Variables de Mandelstam

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En physique théorique, les variables de Mandelstam sont des quantités numériques qui rendent compte de la conservation de l'énergie et de la quantité de mouvement, ainsi que de l'invariance de Lorentz dans les réactions entre particules.

Définition[modifier | modifier le code]

Les variables de Mandelstam permettent d'analyser la cinématique des processus de diffusion en prenant en compte les deux propriétés suivantes : il est possible de définir au moins un invariant de Lorentz pour un processus (quantité indépendante du système de référence), et le quadri-moment est conservé[1].

Dans une réaction impliquant les particules initiales et , et les particules finales et , dont le quadri-moment est , notée , les variables de Mandelstam correspondent aux quantités invariantes de Lorentz suivantes[2] :

est alors le carré de la somme des énergies initiales ou finales dans le centre de masse, et le carré du transfert de quantité de mouvement. Enfin, les énergies et impulsions peuvent s'exprimer en fonction de ces invariants de Lorentz, elles peuvent donc être calculées dans n'importe quel référentiel.

Détails[modifier | modifier le code]

Limite à haute énergie[modifier | modifier le code]

Dans la limite relativiste, l'énergie de masse peut être négligée, donc par exemple :

par ce que et

En résumé,

Addition[modifier | modifier le code]

Notez que

avec la masse de la particule (et ).

Preuve[modifier | modifier le code]

Cette preuve nécessite les relations suivantes :

  • Le carré de la quadri-impulsion est le carré de la masse de la particule (avec ),
  • Et la conservation de la quadri-impulsion,
    et donc

En développant les carrés, on obtient

Puis en les ajoutant, on obtient

Maintenant en utilisant le fait que , on a que

et donc

Et finalement en utilisant

Dans le repère du centre de masse[modifier | modifier le code]

Le repère du centre de masse (CM) est aussi appelé repère d'impulsion nulle (IN). Il est souvent utile de disposer des quantités dynamiques exprimées en termes des variables de Mandelstam.

et


où :

Preuve[modifier | modifier le code]

À titre d'exemple démontrons la première de ces relations à savoir

Pour ce faire nous aurons besoin de la relation pour s

(En effet la somme des impulsions est nulle dans le centre de masse)


ainsi que de la relation


Dès lors

En développant le carré

Après simplifications on obtient

Et finalement

Diagrammes de Feynman[modifier | modifier le code]

Les lettres sont également utilisées dans les expressions canal s, canal t, canal u. Ces canaux sont représentés par différents diagrammes de Feynman et véhiculent pour différents évènements de collision et de diffusion des interactions impliquant l’échange d’une particule intermédiaire dont les carrés du quadri-moment sont respectivement égaux à .

canal s canal t canal u

Le canal s correspond aux particules 1,2 qui se joignent en une particule intermédiaire qui éventuellement se scindera en 3,4: le canal s est la seule voie qui permet de découvrir des résonances et de nouvelles particules instables pourvu que leurs temps de vie soient suffisamment longs pour qu’elles puissent être détectées.

Le canal t représente le processus dans lequel la particule 1 émet une particule intermédiaire se transformant ainsi en la particule finale 3, alors que la particule 2 absorbe la particule intermédiaire pour devenir la 4.

Le canal u n’est rien d’autre que le canal t dans lequel on a interchangé les rôles des particules 3 et 4.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marleau 2017, p. 59.
  2. Marleau 2017, p. 60.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Luc Marleau, Introduction à la physique des particules, Université Laval, Québec, Canada, , 413 p. (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]