Fondation Maeght

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Fondation Maeght
Logo de la Fondation Maeght.
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Type
Ouverture
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Collections
Collections
Art du XXe siècle
Bâtiment
Architecte
Protection
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
623, chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul-de-Vence
Coordonnées
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Aimé Maeght assis à son bureau (une création d'André Arbus), avec devant lui une sculpture d'Alberto Giacometti et une peinture de Georges Braque[2].

La Fondation Maeght (prononcé [mɑɡ][3]) ou Fondation Marguerite et Aimé Maeght est une fondation d’art moderne et d'art contemporain située à proximité du village de Saint-Paul-de-Vence, dans le département des Alpes-Maritimes en France.

Aimé Maeght et son épouse Marguerite étaient des éditeurs, marchands d'art et galeristes. Ils entretenaient une amitié particulière avec plusieurs artistes du XXe siècle, tels que Joan Miró, Alexander Calder, Fernand Léger, Georges Braque, Alberto Giacometti et Marc Chagall. De cette amitié est née la Fondation inaugurée en 1964 par André Malraux. C’est l’architecte catalan Josep Lluís Sert qui réalisa le bâtiment qui héberge la Fondation.

Histoire[modifier | modifier le code]

La Galerie Maeght[modifier | modifier le code]

En décembre 1945, Aimé et Marguerite Maeght inaugurent à Paris la Galerie Maeght, lieu de rendez-vous des artistes, des poètes et des écrivains. Parmi eux, les peintres Matisse, Bonnard et Braque qui apportent leur soutien aux projets d’Aimé Maeght. Le groupe s’agrandit avec l’arrivée d'artistes comme Fernand Léger, Joan Miró, Bram et Geer Van Velde. Puis à nouveau, entre 1946 et 1951, avec Marc ChagallAlexander Calder, Raoul Ubac, Alberto Giacometti et Vassily Kandinsky qui exposent pour la première fois à la Galerie Maeght. Ce couple visionnaire organise en 1947 la première exposition surréaliste autour d’André Breton et de Marcel Duchamp.

La création de la Fondation Maeght[modifier | modifier le code]

Georges Braque, épaulé par André Malraux, alors ministre d'État chargé des Affaires culturelles, suggère à Marguerite et Aimé Maeght de se lancer dans un grand projet de création ex nihilo d’un lieu d’un nouveau genre dans le sud de la France, à Saint-Paul-de-Vence où les Maeght possèdent déjà une maison[4].

Sur les conseils de Braque, le couple Maeght entreprend alors un voyage aux États-Unis en 1955, afin de visiter les fondations américaines telles que la fondation Barnes, la collection Phillips ou le musée Guggenheim[5].

C’est à partir de ces modèles que la Fondation Maeght ouvre ses portes le à Saint-Paul-de-Vence. Elle est inaugurée par André Malraux qui déclare : « Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé autrefois le surnaturel »[6].

La fondation a été entièrement financée par Aimé et Marguerite Maeght lui assurant une indépendance financière lui permettant d’être entièrement indépendante et libre du choix de son programme et de ses expositions.

Le conseil d'administration est actuellement composé de 11 membres où figurent trois représentants des ministères de tutelle. Le directeur est chargé de l’administration, de la conservation des œuvres et des expositions.

Elle est reconnue d’utilité publique et peut ainsi recevoir des dons, legs et mécénats qui lui permettent ainsi de conserver et d’enrichir sa collection, de préserver son patrimoine architectural et de développer des activités culturelles.

Collections[modifier | modifier le code]

La Fondation Maeght possède l'une des plus importantes collections de peintures, de sculptures, de dessins et d’œuvres graphiques d’artistes modernes et contemporains en Europe, avec plus de 13 000 références[7].

La collection de la Fondation regroupe plus de 1 000 peintures et sculptures, 600 dessins, 6 000 gravures et plus de 30 000 livres. Elle est composée des œuvres de la collection personnelle de Aimé et Marguerite Maeght, mais aussi des commandes et des achats faits aux artistes. La collection a pour but d’être variée et de confronter différentes générations d’artistes.

