiens — une part importante de l'apologétique religieuse de la Vita — est probablement fausse aussi[96] », mais sa position à ce sujet a probablement évolué dans les années 90 de notre ère[97]. Josèphe aurait été pharisien depuis sa jeunesse, mais n'en aurait rien dit, ni laissé transparaître, dans les 26 livres qui ont précédé l'écriture du XXe volume des Antiquités judaïques. Certains passages de ces livres ont même parfois été très critiques pour ce groupe[98],[99]. Si Josèphe est pharisien depuis sa jeunesse, pour des raisons inexpliquées, il ne dit pas un mot des grands sages pharisiens que sont Gamaliel l'Ancien, Hillel le Babylonien[100], Yoḥanan ben Zakkaï et Shammaï. Si ce dernier se cache derrière celui qu'il appelle Saméas, pourquoi l'associe-t-il à un personnage qui semble être Abtalion (Pollion) suggérant ainsi qu'il s'agit de Shemaya, car c'est lui, et pas Shammaï, qui formait un zoug (paire) avec Abtalion[101]. Ces absences et cette confusion sont bien étranges pour un historiographe très informé, surtout si celui-ci est pharisien. Parallèlement, il semble aussi confondre ceux qu'il appelle Pollion et Sameas[102], qui pourtant, quelle que soit l'identité de Sameas, sont des pharisiens[103]. Toutefois pour Robert Eisenman, le manque de précision et les glissements terminologiques de Josèphe ne portent pas seulement sur les pharisiens, mais sur l'ensemble des sectes juives qu'il décrit, notamment les esséniens et les groupes révolutionnaires[103], alors que tous les critiques notent qu'il ne donne jamais de claires définitions de la Quatrième philosophie, des Sicaires ou des Zélotes, ni n'indique de quels groupes ils sont issus[104].

Par une multitude de détails, Josèphe se présente même dans sa Vita comme observant strictement les interdits de la Torah[105] et ce sont ses adversaires (Jean de Gischala ou la délégation envoyée pour le destituer) dont la piété serait fausse[106]. Cette thématique est absente de la Guerre des Juifs[107]. Ce motif est clair au début de l'épisode de la délégation chargée de le démettre de ses fonctions[90]. Dans la Vita, « Josèphe admet que Simon ben Gamaliel était la force agissante derrière la tentative de le renvoyer (V 190, 193-196) et que trois des quatre membres de la délégation envoyée depuis Jérusalem étaient pharisiens[90] (V 197) », alors que le passage parallèle du livre II de la Guerre des Juifs (626) n'en disait rien et ne mentionnait même pas Simon[105].

Simon fils de Gamaliel[modifier | modifier le code]

Le siège et la destruction de Jérusalem, par David Roberts (1850).

Grâce à la Vita nous apprenons donc que c'est Simon ben Gamaliel qui a choisi la délégation chargée de destituer Flavius Josèphe[105]. Cette tentative a été fomentée par Jean de Gischala, du fait de sa jalousie (V 189)[105]. Simon est présenté comme un ami de longue date de Jean[105], lui-même présenté comme le pire des brigands (leste) dans la Guerre des Juifs[108]. Ce fils de Gamaliel l'Ancien[109] — autorité pharisienne totalement absente des livres de Josèphe — aurait organisé le versement de pot-de-vin au grand-prêtre Ananias pour que celui-ci valide l'envoi d'une force pour le destituer[105]. Le plus surprenant, c'est que dans la phrase même où Josèphe raconte cela, Simon et sa famille reçoivent un éloge dithyrambique[105],[Cit. 4]. D'après la Vita, Simon « était d'une naissance fort illustre, Pharisien de secte, et par conséquent attaché à l'observation de nos lois, homme fort sage et fort prudent, capable de conduire de grandes affaires[Cit. 4] »[105]. Alors que lorsqu'il avait écrit le passage parallèle du livre II de la Guerre des Juifs[110] vingt ans plus tôt, Josèphe avait estimé que « Simon n'était pas digne d'être mentionné[105]. » Appelé Syméon, il apparaît uniquement dans le livre IV de la Guerre des Juifs comme l'un des leaders qui, au début 68, poussent le peuple à résister aux Zélotes[105]. Le prétexte avancé pour cette subite mobilisation, c'est que les Zélotes qui occupent le Temple depuis le début, ont désormais décidé de désigner le grand-prêtre par tirage au sort parmi les familles sacerdotales[111]. Le sort a désigné Pinhas ben Shmouel que Josèphe présente comme un « rustre[109] » qui n'appartient même pas à une famille de chefs de prêtres[111],[Note 8]. Dans la Guerre des Juifs, rien de plus n'est dit à propos de Simon fils de Gamaliel, il n'est même pas mentionné qu'il est Pharisien[105]. Jusqu'à l'écriture de la Vita, c'était la seule mention d'un membre de la famille des Gamaliel. On dirait que pour Josèphe « entre l'écriture de la Guerre des Juifs et la Vita, l'importance de Simon a spectaculairement augmenté[105]. » Pourtant ce dernier a été tué pendant la révolte, mais c'est son fils Gamaliel le Jeune qui depuis 80-85 est le dirigeant de l'Académie de Yabneh[112]. Il semble être le premier à recevoir le titre prestigieux de nasi (« prince », souvent traduit par « président » ou « patriarche »)[112]. Cette Académie a été créée par le Pharisien Yohanan ben Zakkaï avec l'autorisation impériale après la prise de Jérusalem, puis Yohanan semble l'avoir transformée en « assemblée » ou « synode », dans le but de la substituer au Sanhédrin disparu après la ruine du Temple[113] (70). L'élection de Gamaliel par les rabbins a été confirmée par le gouverneur romain de Syrie[112]. L'influence des Pharisiens s'est donc considérablement accrue à Yabneh et Josèphe a besoin de leur soutien[105]. Peut-on en conclure qu'ils sont aussi influents à Rome[105] ? Toutefois à la fin du règne de l'empereur Domitien, Gamaliel le Jeune séjourne à Rome à la tête d'une délégation de l'Académie de Yabneh (Talmud de Babylone, Sanhedrin, 39a, 90b-91a ; Midrash, Shemoth Rabba 30)[114].

Pour Robert Eisenman, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien[70]. Il a même peut-être été emporté dans la tourmente des exécutions ayant eu lieu lors de la persécution de Domitien et exécuté au même moment qu'Épaphrodite[70] (fin 95-début 96). Pour une part importante de la critique, l'ancien secrétaire de Néron, devenu secrétaire des trois empereurs flaviens est le patron littéraire appelé Épaphrodite, que Josèphe salue ou remercie dans toutes les œuvres qu'il a publiées après la mort de Titus[7]. Toutefois, comme cela a été dit, une partie de la critique estime que la Vita n'a pas été écrite en 94/95, mais après 100.

Absence de la famille Gamaliel et des grands Pharisiens chez Josèphe[modifier | modifier le code]

Tombes de Shemaya et Abtalion à Gischala

Alors que figure dans son œuvre plus de cent personnages du judaïsme palestinien, à l'exception de la brève mention de Simon ben Gamaliel[105] dans son dernier écrit, Flavius Josèphe ne mentionne à aucun moment les dirigeants Pharisens membres de la famille de Gamaliel comme Gamaliel l'Ancien ou Hillel le Babylonien[100], un parent de Gamaliel, peut-être son grand-père[112]. Il ne mentionne pas non plus le Pharisien Yohanan ben Zakkai, son contemporain, fondateur de l'Académie de Yabneh après la prise de Jérusalem[113]. De même, Shammaï, l'autre dirigeant Pharisien qui forme un zoug (paire) avec Hillel à l'époque d'Hérode le Grand qui règne de 37 à 4 av. J.-C., ne semble pas être mentionné, alors qu'il consacre un passage à Menahem l'Essénien qui aurait brièvement précédé Shammaï dans cette fonction[115],[116]. Cette absence des dirigeants pharisiens chez Josèphe est notable, car il n'y a aucun doute qu'il s'agissait de personnages très importants du judaïsme de l'époque[117]. Étrange choix pour quelqu'un qui déclare avoir choisi à l'âge de 19 ans d'être Pharisien, tout comme l'étaient Yohanan, Gamaliel, Shammaï, ainsi que Hillel. L'absence de Hillel, qualifié de « Babylonien » dans les sources rabbiniques, est d'autant plus embêtante que selon le Talmud, ce sont les Anciens de Bathyra qui l'ont promu au rang de patriarche, c'est-à-dire ces juifs « babyloniens » de Batanée, dont un siècle plus tard Josèphe aura bien du mal à choisir une version au sujet du comportement de leurs chefs pendant la révolte, notamment Philippe de Bathyra et Charès.

En revanche, Josèphe semble mentionner brièvement les prédécesseurs de Hillel et Shammaï, en leur donnant les noms de Saméas (Σαμαίας) et Pollion (Πολλίων) qui pourraient correspondre à Shemaya et Abtalion[118],[Cit. 5]. Il faut donc remonter à l'époque d'Hyrcan II, grand prêtre de 63 à 40 av. J.-C., pour trouver le nom de dirigeants pharisiens. De plus, il y a un problème car Josèphe attribue à Abtalion et Shemaya le même discours dans les mêmes circonstances (AJ XV, I, 2-4 et AJ XIV, 172)[102],[103],[Cit. 6] et présente celui qui semble être Shemaya, qu'il appelle Saméas, comme un disciple de celui qui semble correspondre à Abtalion qu'il appelle Pollion[102],[Note 9]. Or, le disciple d'Abtalion dont la translittération du nom en grec pourrait être Saméas c'est Shammaï et pas Shemaya[102], mais il est impossible chronologiquement que Shammaï ait été membre du Sanhédrin en 47 av. J.-C.[103]. Là encore, cette double confusion est bien étrange surtout pour un érudit pharisien. Donc, soit Flavius Josèphe est mal à l'aise avec ses sources, soit il cherche à cacher quelque chose pour se préserver[101] ou pour appliquer les consignes de ses commanditaires.

Sa description des « sectes » juives[modifier | modifier le code]

Entrée de la grotte no 4 près des ruines de Qumrân aux alentours desquelles ont été retrouvés, dans 11 grottes, les restes de 870 manuscrits juifs, dont une centaine pourraient être l'œuvre d'une des tendances d'Esséniens. Malgré sa résistance le site de Qumrân a été pris et détruit par les Romains vers 68-70, juste avant ou juste après le siège de Jérusalem.

Sa prétention d'avoir fait un stage dans chacune des trois principales « sectes » juives, puis d'avoir passé trois ans avec un Baptiste appelé Bannous[91], pour finalement embrasser la « secte » (αἱρέσεις) des Pharisiens[93],[90], peut être mise en rapport avec les imprécisions — voire les confusions — qui ressortent de sa description des sectes juives et des personnages qu'il décrit comme Pharisiens, Sadducéens ou Esséniens dans la Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques[103]. « Josèphe hellénise sa description des sectes juives en les convertissant en écoles philosophiques grecques, dont les principales divergences portent sur les questions de prédestinations, de libre arbitre et d'immortalité de l'âme. Les Pharisiens sont proches des Stoïciens (Vita 12), les Esséniens des Pythagoriciens (AJ XV, 371), les Sadducéens des Épicuriens (Vita 10-12)[91]. » Qu'un jeune aristocrate fréquente trois académies puis choisisse une philosophie de vie « est la procédure hellénistique normale et semble avoir peu de rapport avec la réalité juive[91]. » On trouve un parcours éducatif similaire dans les autobiographies de Nicolas de Damas qui sert de source à Flavius Josèphe et chez Aristote, ou dans les biographies de Justin de Naplouse, de Claude Galien et d'Appolonius de Tyane[119]. Peut-être que Josèphe a modelé son Autobiographie sur le système hellénistique ou sur ces descriptions biographiques[96]. Ajouté à « l'impossibilité chronologique[96] » de ce que raconte Josèphe cela conduit une part importante de la critique à estimer que ces « stages » dans trois académies, puis chez Bannous, sont probablement totalement inventés[96]. D'autant que les pratiques de ce Bannous ressemblent fortement à celles de Jean le Baptiste, mais que Josèphe qui prétend pourtant avoir passé 3 ans avec lui, évite de dire à quel groupe il se rattache, comme s'il l'ignorait[70].

