Celestino Alfonso

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Celestino Alfonso
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PierrotVoir et modifier les données sur Wikidata
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Celestino Alfonso, né le à Ituero de Azaba (Province de Salamanque, Espagne) et mort le , fusillé au fort du Mont-Valérien, est un républicain espagnol, soldat volontaire des FTP-MOI au sein du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, dont une dizaine avaient leur portrait sur l'Affiche rouge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Celestino Alfonso et ses parents arrivent en France en 1927 et s'installent à Ivry-sur-Seine. En 1934, il adhère aux Jeunesses communistes et devient responsable du groupe d'Ivry-sur-Seine.

En 1936, il part comme volontaire pour l'Espagne républicaine, dans les Brigades internationales, où il arrive le . Il sert comme mitrailleur avec le grade de sergent à la 3e Brigade puis, à partir de 1937, dans la 14e Brigade en tant que lieutenant en qualité de commissaire politique de compagnie. Blessé à la main droite en 1938, il entre à l'intendance et est nommé peu après commissaire politique de la 2e Brigade avec le grade de capitaine.

En février 1939, il est interné au camp d'Argelès-sur-Mer et en sort le de la même année pour intégrer une compagnie de travailleurs étrangers (CTE)[1].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Pistolet Ruby ' (calibre 7,65 Browning) utilisé pendant l'Occupation par Celestino Alfonso, membre du groupe dit « Manouchian » (coll. Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne).

Revenu à Paris en juin 1940, il travaille jusqu'en janvier 1941, date à laquelle il est arrêté puis incarcéré à la caserne des Tourelles où il séjourne un mois. Libéré, il est envoyé en Allemagne pour travailler jusqu'au [2].

Revenu en France, il milite au Parti communiste clandestin. Il entre en résistance et distribue des tracts. Durant cette période, il est embauché au camp de Satory, au garage automobile Chaillot rue de Chaillot, et aux Établissements ACO à Villacoublay.

En , après l'arrestation de plusieurs de membres de son groupe, il quitte Paris pour Orléans.

En , de retour à Paris il intègre les FTP-MOI de la région parisienne, sous le pseudonyme de Pierrot, dans l'équipe constituée de Leo Kneler et de Marcel Rajman avec lesquels il participe à plusieurs opérations :

  • le , les trois hommes lancent une grenade avenue Paul-Doumer contre la voiture du général Ernst von Schaumburg, commandant du Grand Paris. Toutefois, l'attentat échoue car le général ne se trouve pas, alors, dans son véhicule ;
  • le , Alfonso est désigné pour assassiner un officier allemand qui, chaque jour, vient lire son journal au parc Monceau ;
  • le , Missak Manouchian, Leo Kneler, Marcel Rayman et Celestino Alfonso tuent, rue Pétrarque, un haut dignitaire dont ils ne connaissent pas le nom. Ils apprennent par la suite qu'il s'agit du SS Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO) en France[3].
Clairière des fusillés au Mont-Valérien.

Récit de l'assassinat de Julius Ritter[modifier | modifier le code]

Le service de renseignement FTP-MOI, a remarqué un renforcement des mesures de sécurité rue Saint-Dominique, à Paris : une grosse Mercedes garnie sur les ailes de fanions à croix gammée, pénétrait régulièrement dans la cour de la Maison de la Chimie et un dignitaire nazi en descendait. Après quatre mois de filatures, la direction militaire de la MOI avise Marcel Rajman, Leo Kneler et Celestino Alfonso de préparer un plan d'attaque contre ce dignitaire. L'opération est placée sous l'autorité de Missak Manouchian, responsable militaire des FTP-MOI, depuis fin août 1943.

Le , à 8 h 30, la Mercedes stationne quelques minutes avant d'emporter son passager. Celestino Alfonso tire sur l'officier SS quand il monte en voiture. Les vitres amortissent les balles. L'homme est blessé ; il tente de fuir par la portière opposée, mais Marcel Rayman l'achève de trois balles.

