Hypleurochilus langi

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Hypleurochilus langi est une espèce de poissons des eaux marines et saumâtres africaines de la famille des Blenniidae.

Description[modifier | modifier le code]

Chez cette espèce, les tentacules supraorbitaires représentent environ les deux tiers du diamètre de l'œil à deux fois ce diamètre, avec une plus grande longueur observée chez les mâles. La forme de ces tentacules varie, allant d'un seul appendice portant de deux à quatre petits filaments à quatre appendices d'égale longueur. La narine antérieure est tubuleuse, généralement accompagnée d'un à quatre filaments nasaux. Les deux sexes présentent une crête médiane sur la tête, formée d'un repli cutané, plus prononcée chez les mâles que chez les femelles. Une seule rangée incurvée de pores céphaliques est présente dans les séries infraorbitaire et pré-operculaire. La ligne latérale ne s'étend pas au-delà du niveau de la cinquième à la dixième épine dorsale. La nageoire dorsale est composée de douze épines et 14-17 (généralement 15-16) rayons mous, la dernière épine étant plus courte que les rayons mous. La nageoire anale présente deux épines et 16-19 (généralement 17-18) rayons mous. La nageoire ventrale comporte une épine et quatre rayons mous, tandis que la nageoire pectorale est composée de 14, rarement 15, rayons. La taille maximale observée est de 83 mm en longueur totale. Le corps est de couleur brune, avec le dessous de la tête et la gorge affichant une teinte plus claire. Parfois, des bandes verticales plus sombres sont visibles sur les flancs, et certains individus arborent une tache sombre située sur la membrane entre la première et la troisième épine dorsale[1].

Répartition[modifier | modifier le code]

Ce taxon se trouve en mer et dans les eaux saumâtres (estuaires et lagunes) le long des côtes africaines du Nord-Sénégal jusqu'au Congo. Il se rencontre dans les pays suivants[2] : Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Guinée, Liberia, Nigeria, République du Congo, Sierra Leone, Sénégal et Togo.

Habitat[modifier | modifier le code]

Hypleurochilus langi est une espèce euryhaline qui se rencontre souvent dans les mangroves entre les pieds des palétuviers et autant dans les eaux hyposalines à l'embouchure des fleuves[3] que dans les eaux hypersalines de l'estuaire du Saloum au Sénégal[4].

Biologie[modifier | modifier le code]

Hypleurochilus langi est classée « Es » (espèce estuarienne stricte)[5] dans la classification écologique d'Albaret[6] pour les espèces de poissons des milieux estuariens et lagunaires d'Afrique de l'Ouest. Cela correspond à une espèce marine, dont la distribution n'est pas limitée aux estuaires, mais qui est inféodée[a] à ces milieux. Au sens où elle est très abondante dans les estuaires et les lagunes, qu'elle s'y reproduit, et présente une distribution vaste et permanente dans les MEL[b] et une euryhalinité[c] très forte. Mais cela est en contradiction avec la classification de Whitfield où elle est classée parmi les « Marine stragglers » (marins errants ou occasionnels marins), ce qui correspond à des « espèces de poissons marins qui se reproduisent en mer et dont seule une petite partie de la population globale pénètre dans les estuaires ou les utilise. La plupart de ces espèces sont confinées dans les estuaires inférieurs, où elles sont peu nombreuses »[7]. Mais cette dernière classification pourrait être erronée car il a été montré[8] que l'espèce se reproduit et que ses larves sont régulièrement collectées dans l'estuaire du Saloum tout au long de l'année, ce qui indiquerait que cette espèce a une stratégie de frai prolongée et est bien adaptée aux différentes salinités. Néanmoins, la question n'est pas tranchée, car si d'un côté l'espèce est décrite comme euryhaline par Wirtz[3], l'estuaire du Saloum est un estuaire particulier. Il s'agit d'un « estuaire inverse »[9] où les flux fluviaux sont quasi nuls et où la salinité augmente de l'embouchure vers l'amont. Par ailleurs, H. langi n'a pas été rencontrée dans les autres estuaires de la région ouest-africaine malgré des campagnes de pêche expérimentale extensives entre 1979 et 2013[10]. Cependant, il faut relever aussi que, compte tenu de leur habitat (zones de bordures peu profondes) et de leur petite taille, les H. langi ne sont pas très accessibles à la senne tournante utilisée dans cette dernière étude[4].

