John Jay College of Criminal Justice

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John Jay College of Criminal Justice
Histoire
Fondation
Statut
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Établissement d'enseignement supérieur (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Association of American Colleges and Universities (en), American Council on Education (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Chiffres-clés
Étudiants
15 766 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Effectif
2 003 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
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Pays
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Le John Jay College of Criminal Justice est une université publique spécialisée en droit pénal et dont le siège se trouve à New York. Elle fait partie de l'université de la ville de New York. À sa fondation en 1964, le John Jay College est la seule université spécialisée en droit pénal et en expertise médico-légale aux États-Unis[1],[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Haaren Hall au début du XXe siècle. Avant son acquisition par John Jay, le bâtiment s'appelait Haaren High School (en).

Fondation[modifier | modifier le code]

En 1964, une convention réunie par le directoire de l'enseignement supérieur préconise l'ouverture d'une école indépendante et diplômante pour enseigner la sciences policières (en). Cette annonce est suivie de la création de la College of Police Science (COPS), rattachée à l'université de la ville de New York, qui accueille sa première promotion en septembre 1965. Un an plus tard, l'école est rebaptisée « John Jay College of Criminal Justice » pour refléter le spectre plus large de formations proposées[3]. Elle porte le nom de John Jay (1745-1829), premier juge en chef de la Cour suprême des États-Unis et membre des Pères fondateurs des États-Unis. Natif de New York, John Jay est devenu gouverneur de l'État de New York.

À l'origine, les cours avaient lieu à la New York City Police Academy (en). Le premier président de l'université est Leonard E. Reisman, de 1964 à 1970, puis Donald Riddle lui succède de 1970 à 1975.

Époque des manifestations et des controverses[modifier | modifier le code]

Au printemps 1970, le président Richard Nixon annonce l'intensification de la campagne au Cambodge ; l'université abrite deux manifestations « animées » sur ce conflit[4]. Sur l'ensemble du territoire des États-Unis, de nombreuses autres grèves étudiantes éclatent. Le , le John Jay College tient un vote dont les résultats montrent 52 % en faveur (contre 39 % en défaveur) de sa fermeture en protestation au traitement que réserve Nixon à la guerre du Vietnâm et au meurtre d'étudiants par la garde nationale à l'université d'État de Kent et à celle de Jackson. Néanmoins, le corps enseignant décide qu'il revient aux étudiants de choisir la fermeture de l'université. Lors d'une réunion mouvementée des étudiants, ceux-ci votent à 865 voix (contre 791) pour que le John Jay College reste ouvert[5].

À l'été 1970, le professeur Abe Blumberg émet des critiques envers le FBI et son directeur J. Edgar Hoover lors d'un cours sur la siociologie du droit. L'un de ses étudiants, Jack Shaw, est un agent du FBI et analyse le rôle de cet organisme dans la société américaine dans son mémoire de maîtrise, reconnaissant que certaines critiques de Blumberg peuvent être fondées. Son devoir parvient à Hoover, qui ordonne à Shaw de rendre sa démission et annonce au président de la faculté, Donald Riddle, qu'aucun agent du FBI ne fréquenterait plus les cours tant que Blumbergconserverait son poste. Riddle prend la défense de Blumberg en s'appuyant sur la liberté académique[6]. Après la mort de Hoover en 1972, des agents du FBI recommencent à s'inscrire au John Jay College[7].

Recrutement non sélectif[modifier | modifier le code]

La politique d'admission non sélective (en) de l'université de la ville de New York entre en vigueur à l'automne 1970. Cette politique signifie que l'université accepte l'inscription de tout titulaire d'un diplôme d'enseignement secondaire (équivalent d'un baccalauréat) qui souhaite suivre les cours[8]. Sur l'ensemble de l'université, le nombre de nouveaux étudiants explose. Au John Jay College, les étudiants en licence représentent 2 600 personnes en 1969, 4 400 en 1970, 6 700 en 1972 et 8 600 en 1973. Le corps professoral augmente de 20 % entre 1970 et 1972[5]. En outre, ce système d'admission favorise l'entrée d'étudiants « civils » (qui ne font pas partie d'organismes de maintien de l'ordre) sur le campus. Cette croissance massive et soudaine des effectifs affecte profondément l'université. Une part plus importante du budget du John Jay College est allouée à l'intégration d'étudiants de première année manquant de préparation. De plus, l'offre des formations proposées s'est étoffée et englobe désormais des arts libéraux. À cette période du début des années 1970, de nouveaux cursus sont proposés en anglais, en maths, en études américaines et en chimie. Le John Jay College prévoit également un programme de bourses (SEEK program) pour les étudiants issus de milieux modestes et présentant des aptitudes prometteuses[5].

Le président de l'université, Donald Riddle, démissionne de son poste pour prendre la tête de l'université de l'Illinois à Chicago[9]. Son remplaçant est Gerald W. Lynch (en) de 1975 à 1977, qui devient président en titre à partir de 1977 et jusqu'en 2004.

Crise financière de l'université en 1976[modifier | modifier le code]

En 1976, le Conseil d'administration de l'université menace de fermer le John Jay College alors qu'une crise financière frappe l'université de la ville de New York et plus globalement la ville de New York. Le personnel enseignant et administratif se mobilise dans une campagne pour sauver l'établissement et mettent en avant son rôle pour aider à juguler des problèmes de criminalité, entre autres[5]. Après plusieurs semaines d'agitation, le College décide de rogner sur son budget pour conserver son indépendance, au lieu de fusionner avec le Baruch College. Le 5 avril 1976, le Conseil de l'enseignement supérieur vote pour maintenir le John Jay College. Même si les coupes dans le budget sont délicates, l'établissement parvient à rester ouvert.

