584e bataillon de marche du train

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584e bataillon de marche du train
Image illustrative de l’article 584e bataillon de marche du train
Insigne du 584e BMT

Création mai 1956
Dissolution avril 1962
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Rôle Infanterie
Ancienne dénomination 228e bataillon d'infanterie
Guerres Guerre d'Algérie
Commandant historique Jean Pouget

Le 584e bataillon de marche du train (584e BMT, parfois 584e BT), créé comme 228e bataillon d'infanterie (228e BI), est une unité militaire française qui a participé à la guerre d'Algérie.

Création[modifier | modifier le code]

Le 228e bataillon d'infanterie est créé en mai 1956. Il est constitué de 700 rappelés de l'Eure et de l'Eure-et-Loir encadrés par des officiers du train. Le bataillon doit rejoindre Marseille depuis Dreux par voie ferrée. Le 18 mai, les soldats refusent d'embarquer comme prévu à 20 h 10. Après un passage par les deux cafés de la gare, ils vandalisent la gare de Dreux, notamment les toilettes, la lampisterie, le contrôle des billets, le bureau du chef de gare et la verrière. Une distribution de vin en grande quantité aurait aidé au désordre. Les six officiers d'active du régiment, aidés par les gardes mobiles, font monter de force les appelés dans leur train qui part à 22 h 10. Le long du trajet des incidents ont lieu à la gare de Valenton, à la gare de Lyon-Brotteaux ou celle de Pons-Rhône. Les appelés montent dans le Ville d'Oran encadrés par les CRS[1]. Après son arrivée en Algérie, il est envoyé à Tizi Ouzou puis devant son indiscipline est finalement transféré à Bordj de l'Agha (Oued Chaïr) et Aïn Rich[2]. En juillet 1956, il est renforcé d'un contingent du 1er régiment du train[3]. Le bataillon a une double mission : il est à la fois unité de secteur et au service du commandement opérationnel du sud Algérois[4],[2] (20e division d'infanterie[5]).

Le bataillon est organisé avec une compagnie de commandement d'appui et de soutien (CCAS) et quatre compagnies d'infanterie[5]. Fin octobre 1956, moins de la moitié du matériel du bataillon est en service, l'unité comptant 444 combattants sur un effectif prévu de 689. En novembre, le commandant Jean Pouget devient chef de corps du bataillon[2] et « transforme un bataillon d'appelés en une unité d'élite » d'après le mot du général Coche, commandant le train en Algérie. D'après des témoignages, des prisonniers ont été torturés par le commandant Pouget[6], qui avoue en 1981 avoir mené de tels interrogatoires[7].

Le 7 novembre, le bataillon est engagé dans l'opération qui mène à la mort d'Achour Ziane, chef du MNA au Sahara[8]. Il devient 584e bataillon de marche du train en décembre 1956, alors que les rappelés sont remplacés par de nouveaux appelés[9]. Le bataillon garde sa mission d'infanterie auxiliaire[5]. Le 28 février 1957, il participe avec succès aux combats du Djebel Amour, au côté du 1er régiment étranger de cavalerie[10]. À cette époque, le bataillon regroupe 1 200 hommes répartis dans une CCAS avec peloton blindé et éléments de transport, quatre compagnies de combat et une harka[5]. Les 15-16 mai 1957, le bataillon mène avec le même régiment et le 226e bataillon d'infanterie une opération contre une unité du FLN à Djebel Messaad qui se solde par la destruction des indépendantistes[11].

Le 28 mars 1959, sous les ordres du commandant Vaisse, il participe à l'opération qui voit la mort des colonels Amirouche Aït Hamouda et Si El Haouès[5],[12]. En 1961, le bataillon rejoint Alger[5]. En 2002, un ancien appelé du bataillon témoigne des tortures qui, selon lui, avaient lieu à la villa Sésini[13].

Il retourne en France en 1962, il est dissout à Sissone pour former la 258e compagnie de circulation routière[5].

Le bataillon perd deux officiers et 31-32 sous-officiers et soldats pendant la guerre[14],[5].

Insigne et uniforme[modifier | modifier le code]

L'insigne du bataillon représente une gerboise et une roue dentée. Le bataillon se distingue des autres unités par le port d'un béret kaki[9].

Personnalités ayant servi au bataillon[modifier | modifier le code]

228e BI[modifier | modifier le code]

584e BMT[modifier | modifier le code]

Témoignages et liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Charles Jauffret, La Guerre d’Algérie : Les combattants français et leur mémoire, Odile Jacob, , 304 p. (ISBN 978-2-7381-6441-4, lire en ligne)
  2. a b et c (en) Alexander Zervoudakis, « A case of successful pacification: The 584th Bataillon du Train at Bordj de l'Agha (1956–57) », Journal of Strategic Studies (en), vol. 25, no 2,‎ , p. 54–64 (ISSN 0140-2390 et 1743-937X, DOI 10.1080/01402390412331302655, lire en ligne, consulté le )
  3. Jean-Charles Jauffret, « L'Algérie et les français d'Algérie vus par les hommes du contingent (1954-1962) », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 208, no 4,‎ , p. 119 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.208.0119, lire en ligne, consulté le )
  4. Jean-Charles Jauffret, Maurice Vaïsse et Centre d'études d'histoire de la défense (France), Militaires et guérilla dans la guerre d'Algérie, Editions Complexe, , 561 p. (ISBN 978-2-87027-853-6, lire en ligne), p. 32
  5. a b c d e f g et h Lt de Villepin, Lt Lesort, Slt Vaast, Slt Vinet, Asp Metivet et Asp Mignon, « Le 584e BMT », Journal de marche du train, no 3,‎ , p. 9-12 (lire en ligne)
  6. « Le commandant Jean Pouget s'est toujours opposé à la torture a affirmé son ancien supérieur en Algérie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Marnia Lazreg, Torture and the Twilight of Empire : From Algiers to Baghdad, Princeton University Press, (lire en ligne), « Models of pacification: from Nietzsche to Sun Tzu », p. 97-103
  8. Philippe Gaillard, L'alliance : la guerre d'Algérie du général Bellounis, 1957-1958, Paris, L'Harmattan, , 260 p. (ISBN 978-2-296-07932-8, lire en ligne), p. 49
  9. a et b Jean-Charles Jauffret, Soldats en Algérie : 1954-1962 : expériences contrastées des hommes du contingent, Paris, Autrement, , 365 p. (ISBN 2-86260-932-3, 978-2-86260-932-4 et 2-86260-923-4, OCLC 408788946, lire en ligne), « Une culture de guerre », p. 221
  10. Jean-Charles Jauffret, Maurice Vaïsse et Centre d'études d'histoire de la défense (France), Militaires et guérilla dans la guerre d'Algérie, Editions Complexe, , 561 p. (ISBN 978-2-87027-853-6, lire en ligne)
  11. Jean Balazuc, Guerre d'Algérie : Une Chronologie Mensuelle - Mai 1954-Décembre 1962, L'Harmattan, (ISBN 978-2-336-73993-9 et 2-336-73993-3, OCLC 985992433), p. 178
  12. Balazuc 2015, p. 313-314.
  13. Florence Aubenas, « «Je vous jure, j'ai été torturée» », Libération,‎ (lire en ligne)
  14. Bernard Gauthier, « Donner enfin un nom à mes camarades morts au combat », La voix du combattant, Union nationale des combattants, no 1854,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  15. « LIECHTI Alban [LIECHTI Olivier, Alban] - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  16. « BILLARD Jean, Roger, Raymond - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]