C'est une espèce qui présente un comportement sonifère sous l'eau, elle est susceptible de produire des sons dans des conditions naturelles, mais cette hypothèse n'est pas confirmée[11].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Très peu de choses sont recensées dans la littérature scientifique sur la reproduction de cette espèce. Comme la plupart des Blennies H. langi est ovipare et la ponte est gardée par le mâle[12], et comme déjà indiqué ci-dessus ses larves sont régulièrement collectées dans l'estuaire du Saloum tout au long de l'année, ce qui indiquerait que cette espèce a une stratégie de frai prolongée.

Alimentation[modifier | modifier le code]

En 2023 aucune référence directe à l'alimentation de cette espèce n'a été trouvée dans la littérature scientifique. Un ouvrage relativement récent (2009) sur la biologie des blennies[13] ne la mentionne qu'une fois dans une liste d'espèces, sans aucune précision.

Pêche[modifier | modifier le code]

Hypopleurus langi n'est pas ciblée par les pêcheries et n'est pas présente en aquariophilie. Elle est sans importance économique autre qu'écologique. Il n'existe pas de données de captures séparées pour H. langi dans la base de données FIGIS de la FAO sur les captures des pêches mondiales[14]. Seule y apparaît une entrée « Combtooth blennies » qui représente l'ensemble des Blennies, mais les captures reportées depuis 1950 sont toutes nulles.

Elle est listée dans le chapitre Blenniidae" des fiches FAO d'identification des espèces à des fins de pêche (zones 34 et 47 de l'Atlantique Centre-Est)[15], mais il est indiqué qu'elle n'a aucune valeur économique et qu'elle n'est pas utilisée en consommation humaine.

Cette espèce ne fait pas l'objet d'une dénomination commerciale par l'Union européenne où la seule espèce de Blennie listée est Blennius ocellaris[16]. Si certaines blennies, comme celles du genre Meiacanthus, sont présentes en aquariophilie, ce n'est pas les cas pour H. langi qui n'est pas citée dans ce contexte[17].

Protection[modifier | modifier le code]

Hypleurochilus langi est une espèce commune, sans intérêt commercial, qui a été évaluée pour la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en 2014. L'espèce était alors classée dans la catégorie "Préoccupation mineure" et la révision de 2016[18] a maintenu ce classement. En 2023 aucune mesure de conservation n'est mise en place pour cette espèce. Cette espèce a été trouvée au moins dans une aire marine protégée (l'AMP de Bamboung au Sénégal).

Systématique[modifier | modifier le code]

L'espèce a été décrite en 1923 par Henry Weed Fowler[19] sous le nom de Blennius langi sur la base d'un seul spécimen provenant de l'embouchure du fleuve Congo. Elle a par la suite été renommée et le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Hypleurochilus langi (Fowler, 1923)[20].

L'ouvrage de 2009 sur la biologie des blennies[13] a, entre autres, fait le point sur la systématique de la famille des Blenniidae qui comprend 57 genres et 387 espèces[21]. En son sein la sous-famille des Salariinae et la tribu des Parablenniini dont fait partie le genre Hypleurochilus Gill, 1861, composé de dix espèces. Bien que le caractère monophylétique des Parableniini soit douteux, il continue à être utilisé et compte actuellement (2023) 14 genres et 82 espèces. Les relations entre ses membres restent l'une des principales questions non résolues dans la systématique des poissons blenniidés[21].