« Flavius Josèphe ne donne jamais de claires définitions de la Quatrième philosophie, des Sicaires et des Zélotes. Sont-ils des groupes distincts ou identiques avec un autre[104] ? » En supposant qu'ils existaient tous à cette époque, quelles étaient leur position avant le déclenchement de la guerre et quelles étaient leurs relations avec les dirigeants de la révolte[104]. Une énorme littérature a été consacrée à ce sujet pour tenter de remédier aux carences de la documentation[104]. « La Guerre des Juifs n'attribue jamais la moindre activité révolutionnaire aux Esséniens, Sadducéens ou Pharisiens. Un individu isolé appelé Jean l'Essénien combat les Romains (GJ II, 567 ; III, 11 et 19)[120] », mais les Esséniens en tant que groupe n'apparaissent plus après la longue description que Josèphe leur consacre (GJ II, 120-161)[120].

« Un des problèmes avec la description des sectes du judaïsme faite par Josèphe est que, puisqu'il couvre une plage de temps de 250 ans, on ne sait pas vraiment à quelle période son point de vue s'applique[70]. » Pour Robert Eisenman, même pour la période qu'il a vécu, « il agit souvent avec dissimulation, à cause de ses embarrassantes relations avec les groupes sectaires et de son passé de révolutionnaire[70]. » « Comme on peut le voir dans sa Guerre ou sa Vita, il était maintenu sous une énorme pression pour expliquer son passé et pour justifier des actions qui lui ont permis de survivre, et il se défendait constamment contre des attaques sur sa conduite et sa loyauté à Rome[70]. » Pour Eisenman, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien à l'époque où Épaphrodite a été exécuté et c'est dans cette période qu'a été écrite sa Vita[70].

Par ailleurs les membres du mouvement créé par Jésus ou celui de Jean le Baptiste sont totalement absents de la Guerre des Juifs. Seule l'exécution de Jacques le Juste le frère de Jésus dirigeant de l'église de Jérusalem en 62 est mentionné dans les Antiquités judaïques écrites 15 ans plus tard. Mais le mouvement lui-même est totalement absent de la totalité des écrits de Josèphe.

L'imprécision de Josèphe au sujet des sectes juives est devenue encore plus apparente lorsque dans les années 1990, les spécialistes ont enfin pu avoir accès à l'ensemble des manuscrits de la mer Morte et notamment lorsqu'une première édition pirate de la lettre référencée comme 4QMMT a été publiée[121]. Celle-ci a conduit Lawrence Schiffman (en) à émettre l'hypothèse que le groupe qui avait caché les manuscrits étaient les Sadducéens. La plupart des critiques ne l'ont pas suivi sur ce point, mais ont révisé leur position au sujet des Esséniens et ont alors estimé qu'ils respectaient des règles de pureté proches de celles des Sadducéens et que les chefs du mouvement appartenaient à des familles sacerdotales se réclamant de Sadoq[122], alors que les indications fournies par Josèphe les avaient conduit jusque là à penser qu'ils étaient proches des Pharisiens[123],[124]. De même, les descriptions idéalisées des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie sur l'aspect que l'on pourrait qualifier de « non violent » de la doctrine des Esséniens, les conduisant même jusqu'à refuser de posséder des armes[125], ont semblé totalement déroutantes après l'analyse des manuscrits de la mer Morte. En effet, les auteurs des manuscrits et donc ceux qui les ont regroupés et cachés, sont littéralement obsédés par les « féroces Kittim[126] », derrière lesquels on reconnaît aisément les Romains[127] et dont de nombreux écrits parlent de guerres apocalyptiques (en) qu'il faudra mener contre eux « à la fin des temps », une période idéale que les auteurs des manuscrits estimaient imminente, alors que sur les autres points leurs pratiques correspondaient aux descriptions des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie. Toutefois, Philon est mort vers 50, alors que Josèphe écrit après la révolte à laquelle il a d'ailleurs participé, et il connaît donc parfaitement quelle a été l'attitude de chacune des « sectes ». Une version de la notice sur les Esséniens retrouvée chez Hippolyte de Rome (Réfutation de toutes les hérésies) semble résoudre ces contradictions, car il indique que tant les Zélotes, appelés aussi Sicaires, que ce qui semble être la Quatrième philosophie sont des tendances tardives issus des Esséniens[128],[129] (voir le § Origine de la Quatrième philosophie). Toutefois, une partie de la critique ne tient pas compte de cette attestation, en estimant que ce n'est pas Hippolyte qui en est l'auteur, mais un pseudo-Hippolyte « schismatique » qui s'est fortement opposé au pape Callixte au début du IIIe siècle.

Pour Robert Eisenman, alors que les personnages dont Josèphe donne l'appartenance « sectaire » sont extrêmement rares, la confusion de Flavius Josèphe — volontaire ou non — le conduit à mettre en avant des personnages comme Menahem, présenté comme Essénien, ou comme Tsadok, soi-disant Pharisien, qui crée la Quatrième philosophie avec Judas le Galiléen, qui selon lui ont un comportement totalement inverse à ce que prônait le groupe auquel Josèphe dit qu'ils appartenaient[103].

Jean de Gischala[modifier | modifier le code]

La présentation de Jean de Gischala dans la Guerre des Juifs est sans appel. Selon Josèphe, il était « le plus artificieux et le plus scélérat de tous ceux que leur perfidie a illustrés [...] le dénuement avait longtemps entravé sa méchanceté : toujours prêt au mensonge, habile à donner crédit à ses inventions, il se faisait un mérite de la fourberie et en usait contre ses amis les plus intimes. Il affectait l'humanité, mais la cupidité le rendait le plus sanguinaire des hommes[130]. » « Il finit par former une bande de quatre cents compagnons, la plupart évadés de la campagne de Tyr et des bourgades de ce territoire. Avec eux il rançonnait toute la Galilée et exploitait un peuple que tenait en suspens l'attente de la guerre prochaine[131]. » Il attaque volontiers les propriétés des Juifs[132], c'est plus un lestes[133] (un brigand) qu'un révolutionnaire[134]. Bien que la Vita n'ait pas d'affection pour Jean cette caractérisation extrême en est à peu près absente[134]. Jean n'y est jamais appelé lestes et il n'y attaque jamais des territoires juifs[134]. Dans la Guerre des Juifs, Josèphe indique que Jean a « d'abord été un brigand opérant isolément[133] » puis qu'il a trouvé « ensuite, pour renforcer son audace, quelques complices, dont le nombre grossit avec ses succès[133]. » Alors que dans la Vita, Josèphe raconte au contraire que « voyant que certains concitoyens étaient très excités par l'insurrection contre Rome, [il] tâcha de les retenir et leur demanda de rester fidèle[135]. » C'est seulement parce que sa ville, Gischala, a été attaquée et pillée par les villes grecques environnantes qu'il arme ses partisans[136],[137]. Pour Shaye J.D. Cohen, c'est parce-que Josèphe a décidé de traiter Jean beaucoup mieux qu'il ne l'avait fait 20 ans auparavant que sa participation initiale à la guerre est expliquée de façon quasiment apologétique[136]. Dans la Vita, Jean est présenté comme une victime innocente des circonstances qui l'ont contraint à combattre[136]. C'est un ennemi des Romains, mais un ami des aristocrates, notamment Simon ben Gamaliel (V 192)[138]. Comme pour ce dernier, l'appréciation de Josèphe au sujet de Jean a considérablement changé[139],[136]. Au moment où avait été écrit la Guerre des Juifs, Jean avait été envoyé en prison après avoir participé au triomphe de Vespasien et de Titus célébrant la prise de Jérusalem. On ne sait rien sur la vie de Jean après cet événement. Quelle est la raison de cet important changement de l'appréciation du rôle de Jean par Josèphe ?

« Josèphe prétend que les partisans de Jean étaient pour la plupart des réfugiés venant des villes syriennes (GJ II 588 et 625, V 372), mais il est clair que Jean bénéficiait d'un soutien considérable non seulement à Gischala (V 76) mais aussi dans les villages de basse-Galilée (V 237)[138]. » Une partie de la critique pense que Josèphe cache qu'il n'était pas le seul dirigeant de la Galilée et qu'il n'était que le gouverneur de la basse-Galilée, alors qu'il est possible que Jean de Gischala exerçait la fonction correspondante pour la haute-Galilée. Shaye J. D. Cohen estime que Jean pourrait avoir été le gouverneur de la Galilée avant la révolte et qu'il aurait été maintenue en fonction par la direction révolutionnaire de Jérusalem, comme Niger de la Pérée était l'archonte de l'Idumée (GJ II 566)[138].

Le frère de Justus[modifier | modifier le code]

Au § 41 de sa Vita, Flavius Josèphe écrit « je ferai voir plus particulièrement dans la suite quelle a été [la] malice [de Justus], et comment il ne s'en est guère fallu que lui et son frère n'aient causé l'entière ruine de leur pays[140]. » Toutefois, « bien qu'il consacre un espace considérable à Justus, Josèphe ne remplit pas sa promesse de montrer comment le frère de Justus est devenu une cause de ruine[141]. » Pour Steve Mason, « le frère anonyme de Justus reste l'une des figures les plus énigmatique de la Vita[141]. » Il est ensuite mentionné rétrospectivement, aux § 177-178, « où Josèphe se rappelle dans une conversation avec Justus qu'avant l'arrivée de Josèphe en Galilée, les Galiléens lui coupèrent les deux mains pour avoir falsifié des documents[141]. » Cela semble être la seule autre mention du frère de Justus. Au §186, le texte de la Vita indique ou suggère que ce frère était le Jésus tué par les révolutionnaires à Gamala, mais ce passage renvoie à ce que Josèphe a écrit en § 178, où celui qui était tué n'était pas le frère de Justus, mais son beau-frère. Ces deux passages, jugés totalement incompatibles, plongent les traducteurs et les exégètes dans une grande perplexité[79],[141] et les conduit à fournir plusieurs traductions de ces passages incompatibles entre-elles. Toutefois, même si ce Jésus est le frère de Justus, malgré ce qui est annoncé au § 41, en aucune façon le texte de Josèphe n'indique comment le frère de Justus a failli « causer l'entière ruine de [son] pays[140] », ni même quoi que ce soit d'approchant[141].

Éléments biographiques donnés dans cette Vita[modifier | modifier le code]

Josèphe est né à Jérusalem en 37/38[142]. Dans cette Vita, il fait grand cas de ses quartiers de noblesse[143]. Il appartient à une famille sacerdotale de la classe Yehoyarib à qui les hasmonéens avaient attribué la première place, car Mattathias en faisait théoriquement partie[144]. Par sa mère, il est apparenté aux hasmonéens[142]. Il reçoit l'éducation rabbinique qui était de mise dans les familles aisées[143]. « Il a très bonne opinion de ses capacités intellectuelles[143] », faisant état de sa « réputation de mémoire et d'intelligence supérieure (Vita)[143]. » Il raconte que vers sa quatorzième année les « grands prêtres et les notables de la cité venaient [le] voir pour apprendre de [lui] tel ou tel point particulier la loi[143]. »

Josèphe indique aussi que lorsqu'il eut seize ans, ayant le désir d'apprendre les diverses opinions des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens, qui d'après lui formaient l'essentiel des « sectes » juives, il « s’instruisit de toutes, et en fit l'épreuve avec beaucoup de travail et d'austérité[145] » afin que les connaissant toutes il puisse s'attacher à celle qui lui paraîtrait la meilleure. Après cela, il aurait aussi fait un séjour de trois ans auprès d'un ermite du désert dénommé Bannos dont André Paul rapproche les mœurs de celles de Jean le Baptiste: «  se content[ant] pour vêtement de ce que lui fournissaient les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et us[ant] de fréquentes ablutions d'eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté »[146].

