Médias dans la région autonome du Tibet

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La région autonome du Tibet s'est dotée de médias et de moyens d'édition et de diffusion modernes, contrôlés par le régime communiste chinois.

La presse écrite[modifier | modifier le code]

En 2004, selon le centre de recherche tibétologique de Chine situé à Pékin, il y avait 10 journaux et 14 revues publiés en tibétain[1].

En 2008, selon le quotidien China Daily, il y avait 57 quotidiens et revues (respectivement 23 et 34) faisant l'objet d'une diffusion. Chacune des 7 villes et préfectures du Tibet avait un journal en tibétain et un journal en chinois. En 2007, la diffusion des journaux était de 55,5 millions d'exemplaires et celle des revues de 2,67 millions d'exemplaires[2].

Le livre[modifier | modifier le code]

En 2008, la région autonome avait 35 imprimeries équipées des dernières techniques d'impression, deux maisons d'édition pour le livre et deux autres pour l'audio-visuel. La région était couverte d'un réseau de 272 points de distribution et d'un centre de distribution pour le livre et la presse écrite, audio-visuelle et électronique[3].

À la date de 2007, 3 000 titres en langue tibétaine ont été publiés, dont 200 ont été primés, ainsi les quatre tantras médicaux, La médecine tibétaine (nouvelle édition), L'encyclopédie du Tibet[4].

La télévision[modifier | modifier le code]

Le Tibet culturel dispose de trois chaînes télévisées, une pour chacun des trois dialectes tibétains parlés. Lhassa et la Région autonome du Tibet possèdent une chaîne de télévision en langue tibétaine qui émet 24 heures sur 24 depuis le . À sa création en 1999, elle n'émettait que 11 h par jour[5].

Il existe une deuxième chaîne en langue tibétaine au Qinghai, en dehors de la Région autonome[6].

Enfin, une troisième chaîne de télévision par satellite, destinée aux 2,4 millions de Tibétains parlant le dialecte khampa, a été inaugurée le , à Chengdu, capitale de la province du Sichuan. Elle émet 6 h et demi par jour[7].

Selon le linguiste Jacques Leclerc, les télévisions et radios sont « des outils de propagande pour le Parti communiste chinois ». Les journalistes sont obligés d'appliquer « la politique de sinisation » du tibétain. Le dalaï-lama, les activités du gouvernement tibétain en exil, la liberté religieuse et les droits de l'homme sont interdits d'antenne. Enfin depuis 1990, « de nombreux journalistes ont été emprisonnés et torturés[8].

Selon l'écrivaine chinoise Woeser, la mise en place du projet « Tibet-Xinjiang », qualifié de « projet pour le bien-être du peuple », a notamment pour objectif de déployer des émetteurs de forte puissance permettant de créer « un rideau de fer infranchissable par les ondes ». Ainsi ce dispositif ne permet pas aux Tibétains de recevoir des « émissions de radio et de télévision » diffusées par des organisations internationales comme Radio Free Asia et Voice of America[9].

Les médias électroniques[modifier | modifier le code]

Il existe désormais, en tibétain, des plateformes informatiques, des navigateurs Web et des dictionnaires en ligne mandarin-tibétain-anglais[10]. En 2007, une équipe d'informaticiens de l'Université du Tibet a développé la version en tibétain du logiciel Windows Office[11].

Un nombre croissant de sites en tibétain voient le jour sur l'Internet[12].

En 2007, il y avait une centaine de cybercafés à Lhassa. Nombre de jeunes Tibétains sont désormais des adeptes de l'Internet. Des cours d'enseignement professionnel à distance via l'Internet ont été mis sur pied par l'École financière du Tibet en liaison avec l'Université du peuple[13].

Fin 2010, la région autonome du Tibet comptait un total de 1,2 million d'abonnés à Internet, dont 90 % accédaient au réseau via leur téléphone mobile, et 10 % via les services de haut débit. Grâce au développement des logiciels en langue tibétaine, les habitants peuvent utiliser leur langue pour surfer sur Internet ou utiliser des applications informatiques [14].

Depuis 2009, les téléphones portables au Tibet sont dotés de l'écriture tibétaine. En , plus de 30 000 Tibétains de la région autonome utilisaient un téléphone mobile en langue tibétaine selon le ministère tibétain des communications[15],[16].

Le secrétaire du Parti communiste chinois du Tibet, Chen Quanguo, a renforcé le contrôle des moyens de communication et plus particulièrement sur les téléphones portables et Internet[17],[18].

Selon l'ONG Reporters sans frontières, courant , à la suite de l'auto-immolation d’un jeune moine, des cyberattaques contre les médias tibétains auraient été engagées par les autorités chinoises. En , différentes mesures ont été utilisées pour interdire la « couverture médiatique de la répression de mouvements de protestations. La désinformation a régné afin de cacher aux yeux du monde l’ampleur du soulèvement ». Coupures des connexions, durcissement du blocage et suppressions des informations concernant les troubles. Les plates-formes collaboratives ont été visées afin d’empêcher toute tentative de mobilisation par le web[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) China Tibetology Research Centre, The Use, Inheritance and Development of the Tibetan Language in Tibet.
  2. (en) Protection and Development of Tibetan Culture (White Paper), China Daily, 25-09-2008, p. 5.
  3. (en) Protection and Development of Tibetan Culture (White Paper), China Daily, 25 septembre 2008, p. 7.
  4. Protection and Development of Tibetan Culture, op. cit..
  5. (en) China launches Tibetan channel for India, Nepal, PTI, 1er octobre 2007 (en ligne sur le site rediff NEWS) : « China launched the first-ever 24-hour Tibetan language television channel on Monday to mark its 58th National Day (...). The channel only broadcast 11 hours a day when it was opened in 1999 ».
  6. (en) The wishes of a Tibetan, China Digital Times, 27 mars 2009 : « At present, the two most popular television channels in the Tibetan areas are the Qinghai Tibetan language channel and the Tibet Tibetan language channel » (« Actuellement, les deux chaînes télé les plus regardées dans les régions tibétaines sont la chaîne en langue tibétaine du Qinghai et la chaîne en langue tibétaine du Tibet »).
  7. (en) Zhang Mingyu, Cheer up for opening khampa Tibetan TV Channel, tibet.new.cn, 17 janvier 2010.
  8. Jacques Leclerc, Université Laval (Canada).
  9. Tsering Woeser, Le projet Tibet-Xinjiang : « Écrasez la voix de l’ennemi », juin 2012.
  10. (en) Tibetan language widely learned, used in Tibet, Chinatibetnews.com, 9 juin 2011.
  11. Internet fait partie de la vie des Tibétains, CRI online, service français, 9 mai 2011.
  12. (en) The Use, Inheritance and Development of the Tibetan Language in Tibet, China Tibetology Research Centre.
  13. (en) Tibet Internet Bars, sur le site Tibet Travel, 16 avril 2007.
  14. Internet fait partie de la vie des Tibétains, op. cit.
  15. Tibetans have access to Tibetan-language mobile phones, Global Times, 6 juin 2009.
  16. Handwriting Tibetan language mobile phone developed, Tibet News, 3 décembre 2009
  17. Reporters sans Frontière, « Le Tibet toujours plus coupé du monde »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), mars 2012
  18. La Chine renforce sa surveillance de l'Internet au Tibet Le Monde avec AFP, 14 mars 2012
  19. Reporters sans Frontières, Chine : Ennemis du Web

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]