Sarotherodon melanotheron

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sarotherodon melanotheron est une espèce de poissons d'eau douce et saumâtre de la famille des Cichlidae.

Description[modifier | modifier le code]

« Chez les adultes, des taches sombres sont généralement présentes sur la partie inférieure de la tête, sur le cleithrum et sur les extrémités des nageoires caudale et dorsale molle ; quelques taches irrégulières et asymétriques sont visibles sur les flancs, formant des barres verticales. Une tache médiane ou barre transversale est assez constante au niveau du cou. »

— Trewavas, E. 1983. Tilapiine fishes of the genera Sarotherodon, Oreochromis, and Danakilia. British Museum, London, U.K. Lisible sur https://www.biodiversitylibrary.org/item/215113 (consulté le 2 Avril 2024).

Répartition[modifier | modifier le code]

Carte représentant l'aire de répartition native de S. melanotheron selon l'UICN (2024).
Aire de répartition native de S. melanotheron selon l'UICN (2024).

L'espèce est native en Afrique de l'Ouest et est présente dans les bassins versants côtiers du Sud du Sénégal jusqu'au Nord de l'Angola. Ce taxon se rencontre dans les pays suivants[1] : Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Guinée, Liberia, Mauritanie, Nigeria, République du Congo, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Sénégal, Togo. Elle a été introduite à différents endroits et est connue pour s'être au moins établie en Floride (États-Unis)[2] et en République Dominicaine[3]. Voir l'aire de distribution native sur la figure.

Habitat[modifier | modifier le code]

L'espèce vit en eau douce et saumâtre[2] et peut tolérer de très fortes salinités[4], elle est classée parmi les espèces « Estuariennes strictes »[a] (Es) dans la classification d'Albaret[5] pour les poissons des milieux estuariens et lagunaires d'Afrique de l'Ouest[6] et « Freshwater immigrant »[b] dans celle de Whitfield[7].

Biologie[modifier | modifier le code]

Reproduction[modifier | modifier le code]

Les S. melanotheron sont des incubateurs buccaux, dont les œufs sont portés par les mâles[8],[9]. Les femelles pondent leurs œufs dans l'eau peu profonde près du rivage. C'est la femelle qui prend les devants lors de la parade nuptiale, en creusant un nid et en menant les activités d'accouplement. Le mâle réagit de manière passive et un couple se forme. Il y a peu de différences entre les mâles et les femelles, et ils ne prennent pas une position particulière pendant la fécondation[10].

Régime alimentaire[modifier | modifier le code]

L'espèce est classée parmi les herbivores à prédominance phyto-planctonophage ou micro-phytophage[6].

Capacités auditives[modifier | modifier le code]

En 2021[11], S. melanotheron fait partie des rares (13 sur environ 1 700) espèces de Cichlidés dont l'audition a été mesurée, et la seule dont les seuils auditifs aient été déterminés de manière comportementale, toutes les autres espèces ayant fait l'objet d'une étude électrophysiologique à l'aide de techniques d'enregistrement des potentiels.Les seuils auditifs chez S. melanotheron ont été déterminés en utilisant une méthode de conditionnement dans laquelle les animaux apprenaient à nager à travers une barrière afin d'échapper ou d'éviter un choc électrique après l'apparition d'un signal acoustique[12]. Les données semblent indiquer l'absence d'une bande critique[c] et donc de la capacité à discriminer les fréquences chez cette espèce de cichlidés, ce qui contraste avec les résultats obtenus chez d'autres groupes de poissons comme le poisson rouge (Cypriniformes)[11].

Systématique[modifier | modifier le code]

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Sarotherodon melanotheron Rüppell, 1852[13].

Sarotherodon melanotheron a pour synonymes[13] :

  • Sarotherodon melanotheron heudelotii (Duméril, 1861)
  • Sarotherodon melanotheron leonensis (Thys van den Audenaerde, 1971)
  • Sarotherodon melanotheron melanotheron Rüppell, 1852
  • Sarotherodon melanotheron paludinosus Trewavas, 1983
  • Tilapia heudelotii heudelotii Duméril, 1861
  • Tilapia heudelotii macrocephala (Bleeker, 1862)
  • Tilapia multifasciata macrostoma Pellegrin, 1941
  • Chromis heudelotii (Duméril, 1861)
  • Chromis macrocephalus Bleeker, 1862
  • Chromis microcephalus Günther, 1862
  • Melanogenes macrocephalus Bleeker, 1863
  • Melanogenes microcephalus Bleeker, 1863
  • Tilapia heudeloti Duméril, 1861
  • Tilapia heudelotii Duméril, 1861
  • Tilapia leonensis Thys van den Audenaerde, 1971
  • Tilapia macrocephala (Bleeker, 1862)
  • Tilapia melanotheron (Rüppell, 1852)
  • Tilapia microcephala (Günther, 1862)
  • Tilapia rangii Duméril, 1861

