Alexis Hody

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Alexis Hody
Fonctions
Administrateur de la Sûreté publique

(13 ans)
Prédécesseur Emmanuel François
Successeur Napoléon Joseph Verheyen
Biographie
Nom de naissance Alexis – Guillaume – Charles – Prosper Hody
Date de naissance
Lieu de naissance Bruxelles
Date de décès (à 72 ans)
Lieu de décès Bruxelles
Nationalité Belge

 

Alexis Hody, né le à Bruxelles et mort le , est un magistrat belge, administrateur de la Sûreté publique en Belgique de 1839 à 1852.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Alexis Guillaume Charles Prosper Hody est le fils d’un avocat au Conseil souverain du Brabant, Charles Hody et d’Emérence Van Coeckelberghe Van Dutzele. Après des études secondaires à l’Athenée de Bruxelles, Alexis Hody s’inscrit à la faculté de droit de l’Université d'État de Louvain en 1825. En 1829, il sort docteur en droit avec une thèse intitulée Specimen historico-juridicum, de venatione[1]. Hody fonde avec deux autres étudiants, Prosper d'Elhoungne et Adolphe Roussel, un almanach étudiant sous le titre Almanach des étudiants belges des provinces méridionales, pour 1828 et 1829

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Après ses études, Hody hésite entre une carrière d'avocat et le journalisme[2]. Il choisit néanmoins celle d'avocat et est d’abord avocat à la Cour d’Appel de Bruxelles durant quelques mois. Le gouvernement provisoire le nomme juge suppléant au Tribunal de Bruxelles. Rapidement, le , on lui propose le poste de substitut du procureur du roi Gustave Bosquet. Quatre ans plus tard, il est promu procureur du Roi auprès du Tribunal de Première instance de Bruxelles. En 1838, il est appelé par le ministre de l’Intérieur, Barthélémy de Theux de Meylandt, à prendre la fonction d’administrateur de la Sûreté publique, à la place d'Emmanuel François[3]. En effet, celui-ci, n'était pas populaire au sein de la presse et de l'opinion populaire. Il est donc remplacé durant la révision du Traité des XXIV articles[4].Hody prend ses fonctions  d'administrateur le .

La Sûreté publique[modifier | modifier le code]

Au sein de la Sûreté publique, Alexis Hody veille à constituer à la création de fichiers maniables, il met en avant la photographie, il engage des agents compétents et fiables et à il s'assure d’entretenir des liens avec les polices secrètes étrangères[5]. En 1840, il a également la responsabilité d’administration des prisons à la suite d'un arrêté royal donnant cette compétence à la Sûreté publique. Hody est pour un système carcéral de type cellulaire et plus précisément du système pennsylvanien[6]. Il demande, néanmoins, huit ans plus tard, à être relevé de cette fonction pour pouvoir mieux se consacrer à son poste d’administrateur de la Sûreté publique. Il a toutefois gardé le titre d’inspecteur général honoraire des prisons de l’État[7].

À la même période, son combat et celui de l’institution qu’il dirige, sont de maintenir l’ordre et mettre à mal les groupuscules qui pourraient menacer la stabilité du pays. Les orangistes et la conspiration des « paniers percés » ou encore les mouvements socialiste, communiste et anarchiste. Par demande du ministre de la Justice, la surveillance des étrangers devient plus systématique, ainsi que le contrôle des passeports[8]. Alexis Hody s’emploie à dresser des fiches biographiques sur les exilés présents sur le territoire belge. Des expulsions préventives ont lieu, notamment Karl Marx et sa femme[9] ou encore Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire français de 1848, ce qui met en indisposition le ministre de la Justice de Haussy[10]. Alexis Hody a également des frictions avec les bourgmestres des centres urbains et surtout ceux de Bruxelles en voulant centraliser la police. De plus, sa fermeté et sa sévérité à l’égard des réfugiés déplaisent aux magistrats communaux et au bourgmestre Bruxellois, Charles de Brouckère. Après le coup d'État de 1851 par lequel Louis Napoléon Bonaparte renverse la République parlementaire et prépare la restauration de l'Empire, De Brouckère refuse l’arrestation de deux Français à Bruxelles au nom du droit d'asile[11]. Les deux proscrits sont Bianchi et De Buchy, ceux-ci devaient être expulsés, par voiture cellulaire et accompagnés d'un officier de police et sept gendarmes, à Ostende en direction de l'Angleterre. De Brouckère refusa cette pratique et les amena directement au port d'embarquement[12]. De Brouckère offre alors sa démission au roi du poste de bourgmestre de Bruxelles si Hody n'est pas immédiatement remplacé pour avoir ignoré ses prérogatives[13]. Hody est donc forcé de démissionner.

Le , après la démission de Hody du poste d’administrateur, le Gouvernement nomme Napoléon Joseph Verheyen. Alexis Hody reprend alors son poste de procureur du Roi à Bruxelles[14].

Scandale[modifier | modifier le code]

Alexis Hody est au poste de procureur du roi à Bruxelles de 1852 à 1870.

