Ancien fort de Lebanon

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Plan de l'ancien fort de Lebanon, 1843.

L'ancien fort de Lebanon est un ensemble de tumulus et de murs de terre situé dans l'état américain de l'Ohio, dans le comté de Warren, le long de la rive orientale de la rivière Little Miami, environ sept miles, soit 11 km, au sud-est de Lebanon.

Ce site archéologique est la plus grande enceinte préhistorique au sommet d'une colline aux États-Unis[1], avec 5 500 m de murs dans un complexe de 100 acres, soit 0,40 km2.

Construit par les peuples autochtones de la culture Hopewell, qui ont vécu dans la région de 200 av. J.-C. à 400 apr. J.-C., ce site est situé sur une falaise boisée de 82 mètres au-dessus de Little Miami. C'est l'éponyme d'une culture connue sous le nom de Fort Ancien, qui perduré à proximité de ce complexe longtemps après sa construction.

Conservé et entretenu comme parc historique d'État, le site est désigné monument historique national pour son importance. L'État de l'Ohio a acheté le terrain et en a fait le premier parc d'État de l'Ohio en 1891. Il fait de plus partie du Hopewell Ceremonial Earthworks, il est ainsi l'un des quatorze sites proposés en par le Département américain de l'intérieur pour une soumission potentielle par les États-Unis pour être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco[2].

Histoire et description[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

Les travaux de terrassement et de construction de ce fort ont été effectués en au moins trois étapes, qui se sont échelonnées sur une période estimée à 400 ans. Des omoplates de cerfs, des bois de wapiti fendus, des houes en coquille de palourdes et des bâtons de fouille ont été utilisés pour travailler la terre, et des paniers de 35 à 40 livres ont été utilisés pour transporter les masses de terre et les répartir au sol lors de la construction des terrassements. Les archéologues estiment le volume total de terre dans les murs à 423 000 m3.

Recherches archéologiques[modifier | modifier le code]

En 1809, The Port Folio, le magazine de Philadelphie, publie la première carte et la première description de l'ancien fort de Lebanon[3]. Les comptes rendus du site par Atwater[4] et Warden[5] plusieurs années plus tard sont presque identiques au rapport de 1809 et à la carte qui l'accompagnait. Le site est ensuite visité et étudié par John Locke en 1843. Dans l'ouvrage Ancient Monuments of the Mississippi Valley d'Edwin Hamilton Davis et Ephraim George Squier, ils décrivent l'ancien fort comme « l'un des travaux les plus étendus, sinon les plus étendus (...) dans tout l'Occident », en ce qui concerne sa taille[6]. Warren K. Moorehead dirige en 1887 plusieurs des premières fouilles archéologiques de l'ancien fort ; il publie en 1891 le résultat de ses recherches dans le livre Fort Ancient: Great Prehistoric Warren County Ohio[7]. Des recherches supplémentaires sont menées par William C. Mills en 1908[8], puis par Richard Morgan et Holmes Ellis en 1939-1940[9].

La recherche contemporaine en archéologie a nettement progessé sur le sujet, notamment grâce à Patricia Essenpreis, Robert Connolly, Robert Riordan.

Patricia Essenpreis dirige une série de fouilles de 1982 jusqu'à sa mort prématurée en 1991. Ces fouilles comprennent la remise au jour et le réexamen des coupes de mur de remblai menées par Richard Morgan. Elles démontrent que les murs de remblai ont été construits en plusieurs étapes et renseignent sur les structures des poteaux à la base des murs. Patricia Essenpreis examine également l'éperon extérieur de la « passerelle 13 » où elle découvre les vestiges démontrant le procédé de fabrication en lamelles. Son dernier projet comprend la fouille d'une plateforme et d'une structure à l'extérieur du terrassement, près du complexe Twin Mound (monticules jumeaux). À cet endroit, elle met en évidence une plateforme de calcaire à trois niveaux avec une activité domestique au niveau le plus ancien (le plus bas)[10].