Développement des cursus[modifier | modifier le code]

En 1980, sous l'influence du président de l'université, Lynch, l'établissement ouvre son premier cursus de doctorat en créant un cursus en justice pénale, qui peut constituer le prolongement de plusieurs maîtrises. Au cours des deux décennies suivantes, les effectifs étudiants et enseignants augmentent, l'établissement offre davantage d'activités extérieures et il développe ses formations. L'établissement applique une politique de diversité dans le recrutement, ouvre une formation en études ethniques et développe ses études sur les femmes. Entre 1985 et 1988, le personnel enseignant-chercheur répond à des appels à projets et les fonds qui lui sont alloués sont multipliés par cinq[5].

L'établissement, qui a de nouveau besoin de nouveaux bâtiments, acquiert Haaren Hall en 1986[10]. Après les travaux de rénovation, Haaren Hall est mis à disposition des étudiants en 1988.

Crise financière de l'université en 1995[modifier | modifier le code]

En 1995, l'université de la ville de New York traverse une autre crise financière quand le gouverneur George Pataki annonce que les fonds versés à l'université seront réduits de 162 millions de dollars[11]. Le conseil d'administration prononce un état d'urgence financière. En juin, en réaction aux annonces de Pataki, l'université de la ville de New York applique des règles d'admission plus strictes : les étudiants qui ne sont pas suffisamment préparés ne sont plus acceptés, en rupture avec le recrutement non sélectif depuis 1970, afin d'économiser des fonds sur les programmes d'intégration[12]. La réduction de 162 millions est revue à 102 millions, que l'université de la ville de New York équilibre en augmentant les frais de scolarité de 750 dollars et en proposant un plan de départ en retraite aux enseignants. En mai 1996, la Cour suprême d'un État juge que l'université s'est servie de l'autorité financière accordée en état d'urgence pour congédier des enseignants, fermer des services et réduire les fonds dévolus à l'intégration[13].

Rénovation des bâtiments et élargissement du campus[modifier | modifier le code]

En 1998, la législature de l'État de New York approuve un plan de financement sur cinq ans doté d'un budget de 352 millions de dollars pour que l'établissement améliore ses bâtiments. Le John Jay College étend son campus et les inscriptions augmentent. Le New Building, tour de 13 étages raccordée à Haaren Hall, ouvre en 2011[14].

Le , le John Jay College a perdu 67 étudiants et anciens étudiants, dont beaucoup étaient pompiers, dans les attentats du 11 septembre. Les cours reprennent le 13 septembre et l’établissement propose un accompagnement aux étudiants, dont beaucoup voient d'un regard nouveau leurs études et leurs ambitions professionnelles[15],[16]. En septembre 2011, l'établissement crée un mémorial aux personnes de sa communauté tombées dans les attentats du 11 septembre 2011. Le monument est inauguré officiellement en septembre 2013[17],[18].

En 2004, le président de l'université Gerald W. Lynch (en) prend sa retraite au terme d'un long mandat[19]. Il est remplacé par Jeremy Travis (en), qui à son tour prend sa retraite en 2017. À partir du mois d'août 2017, le président du John Jay College est Karol Mason (en)[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jerry Buck, « Liberal Arts College for Policemen in N.Y. May Be the Only One in World », The Daily Plainsman,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Bernard Bard, « Don't Call It 'Pig U' », Change, vol. 4, no 4,‎ , p. 19–22 (DOI 10.1080/00091383.1972.10568144, JSTOR 40161451)
  3. « History of John Jay College » [archive du ], John Jay College of Criminal Justice (consulté le )
  4. Paul L. Montgomery, « John Jay College Gets Protests Too: Activity Unusual at School Attended by Policemen », New York Times,‎
  5. a b c d et e Gerald Markowitz, Educating for Justice: A Brief History of John Jay College, New York, The John Jay Press,
  6. Wolfgang Saxon, « A. S. Blumberg, 75, Professor Concerned With Equal Justice », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. William H. Honan, « Donald H. Riddle, 78; Led John Jay College », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Suri, Duitch (2010). Open Admissions and Remediation: A Case Study of Policymaking by the City University of New York Board. New York: Ph.D. Dissertation, The City University of New York.
  9. Meg McSherry Breslin, « [Obituary of] Donald Riddle, UIC Chancellor », Chicago Tribune,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Eric P. Nash, « F.Y.I. », sur The New York Times, (consulté le )
  11. William Honan, « CUNY Professors, Fearing Worst, Rush Out Their Resumes: With a financial emergency declared, many on the CUNY faculties could go », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Charisse Jones, « CUNY Adopts Stricter Policy On Admissions », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Karen W. Arenson, « CUNY Misused Fiscal 'Emergency' To Cut Staff and Costs, Judge Rules », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. David W. Dunlap, « John Jay College Is Moving Up, Floor by Floor », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Karen W. Arenson, « Silent Echoes From Sept. 11; John Jay Has a Special Link With Many Who Died », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « 9/11 Memorial Sculpture » [archive du ], John Jay College of Criminal Justice (consulté le )
  17. David W. Dunlap, « On Solemn Note, Curtain Rises on the New John Jay College », New York Times City Room Blog, (consulté le )
  18. « Honoring John Jay's Fallen Heroes », John Jay Sentinel,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  19. « York Hails New President; Farewell at John Jay », CUNY, (consulté le )
  20. Vilensky, Mike, "Karol Mason to Be Next President of John Jay College" (subscription), Wall Street Journal, April 30, 2017. Retrieved 2017-05-01.