Ferrate(VI)

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Comparaison des couleurs d'une solution de ferrate de sodium (à gauche) avec une solution de permanganate (à droite)

Le ferrate(VI) est l'oxyanion inorganique de formule chimique [FeO4]2−. Il est photosensible, donne une couleur violet pâle aux composés et aux solutions qui en contiennent et est l'une des espèces oxydantes connues les plus stables à l'eau. Bien qu'elle soit classée comme base faible, les solutions concentrées contenant du ferrate(VI) sont corrosives, agressent la peau et ne sont stables qu'à pH élevé.

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Le terme ferrate est normalement utilisé pour signifier le ferrate(VI), bien qu'il puisse désigner d'autres anions contenant du fer, dont la plupart sont plus couramment rencontrés que les sels de [FeO4]2−. Ceux-ci incluent les espèces fortement réduites de tétracarbonylferrate de disodium, et les sels du complexe tétrachloroferrate de fer(III) [FeCl4] dans le tétrachloroferrate de 1-butyl-3-méthylimidazolium . Bien que rarement étudiés, les oxyanions ferrate(V) [FeO4]3− et ferrate(IV) [FeO4]4− du fer existent également. Ceux-ci aussi sont appelés ferrates[1].

Synthèse[modifier | modifier le code]

Les sels de ferrate(VI) sont formés en oxydant le fer en milieu aqueux avec des agents oxydants puissants dans des conditions alcalines, ou à l'état solide en chauffant un mélange de limaille de fer et de nitrate de potassium en poudre[2].

Par exemple, les ferrates sont produits en chauffant de l'hydroxyde de fer(III) avec de l'hypochlorite de sodium en solution alcaline[3] :

2 Fe(OH)3 + 3 OCl + 4 OH → 2 [FeO4]2− + 5 H2O + 3 Cl

L'anion est généralement précipité sous forme de sel de baryum (II), formant du ferrate de baryum[3].

Propriétés[modifier | modifier le code]

Fe(VI) est un oxydant fort sur toute la gamme de pH, avec un potentiel de réduction (couple Fe(VI)/Fe(III)) variant de +2,2 V à +0,7 V versus SHE en milieu acide et basique respectivement.

[FeO4]2− + 8 H+ + 3 e ⇌ Fe3+ + 4 H2O ; E0 = +2.20 V (milieu acide)
[FeO4]2− + 4 H2O + 3 e ⇌ Fe(OH)3 + 5 OH ; E0 = +0.72 V (milieu basique)

De ce fait, l'anion ferrate (VI) est instable à des valeurs de pH neutres[2] ou acides, se décomposant en fer (III)[3]: La réduction passe par des espèces intermédiaires dans lesquelles le fer a des états d'oxydation +5 et +4[4]. Ces anions sont encore plus réactifs que le ferrate(VI)[5]. Dans des conditions alcalines, les ferrates sont plus stables et peuvent demeurer 8 à 9 heures à pH 8 ou 9[5].

Les solutions aqueuses de ferrates sont roses lorsqu'elles sont diluées et rouge foncé ou violet à des concentrations plus élevées[4],[6]. L'ion ferrate est un agent oxydant plus puissant que le permanganate[7], et oxyde l'ammoniac en azote moléculaire[8].

L'ion ferrate(VI) a deux électrons non appariés et est donc paramagnétique. Il a une géométrie moléculaire tétraédrique, isostructurale avec les ions chromate et permanganate[4].

Applications[modifier | modifier le code]

Les ferrates sont d'excellents désinfectants et sont capables d'éliminer et de détruire les virus[9]. Ils sont également intéressants en tant que produits chimiques de traitement de l'eau respectueux de l'environnement, car le sous-produit de l'oxydation des ferrates est le fer (III) relativement bénin[10].

le ferrate de sodium (Na2FeO4) est un réactif utile avec une bonne sélectivité et est stable en solution aqueuse à pH élevé, restant soluble dans une solution aqueuse saturée en hydroxyde de sodium.[réf. nécessaire]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Graham Hill et John Holman, Chemistry in context, Nelson Thornes, (ISBN 0-17-448276-0), p. 202
  2. a et b R. K. Sharma, Text Book Of Coordination Chemistry, Discovery Publishing House, , 124–125 p. (ISBN 978-81-8356-223-2)
  3. a b et c Gary Wulfsberg, Principles of descriptive inorganic chemistry, University Science Books, , 142–143 p. (ISBN 0-935702-66-0)
  4. a b et c Egon Wiberg, Nils Wiberg et Arnold Frederick Holleman, Inorganic chemistry, Academic Press, , 1457–1458 p. (ISBN 0-12-352651-5)
  5. a et b Gary M. Brittenham, The Development of Iron Chelators for Clinical Use, CRC Press, , 37–38 p. (ISBN 0-8493-8679-9)
  6. Oxford dictionary of chemistry, Oxford University Press, (ISBN 0-19-860918-3), p. 235
  7. Kenneth Malcolm Mackay, Rosemary Ann Mackay et W. Henderson, Introduction to modern inorganic chemistry, CRC Press, , 334–335 p. (ISBN 0-7487-6420-8)
  8. Karlis Svanks, « Oxidation of Ammonia in Water by Ferrates(VI) and (IV) », Water Resources Center, Ohio State University, (consulté le ), p. 3
  9. Stanley E. Manahan, Environmental chemistry, CRC Press, (ISBN 1-56670-633-5), p. 234
  10. (en) Sharma, Zboril et Varma, « Ferrates: Greener Oxidants with Multimodal Action in Water Treatment Technologies », Accounts of Chemical Research, vol. 48, no 2,‎ , p. 182–191 (ISSN 0001-4842, PMID 25668700, DOI 10.1021/ar5004219, lire en ligne)