Robert Connolly travaille sur le sujet de 1987 à 2006. Il collabore avec Patricia Essenpreis puis continue les projets de recherche qu'elle a initiés. Son premier projet consiste à prendre les « canons de construction» de Patricia Essenpreis pour développer une « grammaire architecturale » des éléments de terrassement, démontrant leur emplacement précis et leur rôle dans l'ensemble du complexe de l'ancien fort[11]. En 1995 et 1996, Robert Connolly dirige les études sur les murs de remblai et sur un grand espace intérieur du terrassement de la partie nord du fort, avant la construction d'un nouveau musée. Les résultats des fouilles du mur de remblai confirment la conclusion de Patricia Essenpreis sur plusieurs niveaux de construction, mais ajoutent un niveau de complexité dans l'alternance du contenu des différents niveaux de construction, de nombreuses caractéristiques sous le mur de remblai et une plateforme de calcaire à trois niveaux à l'extérieur du mur, qui contenait une cache d'os d'animaux brûlés[12]. Les fouilles dans l'espace intérieur de la partie nord du fort ont révélé la présence de dix structures d'habitation[13].

Robert Riordan dirige à partir de 2006 des fouilles dans le terrassement du Fort Nord du complexe. Ces fouilles révèlent une série complexe de postes et de zones d'activités, certaines avec un brûlage intense[14]. Riordan l'a appelé le Moorehead Circle (Cercle Moorehead) en l'honneur de Warren K. Moorehead, l'archéologue qui a effectué les premières fouilles sur le site.

Interprétations[modifier | modifier le code]

Certains archéologues pensaient à l'origine que le site avec sa muraille avait été créé pour fournir un abri contre les ennemis. Cependant, cette interprétation est désormais écartée car le site présente plusieurs anomalies incompatibles avec une utilisation défensive. Ainsi, les fossés sont situés à l'intérieur des murs, plutôt qu'à l'extérieur comme moyen de défense. De plus, les 84 ouvertures de portes dans les murs n'auraient pas pu être défendues en cas d'attaque. Enfin, aucune preuve n'a été trouvée pour prouver la présence sur le site du nombre d'occupants nécessaire pour une force de défense importante. Sur la base du corpus total de recherches archéologiques, l'interprétation fonctionnelle actuelle est que les murs ont été conçus à des fins sociales, économiques, politiques et cérémonielles[15].

La recherche démontre que l'architecture du site était alignée selon des événements astronomiques importants[16]. Dans le coin nord-est du complexe, quatre monticules circulaires recouverts de pierre sont disposés en carré. Le monticule sud-ouest des quatre est interprété comme ayant fonctionné comme un point central qui s'alignait avec les ouvertures de porte dans les murs de remblai pour marquer les événements solaires et lunaires importants[17].

Musée[modifier | modifier le code]

Le site comprend maintenant un musée de 840 m2 couvrant 1500 ans d'héritage amérindien dans la vallée de l'Ohio. Les collections portent sur les premiers peuples d'Amérique du Nord, le développement de l'agriculture et l'impact des Européens qui ont émigré dans la région et sont entrés en conflit avec les Amérindiens vivant alors dans la région. Le musée comprend également une salle de cours, un espace de recherche et une boutique.

Village de l'ancien fort[modifier | modifier le code]

