Église Saint-Michel En-Sauvenière

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Église Saint-Michel En-Sauvenière
Image illustrative de l’article Église Saint-Michel En-Sauvenière
1649 : La collégiale Sainte-Croix, juste en dessous, l'église Saint-Michel et la rue Haute-Sauvenière, en bas : la place aux Chevaux, la Basse-Sauvenière et l'hôpital Saint-Mathieu à la Chaîne[1].
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Début de la construction XIe siècle
Autres campagnes de travaux Démolition : 1824
Géographie
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Ville Blason de Liège Liège
Coordonnées 50° 38′ 41″ nord, 5° 34′ 14″ est
Géolocalisation sur la carte : Liège
(Voir situation sur carte : Liège)
Église Saint-Michel En-Sauvenière
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Église Saint-Michel En-Sauvenière

L'église Saint-Michel En-Sauvenière à Liège est une très vieille église, probablement d'origine notgérienne, plusieurs fois reconstruite et démolie vers 1824. Il n'est pas impossible que les plans de la dernière version aient été dessinés par Vauban.

Historique[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Cette église aurait été bâtie par Notger en 980, mais elle n'apparaît dans les textes que dès 1185. Elle desservait une paroisse issue de l'ancienne seigneurie ecclésiastique de la Sauvenière, dépendance du chapitre de la cathédrale. Elle était la collation du grand prévôt. Dans les limites restreintes de la paroisse tenaient la Basse-Sauvenière, une partie de la place aux Chevaux, et du territoire claustral de la cathédrale, les rues voisines de l'église et la partie inférieure de la Haute-Sauvenière[2].

La paroisse au XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

À la fin du XVIIe siècle, la population de la paroisse est réduite mais d'un niveau social élevé. Elle est répartie sur 80 bâtiments dont la moitié occupée par des notables : notaires, avocats, échevins et bourgmestre pour la moitié, une trentaine par des dignitaires ecclésiastiques, une dizaine par des artisans[3].

Première église[modifier | modifier le code]

La première église, édifiée au IXe siècle au temps de Notger, ou au XIe siècle était de type architectural très simple : une seule nef, façade à rue, le portail surmonté d'une rosace et d'un clocheton au milieu du toit. Sa démolition, à la fin du XVIIe siècle n'est pas une volonté de modernisme mais commandée par un grand délabrement[4].

Seconde église[modifier | modifier le code]

Elle est réédifiée par Hubert Sacré (†1703), curé de Saint-Michel depuis 1669, et achevée en 1682. Selon le chanoine Hamal (†1820) avec des avances sur ses propres fonds, de nombreuses aumônes, un emprunt de 2 000 florins aux chapelains de la collégiale Saint-Jean et les libéralités du cardinal de Bouillon, alors chanoine de la cathédrale Saint-Lambert, le comte Laurent de Méan et autres bienfaiteurs. Le cardinal de Bouillon n'est autre que le grand prévôt et l'archidiacre de Liège, Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, prince de Sedan. Il avait la collation de l'église Saint-Michel : il apparaît quatre fois dans les donations au curé Hubert Sacré pour un montant total de 1 437 florins. Laurent de Méan, archidiacre de Liège et écolâtre, léguera 6 500 florins[5]. Ces sommes sont complétées par le grand blocque de la cathédrale et des boites placées dans et les collégiales Saint-Paul et Saint-Jean et des collectes faites auprès des paroissiens de Saint-Michel. De 1682 à 1688, le curé récolte donc 18 500 florins. Malgré le climat d'insécurité de l'époque, — les guerres de Louis XIV (1678), le bombardement du maréchal Boufflers de 1691, les occupations successives de Liège - la reconstruction complète de l'église est entreprise, car elle menace de ruine[6]. La première pierre est posée le et bénite par Hubert Sacré. Son érection va au moins coûter 20 000 florins[7]. On y enterre déjà l'ancien bourgmestre Renier Jamar en 1683. Son cimetière n'est pas attenant à l'église mais situé en Basse-Sauvenière au lieu-dit Laide Ruelle. Enfin le , le suffragant Louis-François de Rossius consacre l'église et l'hôtel en l'honneur de Saint-Michel.

Le bâtiment[modifier | modifier le code]

Les quelques représentations disponibles font penser qu'elle est hexagonale couverte d'un toit bulbeux et que la tour de plan carré[8], en façade, est coiffée d'un clocher à trois niveaux. La crypte était ovoïde, découverte pendant l'installation du gaz en 1897, une soixantaine de squelettes y sont découverts[9].

