Al-Mumtahina

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60e sourate du Coran
L’Éprouvée
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْمُمْتَحِنَةِ, Al-Mumtahina
Titre français L’Éprouvée
Ordre traditionnel 60e sourate
Ordre chronologique 91e sourate
Période de proclamation Période médinoise
Nombre de versets (ayat) 13
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Al-Mumtahina (arabe : سُورَةُ ٱلْمُمْتَحِنَةِ, français : L’Éprouvée) est le nom traditionnellement donné à la 60e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 13 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Éprouvée[2].

La sourate 60 porte le titre, tiré du 10e verset, de « l’Éxaminée ». Parfois, elle est titrée « l’Épreuve »[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 91e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 110e.

Pour Nöldeke[Note 1] et Schwally, cette sourate est composée de deux textes de périodes différentes. Blachère considère que les deux textes indépendants ont été imbriqués tout au long de la sourate[3].

Interprétations[modifier | modifier le code]

Versets 1-3 : interdictions[modifier | modifier le code]

Ces versets sont des interdictions formulées à destination des croyants. Constitués de règles adressées aux membres de la communauté, cette sourate est proche des « règles de la communauté » de Qumrân[3]. Selon la tradition musulmane, ces premiers versets feraient allusion à un émigré du nom d’Hatib b Abi Balta’a[3].

Selon Bell, le verset 1, plus long que les autres, contient une interpolation. L’identité des personnes évoquées dans cette partie, les « ennemis », « ceux qui expulsent le Messager et vous » est incertaine, bien que Bell y voit une allusion aux Mecquois. Il en est de même dans le verset 2 bien que le phrasé est plutôt similaire à celui utilisé dans le Coran pour évoquer les juifs et les hypocrites[3].

Il ne semble pas y avoir de rapport entre le verset 3 et ce qui précède. Il est une menace eschatologique, ce qui est fréquent dans le Coran[3].


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 60", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1703 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références[modifier | modifier le code]

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. a b c d e et f P. Neuenkirchen, "Sourate 60", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1703 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.