Acanthurus monroviae

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Acanthurus monroviae, le Chirurgien ouest-africain, est une espèce de poissons marins de la famille des Acanthuridés.

Description[modifier | modifier le code]

Les Acanthuridés représentent un groupe charismatique d'espèces de poissons principalement de grande taille. Le nom commun de « poisson-chirurgien » fait référence aux écailles modifiées en forme de scalpel des deux côtés du pédoncule caudal qui sont utilisées dans les interactions agressives inter- et intraspécifiques. Ce sont des poissons aux couleurs et formes attrayantes, ce qui fait qu'ils sont largement utilisés en aquariophilie[1]. Spécifiquement, le chirurgien ouest-africain est de couleur brune avec des lignes longitudinales ondulées bleu clair. Une grande zone elliptique jaune orangé entoure l'épine caudale. La membrane operculaire est brun foncé et le bord postérieur de la nageoire caudale présente une étroite bande blanchâtre[2].

A. monroviae peut atteindre une longueur standard maximale de 45 cm, mais sa taille habituelle est d'environ 38 cm en longueur standard[2].

Systématique[modifier | modifier le code]

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Acanthurus monroviae Steindachner, 1876[3].

Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Chirurgien[3], Chirurgien chas-chas[3], Docteur[3], Poisson-chirurgien ouest-africain[3].

Acanthurus monroviae a pour synonymes[3] :

  • Acanthurus monrovie Steindachner, 1876
  • Teuthis munroviae (Steindachner, 1876)

En 2023, il y a 85 espèces d'acanthuridés décrites qui sont réparties en six genres[4]. Une étude de 2013[5] a présenté une révision complète de la chronologie de l'évolution de la famille des Acanthuridae (poissons-chirurgiens et alliés). Parmi eux, la sous-famille des Acanthurinae, dont fait partie le chirurgien ouest-africain, représente un groupe ancien dont l'origine remonte à ∼42 Ma. Parmi les éléments mis en avant dans cette étude il y a l’évolution de la morphologie de l’estomac. Ces derniers sont à parois épaisses, semblables à des gésiers, et n'auraient évolué qu'une seule fois au sein d’Acanthurus. Cette morphologie a conduit les auteurs à postuler une origine commune de cet organe chez Acanthurus et Ctenochaetus et à recommander de fusionner les deux genres.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Son épithète spécifique, monroviae, lui a été donnée en référence à Monrovia, la capitale du Liberia[6].

Distribution[modifier | modifier le code]

L'espèce est présente dans l'océan Atlantique tropical oriental, du Sud du Maroc à l'Angola, y compris les îles Canaries, le Cap-Vert et le golfe de Guinée. Elle a été observée dans la mer Méditerranée depuis 1987[7], au Sud de l'Espagne, en Tunisie, Algérie, Israël et Grèce[8]. Des individus isolés ont également été signalés sur les côtes brésiliennes[9],[10] et dans la mer Noire[11].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Les stratégies de reproduction de la plupart des espèces du genre Acanthurus sont bien connues à l'exception notable de celle du chirurgien ouest-africain dont la biologie reste en grande partie inconnue à ce jour (2023). La ponte par paires ou en groupe est présente chez les acanthuridés en général, certaines espèces présentant les deux stratégies. La ponte par paires est souvent observée au sein de populations de poissons à faibles effectifs ainsi que cela a été noté chez les individus d’A. monroviae présents sur les côtes brésiliennes[12]. Mais cette observation, effectuée justement sur des effectifs réduits, ne permet pas d'affirmer que cette stratégie est celle de l'espèce sur l'ensemble de son aire de distribution native et notamment là où elle est présente en grand nombre et forme parfois de larges bancs[13].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Tout comme la plupart des acanthuridés, les chirurgiens ouest-africains sont principalement herbivores mais ont une tendance à l’omnivorie et peuvent consommer également des ressources alimentaires planctoniques d’origine animale, des détritus organiques[14] et des invertébrés et sont fortement associés aux environnements récifaux[15].

Protection[modifier | modifier le code]

Acanthurus monroviae a été évalué pour la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en 2010 et à cette date, Acanthurus monroviae était classé dans la catégorie « Préoccupation mineure »[9].