En 63-64, il est envoyé à Rome et négocie avec succès auprès de Poppée, l'épouse de l'empereur Néron, la libération de prêtres mis en accusation et emprisonnés par le procurateur de Judée, Antonius Felix[147]. C'est ainsi que nous apprenons que l'épouse de l'empereur est une convertie au Judaïsme (théosebès)[148].

Revenu à Jérusalem, après le début des hostilités en 66, il est nommé commandant militaire de Galilée par les autorités du début de la révolte contre les Romains[149]. Il prend une part active à la Première guerre judéo-romaine au cours de laquelle son commandement a du mal à s'imposer, en concurrence avec d'autres responsables régionaux de la révolte tels Jean de Gischala et Juste de Tibériade[149]. Selon la version de la Vita c'est parce qu'il est mû par « la jalousie » que Jean de Gischala cherche à le faire destituer par les autorités de Jérusalem, alors que dans la Guerre des Juifs Jean le soupçonnait de jouer double-jeu et faisait courir le bruit qu'il était de train de trahir. Il parvient à obtenir sa destitution, mais selon ses dires Josèphe, en faisant jouer d'autres influences à Jérusalem, se maintient quand même à son poste.

Vespasien
Tête colossale de Titus, provenant d'une statue haute de 3,20 mètres, Glyptothèque de Munich (Inv. 338)

Il se rend aux Romains dès le début de la campagne de Vespasien en Galilée (printemps 67). D'après ses récits, lors de la prise de la garnison juive de la forteresse de Jotapata, actuelle Yodfat, où des centaines de soldats sont tués et où la plupart des autres se suicident, il est piégé en juillet dans une grotte avec quarante de ses compagnons. Ceux-ci refusent de se rendre aux Romains et se livrent à un suicide collectif, dont seuls Josèphe et un compagnon réchappent, car « un tirage au sort destiné à fixer l'ordre dans lequel ils se donneraient réciproquement la mort, désigna Josèphe[150] » pour périr le dernier avec ce compagnon (voir Problème de Josèphe). Après le massacre de leurs compagnons d'arme, « il réussit à le convaincre de choisir avec lui la vie[150] », pour finalement se livrer au général en chef des troupes romaines Vespasien et son fils Titus[149]. Cette version a semblé hautement improbable à nombre de critiques. Selon ses dires, au premier, Josèphe promet l'empire, dans un oracle inspiré des prophéties messianiques contenues dans les livres saints judaïques[151].

Cette prédiction, qui participe de la propagande flavienne en recherche de légitimation d'essence divine[151], lui vaut son élargissement en 69 avec statut d'affranchi, peu après la nomination de Vespasien comme empereur. Il rejoint son nouveau protecteur à Alexandrie[149]. Dès lors, il se place au service des Romains comme intermédiaire, interprète et négociateur entre ces derniers et les Juifs lors du siège de Jérusalem conduit par Titus en 70[149], ce qui lui vaut une réputation de traître dans le monde juif[152].

Après la fin de la grande révolte judéenne, en 71, il s'établit auprès de son protecteur à Rome où il obtient la citoyenneté romaine. Il bénéficie d'une pension permanente de la dynastie régnante auprès de laquelle il vit en courtisan lettré[149]. C'est à cette période, qu'il rédige tous ses écrits historiques connus, principale source non chrétienne sur la période du second temple de Jérusalem. Il rapporte notamment le siège et la prise de Massada en 74.

Flavius Josèphe a probablement été marié trois fois[149]. Il répudie une première épouse, une captive originaire de Césarée[149]. Il divorce ensuite de sa seconde femme, une Judéenne d'Alexandrie[149] avec laquelle il a un fils, Flavius Hyrcanus (en), et se marie à nouveau avec une Judéenne de Crète[149]. « De ces deux dernières unions, il est resté trois fils: Hyrcan, Justus, et Simonidès surnommé Agrippa dont on ne sait rien par ailleurs[149]. »

Date de publication[modifier | modifier le code]

Comme cela a été dit, ce qui provoque l'écriture de cette autobiographie par Flavius Josèphe est la publication par Justus de Tibériade de son Histoire de la Guerre juive[153]. Josèphe lui reproche d'avoir attendu la mort d'Agrippa (II) pour publier son « Histoire »[154]. La date de publication de cette Vita dépend donc de celle de la mort de ce roi.

Date de la mort d'Agrippa[modifier | modifier le code]

Les derniers témoignages concernant Agrippa (II) sont soit l'inscription de Sanamein en Trachonitide qui date de 92[155],[156], soit des monnaies qui pourraient dater de 95. Les deux dates de 92 ou de 95 tiennent au fait qu'Agrippa a utilisé deux ères pour dater ses monnaies. L'une commençant en 49[157]/50[158], l'autre en 61[158]. Les monnaies qui sont datées de la 35e année d'Agrippa correspondent à l'année 95 pour certains spécialistes et à l'année 84 pour d'autres[159]. Entre-autres détails, Thérèse Frankfort fait remarquer que les monnaies datées de la 35e année d'Agrippa sont frappées à l'effigie d'un Domitien jeune et propose donc de la dater de 84[160]. Dans ces conditions, le dernier témoignage au sujet d'Agrippa serait l'inscription datée de 92[155],[161],[156]. Par ailleurs, une inscription provenant du Hauran datée de la 16e et dernière année de Domitien[162],[163] et celle d'Aeritae en Trachonitide datée de la première année de Nerva[163],[156],[164], témoignent du rattachement direct à l'Empire du royaume d'Agrippa, roi de ces deux territoires[165], au plus tard en 96[162],[166],[156] et donc de la mort probable d'Agrippa avant la réalisation de ces inscriptions[167]. Ce qui donne un décès dans une fourchette de dates entre 92 et 96 et donc sous l'empereur Domitien, peut-être en 92-94[168], juste avant la publication de la première édition des Antiquités judaïques par Flavius Josèphe[169],[170].

Toutefois, depuis plusieurs siècles la tradition chrétienne, suivie par certains critiques modernes, lui préfère une autre période. Celle que l'on peut déduire des indications de l'évêque Photios de Constantinople qui au IXe siècle, plaçait la mort d'Agrippa, « la troisième année du règne de Trajan (100)[158]. »

Photios de Constantinople[modifier | modifier le code]

Icône représentant Photios de Constantinople.

Dans une note de lecture Photios de Constantinople écrit :

« Lu de Justus de Tibériade une chronique intitulée : Justus de Tibériade, « Chronique des rois des Juifs en tois stemmasin[Note 10] ». [...] Il commence son récit à Moïse et le poursuit jusqu'à la mort d'Agrippa, septième souverain de la maison d'Hérode et dernier roi des Juifs. Il avait reçu le pouvoir sous Claude, l'avait vu s'accroître sous Néron et davantage encore sous Vespasien et il mourut la troisième année du règne de Trajan[171]. »

Toutefois, parmi les auteurs chrétiens antiques, plusieurs auteurs donnent une date pour la publication de l'Histoire de la guerre juive de Justus de Tibériade[172]. Thérèse Frankfort fait remarquer que « les principaux chronographes chrétiens mentionnent la publication de l’œuvre de Justus de Tibériade », mais les dates fournies par ces auteurs couvrent une plage de 15 ans. Aux IVe – Ve siècle, « selon Eusèbe de Césarée[173] (mort en 399), l'œuvre de Justus fut publiée en 98, selon Jérôme de Stridon[174] (mort en 420) en 97, selon Prosper Tiron[175] (mort en 463) en 99[172]. » « Mais chacun suit une chronologie différente », Eusèbe situe cette publication « en l'an 2113 d'Abraham », saint Jérôme la date de la 1re année de la 219e Olympiade et pour Prosper Tiron c'est « en la 72e année après la Passion qu'il situe en 28 », alors que les critiques modernes hésitent entre 30 ou 33 et même parfois 36, pour la date de la crucifixion de Jésus. Cinq ou six siècle plus tard, les chronographes chrétiens quasi contemporains de Photios, comme Georges le Syncelle, plaçaient la publication du livre de Justus en 90, « au début du règne de Trajan, en l'année du monde 5590, en l'année de l'Incarnation Divine 90[176] », tandis que pour Marianus Scotus (Xe siècle), cette publication a eu lieu « dans la 2e année du règne de Trajan, en la 82e année de l'Incarnation, selon Denys[177]. » D'après Thérèse Frankfort, ce dernier situait l'Incarnation en 23, ce qui correspond à l'année 104[172]. C'est-à-dire que pour Georges le Syncelle le règne de Trajan a commencé en 90, alors que pour Marianus Scotus, il a commencé en 103. Pourquoi un évêque de Constantinople du IXe siècle aurait-il été plus précis que ces chronographes ? Mme Frankfort s'interroge : « devant la diversité des dates qu'ils adoptent pour situer l'avènement de Trajan et la publication de l'oeuvre de Justus de Tibériade, peut-on assurer que Photios faisait bien débuter le règne de Trajan en 98[172] ? » Peut-on également assurer que pour eux la mort d'Agrippa (II) était bien positionnée en 100[172] ? Certains critiques font remarquer que si Photios a utilisé la chronologie de Georges le Syncelle qui a écrit quelques décennies avant lui, « la troisième année de Trajan » correspond à 92, c'est-à-dire approximativement la date de la mort d'Agrippa retenue par ceux qui se fondent sur les inscriptions épigraphiques[178],[Note 11].

De plus, Photios n'a lu que la Chronique des rois Juifs[179], qui depuis a été perdue. « Il est apparent que Photios ne connaît l'"Histoire" de Justus de Tibériade qu'à travers Flavius Josèphe : tout ce qu'il dit à son sujet dérive de l'Autobiographie et est précédé par "comme Josèphe le dit"[180]. » « Alors que la Chronique a eu quelque influence, « l'Histoire de la guerre » a disparu sans laisser de trace. [...] Il n'y a pas de signes que le moindre auteur polythéiste n'ait jamais lu l'Histoire de Justus[180] » de même qu'aucun auteur chrétien n'en cite le moindre extrait[180]. Le commentaire de Photios n'échappe pas à la règle et se contente de reprendre les dénigrements de Josèphe à propos de ce livre perdu lui aussi, mais qui, à la différence de la Chronique des rois juifs, semble avoir disparu peu après sa publication.

Un soldat d'Agrippa II[modifier | modifier le code]

Ceux qui veulent défendre la date donnée par Photios de Constantinople invoquent une inscription retrouvée dans le Hauran qui d'après eux indiquerait indirectement qu'Agrippa est mort sous Trajan[181]. Cette inscription dit:

« Archieus, qui a servi dix-huit ans sous le roi Agrippa comme centurion et dix ans sous Trajan comme stratège[182]. »

Toutefois comme le fait remarquer Henry Seyrig, le texte n'implique pas que ces deux périodes se soient suivies immédiatement[183]. Après le règne d'Agrippa, Archeius peut très bien avoir fait autre chose pendant au moins trois ans sans le mentionner, puis avoir été stratège sous Trajan. Pour Henry Seyrig, « la carrière d'Archieus ne s'est pas déroulée dans le cadre régulier de l'Empire. Officier de rang modeste sous Agrippa (II), il fut repris par Trajan pour exercer dans une administration locale ou plutôt dans quelques milices, peut-être en rapport avec les nomades, une fonction difficile à élucider aujourd'hui et où il portait le titre de stratège[183]. » Selon lui, il est possible qu'Archieus ait « chômé quelque temps, lors du passage d'un régime à l'autre[183]. » Pour tenir compte des deux inscriptions qui indiquent que le territoire d'Agrippa a directement été annexé à l'Empire romain au plus tard en 96[162],[166],[167] et défendre quand même la date avancée par Photios, quelques critiques estiment qu'Agrippa toujours en vie, a dû restituer les territoires de son royaume peuplés de Juifs pour des raisons de sécurité[184], mais qu'Archeius a continué à être centurion au service d'Agrippa, même après que les territoires de son royaume peuplés de Juifs (Batanée, Gaulanitide, Galilée) ainsi que ceux d'Hauranitide et de Trachonitide aient été directement rattachés à l'Empire.