Hypleurochilus langi a pour synonymes[20] :

  • Blennius langi Fowler, 1923
  • Nypleurochilus langi (Fowler, 1923)

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom spécifique de cette blennie fait référence au zoologiste et taxidermiste allemand, Herbert Lang (1879-1957), de l'American Museum of Natural History, qui a aidé à collecter le type[22]. Quant au nom de genre, son étymologie n'est pas expliquée dans la publication d'origine. Jordan et Evermann en 1898[23], dans leur présentation du genre Hypleurochilus indiquent que son étymologie serait : hy-, upsilon (en grec ύψιλον) ; pleuros (en grec πλευρά), côté ; cheilos (en grec χείλος), lèvre, en faisant référence aux « lèvres latérales en forme de V » de H. multifilis.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Daget, J., Bleniidae, Paris, France, ORSTOM, coll. « Faune Tropicale », (ISBN 2-7099-1023-3, lire en ligne Accès libre), « Faune des poissons d’eaux douces et saumâtres de l’Afrique de l’Ouest = The fresh and brackish water fishes of West Africa », p. 796‑797
  2. UICN, consulté le 5 décembre 2023
  3. a et b (en) Wirtz, P., « A revision of the Eastern-Atlantic tripterygiidae (pisces, blennioidei) and notes on some Westafrican blennioid fish », Cybium, 3e série, vol. 11,‎ , p. 83‑101 (lire en ligne Accès libre)
  4. a et b (en) Jean-Marc Ecoutin, Monique Simier, Jean-Jacques Albaret et Raymond Laë, « Ecological field experiment of short-term effects of fishing ban on fish assemblages in a tropical estuarine MPA », Ocean & Coastal Management, vol. 100,‎ , p. 74–85 (DOI 10.1016/j.ocecoaman.2014.08.009, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Jean-Marc Ecoutin, Monique Simier, Jean-Jacques Albaret et Raymond Laë, « Ecological field experiment of short-term effects of fishing ban on fish assemblages in a tropical estuarine MPA », Ocean & Coastal Management, vol. 100,‎ , p. 74–85 (DOI 10.1016/j.ocecoaman.2014.08.009, lire en ligne, consulté le )
  6. J.J. Albaret, Les peuplements des estuaires et des lagunes, IRD Editions, , 325‑349 (ISBN 978-2-7099-2042-1, lire en ligne), « Les poissons des eaux continentales africaines : diversité, écologie, utilisation par l’homme »
  7. (en) AK Whitfield, « Preliminary documentation and assessment of fish diversity in sub-Saharan African estuaries », African Journal of Marine Science, vol. 27, no 1,‎ , p. 307–324. Tableau 6 (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  8. (en) Hans Sloterdijk, Patrice Brehmer, Oumar Sadio et Hanno Müller, « Composition and structure of the larval fish community related to environmental parameters in a tropical estuary impacted by climate change », Estuarine, Coastal and Shelf Science, vol. 197,‎ , p. 10–26 (DOI 10.1016/j.ecss.2017.08.003, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  9. (en) Luc Descroix, Yancouba Sané, Mamadou Thior et Sylvie-Paméla Manga, « Inverse Estuaries in West Africa: Evidence of the Rainfall Recovery? », Water, vol. 12, no 3,‎ , p. 647 (ISSN 2073-4441, DOI 10.3390/w12030647, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Monique Simier, Jean-Marc Ecoutin et Luis Tito de Morais, « The PPEAO experimental fishing dataset: Fish from West African estuaries, lagoons and reservoirs », Biodiversity Data Journal, vol. 7,‎ , Tab. 2 (ISSN 1314-2828 et 1314-2836, PMID 30804701, PMCID PMC6384281, DOI 10.3897/BDJ.7.e31374, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  11. (en) « WoRMS attribute details », sur www.marinespecies.org (consulté le )
