Antoinette Butte

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Antoinette Butte
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
TarasconVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Antoinette Anne Marie ButteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
fondatrice d'une communauté religieuse protestante

Antoinette Butte, née le à Lunéville et morte le à Tarascon, est une militante et religieuse protestante française.

D'abord engagée au sein de la Mission populaire évangélique, elle devient l'une des pionnières en France du scoutisme féminin à partir de 1916 et participe aux débuts de la Fédération française des éclaireuses dans les années 1920. Devenue membre de la Fraternité spirituelle des Veilleurs, elle est la principale fondatrice de la Communauté de Pomeyrol à partir de 1938.

Biographie[modifier | modifier le code]

Antoinette Butte est la fille de Marie Seltenmeyer, alsacienne luthérienne et de Henri Butte, officier de cavalerie lorrain et catholique, intéressé par les expériences pédagogiques, membre fondateur de l'École des Roches. Il meurt au début de la Première Guerre mondiale[1]. Elle est baptisée dans l'Église luthérienne puis rejoint l'Église réformée. Elle fait des études secondaires à Paris, où elle passe son baccalauréat en 1916.

Pionnière du scoutisme féminin[modifier | modifier le code]

Elle fait la connaissance en 1915 d'Élisabeth Fuchs, qui a fondé en 1912 le premier groupe d'éclaireuses, au sein d'un foyer de l'Union chrétienne de jeunes filles, rue de Naples à Paris[2]. Cette première esquisse d'une proposition de scoutisme féminin en France est faite dans une approche non-confessionnelle, dans l'optique de s'adresser à toutes les jeunes filles[3]. Sur cette inspiration et sur la demande de Camille Savary, Antoinette Butte crée en 1916 une des premières troupes d'éclaireuses protestantes unionistes au sein de la Maison Verte, dans le cadre de la Mission populaire évangélique dans le 18e arrondissement de Paris[2].

Avec l'appui de Violette Mouchon, elle entreprend de faire une proposition structurée pour le scoutisme féminin en France, et crée à cet effet le premier manuel de l'éclaireuse et la loi de l'éclaireuse, finalisé en 1919[3]. Son adaptation du scoutisme aux filles se base directement sur le livre Éclaireurs, de Robert Baden-Powell, et non sur Girl-Guides, l'adaptation aux filles anglaises par le guidisme qui paraît en 1918[4].

Elle quitte Paris en 1918 et rejoint Nancy pour faire des études de droit. Elle est avocate stagiaire à Nancy en 1920, contre l'avis de sa mère. La même année, à 22 ans, elle est nommée commissaire nationale adjointe du mouvement des éclaireuses protestantes, alors rattaché aux Unions chrétiennes de jeunes filles. En 1921, ce mouvement se joint à des groupes d'éclaireuses neutres pour former un mouvement unique visant à allier l'ensemble des sensibilités spirituelles du scoutisme féminin : la Fédération française des éclaireuses (FFE). Antoinette Butte porte l'approche œcuménique de la Fédération, et s'oppose en ce sens à Georgette Siegrist[4], tout en encourageant la pratique spirituelle dans le quotidien scout de la section unioniste[5]. Elle est plusieurs années commissaire chargée de la région de l'Est pour la FFE, où elle reste engagée jusque dans les années 1930[3].

Fondatrice de la Communauté de Pomeyrol[modifier | modifier le code]

Elle rejoint en 1923 la communauté de prière des Veilleurs, fondée par le pasteur Wilfred Monod. Elle s'engage également à l'Armée du salut. En 1929, elle ouvre un centre de retraite spirituelle à Saint-Germain-en-Laye. En 1938, l'Association des pasteurs de France lui demande de s'occuper d'une maison de retraites spirituelles et de rencontres à Pomeyrol, sur la commune de Saint-Étienne-du-Grès, dans les Bouches du Rhône. Durant la guerre, elle est responsable de l'accueil et ouvre la maison à de nombreuses rencontres de pastorales, catéchétiques, et de mouvements d'adultes, ainsi qu'à de nombreux réfugiés et fugitifs. C'est dans ce cadre que sont élaborées, en 1941, les « Thèses de Pomeyrol », l'un des premiers actes de résistance spirituelle au nazisme en France[4]. Le lieu est réquisitionné en , utilisé par les FFI puis comme camp. Il n'est récupéré, très abîmé, qu'en 1946 et réinvesti avec le soutien du pasteur Boegner[6].

Antoinette Butte y fonde en 1950, avec quatre sœurs, la Communauté de Pomeyrol, consacrée à la prière et la pauvreté, dont elle est responsable jusqu'en 1975. Plusieurs anciennes cheftaines unionistes de la Fédération française des éclaireuses s'y impliquent[4]. Cette communauté est reconnue comme communauté religieuse par l'Église réformée de France en 1953, elle s'inspire du mouvement du «Tiers ordre des Veilleurs» du pasteur Wilfred Monod, et du scoutisme.

Elle meurt le à Tarascon[7].

Publications (sélection)[modifier | modifier le code]

  • L'incarnation ; La sainte cène ; L’Église, Lausanne, Payot & Cie, 1936.
  • Le Cantique des cantiques, Paris : P. Seghers, 1947
  • L'Offrande : office sacerdotal de l'église, Paris, Pomeyrol-St.-Étienne-du-Grès, 1965.
  • Le Chant des bien-aimés, Oberlin, 1973, 352 p.
  • Petite liturgie quotidienne, 1977, 171 p.
  • Semences, méditations, lettres, témoignages, Cahiers de Pomeyrol, no 9, Oberlin, 1989, 190 p.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Bolle et Patrick Cabanel, « Antoinette Butte », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 528-529 (ISBN 978-2846211901)
  2. a et b Denise Oligati, « Antoinette Butte », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes,
  3. a b et c Takako Tobita, La Fédération française des Éclaireurs (FFE) : une histoire de jeunes filles et de femmes dans un mouvement scout féminin en France (1911-1970) : Thèse de doctorat, École des hautes études en sciences sociales, (lire en ligne)
  4. a b c et d Anne-Sophie Faullimmel, « Aux origines du scoutisme féminin en France : la naissance de la Fédération française des éclaireuses (1912-1927) », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, vol. 143,‎ , p. 439–501 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
  5. Pierre Bolle, « Antoinette Butte, les Éclaireuses et l'Évangile », p. 46.
  6. Site de la communauté de Pomeyrol.
  7. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Bolle, « Antoinette Butte, les Éclaireuses et l'Évangile », in Gérard Cholvy, Bernard Comte, Vincent Feroldi, Jeunesses chrétiennes au XXe siècle, Paris, Éditions ouvrières, 1991, p. 44-47
  • Pierre Bolle et Patrick Cabanel, « Antoinette Butte », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 528-529 (ISBN 978-2846211901) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Les thèses de Pomeyrol », notice du Musée protestant.
  • Michel Clément, Un monachisme protestant ? Spiritualités et règles de trois communautés protestantes en France : Reuilly, Pomeyrol, Villeméjane, Paris, 2012, 156 p., voir en ligne
  • Nathalie Duval, « Le scoutisme pour “sortir de chez elles” : la Fédération française des éclaireuses et la promotion féminine (1921-1964) », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, t. 161/1, 2015, p. 109-133
  • Nelly Duret, Antoinette Butte : bâtisseuse de communauté, Éditions Ampelos, 2023, 184 p. (ISBN 978-2356182470)

Liens externes[modifier | modifier le code]