L'Autobiographie de Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

Pour ceux qui défendent une date de mort sous Domitien, l'hommage appuyé que Josèphe rend à cet empereur et à sa femme Domitia Longina à la fin de son Autobiographie, sans dire un mot ni de Nerva (96 - 98), ni de Trajan, suffit à prouver que lorsque cette Autobiographie est publiée, c'est toujours Domitien qui est empereur[185]. Pour conclure son Autobiographie Josèphe écrit:

« À quoi je dois ajouter que j'ai toujours continué à être honoré de la bienveillance des empereurs ; car Tite ne m'en a pas moins témoigné que Vespasien, son père, et n'a jamais écouté les accusations qu'on lui a faites contre moi. L'empereur Domitien qui leur a succédé a encore ajouté de nouvelles grâces à celles que j'avais déjà reçues, [...] Ce prince a joint à tant de faveurs une marque d'honneur très avantageuse, qui est d'affranchir toutes les terres que je possède dans la Judée ; et l'impératrice Domitia a toujours aussi pris plaisir à m'obliger. On pourra par cet abrégé de la suite de ma vie juger quel je suis[186]. Et maintenant que je t'ai donné, excellent Épaphrodite, le texte complet de mes Antiquités judaïques, pour le moment je termine ici mon récit[187]. »

Ce qui est difficilement concevable si l'empereur en poste est Trajan, surtout qu'après l'assassinat de Domitien, celui-ci a été considéré comme un tyran et qu'une damnatio memoriae a été prononcée contre lui[188],[189],[Note 12],[Note 13]. Pour Shaye J. D. Cohen, « compte-tenu de la haine générale envers Domitien à Rome, il est impensable que Josèphe ait pu se vanter — ou ait simplement mentionné — les faveurs qu'il avait reçu de lui après sa mort[185]. » Steve Mason fait remarquer que tous les auteurs qui ont écrit après sa damnatio memoriae (Tacite, Suétone et Dion Cassius) « deviennent uniformément hostiles, représentant la totalité de son régime comme le règne de la terreur (Tacite, Agr. 2-3 ; Suétone, Domitien, 1.2, 3.2 et passim, Dion Cassius 67)[190]. » Une attitude d'autant moins vraisemblable que les critiques ont noté que pour les auteurs écrivant sous Trajan (Pline le Jeune, Tacite, Suétone, Juvénal) « critiquer le défunt Domitien revenait à faire l'éloge de Trajan[191]. » Pourtant « Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs »[190]. » De même, l'éloge exagérée de Domitien que l'on trouve dans le livre VII de la Guerre des Juifs, permet justement aux historiens de dater la publication de ce dernier livre de la « Guerre » du début du règne de Domitien (81-96)[192],[193].

Les Antiquités judaïques[modifier | modifier le code]

Plusieurs passages des Antiquités judaïques montrent qu'au moment de leur rédaction Agrippa était déjà mort[5]. Toutefois, des critiques comme Laqueur et Gelzer[194] estiment que ces passages ont été modifiés par Josèphe lors la seconde édition des Antiquités[5]. Thérèse Frankfort « ne croit pas que [Josèphe] ait modifié le texte monumental » de plusieurs livres des Antiquités judaïques sur ces points de détails et estime donc qu'Agrippa était mort lors de la publication de la première édition en 93/94[5]. Elle prend notamment comme exemple le passage suivant du livre XVII des Antiquités judaïques[187], Josèphe parle ici de la politique à l'égard des habitants de la Batanée:

« Agrippa le grand et son fils Agrippa [...] saignèrent à blanc (les habitants de la Batanée), sans toutefois rien entreprendre contre leur liberté. Les Romains, dont le pouvoir succéda au leur, confirmèrent eux aussi la liberté qu'ils demandaient, mais les écrasèrent totalement sous le poids des impôts. D'ailleurs je parlerai de cela avec plus de précision dans la suite de l'ouvrage quand s'en présentera l'occasion[195]. »

Si Josèphe était venu ajouter que les Romains « écrasèrent totalement sous le poids des impôts » les habitants de Batanée après le règne d'Agrippa, qui est un point de détail, il en aurait profité pour écrire le développement annoncé dans la dernière phrase et qui ne figure nulle-part dans les Antiquités. Pour Thérèse Frankfort, si c'est le passage complet qui avait été inséré par Josèphe lors d'une seconde édition, la dernière phrase signifierait que « Josèphe aurait projeté une troisième édition plus complète[187]. » Pour elle, dans une édition remaniée, Josèphe « n'aurait pas laissé tant de passages, où il promet de reprendre en détail, dans la suite de son ouvrage, quelques sujets déterminés, alors qu'il ne réalise pas ses promesses et qu'il n'aborde plus ces sujets[187]. » En effet, rien que dans le livre XX des Antiquités, dans lequel a pourtant été annexée son Autobiographie lors de la seconde édition, ce n'est pas moins de quatre passages qui sont annoncés et qui ne figurent pas dans l'œuvre[196]. De plus, Josèphe qui avait besoin du soutien d'Agrippa n'a pas pu suggérer que celui-ci avait des relations sexuelles avec sa soeur Bérénice (XX, 145) alors que celui-ci était encore vivant[197],[198] et là encore, on imagine mal qu'il soit venu ajouter ce point sans écrire les passages annoncés et manquants dans ce même livre XX.

Épaphrodite[modifier | modifier le code]

Inscription funéraire d'Épaphrodite (Musée national romain).

La date de la mort d'Agrippa (II) a des implications importantes. Ainsi, s'il est mort sous Trajan, l'Épaphrodite à qui Flavius Josèphe dédie ses Antiquités judaïques dans son « Autobiographie » ne peut pas être l'Épaphrodite secrétaire de Néron puis des empereurs Flaviens et que Domitien fait exécuter durant ce qui est improprement appelé la « persécution de Domitien », bien que ce ne soit pas une persécution religieuse. Selon Dion Cassius, Épaphrodite est mis à mort après que plusieurs autres aient aussi été condamnés à mort ou à la saisie de leurs biens à cause de leurs pratiques juives et sous l'accusation « d'athéisme[199] », dont Titus Flavius Clemens[9] qu'il a fait tuer au sortir de son consulat[200] qui s'est terminé le 1er mai 95[8], puis Manius Acilius Glabrio. Il existe de nombreux indices qui montrent que ceux-ci étaient membres du mouvement créé par Jésus. Ainsi Flavius Clemens est un saint chrétien qui figure au Vetus Martyrologium Romanum à la date du 22 juin et dont la sépulture se trouve dans la Basilique du Latran[201],[Note 14]. Au même moment, Domitien exile la femme de ce consul, Flavia Domitilla[202],[203],[9] qui a donné son nom aux catacombes chrétiennes de Domitilla[204] et qui possédait le terrain sur lequel ont été inhumés autour de la tombe de sainte Pétronille, plusieurs de ceux qui deviendront à partir du IVe siècle des saints chrétiens vénérés dans les itinéraires aux tombes des martyrs.

Thérèse Frankfort se contente de rappeler que certains critiques identifient l'Épaphrodite dédicataire de trois des quatre écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien[Note 15]. Ce qui place clairement la mort d'Agrippa avant 95/96, ce que Mme Frankfort estime avoir démontré par d'autres moyens[205],[Note 16]. D'autres historiens sont plus catégoriques et estiment très probable que celui à qui Josèphe dédie ses livres soit l'Épaphrodite que Domitien fait exécuter[206]. Au début de ses Antiquités judaïques, publiée en 92/93, Flavius Josèphe le décrit comme un homme qui a été mêlé « à de grands événements et à des fortunes très diverses, au milieu desquels il a toujours fait preuve d'une merveilleuse force de caractère[207]. » La carrière d'Épaphrodite correspond au langage de la description de Josèphe dans les Antiquités (I, 8-9)[208],[209]. L'ancien secrétaire des pétitions de Néron (a libellis) qui a contribué à révéler la conspiration de Pison et qui a ensuite aidé l'empereur à mettre fin à ses jours dans des circonstances dramatiques[210], a effectivement été « associé à de grands événements »[6],[209]. Celui qui après avoir été esclave, a été secrétaire de Néron après avoir été affranchi, est ainsi devenu très riche, puis a été banni par Galba à cause de ce que certains ont considéré comme le meurtre d'un empereur et qui est redevenu secrétaire impérial sous Vespasien a connu « des vicissitudes diverses »[208]. Dans son Contre Apion, Josèphe l'appelle « très puissant Épaphrodite[211] », ce qui correspond bien à quelqu'un de très riche, qui a été secrétaire de quatre empereurs, et qui au moment où Josèphe publie ce livre (93/94[6]) est encore le secrétaire de Domitien. Combien d'hommes appelés Épaphrodite ont eu un tel contact avec ce que Josèphe appelle « de grands événements »[6] ?

Dion Cassius raconte qu'Épaphrodite a été exécuté car Domitien lui reprochait « de ne pas avoir secouru Néron[212] » afin de dissuader par cet exemple ses autres affranchis « de ne rien oser de semblable[212]. » Mais il indique préalablement qu'il s'était mis à soupçonner tout le monde et en particulier ses affranchis pour les mêmes motifs que ceux pour lesquels il avait mis à mort Titus Flavius Clemens et Acilius Glabrio, ce qui dans un premier temps avait valu à Épaphrodite d'être banni. Comme aux autres, il lui était donc aussi reproché un forme « d'athéisme[213] » qui avait fait « condamner aussi plusieurs citoyens, coupables d'avoir embrassé la religion des juifs[212]. » Josèphe indique qu'Épaphrodite était curieux de l'histoire antique des Juifs et que c'est pour cela qu'il l'avait pressé d'écrire ses Antiquités[214]. Ce qui là encore correspond bien à l'attitude de quelqu'un qui a « embrassé la religion des juifs[212]. »

Tous selon Dion Cassius sont exécutés pour leurs tendances judaïsantes, sans utiliser le nom « chrétien » qui à l'époque est encore une accusation qui vise les Juifs messianistes. Le nom de « chrétien », dérivé de « Christ » qui veut dire Messie, serait en effet apparu du fait des autorités romaines pour caractériser des mouvements contestataires juifs apparentés à tous ceux que Flavius Josèphe a regroupé sous l'étiquette de Quatrième philosophie[215],[216]. Ce n'est qu'au cours du IIe siècle qu'il perdra ce sens, alors qu'il est brandi comme un titre de gloire par les chrétiens qui affirment ainsi la solidité de leur croyance, car comme l'écrit Justin de Naplouse, ils savent bien que pour ce seul nom « la peine de mort est institué[217]. » Or, au contraire tous les auteurs antiques (Suétone, Dion Cassius, Philostrate d'Athènes) estiment que ces condamnés sont innocents et l'accusation de « chrétien » — c'est-à-dire de messianistes de même type que ceux de la « quatrième philosophie » — n'a visiblement pas été formulée par Domitien. (Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.) Les commanditaires de Josèphe, notamment pour l'écriture de la Guerre des Juifs, sont Vespasien et Titus. Bien que la « Guerre des Juifs » ne mentionne pas Épaphrodite, il serait logique qu'un secrétaire particulier de ces empereurs s'intéressant à ces questions et patronnant ses autres œuvres, ait déjà été impliqué anonymement dans l'écriture de ces premiers livres[6].