Un scandale politico-financier éclate néanmoins en 1869. La Cote libre de la Bourse de Bruxelles, un journal financier dénonce les méthodes frauduleuses d’André Langrand-Dumonceau. Une instruction est engagée par le procureur général Charles de Bavay, ainsi que Hody. L'instruction aboutit à une ordonnance de non-lieu à l’égard du financier[15]. Le journaliste Armand Mandel est trainé en justice pour diffamation car il avait affirmé que les magistrats de l’affaire, dont Hody, avaient manqué à leurs devoirs. Lorsque Mandel est acquitté en 1870, Hody est muté comme chef de division au Ministère de la Justice, puis directeur de 1873 à 1879, année de sa retraite. Dans cette affaire, Hody était personnellement impliqué puisqu’il avait des actions dans une des sociétés de Langrand et que son fils était le secrétaire particulier de celui-ci[16].

Vie de famille[modifier | modifier le code]

Alexis Hody s'est marié le avec Joséphine de Burlet (1808-1891), fille de Gérard de Burlet, bourgmestre de Perwez

Leur fille Emerence (1831-1907) devient religieuse au Sacré-Cœur de Jette[17]. Leur fils Ludovic (1835-1905), Docteur en Droit, a travaillé à la Royale Belge. Il épouse Hortense de Burtin, fille du bourgmestre de Strombeek, Herman de Burtin. Le mariage est resté sans enfant[18].

Intérêts[modifier | modifier le code]

À côté des différents postes qu’il occupe, Alexis Hody est officier de la garde civique de Bruxelles durant plus de quarante ans. Il est aussi un membre de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Il est aussi président et secrétaire du conseil de fabrique de l'Église Notre-Dame du Sablon à Bruxelles[18] à différents moments de son existence. Il est un membre honoraire de l'Académie royale d'archéologie de Belgique où il s'intéresse à aux dictionnaires géographiques, aux statistiques, aux communes et hameaux de Belgique.

Décorations, récompenses et titres de noblesse[modifier | modifier le code]

En 1839, un an après avoir obtenu son poste d’administrateur, Alexis Hody obtient reconnaissance de noblesse, il est également fait chevalier de l'ordre de Léopold en 1843 et est promu à la dignité de baron en 1847. Alexis Hody a aussi été récompensé par des cours étrangères pour son action[19] :

Publications[modifier | modifier le code]

