At-Talaq

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65e sourate du Coran
Le Divorce
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلطَّلَاقِ, At-Talaq
Titre français Le Divorce
Ordre traditionnel 65e sourate
Ordre chronologique 99e sourate
Période de proclamation Période médinoise
Nombre de versets (ayat) 12
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

At-Talaq (arabe : سُورَةُ ٱلطَّلَاقِ,, français : Le Divorce) est le nom traditionnellement donné à la 65e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 12 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Le Divorce[2], en référence au contenu du premier verset : « 1. Ohé, le Nabi, quand vous répudiez des femmes, répudiez-les après leur période. Calculez la période. Frémissez d’Allah, votre Rabb. Ne les expulsez pas de leurs maisons. Elles n’en seront pas expulsées, sauf si elles se sont adonnées à un vice manifeste. Voici les bornes d’Allah. Qui transgresse les bornes d’Allah a déjà lésé son être. Tu ne le sais pas, mais peut-être Allah donnera-t-il un nouvel ordre. »

Historique[modifier | modifier le code]

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 99e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 101e.

Un désaccord apparaît entre chercheurs[Note 1] sur la composition de cette sourate. Blachère la considère composée de deux parties distinctes tandis que Prémare en remarque trois. Pour l’auteur, les versets 8 à 12 (composant 2 parties) ont été artificiellement rajoutés aux versets 1 à 7[9].

Interprétations[modifier | modifier le code]

Versets 1-7 : la répudiation des femmes[modifier | modifier le code]

Ces sept premiers versets évoquent la question de la répudiation (talâq) des femmes. Ils formeraient une élaboration de lois antérieures évoquée dans la sourate 2[9].

La tradition musulmane associe ces versets à un épisode de la vie de Mahomet. Ils auraient été proclamés à la suite de la répudiation de sa femme par Abd Allah b. ‘Umar. Nöldeke et Schwally ont remarqué que ce récit est contredit par une autre tradition. Bell, quant à lui, considère ce récit traditionnel comme simplement hors sujet[9].

Les versets 2 et 3 ne formaient originellement qu’un seul verset. Ils évoquent la question de la période d’attente, période entre la proclamation de la répudiation par le mari et son effectivité. Une variante intéressante se trouve dans une lettre ancienne, datant de 721 mais qui pourrait provenir d’une faute de scribe[9].

De même, les versets 4 et 5 pourraient n’en former qu’un[9].


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 65", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1747 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références[modifier | modifier le code]

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 978-2-221-06964-6, BNF 36204897)
  3. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. a b c d et e P. Neuenkirchen, "Sourate 65", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1747 et suiv.