Alberto Giacometti est l'un des artistes les plus visibles à la Fondation. L’ensemble des œuvres de l’artiste forme l'une des deux collections les plus importantes au monde : 35 sculptures, 25 dessins, 60 gravures et lithographies, dont les rares bronzes des années 1930 comme Le Cube, l’Objet invisible ou la Fontaine. La Fondation Maeght possède notamment les deux versions de L’homme qui marche et les deux versions de la Femme debout

La collection comporte aussi une grande partie de l’œuvre de Joan Miró avec huit peintures, 140 sculptures, 75 dessins, une centaine de collages et maquettes et plus d’un millier de lithographies et de gravures.

Expositions[modifier | modifier le code]

Depuis son ouverture en 1964, la Fondation Maeght a organisé plus de 140 expositions thématiques, monographiques ou des expositions d’artistes contemporains dont les principales sont :

La Fondation a aussi organisé des expositions consacrées à des écrivains, à leur rôle dans le domaine de l’art, et aux peintres qu’ils ont défendus. Ce fut le cas pour Pierre Reverdy en 1970, pour René Char en 1971 et en 1973 pour André Malraux.

La Fondation organise également des expositions qui sont présentées à l’étranger dans des musées ou dans des fondations privées comme à Téhéran, à Grenade, à Bruxelles, à Madrid, à Turin ou à Stockholm.

L'architecture[modifier | modifier le code]

Organisation du bâtiment[modifier | modifier le code]

Bâtiment de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence.

Le bâtiment qui abrite les collections de la Fondation a été réalisé par l’architecte catalan Josep Lluís Sert, recommandé par Joan Miró. Le projet initial était de créer un village d’artistes et non un musée.

Josep Lluis Sert calque son plan sur celui d’un village méditerranéen, où l’ensemble se développe autour d’un point central : la chapelle. Chaque bâtiment a sa fonction : la bibliothèque, le café, la librairie, le bureau, les salles d’expositions, les ateliers de gravure et de céramique, comme dans un village.

Le rythme est donné par les claustras blanches et les baies vitrées qui invitent le spectateur à observer les bois, la mer, le patio ou encore le bassin décoré par Braque. L’architecte a conservé les déclivités du sol. Ainsi, les salles d’expositions, patios et jardins sont agencés sur différents niveaux de terrasses et donnent au bâtiment toute son originalité.

La chapelle dédiée à saint Bernard, édifice consacré, renferme un Christ espagnol du XIIe siècle offert par Cristóbal Balenciaga et un chemin de croix taillé dans l’ardoise par Raoul Ubac. L’artiste Raoul Ubac a également créé le vitrail La Croix et le Rosaire et le vitrail Oiseau blanc a été réalisé par Georges Braque.

Une exposition sur l’architecte Joseph Lluis Sert a été organisée en 2014, pour les cinquante ans de la Fondation.

Un bâtiment HQE[modifier | modifier le code]

La Fondation Maeght est le premier bâtiment à porter le titre HQE « Haute qualité environnementale ». Son architecte conçoit un lieu où lumière, ventilation naturelle, circulation d’air, présence d’eau et ombrage végétal sont les maitres mots. Ce bâtiment est un précurseur de l’architecture durable.

Le problème de l’éclairage des salles d’expositions a été résolu grâce aux demi-voutes qui coiffent les toits, véritables « pièges de lumière » qui captent et diffusent la lumière solaire à travers une paroi vitrée.

Josep Lluis Sert a voulu une lumière naturelle qui ne soit jamais directe pour préserver les œuvres. Cette lumière naturelle pénètre dans les bâtiments, et crée ainsi le lien entre l’extérieur et l’intérieur.