Dans ces conditions, certains critiques estiment qu'il est vraisemblable qu'Épaphrodite ait été membre du mouvement créé par Jésus — qui ne s'appelait pas encore "mouvement chrétien"[Note 17] et n'était pas encore séparé du judaïsme — et que c'est probablement le même que l'Épaphrodite cité par Paul de Tarse dans l'Épître aux Philippiens[9]. Un personnage suffisamment puissant et influent à Rome pour pouvoir accéder à un prisonnier impérial juif passible de la peine de mort et enfermé dans la terrible prison Marmertine (le Tullianum) en 67/68, dans une période particulièrement tendue puisqu'à peine trois ans auparavant des dizaines de "Chrétiens" accusés d'avoir incendié Rome avaient été exécutés et que depuis un an les messianistes juifs de Palestine avaient déclenché une révolte ouverte qui avait chassé les Romains de Judée et de Galilée, tout en créant des mouvements insurrectionnels dans la province romaine de Syrie et en Égypte. Ce qui accroît encore l'importance de ce qui est impliqué par la date de la mort d'Agrippa II.

Conclusions de Cohen[modifier | modifier le code]

Pour Cohen, « Agrippa meurt en 92/93, laissant à Josèphe une année complète pour montrer son hostilité envers le roi[14] » (qui pour lui est mort au cours de l'écriture du livre XX des Antiquités et avant qu'il écrive 20.143[2]). Justus publie son livre peu après la mort d'Agrippa[14]. Josèphe répond avec sa Vita certainement avant 96[14]. S'il avait prévu d'écrire une Autobiographie avant même les attaques de Justus est incertain[14].

Pistes supplémentaires[modifier | modifier le code]

Participation des Juifs d'au-delà de l'Euphrate à la révolte[modifier | modifier le code]

Au livre LXVI de son Histoire romaine, Dion Cassius indique que lors du siège de Jérusalem, les Juifs étaient « aidés de nombreux renforts venus tant du pays même que de chez leurs coreligionnaires non seulement de l'Empire romain, mais encore des contrées au-delà de l'Euphrate[218] »[219]. Or, cela ne ressort pas de ce qu'écrit Flavius Josèphe, qui se contente de mentionner quelques hautes personnalités d'Adiabène, des soldats de ce royaume faisant des actions héroïques, ainsi que la présence à Jérusalem de proches et de membres de la famille du roi Iza d'Adiabène jusqu'aux derniers jours du siège. Shaye J. D. Cohen estime que c'est la principale information supplémentaire que Dion Cassius apporte à la Guerre des Juifs[220]. Dans son introduction, Josèphe indique qu'avant la version en grec, il a écrit une version en araméen à destination de ceux qui vivent au delà de l'Euphrate. Cela ne signifie-t-il pas que l'intervention des juifs de Mésopotamie a été plus importante qu'il ne le dit ? De même, contrairement à Dion Cassius, la Guerre des Juifs ne fait jamais allusion à l'assistance que les Juifs de l'Empire pourrait avoir apporté à la révolte[220]. Mais si cet écrit est exact, pourquoi le Fiscus judaicus a-t-il été levé sur tous les Juifs de l'Empire et pas seulement sur ceux de Palestine[220] ? Shaye J. D. Cohen estime qu'il faut tenir compte de la volonté de Josèphe de diminuer la « culpabilité » de ses coreligionnaires dans la révolte[220].

Dion Cassius livre 66, 4

[Les Juifs] « avaient dans leurs rangs un grand nombre d'auxiliaires envoyés même par des rois barbares. Les Juifs, de leur côté, aidés de nombreux renforts venus tant du pays même que de chez leurs coreligionnaires non seulement de l'empire romain, mais encore des contrées au-delà de l'Euphrate, lançaient, eux aussi, des traits et des pierres... »

[…]

Les Juifs tenaient bon, grâce à leurs souterrains; car ils en avaient qui s'étendaient de l'intérieur de la ville par-dessous les remparts, jusque bien avant dans la campagne, et ils sortaient par ces souterrains pour attaquer ceux qui faisaient de l'eau, et causer des pertes aux corps détachés; Titus en ferma toutes les issues.

Désertion des Romains pendant le siège[modifier | modifier le code]

Une autre remarque intéressante de Dion Cassius, c'est que certains soldats romains ont désertés pour rejoindre les révolutionnaires juifs[220],[Note 18]. Ce qui est totalement absent des récits de Josèphe.

Dion Cassius, livre 66, 5

"5. Pendant ces travaux, il y eut de part et d'autre beaucoup de blessés et beaucoup de morts ; Titus lui-même fut atteint d'une pierre à l'épaule gauche et conserva cette main plus faible. Avec le temps, enfin, les Romains franchirent l'enceinte extérieure, et, campés au milieu des deux enceintes, ils attaquèrent la seconde muraille. Mais la lutte ne fut plus la même : retirés tous derrière cette muraille, les assiégés se défendirent plus aisément, attendu la moindre étendue du cercle dont ils étaient entourés. Aussi Titus leur offrit-il de nouveau l'impunité par une proclamation. Mais ils n'en persistèrent pas moins : les prisonniers et les transfuges gâtaient en cachette l'eau des Romains et égorgeaient les hommes qu'ils pouvaient surprendre seuls. Titus alors ne reçut plus aucun transfuge. Sur ces entrefaites, quelques Romains découragés, ce qui est l'ordinaire à la suite d'un long siège, et s'imaginant, comme on le répandait, que la ville était véritablement imprenable, passèrent à l'ennemi; celui-ci, bien que manquant de vivres, les accueillit , afin de montrer que, lui aussi, il recevait des transfuges."

Dion Cassius, livre 66[modifier | modifier le code]

Description du siège de Jérusalem[modifier | modifier le code]

6. Le mur ayant été abattu par les machines, les Juifs, malgré cela, ne se rendirent pas encore ; bien plus, ils tuèrent un grand nombre de soldats qui cherchaient à s'ouvrir un passage par la force ; puis, mettant le feu à quelques édifices voisins dans l'intention d'empêcher les Romains, bien que maîtres du cercle, d'avancer plus loin, ils endommagèrent le mur et brûlèrent avec lui, malgré eux, l'enceinte qui protégeait le lieu sacré, et le chemin du temple fut ouvert aux Romains. Néanmoins les Juifs n'y coururent pas sur-le-champ, retenus par la superstition ; ce ne fut que tard que, forcés par Titus, ils se retirèrent dedans. Ils repoussèrent les Romains avec bien plus d'ardeur encore, comme s'ils avaient rencontré une heureuse occasion, en tombant auprès du temple et pour sa défense, rangés, le peuple dans le vestibule, les sénateurs sur les degrés, les prêtres dans le sanctuaire même. Ils ne furent vaincus, bien que combattant en petit nombre contre des forces bien supérieures, que lorsque le feu eut dévoré une partie du temple ; alors, volontairement, les uns se percèrent des épées des Romains, les autres s'entre tuèrent, d'autres s'égorgèrent eux-mêmes, d'autres enfin s'élancèrent dans le feu. Il semblait à tous, mais surtout aux derniers,] que c'était non la perte, mais la victoire, le salut et le bonheur de périr avec le temple.

Le triomphe à Rome et le fiscus judaicus[modifier | modifier le code]

7. Entre autres prisonniers que l'on fit néanmoins, fut Bargioras, leur chef ; il fut seul exécuté à mort après le triomphe. C'est ainsi que Jérusalem fut prise le jour même de Saturne, jour que les Juifs révèrent encore aujourd'hui. Depuis ce temps fut imposée aux Juifs qui gardaient les lois de leurs pères l'obligation de payer tous les ans deux drachmes à Jupiter Capitolin. A la suite de cette expédition, Vespasien et Titus prirent l'un et l'autre le titre d'imperator; mais ni l'un ni l'autre n'eut le surnom de Judaïque, bien qu'on leur eût décerné les autres honneurs naturellement dus pour une telle victoire et des arcs de triomphe.

Sur les « sectes » juives[modifier | modifier le code]

Traduction de J. A. C. Buchon

« [12] Après avoir passé trois années avec [Βάννουν], je retournai à l'âge de dix-neuf ans à Jérusalem. Je commençai alors à m'engager dans les exercices de la vie civile, et embrassai la secte des Pharisiens(91), qui approche plus qu'aucune autre de celle des Stoïques entre les Grecs. »

Traduction de Steve Mason

« Après avoir vécu avec lui pendant trois ans et ainsi satisfait mon désir, je suis revenu à la ville. Étant maintenant dans ma dix-neuvième année, j'ai commencé à m'impliquer dans la vie publique, en me reportant à l'école philosophique des pharisiens, qui ressemble à peu près à celle que l'on appelle stoïcienne chez les Grecs. »

POV de Steve Mason[modifier | modifier le code]

Note no 91 : « En surface, c'est une remarque curieuse, puisque Josèphe vient de dire (§ 10) qu'il s'est informé entre les pharisiens et les autres écoles sans satisfaire son objectif, mais aussi parce que ses récits précédents ont été très critique pour ce groupe (Guerre des Juifs 1.110-114; Antiquités judaïques 13.288-298, 400-432; 17.41-45), et comme il ne donne aucune indication qu'il a eu un changement de cœur (cf. Vita 189-198). [...] Bien que les chercheurs ont proposé que Josèphe déclare ici soit son engagement décisif aux pharisiens ou son désir d'être considéré comme un pharisien pour des raisons politiques, sa construction semble plutôt faible et dépend de la clause précédente. Voir S. Mason 1991: 325-56. »

Note no 73 : Au sujet du stage de Josèphe dans chacune des 3 sectes et de celui fait avec Bannus pendant 3 ans (le tout de 16 à 19 ans), Steve Mason écrit : « Josèphe a oublié, ou du moins ne s'attend pas à ce que ses lecteurs se souviennent de son affirmation faites il y a 20 ans que les Esséniens ont besoin de trois ans pour être totalement admis dans le groupe (Guerre 2.138), une donnée qui rend très peu probable ses trois années d'études dans les trois écoles ainsi que chez Bannus (pendant trois ans!) [...] En partie à cause [du] genre d'exposition [que l'on trouve chez Philon], les Esséniens ont peut-être été l'école philosophique judéenne la plus célèbre: les Esséniens de Judée étaient également connus du romain Pline l'Ancien (Nat 5.70), qui ne mentionne ni pharisiens ni sadducéens. »

Guerre des Juifs[modifier | modifier le code]

La liste des généraux[modifier | modifier le code]

Après l'échec de l'expédition de Cestius Gallus, Flavius Josèphe indique qu'un certains nombre de généraux ont été nommés et affectés à différentes régions. Durant toute cette expédition qui connaît plusieurs batailles, à aucun moment Josèphe ne nomme ceux qui ont dirigé le combat des forces juives. Les seuls qui sont nommés, le sont pour leurs actes de bravoure, Niger de la Pérée, Silas le Babylonien et deux parents du roi d'Adiabène[221]. Simon Bargiora a aussi attaqué l'arrière garde des Romains[221]. On apprend un peu plus tard qu'Éléazar fils de Simon qui n'a jamais été nommé lors de ces combats contrôle le résultat du pillage[221]. Shaye J. D. Cohen estime que l'on peut conclure que chacun de ces aristocrates avaient son propres corps de partisans[221]. Si Philippe est encore à Jérusalem, il a probablement participé avec ses partisans aux combats contre Cestuis[221].