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Yvonne J. Sadovy et Amanda C. J. Vincent, « Chapter 18 - Ecological Issues and the Trades in Live Reef Fishes », dans Coral Reef Fishes, Academic Press, (ISBN 978-0-12-615185-5, lire en ligne), p. 391–420
  2. a et b Randall, J.E., 1981. Acanthuridae. In W. Fischer, G. Bianchi et W.B. Scott (eds.). FAO species identification sheets for fishery purposes: Eastern Central Atlantic fishing area 34, 47 (in part): introductory material; bony fishes (technical terms, general remarks, aid to the identification of families occurring in the EC Atlantic, families Acanthuridae to Centrolophidae), vol. 1, FAO Rome, Italy & Department of Fisheries and Oceans, 1981
  3. a b c d e et f GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 18 septembre 2023
  4. Fricke, R., Eschmeyer, W. N. & R. van der Laan (eds) 2023. Eschmeyer's catalog of fishes: genera, species, references.(http://researcharchive.calacademy.org/research/ichthyology/catalog/fishcatmain.asp). Consulté le 18 septembre 2023.
  5. Laurie Sorenson, Francesco Santini, Giorgio Carnevale et Michael E. Alfaro, « A multi-locus timetree of surgeonfishes (Acanthuridae, Percomorpha), with revised family taxonomy », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 68, no 1,‎ , p. 150–160 (ISSN 1055-7903, DOI 10.1016/j.ympev.2013.03.014, lire en ligne, consulté le )
  6. Etyfish - Acanthuriformes, consulté le 19 septembre 2023
  7. Golani, D., Azzurro, E., Jakov, D., Massutí, E., Orsi Relini, L., Briand, F., Atlas of Exotic Fishes in the Mediterranean Sea. 2nd Edition., vol. 1, CIESM, (ISBN 9789299000342)
  8. (en) « First Record of the African Surgeonfish Acanthurus monroviae (Osteichthyes: Acanthuridae) In the Hellenic Waters », Journal of Aquaculture & Marine Biology, vol. Volume 2, no Issue 6,‎ (ISSN 2378-3184, DOI 10.15406/jamb.2015.02.00047, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Abesamis, R., Clements, K.D., Choat, J.H., McIlwain, J., Myers, R., Nanola, C., Rocha, L.A., Russell, B. & Stockwell, B. 2012. Acanthurus monroviae. The IUCN Red List of Threatened Species 2012: e.T178023A1524335. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2012.RLTS.T178023A1524335.en. Accédé le 17 Septembre 2023.
  10. (en) O. J. Luiz-Junior, S. R. Floeter, J. L. Gasparini et C. E. L. Ferreira, « The occurrence of Acanthurus monroviae(Perciformes: Acanthuridae) in the south-western Atlantic, with comments on other eastern Atlantic reef fishes occurring in Brazil », Journal of Fish Biology, vol. 65, no 4,‎ , p. 1173–1179 (ISSN 0022-1112 et 1095-8649, DOI 10.1111/j.0022-1112.2004.00519.x, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Alexander Boltachev et Evgeniia Karpova, « Penetration of Monrovia Surgeonfish Acanthurus monroviae (Perciformes: Acanthuridae) to the Black Sea », Turkish Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, vol. 20, no 8,‎ , p. 623–627 (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Osmar J. Luiz, Ivan Sazima, Luis F. Waib et Carlos Eduardo L. Ferreira, « A honeymoon in Brazil: the spawning behavior of an exotic reef fish in the western south Atlantic », Neotropical Ichthyology, vol. 8,‎ , p. 369–371 (ISSN 1679-6225 et 1982-0224, DOI 10.1590/S1679-62252010000200016, lire en ligne, consulté le )
  13. Randall, J. E., Surgeonfishes of Hawai’i and the world, Honolulu, Mutual Publishing and Bishop Museu Press, (ISBN 978-1-56647-561-7)
  14. (en) J. Choat, K. Clements et W. Robbins, « The trophic status of herbivorous fishes on coral reefs », Marine Biology, vol. 140, no 3,‎ , p. 613–623 (ISSN 1432-1793, DOI 10.1007/s00227-001-0715-3, lire en ligne, consulté le )
  15. Selma O. Klanten, Lynne van Herwerden, J. Howard Choat et David Blair, « Patterns of lineage diversification in the genus Naso (Acanthuridae) », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 32, no 1,‎ , p. 221–235 (ISSN 1055-7903, DOI 10.1016/j.ympev.2003.11.008, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Randall, J. E., Surgeonfishes of Hawai’i and the world, Honolulu, Mutual Publishing and Bishop Museu Press, (ISBN 978-1-56647-561-7)
  • (en) Tebbett, S. B., Siqueira, A. C., Bellwood, D. R., « The functional roles of surgeonfishes on coral reefs: past, present and future », Reviews in Fish Biology and Fisheries, vol. 32, no 2,‎ , p. 387‑439 (ISSN 1573-5184, DOI 10.1007/s11160-021-09692-6)
  • (en) Fernandes, M. A., Cioffi, M. de B., Bertollo, L. A. C., Costa, G. W. W. F. da, Motta-Neto, C. C. da, Borges, A. T., Soares, R. X., Souza, A. S. de, Pinthong, K., Supiwong, W., Tanomtong, A., Molina, W. F., « Evolutionary Tracks of Chromosomal Diversification in Surgeonfishes (Acanthuridae: Acanthurus) Along the World’s Biogeographic Domains », Frontiers in Genetics, vol. 12,‎ (ISSN 1664-8021, lire en ligne, consulté le )