Gares fortifiées en Algérie

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La gare de Moghrar, gare typique des gares fortifiées en Algérie.

Les gares fortifiées en Algérie sont un ensemble de gares ferroviaires construites pendant la colonisation de l'Algérie par l'armée française, à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle dans le nord-ouest de l'Algérie, sur la ligne d'Oran à Kenadsa entre Saïda et Béchar.

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1874, la Compagnie franco-algérienne obtient la concession d'une ligne ferroviaire entre Arzew et Saïda. Cette ligne a pour objet principal le transport de l'alfa, récolté dans la région de Saïda, vers le port d'Arzew pour son importation en France métropolitaine. La ligne, longue de 170 km, est mise en service en 1879 pour le transport de l'alfa mais aussi au service voyageurs.

En 1881, l'armée française fait face à des soulèvements de tribus menées par Cheikh Bouamama. Aussi, pour permettre un acheminement rapide des troupes, le ministère de la guerre décide la construction d'un prolongement de 180 km de la ligne d'Arzew à Saïda en direction de Mécheria, au cœur des Hauts Plateaux. Les travaux sont réalisés par l'armée en quelques mois. Une première section, de Saïda au Kreider (actuelle El Kheiter), est ouverte en . Une seconde section, du Kreider à Mécheria, est ouverte en [1]..

Quelques années plus tard, l'armée entreprend un nouveau prolongement de la ligne, de 100 km, en direction de Aïn Sefra, dans l'Atlas saharien. L'objectif est de faciliter la pacification de la région de Figuig, à la limite entre le Maroc et l'Algérie, où des troubles ont lieu régulièrement depuis Traité de Lalla Maghnia (1845) qui n'avait pas défini de frontière dans cette zone. Cette section, entre Mécheria et Aïn Sefra, est ouverte en . La ligne est à nouveau prolongée par étapes, entre 1901 et 1906, jusqu’à Colomb-Béchar (actuelle Béchar), où une importante garnison est présente, dans le but de sécuriser la zone frontalière algéro-marocaine, foyer permanent d'agitation de la part de tribus hostiles à l'implantation française.

Tout le long de la ligne, de Saïda à Béchar, l’armée établit de petites gares espacées de dix ou vingt kilomètres. Construites comme de petites redoutes militaires, ces gares sont des postes militaires bien plus que des gares de voyageurs[2],[1]. Leur rôle est de permettre le cantonnement de petites unités militaires pour assurer la sécurité de la ligne face aux attaques des tribus. Certaines peuvent servir de points de rassemblement d'unités transportées par trains, dans le cadre d'opérations militaires.

Description[modifier | modifier le code]

Les gares fortifiées sont généralement constituées d'un bâtiment carré, donnant sur la voie ferrée et faisant office de bâtiment voyageurs. Ce bâtiment accueille les services du chef gare ainsi que le commandement de l’unité militaire. Bien souvent, le bâtiment se situe sur la façade avant d'une grande cour rectangulaire protégée par de hauts murs donnant à la gare l'aspect d’un fort militaire typique des places fortes de l'armée française dans le Sahara. La cour pouvait servir de lieu de garnison aux unités militaires et de refuge pour le chef de gare, sa famille et les employés de la compagnie[3].

Des sortes d'échauguettes en tôle sont installées aux angles du bâtiment principal, elles abritent des guetteurs et permettent une défense en hauteur de la gare. Les murs comportent de petites ouvertures et des meurtrières pour des tirs sur d'éventuels ennemis. Les portes et les fenêtres sont blindées[4],[3].

Pour la plupart, ces gares sont construites en dehors de toutes zones habitations, dans des endroits totalement désertiques. Certaines servent aussi de gare de croisement des trains.

Liste des gares fortifiées[modifier | modifier le code]

Sur environ 380 km, Une trentaine de gares fortifiées ont été établies entre El Biod et Béchar[5],[1] :

Note : les nombres entre parenthèses correspondent aux points kilométriques des gares comptés depuis la gare d'Oran.

Galerie de photographies[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Pascal Bejui, Luc Raynaud et J-P Vergez-Larrouy, Les chemins de fer de la France d'outre-mer : L'Afrique du Nord, le transsaharien, vol. 2, La Regordane, , 272 p. (ISBN 978-2906984134), p. 36-42.
  2. Henri Lartilleux, Géographie des chemins de fer français : Troisième volume : Afrique du Nord, vol. 3, t. I, Édition Librairie Le Chaix, , p. 60.
  3. a et b Charles Lallemand, L'Ouest de l'Algérie. Réseaux exploités par la compagnie de l'Ouest-Algérien, lignes de l'Ouest-Algérien et de la Cie franco-algérienne, Paris, Challamel et Cie, , 224 p. (lire en ligne), p. 148.
  4. « Algérie, gare fortifiée de Moghrar », sur EHNE (consulté le ).
  5. Dictionnaire des communes de l'Algérie, villes, villages, hameaux, douars, postes militaires, bordjs, oasis, caravansérails, mines, carrières, sources thermales et minérales, comprenant en outre les villes, villages, oasis du Touat, du Gourara, du Tidikelt et de la vallée de l'Oued-Saoura, Alger, Pierre Fontana, , 274 p. (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Jacques Poggi, Les chemins de fer d'intérêt général de l'Algérie : aperçu historique, organisation actuelle, programme d'avenir, Paris, Larose, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Henri Lartilleux, Géographie des chemins de fer français : Troisième volume : Afrique du Nord, vol. 3, t. I, Édition Librairie Le Chaix, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Pascal Bejui, Luc Raynaud et J-P Vergez-Larrouy, Les chemins de fer de la France d'outre-mer : L'Afrique du Nord, le transsaharien, vol. 2, La Regordane, , 272 p. (ISBN 978-2906984134). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes[modifier | modifier le code]