La nomination des généraux est suspecte[222]:

  • Niger de la Pérée a déjà un gouvernement (donné par les révolutionnaires ou bien désigné par les autorités pro-romaines[222] ?) ;
  • Plusieurs de ces généraux ne se retrouvent pas là où ils ont été nommé dans le récit ultérieur[222] ;
    • Jean l'Essénien n'agit pas dans sa toparchie, mais joint à Niger et Silas pour l'attauqe d'Ascalon où il est tué[222] (attaques à partir de l'Idumée) ;
    • Aucun des autres généraux n'est mentionné par la suite par exemple lors de la conquête romaine[222]
  • Absence de Simon ben Gamaliel et Jésus fils de Gamala[223]

Plusieurs révolutionnaires sont exclus de tous postes[224]:

  • Silas le Babylonien[224] ;
  • Monobazus et Cenedaeus, les parents du roi Monobaze II|Monobazus]] ne réapparaissent plus dans le récit ultérieur[224] ;
  • Niger de la Pérée obtient un poste mais dans un rôle subordonné[224] ;
  • Simon Bargiora quitte (ou est éjecté de) Jérusalem et devient un leader oppositionnel en Akrabatène[224]. Son appel aux classes inférieures est similaire à celui des Sicarii et il n'est pas surprenant que, lorsqu'il est attaqué par l'aristocratie de Jérusalem, il s'enfuit à Masada[224].

Josèphe, écrivain officiel des Flaviens[modifier | modifier le code]

Dans cette Autobiographie, Flavius Josèphe confirme que son « récit de la guerre est fait du point de vue romain[71] » et que « ce que représente Rome pour Josèphe, par delà les faveurs réelles ou supposées dont il a été comblé, c'est l'État, l'État de droit divin[71]. » Quoique la Guerre des Juifs n'est dédiée à personne, elle a été publiée sous le patronage de Vespasien qui a attribué à Josèphe une pension et une résidence dans sa demeure de Rome pour travailler (V 423)[225]. Il écrit aussi : « L'empereur Titus voulut qu'on ne répandit dans le public la connaissance de ces événements que d'après mes seuls livres, à tel point qu'il les parapha de sa propre main et en ordonna la publication[226]. » Si cette attitude de Titus est devenue une politique impériale poursuivie après sa mort, cela explique peut-être la rapide disparition du livre de Justus de Tibériade sur l'Histoire de la guerre juive. Eusèbe de Césarée et les auteurs chrétiens confirment cette information et notent l'existence d'une statue de Josèphe ainsi que la présence de ses écrits dans la bibliothèque publique de Rome[227].

Autres problèmes[modifier | modifier le code]

Double jeu de Josèphe, double jeu de Justus[modifier | modifier le code]

La délégation chargée de démettre Josèphe[modifier | modifier le code]

L'affaire de Dabaritha[modifier | modifier le code]

Justus est un faussaire[modifier | modifier le code]

En Vita § 337, Josèphe compare Justus et tous les historiens qui mentent « par haine ou partialité » aux « faussaires qui fabriquent de faux contrats[Note 19] »[228]. Pour Cohen c'est particulièrement opportun ici car en 356 Josèphe étiquette Justus comme un faussaire, une accusation parfois proférée contre des secrétaires officiels[228],[Note 20]. Cet argument historiographique est repris au sérieux seulement dans la conclusion de la longue digression dans laquelle Josèphe attaque Justus (V 357-367)[228].

« [355] Que si je suis un méchant, comme vous le publiez, qu'êtes-vous donc ? vous, à qui le roi Agrippa sauva la vie lorsque Vespasien vous avait condamné à la perdre ; vous qu'il n'a pas laissé de faire mettre deux fois en prison, quoique vous lui eussiez donné beaucoup d'argent; vous qu'il envoya deux fois en exil; vous qu'il aurait fait mourir, si Bérénice, sa sœur, n'eût obtenu votre grâce; [356] et vous enfin en qui il reconnut tant d'infidélité dans la charge de son secrétaire dont il vous a honoré, qu'il vous défendit de vous présenter jamais devant lui ? Mais je n'en veux pas dire davantage. »


Josèphe compare Justus et tous les historiens qui mentent « par haine ou partialité » aux « faussaires qui fabriquent de faux contrats (V § 337)[228]. » Puis en conclusion de la longue digression dans laquelle Josèphe attaque Justus, il suggère que si Agrippa a défendu à Justus de se « présenter jamais devant lui » à partir d'un moment indéterminé, c'est parce-qu'il aurait « reconnu tant d'infidélité dans la charge de secrétaire dont il [l'a] honoré. » Pour Shaye J. D. Cohen, « Josèphe étiquette Justus comme un faussaire, une accusation parfois proférée contre des secrétaires officiels[228] », ce qui renvoie à la comparaison qu'il a fait en § 337[228] entre ceux qui mentent pour fabriquer une histoire fausse — comme l'a fait d'après lui Justus — et les « faussaires qui fabriquent de faux contrats. »

Passages manquants[modifier | modifier le code]

Après avoir dit qu'Agrippa a démis Varus et l'a remplacé par Aequus Modius lorsqu'il a appris qu'il avait l'intention de « massacrer les Juifs de Césarée (de Philippe) par dizaines de milliers en un seul jour, avec femmes et enfants », la Vita (§ 61) indique « comme je l'ai exposé ailleurs »[229],[Note 21]. Certains critiques estiment que cela se réfère au passage du livre II de la Guerre des Juifs (483). Toutefois, Cohen n'est pas de cet avis car ce passage est beaucoup moins détaillé que celui de la Vita et ne mentionne même pas Aequus Modius[230], ni même l'intention de Varus de massacrer les Juifs de Césarée de Philippe et ne parle que du massacre de la délégation des 70 députés de Batanée en route vers la capitale d'Agrippa[231]. Cohen remarque que Le livre XVII des Antiquités judaïques promet un traitement plus complet du thème des Babyloniens de Batanée et des descendants de Zamaris et Joachim[229]. Une promesse qui n'est nulle-part honorée dans les Antiquités[229].

Les inspirations littéraires[modifier | modifier le code]

Josèphe sur Jean[modifier | modifier le code]

Vita X (§ 43-44)[modifier | modifier le code]

Dans la Vita : à Gischala « [X] [43] [...] Jean, fils de Lévi, voyant certains concitoyens étaient très excités par l'insurrection contre Rome, tâcha de les retenir et leur demanda de rester fidèle (Pelletier p. 7-8). » [44] Mais il y travailla inutilement...

Guerre des Juifs II, XXI, 1 (585s)[modifier | modifier le code]

1. [585] Tandis que Josèphe gouvernait ainsi la Galilée, il vit se dresser contre lui un homme de Gischala, nommé Jean, fils de Lévi, le plus artificieux et le plus scélérat de tous ceux que leur perfidie a illustrés. Pauvre à ses débuts, le dénuement avait longtemps entravé sa méchanceté : toujours prêt au mensonge, habile à donner crédit à ses inventions, il se faisait un mérite de la fourberie et en usait contre ses amis les plus intimes. Il affectait l'humanité, mais la cupidité le rendait le plus sanguinaire des hommes. Toujours plein de vastes désirs, son ambition prit racine dans les plus basses coquineries. Ce fut d’abord un brigand opérant isolément ;(un Zélote) il trouva ensuite, pour renforcer son audace, quelques complices, dont le nombre grossit avec ses succès. Il eut d'ailleurs soin de ne jamais s’adjoindre d'associés débiles, mais des gaillards vigoureux, de caractère ferme, exercés aux travaux de la guerre. Il finit par former une bande de quatre cents compagnons, la plupart évadés de la campagne de Tyr et des bourgades de ce territoire[290]. Avec eux il rançonnait toute la Galilée et exploitait un peuple que tenait en suspens l'attente de la guerre prochaine.

Genre littéraire[modifier | modifier le code]

Pour Marcel de Grève, l'un des problèmes de l'ouvrage est la définition du genre auquel il se rattache. Le terme d'autobiographie n'est appliqué de façon rétrospective à l'ouvrage que depuis le XIXe siècle, époque où le mot a été créé[232] ; auparavant il a été désigné comme Vie.

Pour Denis Lamour, l'autobiographie telle qu'on la conçoit aujourd'hui ne serait pas applicable à celle de Josèphe qui rassemble du romanesque et dont la période concernée est trop brève, même si ce n'est pas un roman[233]. Cela n'est comparable qu'avec le corpus des « autobiographies » antiques, peu ayant subsisté à notre époque, même la définition et les caractéristiques de l'autobiographie antique sont ambigus et peu précises[Note 22], dont Pelletier déclare que celle de Josèphe est « la première autobiographie un peu étendue qui nous ait été conservée »[234].

Pour Katell Berthelot, l'ouvrage n'a pas été qualifié de mémoires bien qu'il en partage certaines caractéristiques[235].

Article Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

Autobiographie (en grec Ἰωσήπου βίος / Iôsepou Bios) : c'est une véritable autobiographie de Josèphe[236]. Elle est publiée en appendice à la seconde édition des Antiquités judaïques (vers l'an 100)[236]. On y trouve une défense de sa conduite en Galilée en 66 et 67, face aux critiques très violentes de Juste de Tibériade[236]. Il y contredit ses affirmations faites dans la Guerre des Juifs sur plusieurs points, notamment sur son action et celles de ses adversaires juifs en Galilée et sur les circonstances de leurs morts.

Cestius Gallus[modifier | modifier le code]

Dans la guerre des Juifs Josèphe disait que Cestius Gallus avait abandonné le combat sans raison au moment où il allait l'emporter, alors que dans la Vita, il indique « qu'après avoir perdu plusieurs des siens dans un combat, il fut contraint de se retirer. »

Steve Mason : « 516) était par Josephus compter une offensive majeure, qui est venue très près de mettre fin à la révolte tôt. Avec près de 30 000 hommes (Tacitus, Ann 4.5 sur la disposition des légions en Syrie), dont plus d'un tiers étaient légionnaires, Cestius est venu d'Antioche et a systématiquement pris les villes côtières de la Judée avec la Galilée dans une courte campagne, puis tourné vers l'intérieur de la côte à Jérusalem. Pour une raison inexplicable (Josephus allègue la corruption par Gessius Florus - Guerre 2.531-32), Cestius s'est retiré quand il était aux murs de Jérusalem, même si certains des citoyens éminents avaient offert de lui ouvrir les portes (War 2.533). Pendant sa retraite, son armée subit de terribles pertes, perdant environ un cinquième de son effectif, lorsqu'elle fut prise au piège de Bet-Horon; Cestius lui-même a échappé à peine (guerre 2.540-55). Tout cela s'est passé fin novembre, 65 ou 66 EC (guerre 2.555). La 12e légion, qui avait fourni le noyau de la force (guerre 2.500), ne s'est jamais remise de la honte. Krieger (1994: 228-29) soutient que Josephus doit avoir participé à la bataille contre Cestius parce que sinon il n'aurait pas été choisi comme général pour une région aussi critique que la Galilée (note du § 24 de la Vita). »

Voir Cohen p. 191-196.