C'est par la presse allemande que les combattants apprennent l'identité du personnage : il s'agit de Julius Ritter, responsable du STO en France. La dénonciation en première page de cet « acte abominable » et les obsèques officielles en l'église de la Madeleine donnent plus d'éclat encore à l'opération.

Pour l'avant-dernier survivant du groupe Manouchian, mort en 2011, Henri Karayan :

« Celestino était notre meilleur tireur, une balle ça suffisait, une balle ou deux[4]. »

Arrestation[modifier | modifier le code]

Filés par la 2e brigade spéciale, Celestino Alfonso est arrêté, le [5], entre son domicile du 16 rue de Tolbiac et Ivry-sur-Seine alors qu'il allait voir sa mère[6]. Incarcéré à la prison de Fresnes, Celestino Alfonso est condamné à mort et fusillé au fort du Mont-Valérien le avec 21 autres membres des FTP-MOI, dont les dix de l'Affiche rouge[7],[1],[8].

Affiche rouge[modifier | modifier le code]

Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

Son nom figure sur l'« Affiche rouge » éditée par les Allemands :

« Alfonso, Espagnol rouge, 7 attentats »

Mort pour la France[modifier | modifier le code]

La mention « mort pour la France » est attribuée à Celestino Alfonso par le ministère des Anciens Combattants en date du [9].

Hommage[modifier | modifier le code]

La ville d'Ivry-sur-Seine donne son nom à une rue le [2].

Le , il est cité « Mort pour la France », ainsi que ses 23 autres camarades, avec l'entrée de Missak et de Mélinée Manouchian lors de la cérémonie de panthéonisation en présence d'Emmanuel Macron, président de la République française. Une plaque portant son nom et ceux des 23 résistants du groupe Manouchian est apposée au Panthéon[10]. Son portrait figure avec les autres camarades du groupe des FTP-MOI de l'Île-de-France.

Liste des membres du groupe Manouchian assassinés[modifier | modifier le code]

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian assassinés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :

Filmographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrick Fort, Après Nous : Celestino Alfonso, guérillero dans la Résistance française, Tarbes, Le Solitaire, , 153 p. (ISBN 978-2-36407-039-4) (réédité par Arcane 17 en juin 2016)[11].
  • Gautier Mergey, « ALFONSO Celestino », sur maitron.fr, 10 octobre 2008, dernière modification le 30 janvier 2019.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Paris-Soir du 22 février 1944 : « Le procès des 24 terroristes judéo-communistes - Le Juif Rajman et Alfonso complices de Missak Manouchian font aux juges le récit de l'assassinat du Dr Ritter - Le Hongrois Poczor, les Juifs Glasz, Fingerzweig, Waisbrot, Goldberg, Schapira, et Elek organisaient les déraillements de trains »
  2. a et b Gautier Mergey, « ALFONSO Celestino », sur maitron.fr.
  3. « Le groupe Manouchian », sur ivry94.fr (consulté le ).
  4. Le 21 février 2010, lors d'une interview de Karayan par l'Hebdo.net, lors d'une cérémonie rendant hommage aux fusillés du groupe Manouchian au cimetière parisien d'Ivry.
  5. « Lettre de Alfonso Celestino », sur mont-valerien.fr (consulté le ).
  6. Mairie Ivry, « L'un des derniers témoins de l'Affiche rouge », (consulté le )
  7. Paris-Soir du 21 février 1944 : « Le mouvement ouvrier immigré était dirigé par des Juifs qui prenaient leurs ordres de Moscou »
  8. Paris-Soir du 6 mars 1944 : « Épilogue du procès des terroristes judéo-communistes - Vingt-deux-des condamnées à mort ont été exécutés »
  9. « Célestino ALFONSO alias Montes », base des fusillés du Mont-Valérien, site memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  10. Louis Hausalter, « « Vous entrez ici en soldat » : Macron accueille Manouchian au Panthéon » Accès libre, sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  11. Courte présentation de l'ouvrage, editions-arcane17.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]