Des années 1800 jusqu'au début des années 1900, un village existait sur la rive est de la rivière Little Miami, au pied des hauteurs de l'ancien fort. Le village avait autrefois un bureau de poste créé en 1846, un hôtel, un atelier de forgeron et d'autres commerces et résidences. Le village n'existe plus, mais abrite actuellement un loueur de canoë et un camping privé. Au XIXe siècle, Fort Ancient était un arrêt sur le Little Miami Railroad. Une taverne historique appelée Cross Keys Tavern subsiste sur la rive ouest de la rivière Little Miami et est inscrite au registre national des lieux historiques. La zone est actuellement un accès public par le sentier du Little Miami Bike Trail, qui passe par l'ancienne voie terrain ferroviaire le long de la rivière. Il y a un accès public vers le site et un parking au bord de la rivière Little Miami.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Smith, Steve, « Arts & Attractions », sur Cincinnati USA City Guide, Cincinnati Magazine, (consulté le ), p. 22.
  2. "Secretary Kempthorne Selects New U.S. World Heritage Tentative List", Dept. of Interior, 22 Jan 2008, accessed 5 Dec 2008.
  3. (en) T.H. Smith, The Mapping of Ohio, Kent, Ohio, Kent State University Press, .
  4. (en) Caleb Atwater, « Description of the Antiquities Discovered in the State of Ohio and other Western States », Transactions and Collections of the American Antiquarian Society, 1820.
  5. M. Warden, « Recherches sur les Antiquités des États-Unis », Recueil de Voyages et de Mémoires, Paris, La Société de Geographie,‎ , p. 372-506.
  6. (en) Ephraim George Squier et Edwin Hamilton Davis, Ancient Monuments of the Mississippi Valley, Smithsonian Institution, , 79-86 p. (lire en ligne)
  7. (en) Warren K. Moorehead, Fort Ancient: The Great Prehistoric Earthwork, AMS Press, 1891.
  8. (en) William C. Mills, Field notes from 1908 excavations at Fort Ancient, Ms. on file, 1908, Ohio Historical Society, Columbus Ohio.
  9. (en) Richard Morgan et Holmes Ellis, Field Notes from 1939 and 1940 Excavations at the Fort Ancient State Memorial, 1939-1940, Ms. on file, Ohio Historical Society, Columbus.
  10. (en) Robert Connolly, Middle Woodland Hilltop Enclosures: The Built Environment, Construction and Function, Ann Arbor, University Microfilms, .
  11. (en) Robert Connolly, « The Architectural Grammar of Middle Woodland Hilltop Enclosures: Fort Ancient as a Case Study », dans Ancient Earthen Enclosures of the Eastern Woodlands, sous la direction de Lynne Sullivan et Robert Mainfort, Gainesville, University Press of Florida, 1998.
  12. (en) Robert Connolly et Lauren Sieg, The Gateway 84 Embankment Wall. Volume II, 1995 Report of Investigations at the Fort Ancient State Memorial, copy on file, Ohio Historical Society, Columbus, .
  13. (en) Adrienne Lazazzera, « Hopewell Household Variation at the Fort Ancient Site », dans In The Fort Ancient Earthworks, sous la direction de Robert P. Connolly et Bradley T. Lepper, Ohio Historical Society, , p. 84-106.
  14. (en) Robert Riordan, « The End », dans Brian G. Redmond et Robert A. Genheimer, Building the Past: prehistoric wooden post architecture in the Ohio Valley-Great Lakes, Gainesville, University Press of Florida, , p. 126-145.
  15. (en) Robert Connolly, « Time, Space, and Function at Fort Ancient »,  dans The Fort Ancient Earthworks: Prehistoric Lifeways of the Hopewell Culture in Southwestern Ohio, sous la direction de Robert P. Connolly et Bradley T. Lepper, Columbus, Ohio Historical Society, 2004.
  16. (en) William Romain, (2004) « Journey to the Center of the World: Astronomy, Geometry, and Cosmology of the Fort Ancient Enclosure », dans The Fort Ancient Earthworks: Prehistoric Lifeways of the Hopewell Culture in Southwestern Ohio, sous la direction de Robert P. Connolly et Bradley T. Lepper, Colombus, Ohio Historical Society, p. 66-83.
  17. (en) Patricia Essenpreis et David Duszynski, Possible Astronomical Alignments at the Fort Ancient Monument, contribution au 54e congrès annuel de la Society for American Archaeology, Atlanta, 1989.

Sources[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]