Confusion chez Josèphe[modifier | modifier le code]

À propos de la réception de renforts par Sepphoris pendant que Josèphe était en Galilée (V 394 et V 411; BJ 3:30-34 et 59), Shaye Cohen écrit « Nos manuscripts confondent constamment Caesenius Gallus avec Cestius Gallus, mais puisque Caesennius était le lieutenant de Cestius, la séquence est claire (p. 216, note no 67). »

Les juifs mirent à mort le gouverneur de Judée ?[modifier | modifier le code]

Lors de sa relation de la nommination de Vespasien Suétone écrit:

« De temps immémorial il régnait dans tout l'Orient une vieille tradition: les Destins avaient prédit que ceux qui viendraient de la Judée, à cette époque, seraient les maîtres du monde. Cet oracle, qui concernait un empereur romain, comme l'événement le prouva dans la suite, les Juifs se l'appliquèrent à eux-mêmes. Ils se révoltèrent, mirent à mort leur gouverneur, chassèrent le légat consulaire de Syrie qui venait à son secours, et lui enlevèrent son aigle. Pour apaiser ce soulèvement, il fallait une armée considérable et un chef intrépide qui, pût garantir le succès d'une expédition aussi importante. Vespasien fut choisi de préférence à tout autre, comme joignant à un talent éprouvé une naissance obscure et un nom dont on n'avait rien à redouter. »

Ce que Josèphe ne relate pas.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Exemple "harvsp" : <ref name="Burgeon, p.7-8">{{harvsp|Burgeon|2017|p=7-8}}.</ref>
  • Exemple "harvsp" : <ref name="Frankfort, p.146">{{harvsp|Frankfort|1961|p=146}}.</ref>
  • Exemple "harvsp" : <ref name="Théron, p.235-236">{{harvsp|Théron|1981|p=235-236}}.</ref>

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. André Pelletier repousse cette date de première publication en 94/95. cf. Josèphe et Pelletier 1959, p. XIII.
  2. Dans son De viris illustribus (14), Jérôme de Stridon mentionne l'un des écrits de Justus qu'il appelle Commentarioli de scriptura (cf. Mimouni 2012, p. 44), un commentaire des écrits bibliques, correspondant à ce que la tradition chrétienne appelle l'Ancien Testament. Quelques Pères de l'Église ont lu sa Chronique des rois juifs, dont l'évêque Photios de Constantinople pouvait encore consulter un exemplaire au IXe siècle (Cohen 2002, p. 142-143 et Frankfort 1961, p. 51-53). Mais l'écrit qui nous vaut de le connaître, bien qu'il semble avoir presque immédiatement disparu, est son Histoire de la guerre juive par la réaction qu'il provoque chez Flavius Josèphe (cf. Cohen 2002, p. 114-143).
  3. « Quand je fus arrivé à Tarichée, je fis venir dîner avec moi mes prisonniers, entre lesquels étaient Justus et Pistus , son père, et leur dis que je savais comme eux quelle était la puissance des Romains; mais que le grand nombre des factieux m'empêchait de faire paraître mes sentiments, [176] et que je leur conseillais de demeurer comme moi dans le silence, en attendant un meilleur temps; que cependant ils devaient être bien aises de m'avoir pour gouverneur, puisque nul autre ne les pouvait mieux traiter. » cf. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 175-176.
  4. Dans la Guerre des Juifs, Flavius Josèphe déclare être arrivé à Iotapata le 21e jour du mois d'Artémisius, ce qui selon Niese repris par Pierre Savinel correspond au 8 juin 67. « Mais comme Josèphe dit que Iotapata est tombée après 47 jours de siège le 20 juillet (GJ III, VII, § 33), un des trois chiffres est faux (cf. Josèphe et Savinel 1977, p. 317, note de bas de page). »
  5. Les manuscrits ont « ὁ τἢς ἰατρἱνης » ou d'autres formes féminines de "médecin" (donc: "femme médecin"), de la racine ἰατήρ que certains interprètent comme "mi-femme" (cf. Steve Mason, note no 800). J. A. C. Buchon rend le caractère péjoratif ("mi-femme") de l'appellation par la périphrase: « Joseph qui se disait médecin mais n'était qu'un charlatan ». André Pelletier l'appelle Joseph « le fils de la sage femme ». Steve Mason préfère « suivre la conjecture de A. Schlatter et lire le nom hébreu " fils de Ia`ir », que les copistes médiévaux auraient facilement pu mal interpréter. » Schalit a une démarche équivalente (NWB s.v Ἰὠσηπος note no 7) et suppose que le texte grec comportait « τις Ἰαἰρον παἲς ». Ia`ir (Jaïr) est le nom d'un des fils de Judas le Galiléen, appelé aussi Judas de Gamala, dont l'un des fils, Eleazar, dirige les révoltés de la forteresse de Masada jusqu'à sa chute en 73 ou 74. C'est aussi un des personnages des évangiles synoptiques, chef d'une synagogue, qui rencontre Jésus à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Gamala. Shaye J. D. Cohen préfère laisser le texte en grec pour ne pas risquer une surinterprétation.
  6. Bannous (Βάννουν) est inconnu par ailleurs.
  7. Grec: αἱρέσεις (hérésie) : Dans le grec ancien, le nom αἵρεσις signifie simplement choix, sélection ou élection, à partir du verbe αἱρέομαι «choisir», ainsi: l'objet de son choix (Platon, Phèdre 99B, Soph. 245B, Phaedr 249B, Aristote, Ath, pol, 3.6, Eth, Eud, 1249B, Lucian, Phal, 1.9). Mais peut-être parce que le terme était employé si fréquemment dans la discussion philosophique/éthique concernant le choix d'un mode de vie (Lucien, Hermès 21, 28), il était aussi devenu un terme technique pour désigner une école ou une secte philosophique. Josèphe présente la culture judéenne comme entièrement comparable à la culture grecque: elle a même ses propres philosophies. Bien que Josèphe ait souvent été accusé d'habiller les réalités juives dans un costume grec étranger (notamment Moore 1929: 371-89), il convient de rappeler que nous savons peu de choses sur les conditions concrètes de ces groupes au premier siècle. Les thèmes philosophiques avaient été profondément ancrés dans la littérature judéenne depuis au moins le deuxième siècle avant notre ère (Aristobulus, Eusèbe, Prape, 13.12.1, 4, 8, 4 Macc 1: 1, 5: 4, 8, 23, Philo). passim). C'est en accord avec cette perspective que Josèphe dépeint le judaïsme comme philosophie (S. Mason 1996, BJP 3.xxviii-xxxii). Donc, même s'il était le premier à appliquer le terme «école philosophique» aux pharisiens, aux sadducéens et aux esséniens, c'était un petit pas et non une réinterprétation audacieuse ad hoc. cf. Josèphe et Mason 2001,, note no 69.
  8. Dans la Guerre des Juifs, Simon ben Gamaliel apparaît parmi «ceux réputés être exceptionnels» (οἱ προύχειν αὐτῶν δοκοῦντες), en compagnie des principaux prêtres Ananus et Jésus de Gamala, comme dans ce passage de la Vita § 191-193 (Josèphe et Mason 2001, note no 844). Ces dirigeants décident de lancer la guerre contre les Zélotes (Josèphe et Savinel 1977, p. 367). Jésus de Gamala, est celui qui selon la Vita (§ 204) viole le secret des délibérations du koinon de Jérusalem pour prévenir Josèphe qu'une délégation, accompagnée de 1 000 hommes armés, dont 600 étaient dirigées par un certain Galiléen appelé Jésus, était envoyée pour le destituer (V §200-204).
  9. Selon Étienne Nodet et Justin Taylor, « si Pollion est bien un équivalent (latin) pour Abtalion, la transcription Saméas est ambiguë : elle peut provenir de Shemaya, tout comme de Shammaï, son disciple et l'adversaire inséparable de Hillel ; [lors du siège de Jérusalem en 37 av. J.-C. ], ce dernier est évidemment le plus vraisemblable. » cf. Nodet et Taylor 1998, p. 136.
  10. La formule « en tois stemmasin » est énigmatique et la plupart des auteurs disent que l'on n'en connaît pas le sens (cf. Cohen 2002, p. 142). R. Henry a proposé de la traduire par « en forme de tableau généalogique ».
  11. Shaye J. D. Cohen estime toutefois que c'est une vaine tentative pour sauver l'indication de Photios (cf. Cohen 2002, p. 173, note no 223).
  12. Steve Mason indique : « Comme l'ont déjà souligné Niese (1896: 226-27) et Luther (1910: 63), il est difficile de voir comment Josèphe aurait pu écrire cette note reconnaissante envers Domitien après la fin de son règne en 96. Josèphe semble avoir été parfaitement conscient des contraintes politiques de l'écriture de l'histoire: en témoigne son traitement de Vespasien et Titus dans la « Guerre des Juifs ». Mais ici, d'une part, il omet de mentionner les bienfaits d'un dirigeant ultérieur à Domitien - une faiblesse impensable s'il écrivait sous Nerva ou Trajan. D'un autre côté, il est difficile de voir comment il pouvait parler avec tendresse et innocence de Domitien après sa mort et sa damnatio memoriae (Josèphe et Mason 2001, note no 1770). »
  13. Dion Cassius raconte : « En haine du tyran, ses nombreuses statues d'argent et même d'or furent fondues, et l'on en retira des sommes énormes ; on renversa aussi les arcs de triomphes, élevés en trop grand nombre pour un seul homme. » Pour sa part Suétone raconte que le Sénat « s'assembla en foule, et déchira à l'envi la mémoire du prince mort par les plus amères et les plus outrageantes invectives. Il fit apporter des échelles pour détacher ses écussons et ses portraits, et les briser contre terre. Enfin il (le Sénat) décréta que ses inscriptions seraient effacées partout, et que sa mémoire serait abolie. »
  14. Le Vetus Martyrologium Romanum indique à la date du 22 juin:
    « À Rome, transfert [des restes du corps] de Saint Flavius Clémens, homme de niveau consulaire et martyr, le frère de la Sainte Plautilla et oncle de la martyr et Vierge Flavia Domitilla, avec qui elle a été mise à mort par l'empereur Domitien, à cause de la foi du Christ. Son corps a été retrouvé dans la Basilique du pape Saint Clément, après une cérémonie solennelle, il a été replacé au même endroit » En latin:
    « Item Romae Translatio sancti Flavii Clementis, viri Consularis et Martyris; qui, sanctae Plautillae frater ac beatae Virginis et Martyris Flaviae Domitillae avunculus, a Domitiano Imperatore, quocum Consulatum gesserat, ob Christi fidem interemptus est. Ipsius porro corpus, in Basilica sancti Clementis Papae inventum, ibidem solemni pompa reconditum est. »
  15. Thérèse Frankfort rappele que Lenain de Tillemont et Ernest Renan identifiant l'Épaphrodite dédicataire des écrits de Josèphe avec l'ancien secrétaire de Néron devenu successivement secrétaire des trois empereurs flaviens et exécuté sur ordre de Domitien, situaient la publication de l'Autobiographie peu avant son exécution vers 95
  16. Agrippa (II) étant lui-même mort avant la publication du livre de Justus de Tibériade qui provoque la publication de cette Autobiographie.
  17. Voir à ce sujet le § Le nom de Chrétien aux Ier et IIe siècles.
  18. « Sur ces entrefaites, quelques Romains découragés, ce qui est l'ordinaire à la suite d'un long siège, et s'imaginant, comme on le répandait, que la ville était véritablement imprenable, passèrent à l'ennemi; celui-ci, bien que manquant de vivres, les accueillit , afin de montrer que, lui aussi, il recevait des transfuges. » (cf. Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVI, 5).
  19. [LXV] [336] Je crois devoir faire connaître en ce lieu la mauvaise foi de Justus et des autres, qui ayant de cette même affaire dans leurs histoires, n'ont point eu honte, pour satisfaire leur passion et leur haine, de l'exposer aux yeux de la postérité tout autrement qu'elle ne s'est passée en effet ; [337] en quoi ils ne différaient en rien de ceux qui falsifient les actes publics, sinon qu'en ce qu'ils n'appréhendent point qu'on les en punisse.
  20. [356] et vous enfin en qui [Agrippa] reconnut tant d'infidélité dans la charge de son secrétaire dont il vous a honoré, qu'il vous défendit de vous présenter jamais devant lui.
  21. « Le roi, informé que Varus allait massacrer les Juifs de Césarée (de Philippe) par dizaines de milliers en un seul jour, avec femmes et enfants, le rappelle et envoie à sa place Aequus Modius, comme je l'ai exposé ailleurs. » Flavius Josèphe, Autobiographie, § 61 (traduction de André Pelletier p. 10-11).
  22. Les écrits autobiographiques dans le monde antique devaient être nombreux mais peu furent conservés intégralement (les rares fragments ne permettent pas de voir si c'est représentatif). Il est souvent cité comme précurseurs l'Anabase de Xénophon et les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César. Même si plusieurs savants veulent élargir la définition en citant des écrits ayant des notions autobiographiques mais qui n'en sont pas réellement. Philippe Gasparini inclut la correspondance de Cicéron et Pelletier inclut les Res Gestae d'Auguste. Les principales études se portent sur des « embryons d'autobiographies », à travers des écrits divers. Cela contraste avec le genre de la biographie, très populaire. Ce qui fait que souvent, il est considéré que l'autobiographie ne commence qu'à la toute fin du IVe siècle avec Les Confessions de Saint-Augustin. Voir Paugam Guillaume, « Genèse de l'autobiographie : les Confessions d'Augustin », Poétique,‎ (lire en ligne) et « Une traduction incisive des Confessions de Saint Augustin », sur Télérama, et Compte-rendu de L'invention de l'autobiographie d'Hésiode à Saint Augustin dans la Revue des Études Anciennes