  12. Daget, J., 55. Blenniidae, vol. 2, Tervuren, Belgique, IRD, MNHN, MRAC, (lire en ligne Accès libre), « Faune des poissons d’eaux douces et saumâtres de l’Afrique de l’Ouest - The fresh and brackish water fishes of West Africa », p. 622‑624
  13. a et b (en) The biology of blennies, Enfield (N.H.), Science publ, , 482 p. (ISBN 978-1-57808-439-5)
  14. « FIGIS -  Fisheries Statistics - Production », sur firms.fao.org (consulté le )
  15. (en) Fischer, W. (dir.), Bianchi, G. (dir.) et Scott, W.B., FAO species identification sheets for fishery purposes : Eastern Central Atlantic fishing area 34, 47 (in part) : introductory material; bony fishes (technical terms, general remarks, aid to the identification of families occurring in the EC Atlantic, families Acanthuridae to Centrolophidae), vol. 1, Rome, Italy, FAO Rome, Italy & Department of Fisheries and Oceans, , 326 p. (lire en ligne Accès libre), Pages 171-174
  16. « Recherche avancée », sur fish-commercial-names.ec.europa.eu (consulté le )
  17. (en) L.M. Domínguez et á.S. Botella, « An overview of marine ornamental fish breeding as a potential support to the aquarium trade and to the conservation of natural fish populations », International Journal of Sustainable Development and Planning, vol. 9, no 4,‎ , p. 608–632. Chapitre 3.1.6 page 622 (ISSN 1743-7601 et 1743-761X, DOI 10.2495/SDP-V9-N4-608-632, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  18. (en) Polidoro, B., Ralph, G. M., Strongin, K., Harvey, M., Carpenter, K. E., Adeofe, T. A., Arnold, R., Bannerman, P., Nguema, J. N. B. B., Buchanan, J. R., Camara, A. K. M., Camara, Y. H., Cissoko, K., Collette, B. B., Comeros-Raynal, M. T., Bruyne, G. D., Diouf, M., Djiman, R., Ducrocq, M., Gon, O., Harold, A. S., Harwell, H., Hilton-Taylor, C., Hines, A., Hulley, P. A., Iwamoto, T., Knudsen, S., Lewembe, J. D. D., Linardich, C., Lindeman, K., Mbye, E. M., Mikolo, J. E., Monteiro, V., Mougoussi, J. B., Munroe, T., Beh, J. H. M., Nunoo, F. K. E., Pollock, C. M., Poss, S., Quartey, R., Russell, B., Sagna, A., Sayer, C., Sidibe, A., Smith-Vaniz, W., Stump, E., Sylla, M., Tito de Morais, L., Vié, J.-C., Williams, A., Red List of Marine Bony Fishes of the Eastern Central Atlantic., Gland, Switzerland, Publications Office of the International Union for the Conservation of Nature, , 81 p. (lire en ligne Accès libre)
  19. (en) Fowler, H. W., « New fishes obtained by the American Museum Congo Expedition, 1909-1915 », American Museum novitates, New York City : The American Museum of Natural History, no 103,‎ , p. 1‑6 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  20. a et b World Register of Marine Species, consulté le 5 décembre 2023
  21. a et b (en) Hastings, P. A., Springer, V. G., 3 : Systematics of the Blenniidae (Combtooth Blennies), Enfield, NH, USA, Science Publishers, (ISBN 978-0-429-06352-7, lire en ligne), « The Biology of Blennies, 482 pp. », p. 69-91
  22. (en-US) « Order Blenniiformes: Family Blenniidae », sur The ETYFish Project, (consulté le )
  23. (en) David Starr Jordan et Barton Warren Evermann, The fishes of North and Middle America : a descriptive catalogue of the species of fish-like vertebrates found in the waters of North America, north of the Isthmus of Panama, vol. 3, Washington, D.C., USA, Smithsonian Institution, United States National Museum, (lire en ligne Accès libre), p. 2385