Pile gallo-romaine de Roques

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Pile gallo-romaine de Roques
Représentation schématique en 3D de la pile.
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Localisation
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La pile gallo-romaine de Roques est une ancienne tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée pile, située sur la commune de Roques, dans le département français de la Haute-Garonne.

La pile est édifiée sur la rive gauche de la Garonne, non loin du fleuve. Construite selon les mêmes techniques architecturales que le rempart gallo-romain de Toulouse, elle pourrait lui être contemporaine, c'est-à-dire dater du Ier siècle apr. J.-C.. Les rares vestiges qui en subsistent permettent malgré tout d'imaginer un monument haut de 13 à 15 m.

Localisation[modifier | modifier le code]

La pile se trouve à l'extrême sud-ouest du territoire communal de Roques (banlieue sud-ouest de Toulouse), à la limite de cette commune et de Muret — la limite communale passe par la pile[1] —, un site proche de la rive gauche de la Garonne. L'altitude de la pile n'est que de deux mètres supérieure à celle du lit du fleuve, en bordure du « vieux chemin de Peyroles »[2].

Sa localisation suggère l'existence d'une voie fréquentée qui aurait longé le fleuve à l'époque antique[3], peut-être celle reliant Tolosa (Toulouse) à Aquae Tarbellicae (Dax) via Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) et qui figure sur l'itinéraire d'Antonin[4]. Ces monuments funéraires étaient souvent, pour des raisons de visibilité, construits à proximité des voies terrestres ou fluviales[5].

Historique[modifier | modifier le code]

Les techniques de construction et l'étude archéomagnétique des briques suggèrent de dater le monument du Ier siècle apr. J.-C. mais toute approche plus précise est impossible en raison des anciennes crues de la Garonne et de l'urbanisation qui ont bouleversé la stratigraphie du terrain[3],[6].

Les plans communaux de 1813 montrent que la pile, à cette époque et peut-être bien avant, sert de borne pour délimiter les territoires des communes de Roque et de Muret et que son élévation est encore présente, même s'il est probable que sa destination initiale est alors inconnue[1].

Les vestiges sont redécouverts en 1972 lors de l'aménagement de la zone industrielle de Joffréry[3],[2] mais une partie d'entre eux est détruite par les engins de chantier et par une mise en valeur qualifiée de « maladroite »[6].

Description[modifier | modifier le code]

Le soubassement est fait de galets liés au mortier[2], technique couramment utilisée dans la région à l'époque romaine en raison de l'abondance de ce matériau dans le lit de la Garonne[7]. Il mesure près de cinq mètres de côté[6], plan carré qui n'est pas le plus courant pour ce type de monument[8].

Rempart gallo-romain de Toulouse.

Quatre assises de briques séparent le soubassement du podium. Ce dernier est constitué de quatre caissons en briques plates remplis d'un blocage de galets, de graviers et de sable liés au mortier, par couches superposées d'un peu moins d'un mètre d'épaisseur ; ce remplissage forme quatre piliers dont deux seuls subsistent au XXIe siècle[3]. Il est probable que d'autres lits de briques scandaient à intervalle réguliers l'élévation du monument pour renforcer sa structure et l'ensemble était certainement recouvert d'un enduit. La technique architecturale est identique à celle utilisée pour la construction du rempart gallo-romain de Toulouse daté du règne de Tibère, ce qui laisse supposer une certaine contemporanéité des deux monuments[6],[9].

La hauteur estimée de la pile dans son état initial, extrapolée d'après les dimensions des vestiges, devait atteindre 13 voire 15 mètres mais aucune restitution de la partie supérieure du monument, et notamment la présence d'une éventuelle niche, n'est possible[6] ; Pascale Clauss-Balty suppose cependant que la face principale de la pile devait être tournée vers le fleuve[10].

Aucun établissement antique, comme une villa, auxquelles les piles funéraires sont fréquemment associées, n'est identifiée aux environs mais l'urbanisation a pu en faire disparaître les traces[11].

Fonction[modifier | modifier le code]

Malgré sa réutilisation au XIXe siècle comme borne délimitant les territoires communaux, la pile est très certainement un monument funéraire à la mémoire d'un propriétaire ou notable tolosate du début de notre ère, même si la construction de la pile s'écarte des schémas couramment rencontrés pour s'adapter aux techniques et aux matériaux locaux[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Massendari 2006, p. 317.
  2. a b et c Michel Labrousse, « Circonscription de Midi-Pyrénées », Gallia, t. XXX, no 2,‎ , p. 485-486 (lire en ligne).
  3. a b c et d Massendari 2006, p. 316.
  4. Massendari 2006, p. 61.
  5. Clauss-Balty 2016, p. 197.
  6. a b c d et e Clauss-Balty 2016, p. 57.
  7. a et b Clauss-Balty 2016, p. 190.
  8. Clauss-Balty 2016, p. 181.
  9. Raphaël de Filippo, « Nouvelle définition de l'enceinte romaine de Toulouse », Gallia, t. L,‎ , p. 202 (DOI 10.3406/galia.1993.2937).
  10. Clauss-Balty 2016, p. 188.
  11. Massendari 2006, p. 316-317.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN 978-2-3531-1063-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Auguste-François Lièvre, Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule, Paris, E. Thorin, , 29 p..
  • Julie Massendari, Haute-Garonne, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 31/1), , 398 p. (ISBN 978-2-8775-4188-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, no 6 « Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992) »,‎ , p. 299-306 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]