Le mobilier[modifier | modifier le code]

Le jubé a été travaillé par Jean Renard et son fils François et les orgues passent en 1808 à l'église du séminaire. Le projet de maître-autel est de la main d'Hubert Sacré. Le peintre Englebert Fisen réalise un tableau pour le maître-autel en 1685 représentant, selon le chanoine Hamal, l'archange Saint-Michel terrassant le dragon. Les deux anges adorateurs de l'autel sont de Cornelis. Hamal précise également que deux tableaux de Latour ornait le chœur[10]. L'argenterie, les vêtements liturgiques, et les ornements ont tous disparu.

La Révolution[modifier | modifier le code]

Sous la Révolution, l'église est fermée ; elle est rouverte au culte de 1799 à 1803, puis est définitivement désaffectée. Elle devient propriété de la collégiale Sainte-Croix et donnée en location à des particuliers. En 1818, la ville de Liège accorde à la fabrique le droit de vendre l'église, à condition que l'acquéreur la démolisse et abandonne le terrain à la ville. Le vicaire général Barrett marque son opposition aux États-Généraux, précisant qu'il s'agit d'une église construite par Vauban[11].

Démolition[modifier | modifier le code]

L'hôtel Desoër de Solières sur la place Saint-Michel où se situait l'église Saint-Michel

En 1823, la fabrique demande une nouvelle fois au roi de vendre l'église inutilisée, insistant pour que l'acquéreur soit obligé de la démolir, souhaitant que l'espace soit donné à la voie publique. Elle est adjugée pour 4 000 florins le et bientôt démolie.

Vauban[modifier | modifier le code]

En 1823, le vicaire général Barrett s'oppose à la démolition de Saint-Michel qui serait bâti sur un plan donné par Vauban[12]. Il n'est pas impossible qu'il ait vu ou visité Saint-Michel puisqu'il était à Liège du 3 mai au [13].

Elle est reconstruite vers 1738. Après sa démolition, le terrain qu'elle occupait a été converti en place publique qui porte le nom de place Saint Michel et qui est située au milieu de la rue Haute-Sauvenière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Extrait de la carte gravée par Julius Milheuser et éditée en 1649 par Johanes Blaeu
  2. Léon Lahaye, « Les paroisses de Liège », Bulletin de l'institut archéologique liégeois, Liège, t. XLVI,‎ , p. 18-19 et 37-38 (ISSN 0776-1260, lire en ligne)
  3. Étienne Hélin, La population des paroisses liégeoises aux XVIIe et XVIIIe siècles, Liège, Commission communale de l'histoire de l'ancien pays de Liège, coll. « Documents et mémoires » (no IV), , 432 p., in-8°, p. 169-177
  4. Lhoist-Colman 1979.
  5. Lhoist-Colman 1979, p. 188 : Les autres bienfaiteurs consiste en quelques paroisses et couvent vont également participer, citons les tréfonciers et chanoines de quelques collégiales, Saint-Nicolas Aux-Mouches, le monastère du Val Saint-Lambert et le couvent Notre-Dame des Anges. Les donations sont complétées par les notables, — échevins, avocats, greffiers, receveurs (de la paroisse) — et marchands ou encore des anonymes pour des sommes de 1 400 et 800 florins.
  6. Archives de l'État à Liège, Registre paroissial Saint Michel, Notaire Torrentius (paroissien de Saint Michel), 205, fol 7. : l'église parochialle de Sainct Michiel en ceste cité, ont déclarez et attestez en faveur de la vérité laditte église parochialle estre fort vielle et caducque et mesme menacer de ruine vont déclarer les maîtres maçons Nicolas Closon et Jean Doreye le 28 juillet 1681.
  7. Lhoist-Colman 1979, p. 200.
  8. Une liste des dépenses successives et des artisans ayant réalisé le bâtiment ainsi qu'une liste des matériaux et leur prix respectif se trouve p. 208-209 in Lhoist-Colman 1979
  9. « Le Vieux-Liège », 20 mars 1897, p. 180-182
  10. Une liste des différents objets du culte de l'église se trouve p. 207, in Lhoist-Colman 1979
  11. Archives de l'Evêché à Liège, Secrétariat. Correspondance administrative, t. 3 (1822-1823), n°480
  12. Lhoist-Colman 1979, p. 202.
  13. Albert de Rochas d'Aiglun, Vauban, sa famille et ses écrits, ses oisivetés et sa correspondance : analyse et extraits, t. II, Paris, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 505-508

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Berthe Lhoist-Colman, « L'église Saint-Michel à Liège de 1682 à 1824 », Bulletin de la Commission Royale des Monuments et des Sites, t. 8,‎ , p. 185-215 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]