Au grand regret des défenseurs de ce projet architectural, de nombreuses ouvertures imaginées par Josep Lluis Sert, notamment les lanterneaux installés sur les toits, ont dû être occultées pour protéger les œuvres à l’intérieur.

Les deux grands impluviums blancs sont l’emblème de la Fondation et assurent deux fonctions : recueillir les eaux de pluie pour alimenter les bassins, et apporter de la fraicheur dans les salles d’exposition grâce à l’ombre qu’ils procurent.

En 2008, l’architecte italien Silvio d'Ascia dirige les travaux de réhabilitation et d’extension.

La contribution des artistes[modifier | modifier le code]

Des peintres et des sculpteurs ont collaboré à l'architecture avec Josep Lluis Sert en créant des œuvres intégrées au bâtiment et à la nature : la cour Giacometti, le Labyrinthe Miró peuplé de sculptures et de céramiques, les mosaïques murales de Marc Chagall et de Pierre Tal Coat, le bassin et la mosaïque de Braque, le vitrail de la chapelle qui reprend le thème exact des Oiseaux que Georges Braque a créé pour le plafond du musée du Louvre[9], la fontaine animée de Pol Bury[10].

L'édifice a été labellisé « Patrimoine du XXe siècle » par le ministère de la Culture[11].

Joan Miró[modifier | modifier le code]

Chaque année, Joan Miró séjourne plusieurs mois à Saint-Paul chez les Maeght, où il travaille dans les ateliers de gravure et de céramique. Pour témoigner de sa reconnaissance, il fera le don de plusieurs centaines d’œuvres à la fondation. En 1979, la Fondation célèbre les 85 ans de l’artiste et dévoile le vitrail monumental que Miró a conçu pour la Fondation.

Le Labyrinthe de Miró :

Aimé Maeght propose à Joan Miró d’investir les jardins de la Fondation. Accompagné de Josep Llorens Artigas, son ami de jeunesse à Barcelone, Miró réinvente la sculpture monumentale, qu’il associe à la nature et à l’architecture. Pour le Labyrinthe, il va créer un monde onirique peuplé d’animaux fantastiques.

L’artiste catalan explore plusieurs matériaux. Il utilise principalement la céramique : le Lézard grimpe sur le mur du patio, le Mur qu’il réalise compte 468 plaques de céramique, la sculpture intitulée le Cadran solaire, ainsi que son œuvre la plus importante : La déesse de la Fécondité. Le mur de brique du bâtiment principal de la Fondation est le support du Personnage, visage de céramique brune juché sur une haute tige de fer.

La Tour est dominée par un oiseau en fer forgé, L’ Oiseau Solaire et L’Oiseau Lunaire sont en marbre de Carrare, la Fourche est en fer et en bronze. Celle-ci reprend le symbole du poing levé du paysan en révolte lors de la guerre d’Espagne. La Grande Arche est réalisée en béton, où Miró a gravé ses signes récurrents au marteau-piqueur.

Au centre d’un bassin se dresse La femme à la chevelure défaite en marbre blanc, et un second bassin accueille trois gargouilles de l’artiste.

On peut aussi voir Le fil d’Ariane, ligne blanche peinte par Miró sur les murets, qui guide le visiteur dans sa promenade.

Alberto et Diego Giacometti[modifier | modifier le code]

La cour Giacometti se trouve en bas du bâtiment principal et ses toits en pagode. Cette cour accueillait les Nuits de la Fondation ainsi que des concerts et des grandes soirées.

Tous les éléments de décoration de la fondation comme les bancs, les portes, les lampes, les lampadaires, ont été conçus par Alberto Giacometti et Diego Giacometti. L’ensemble du mobilier de la cafétéria, appelée Café Diego, est une création spéciale de Diego pour la Fondation. Il réalise les étagères, les comptoirs, les lampes, les chaises ainsi que les tables en bronze et en fer forgé.

Cours Giacometti.