  • Du système cellulaire dans ses rapports avec le culte catholique, Anvers, 1852[6].
  • Description des tombeaux de Godefroid de Bouillon et des rois latins de Jérusalem, jadis existant dans l'église du Saint-Sépulcre ou de la Résurrection, Bruxelles, H. Goemaere, 1855[20].
  • Godefroid de Bouillon et les rois de Jérusalem, étude historique, Tournai, H. Casterman, 1859[21].
  • Note sur Alexandre Maximilien Laboureur, dans Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, Hayet, 1862[22].
  • Païens ou chrétiens. La vérité sur la question des cimetières, au point de vue social et chrétien, Bruxelles, A. Goemaere, 1862[23].
  • Godefroid de Bouillon à Boulogne-sur-Mer à Bruxelles et à Jérusalem, ‌ Bruxelles, 1863[24].
  • Du badigeon décoratif des églises, dans Bulletin des Commissions d'art et d'archéologie, 1866.
  • Étude épigraphique sur le monument érigé à Bruxelles en 1848, à la mémoire de Godefroid de Bouillon, Bruxelles, Victor Devaux éditions, 1866[25].
  • L’Innocence opprimée. Vie de la bienheureuse Marie de Woluwe, Schaerbeek, 1872.
  • Étude sommaire sur la construction de l'église Notre-Dame du-Sablon, dans Bulletin des Commissions d'art et d'archéologie, 1877.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Alexis Hody, Specimen historico-juridicum, de venatione, Michel, (lire en ligne)
  2. Keunings Luc, « Hody-Warfusée », Biographie nationale,‎ , p. 626-627.
  3. Biographie des hommes du jour, Paris, Dépôt général, , 467 p. (lire en ligne), p. 93-95.
  4. Biographie des hommes du jour industriels, conseillers-d'État, artistes, chambellans, députés, prêtres, militaires, écrivains, rois, diplomates ..., Au Dépôt général, (lire en ligne)
  5. France Nézer, La Sûreté publique belge face aux Tsiganes étrangers (1858-1914), Presses univ. de Louvain, , 233 p. (ISBN 978-2-87558-015-3, présentation en ligne)
  6. a et b Baron ¬de Hody, Du système cellulaire dans ses rapports avec le culte catholique : lettre adressée à S. E. le card. Morichiné. (Extrait d. Annales de l'Acad. d'Archéol : de Belgique.), Impr. Buschmann, (lire en ligne)
  7. Keunings Luc, « Hody-Warfusée », Biographie nationale,‎ , p. 627
  8. E. Gubin et J.-P. Nandrin, La Belgique libérale et bourgeoise (1846-1878), Nouvelle histoire de Belgique, Bruxelles, Editions Complexe, , p. 20
  9. Somerhausen Luc, L'Humanisme agissant de Karl Marx, Paris, Richard-Masse, , 290 p., p. 243
  10. Luc Keunings, « Hody-Warfusée », Biographie nationale,‎ , p. 626-634.
  11. Luc Keunings, Des polices si tranquilles : Une histoire de l'appareil policier belge au XIXe siècle, Presses univ. de Louvain, , 300 p. (ISBN 978-2-87463-170-2, présentation en ligne)
  12. Michel Cordillot, La sociale en Amérique : dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux Etats-Unis, 1848-1922, L'Atelier, , 431 p. (ISBN 978-2-7082-3543-4, présentation en ligne)
  13. Amédée Saint-Ferréol, Les proscrits français en Belgique, ou, La Belgique contemporaine vue à travers l'exil, C. Muquardt, (lire en ligne)
  14. Keunings Luc, « Hody-Warfusée », Biographie nationale,‎ , p. 630
  15. G. Jacquemyns, Langrand-Dumonceau, promoteur d'une puissance financière catholique, Bruxelles, ULB, , p. 10-30
  16. G. Jacquemyns, Langrand-Dumonceau, promoteur d'une puissance financière catholique, vol. 1, Bruxelles, ULB, , p. 158
  17. Annuaire de la noblesse de Belgique, Decq, (lire en ligne)
  18. a et b Luc Keunings, « Hody-Warfusée », Biographie nationale de Belgique,‎ , p. 631-632
  19. Luc Keunings, « Hody-Warfusée », Biographie nationale de Belgique,‎ , p. 625-632
  20. Alexis Guillaume Charles Prosper Hody (baron de.), Description des tombeaux de Godefroid de Bouillon et des rois latins de Jérusalem jadis existant dans l'église du Saint-Sépulcre ou de la Resurrection, H. Goemaerle, (lire en ligne)
  21. Alexis-Guillaume-Charles-Prosper de (Bon) Hody, Godefroid de Bouillon et les rois latins de Jérusalem : étude historique... précédée de considérations sur la première croisade.., P. Lethielleux, (lire en ligne)
  22. Annuaire de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Palais des Acadeḿie, (lire en ligne)
  23. Cimetières païens ou chrétiens : la vérité sur la question des cimetières au point de vue social et chrétien, Goemare, (lire en ligne)
  24. Godefroid de Bouillon à Boulogne-sur-Mer, à Bruxelles et à Jérusalem : lettre à M : le comte d'Héricourt, la Revue belge et étrangère, (lire en ligne)
  25. Étude épigraphique sur le Monument érigé à Bruxelles en 1848 à la mémoire de Godefroid de Bouillon, Devaux, (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Hody », dans Annuaire de la noblesse de Belgique, vol. 9, Bruxelles, Mucquardt, 1855, p. 299-303.
  • « Hody Alexis », dans Biographie des hommes du jour, t. V, Paris, Dépôt général, 1840, p. 93-95.
  • « Hody Alexis », dans Biographie générale des Belges morts et vivants, Bruxelles, G. Deroovers, 1850, p. 217.
  • État présent de la noblesse belge, Bruxelles, 1990, p. 287.
  • F. Caestecker, Alien Policy in Belgium, 1840-1940. The Creation of Guest workers, Refugees and Illegal Aliens, Oxford, Berghahn, 2000, p. 1-18.
  • Marc Cools, Koenraad Dassen et Robin Libert, De staatsveiligheid : essays over de 175 jaar veiligheid van de Staat, Bruxelles, Politeia, 2005.
  • Michel Dumoulin (dir.) e.a., Nouvelle histoire de Belgique, vol. 1, Bruxelles, Complexe, 2005.
  • G. Jacquemyns, Langrand-Dumonceau, promoteur d'une puissance financière catholique, Bruxelles, ULB, 1965.
  • L. Keunings, Des polices si tranquilles : une histoire de l'appareil policier belge au XIXe siècle, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2009 (Histoire, justice, sociétés).
  • L. Keunings, « Hody-Warfusée Alexis », dans Biographie nationale, t. 44, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1985, p. 626-634.
  • L. Keunings, « Les grandes étapes de l’évolution de la police secrète en Belgique au XIXe siècle », dans Bulletin trimestriel du crédit communal de Belgique, no 169, 1989, p. 3-30.
  • L. Keunings, « Les relations entre l’administration de la Sûreté publique et la police de Bruxelles (1830-1839). Contribution à l’histoire du maintien de l’ordre à Bruxelles », dans Actes du Colloque des cercles archéologiques de Nivelles, t. 3, Nivelles, 1987, p. 43-54.
  • A. Musin, X. Rousseaux et F. Vessentini (éd.), Violence, conciliation et répression. Recherches sur l’histoire du crime, de l’Antiquité au XXIe siècle, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2008, p. 221-239.
  • F. Nezer, La sûreté publique belge face aux Tsiganes étrangers (1858-1914), Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2011.

Liens externes[modifier | modifier le code]