Références[modifier | modifier le code]

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  7. a b et c Parmi ceux qui défendent que le "patron littéraire" de Josèphe est le secrétaire de différents empereurs exécuté en 95/96 sur ordre de Domitien, il y a Mason (2003), Haaland (2005), Berber (1997) (cf. Pastor, Stern et Mor 2011, p. 68, note no 11), Robert Eisenman (cf. Eisenman 2012 vol. II, p. 27 et passim) ; Théodore Reinach.).
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  42. a b et c Cohen 2002, p. 115.
  43. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 356.
  44. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 356, traduction d'André Pelletier, cf. Josèphe et Pelletier 1959, p. 57.
  45. Autobiographie, § 336 et 338.
  46. a b c d e et f Cohen 2002, p. 116.
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  59. Pierre Vidal Naquet, Du bon usage de la trahison, introduction de la traduction de Josèphe et Savinel 1977, p. 30-32
  60. Pierre Vidal Naquet, Du bon usage de la trahison, introduction de la traduction de Josèphe et Savinel 1977, p. 31
  61. Mimouni 2012, p. 138.
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  72. Flavius Josèphe, Autobiographie, § 363-364, cité par Pierre Vidal-Naquet, Du bon usage de la trahison, in Josèphe et Savinel 1977, p. 13.
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  84. Le 23 du mois d'Hyperberetaios, selon Flavius Josèphe ce qui correspond au selon Julien Weill, cf. Guerre des Juifs IV, I, 10, note no 22.
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  167. a et b Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34, note no 3.
  168. Maurice Sartre situe cette date de mort entre 92 - 96 et propose la date de 93/94 cf. Sartre 1985, p. 53.
  169. Frankfort 1961, p. 54.
  170. Cohen 2002, p. 170-180.
  171. Photios de Constantinople, notes de lecture, traduction de R. Henry, cité par Frankfort 1961, p. 52.
  172. a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Frankfort, p.53
  173. Chronique, version arménienne (éd. Karst, p. 218) : sous Nerva, en l'an 2113 d'Abraham.
  174. Jérôme de Stridon, Chron. (éd. Helm2, p. 193) : sous Nerva, Olympiade 219, I.
  175. Prosper Tiron, Chron. (éd. Mommsen, Chronica Minora, p. 419 : entre la mort de Nerva et l'avènement de Trajan (sic), en la 72e année après la Passion (qu'il situe en 28).
  176. Georges le Syncelle, Chron. (éd. Niebuhr, p. 655).
  177. Marianus Scotus, Chron. (éd. Waitz, p. 104).
  178. Cohen 2002, p. 173, note no 223.
  179. Cohen 2002, p. 142-143.
  180. a b et c Cohen 2002, p. 143.
  181. cf. Schwentzel 2011, p. 176.
  182. Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 33.
  183. a b et c Henry Seyrig, Antiquités syriennes, 88 Deux pièces énigmatiques, 2. Un officier d'Agrippa II, p. 34.
  184. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni2012_p411
  185. a et b Cohen 2002, p. 174.
  186. Flavius Josèphe, Autobiographie, 428-430, (traduction de J. A. C. Buchon).
  187. a b c et d Frankfort 1961, p. 55.
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  203. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47-48.
  204. Pergola 1978, p. 412-415.
  205. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Frankfort 1961 p.56
  206. Parmi ceux qui défendent que le "patron" de Josèphe est le secrétaire de différents empereurs exécuté en 95/96 sur ordre de Domitien, il y a Mason (2003), Haaland (2005), Berber (1997) (cf. Pastor, Stern et Mor 2011, p. 68, note no 11), Robert Eisenman (cf. Eisenman 2012 vol. II, p. 27 et passim).
  207. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2 (8-9).
  208. a et b cf. Niese 1896: 226-227, Luther 1910: 61-63, Nodet 1990: 4 n.1, Mason 1998: 98-101 ; cité par Steve Mason, Life of Josephus, note no 1780.
  209. a et b « Le langage de Josèphe dans ces divers passages prouve que c'était un personnage haut placé et qui avait subi des vicissitudes politiques; aussi l'a-t-on identifié, non sans vraisemblance, à Épaphrodite, affranchi et secrétaire de Néron, qui aida son maître à se tuer, et fut plus tard, à raison de ce fait, banni puis mis à mort par Domitien en 96 (Suétone, Domitien, 14). » Théodore Reinach, note no 2 de la traduction du Contre Apion par René Harmand.
  210. Suétone, Vie de Néron 49, Tacite, Annales, 15, 55, Dion Cassius 63, 29.
  211. Flavius Josèphe, Contre Apion, livre I, 1.
  212. a b c et d Cassius Dio Cocceianus, Histoire romaine de Dion Cassius: traduite en français, Volume 9, p. 375.
  213. Mireille Hadas-Lebel, La présence juive à Rome IIe siècle av. - IIe siècle EC., p. 204, note no 47.
  214. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques I, I, 2.
  215. Blanchetière 2001, p. 147.
  216. Voir aussi Blanchetière 2001, p. 224.
  217. Justin traduit par Charles Munier, p. 153.
  218. Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVI, 4.
  219. Cohen 2002, p. 252.
  220. a b c d et e Cohen 2002, p. 252, note no 26.
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  236. a b et c Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, Paris, P.U.F., coll. « Nouvelle Clio », 2012, p. 138.

Citations[modifier | modifier le code]

  1. « Car tu en avais déjà la rédaction complète il y a vingt ans et à ce moment là tu aurais pu obtenir un témoignage d'exactitude de gens bien renseignés. Mais c'est maintenant qu'ils ne sont plus là, et que tu penses n'être plus exposé à recevoir un démenti que tu t'en es senti le courage. » Flavius Josèphe, Vita, § 360, traduction d'André Pelletier.
  2. « Joseph (aussi appelé José dans certains manuscrits), qu'un soldat atteignit d'un trait et tua au moment où il franchissait en courant la partie de la muraille qui avait été détruite. Mais ceux qui étaient à l'intérieur de la ville, épouvantés par le bruit, couraient de toutes parts, en proie à une extrême agitation, comme si tous les ennemis s'étaient précipités sur eux. Alors Charès, alité et malade, rendit le dernier soupir, par l'effet de la terreur intense qui vint s'ajouter à sa maladie et causa sa mort. » cf. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, I, 9.
  3. « Le roi, informé que Varus allait massacrer les Juifs de Césarée (de Philippe) par dizaines de milliers en un seul jour, avec femmes et enfants, le rappelle et envoie à sa place Aequus Modius, comme je l'ai exposé ailleurs. » Flavius Josèphe, Autobiographie, § 61 (traduction de André Pelletier p. 10-11).
  4. a et b « Ce Simon de Jérusalem (Simon fils de Gamaliel) était d'une naissance fort illustre, Pharisien de secte, et par conséquent attaché à l'observation de nos lois, [192] homme fort sage et fort prudent, capable de conduire de grandes affaires, ancien ami de Jean, et qui alors me haïssait. [193] Ainsi touché des prières de son ami, il représenta aux grands sacrificateurs Ananus (Ἄνανον ), et Jésus de Gamala (Ἰησοῦν τὸν τοῦ Γαμαλᾶ'), et aux autres qui étaient de son parti, qu'il leur importait de m'ôter le gouvernement de la Galilée, avant que je m'élevasse à un plus haut degré de puissance ; mais qu'il n'y avait point de temps à perdre, parce que si j'en avais envie, je pourrais venir attaquer la ville avec une armée » (Flavius Josèphe, Autobiographie, § 191-193).
  5. Antiquités judaïques, XV, I, 2-4 : « Lorsque Hérode eut soumis à son pouvoir la Judée entière, il récompensa ceux du peuple qui, dans la ville, alors qu'il n'était que simple particulier, s'étaient montrés ses partisans; quant à ceux qui avaient pris le parti de ses adversaires, il ne laissait pas passer de jour sans les poursuivre de ses châtiments et de ses vengeances. [3] Le Pharisien Pollion et son disciple Saméas furent surtout en honneur auprès de lui pendant le siège de Jérusalem, ils avaient en effet conseillé à leurs concitoyens d'ouvrir les portes à Hérode, et ils reçurent de celui-ci le retour de leurs bons offices. [4] Ce Pollion (le nom Pollion ici est étrange, car en Antiquités judaïques, XIV, IX, 4, c'est à un Saméas et non à Pollion que Flavius Josèphe attribue ce discours) était le même qui, lorsque Hérode autrefois avait passé en jugement sous une accusation capitale, avait prédit à Hyrcan (II) et aux juges, en leur reprochant leur lâcheté, qu’Hérode, s'il était acquitté, chercherait un jour à se venger d'eux tous : c'est, en effet, ce qui arriva alors, Dieu ayant permis que les prédictions de Pollion (Πολλίων ) se réalisassent. »
  6. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIV, IX, 4 : « Cependant Sextus (César) (en), gouverneur de Syrie, écrivit à Hyrcan (II) pour l'inviter à absoudre Hérode, ajoutant des menaces pour le cas où on lui désobéirait. Cette lettre de Sextus fournissait à Hyrcan un bon prétexte pour renvoyer Hérode sans qu'il fût inquiété par le Conseil car il l'aimait comme un fils. Quand Hérode se présenta au Conseil avec son escorte, il en imposa d'abord à tous, et aucun de ceux qui le décriaient avant son arrivée n'osa plus soutenir l'accusation personne ne bougea, on ne savait à quoi se résoudre. Telle était la situation, lorsqu’un certain Saméas, homme juste et par conséquent au-dessus de toute crainte, se leva et dit : « Conseillers et vous, roi, jamais je n'ai vu aucun des hommes appelés par vous en justice avoir pareille attitude, et je ne suppose pas que vous puissiez de votre côté citer un tel exemple. Quiconque arrive devant cette assemblée pour être jugé se présente humble, dans l'attitude d'un homme craintif, implorant notre pitié, la chevelure longue, revêtu de vêtements noirs. Et cet excellent Hérode, prévenu de meurtre, et cité sous ce chef d'accusation, comparait drapé dans la pourpre, la tête ornée d'une coiffure savante, entouré de soldats, afin que, si, obéissant à la loi, nous le condamnons, il puisse nous tuer et se sauver en violant le droit. Je ne fais aucun reproche à Hérode s'il met ainsi son propre intérêt au-dessus de la légalité ; c'est à vous que j'en fais, et au roi, pour lui avoir donné pareille licence. Sachez cependant que Dieu est grand, et que cet homme, que vous voulez aujourd'hui absoudre par égard pour Hyrcan, vous châtiera un jour, vous et le roi lui-même. » Sa prédiction se réalisa. Car Hérode, quand il se fut emparé de la royauté, fit mettre à mort tous les membres du Conseil, et Hyrcan lui-même ; il fit exception pour Saméas, car il l'estimait fort pour son honnêteté et pour avoir conseillé aux habitants, plus tard, lors du siège de la ville par Hérode et Sossius, de lui ouvrir les portes, assurant qu'en raison de leurs fautes, ils ne pouvaient lui échapper. Nous parlerons de ces événements en temps utile. »