Georges Braque[modifier | modifier le code]

Georges Braque a réalisé le vitrail sud de la chapelle Saint-Bernard en 1962, où son oiseau blanc incarne le sacré. Il dessine aussi un bassin en mosaïque représentant des poissons.

Raoul Ubac[modifier | modifier le code]

Raoul Ubac a réalisé le vitrail nord de la chapelle saint Bernard ainsi que les quatorze stations du Chemin de Croix en ardoise sculptée en 1961. On trouve aussi, sur l’un des murs extérieurs de la fondation, la plus grande sculpture murale de l’artiste.

Marc Chagall[modifier | modifier le code]

Marc Chagall réalise spécifiquement pour la Fondation, une mosaïque murale intitulée « Les Amoureux » ou « Bienvenue ». Elle représente le couple Maeght accueillant les visiteurs[12]. Il signe aussi La Vie, peinture qui résume sa propre existence jusqu'alors.

Jardin de la Fondation.

Une structure multiculturelle[modifier | modifier le code]

Les Nuits de la Fondation[modifier | modifier le code]

La Fondation Maeght ne se présente pas comme un musée mais comme un grand atelier, permettant la rencontre de tous les arts vivants.

Les Nuits de la Fondation Maeght ont eu lieu tous les étés de 1965 à 1970. Le public pouvait ainsi découvrir au sein même de la Fondation des artistes pionniers de la musique expérimentale comme Terry Riley, Pierre Boulez ou encore Cecil Taylor. La Fondation accueillait ainsi la musique contemporaine mais aussi la danse et le théâtre d’avant-garde.

La Bibliothèque[modifier | modifier le code]

La Fondation Maeght comporte une bibliothèque publique ouverte depuis 1972. Elle comprend environ 10 000 volumes sur l’art, les collections complètes des principales revues d’art ainsi que les catalogues des principaux musées du monde. Elle est ouverte sur rendez-vous pour les chercheurs et étudiants[7].

Le Cinéma[modifier | modifier le code]

La Fondation comportait un cinéma d’art et d’essai qui fonctionnait tous les jours en été et trois jours par semaine pendant le reste de l’année. Une cinquantaine de films sur les artistes, la plupart produits par Maeght, y étaient projetés en alternance.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Source : site Géoportail avec cartes à l’échelle 1:25000.
  2. Yoyo Maeght, « Un chic fou ! », www.linkedin.com => article de Yoyo Maeght, la petite fille d'Aimé Maeght,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. D'origine flamande, le nom Maeght est prononcé en France approximativement comme « mâg » ou « maag » (à la différence du Maeght néerlandais, qui se prononce lui comme « makt »).
  4. Isabelle Maeght et Frank Maubert, Maeght : l'aventure de l'art vivant, éd. de La Martinière, (ISBN 2-7324-3485-X et 978-2-7324-3485-8, OCLC 421686281, lire en ligne).
  5. Yoyo Maeght, La fondation Marguerite et Aimé Maeght l'art et la vie, Gallimard, dl 2010 (ISBN 978-2-07-012755-9 et 2-07-012755-9, OCLC 690896531, lire en ligne).
  6. La Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Paris, Maeght Éditeur, , 205 p. (ISBN 2-86941-115-4), p. 48.
  7. a et b Laurence Castro, « La Fondation », sur Fondation Maeght (consulté le ).
  8. Laurence Castro, « Expositions passées », sur Fondation Maeght (consulté le ).
  9. Les Oiseaux du Louvre en vitrail.
  10. (en) « Stones for the Spirit », Time magazine, .
  11. Liste d'édifices du XXe siècle de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, sur patrimoine-xx.culture.gouv.fr. Consulté le 2 mai 2012.
  12. Yoyo Maeght, Maeght : L'aventure de l'art vivant, Paris, La Martinière, , 306 p. (ISBN 2-7324-3485X), p. 45-143

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Presse[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Condis, « La fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence : Artistes au grand air », Challenges, no 664,‎ , p. 92-94 (ISSN 0751-4417)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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