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • (en) Eduard Rüppell, Verzeichniss der in dem Museum der Senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft aufgestellten Sammlungen. Vierte Abtheilung: Fische und deren Skelette, 1852, Francfort-sur-le-Main, i-iv + 1-40. [lire en ligne (page consultée le 01 avril 2024)]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Pour le genre, Sarotherodon. D'après FishBase [10] : le nom vient du grec, saros (σάρος), -ou = sciure de bois + ther = animal (θηρ) et odous (οδούς) = dents. D'après ETYFish[14] : sarothron, brosse ; odon, dent, se réfère aux dents fines, semblables à des brosses, situées dans les mâchoires et flexibles au toucher, par rapport aux dents plus grossières et fixes du Tilapia.

Pour le nom d'espèce, d'après ETYFish[14], melanotheron viendrait du grec melanos (μέλανος), noir et anthereon, menton, en référence aux marques noires plus ou moins intenses sur la mâchoire inférieure des adultes.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

(en) The Behavior, Ecology and Evolution of Cichlid Fishes, Netherlands, Springer, , 832 p. (ISBN 978-94-024-2078-4, DOI 10.1007/978-94-024-2080-7, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. espèces présentes exclusivement en milieux lagunaires et estuariens où se déroule la totalité de leur cycle biologique (reproduction, croissance, alimentation). Les populations sont importantes, leur distribution est large et leur présence est permanente. L’euryhalinité de ces espèces est très forte.
  2. « Immigrant d'eau douce ». Espèces de poissons d'eau douce souvent observées dans les estuaires, qui se retirent dans les rivières du bassin versant lorsque les conditions deviennent défavorables. Certaines de ces espèces peuvent également se reproduire dans les estuaires lorsque les conditions sont favorables.
  3. « La bande critique est une bande étroite de fréquences autour d'une fréquence de son pur qui masque efficacement la détection de ce son pur ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. UICN, consulté le 29 mars 2024
  2. a et b (en) « CAS - Eschmeyer's Catalog of Fishes - Sarotherodon melanotheron », sur researcharchive.calacademy.org, (consulté le )
  3. (en) A. A. Agostinho, J. C. G. Ortega, D. Bailly, W. J. da Graça, F. M. Pelicice et H. F. Júlio, Introduced Cichlids in the Americas: Distribution Patterns, Invasion Ecology, and Impacts, Dordrecht, Netherlands, Springer, , 313‑361 (ISBN 978-94-024-2078-4, DOI 10.1007/978-94-024-2080-7, lire en ligne), « The Behavior, Ecology and Evolution of Cichlid Fishes », p. 326
  4. (en) J. Panfili, D. Thior, J.-M. Ecoutin, P. Ndiaye et J.-J. Albaret, « Influence of salinity on the size at maturity for fish species reproducing in contrasting West African estuaries », Journal of Fish Biology, vol. 69, no 1,‎ , p. 95‑113 (ISSN 0022-1112, DOI 10.1111/j.1095-8649.2006.01069.x, lire en ligne)
  5. Albaret, J. J., Les peuplements des estuaires et des lagunes, Paris, IRD Editions, , 512 p. (ISBN 978-2-7099-2042-1, lire en ligne), « Les poissons des eaux continentales africaines : diversité, écologie, utilisation par l’homme », p. 325‑349
  6. a et b Albaret, J. J., Simier, M., Sadio, O., Suivi biologique des peuplements de poissons d’une aire protégée en zone de mangrove : le bolon de Bamboung (Sine Saloum, Sénégal) - Rapport final 2005, Dakar, Sénégal, IRD Dakar, , 80 p. (lire en ligne), p. 21
  7. (en) Whitfield, A. K., « Preliminary documentation and assessment of fish diversity in sub-Saharan African estuaries », African Journal of Marine Science, vol. 27, no 1,‎ , p. 307‑324 (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  8. (en) Matthew McConnell, « Frontiers in Cichlid Research: A History of Scientific Advancement », dans The Behavior, Ecology and Evolution of Cichlid Fishes, Netherlands, Springer, , 13–78 p. (ISBN 978-94-024-2078-4, DOI 10.1007/978-94-024-2080-7_2, lire en ligne), p. 46
  9. (en) S. Balshine et M. E. Abate, Parental Care in Cichlid Fishes, Dordrecht, Pays-Bas, Springer, , 541‑586 (ISBN 978-94-024-2078-4, DOI 10.1007/978-94-024-2080-7, lire en ligne), « The Behavior, Ecology and Evolution of Cichlid Fishes », p. 554-555
  10. a et b FishBase, consulté le 01 avril 2024
  11. a et b (en) T. Schulz-Mirbach et F. Ladich,, The Evolution of Enhanced Cichlid. Hearing: Functional Morphology and the Role of Ecoacoustical Factors, Springer Netherlands, , 503‑539 (ISBN 978-94-024-2078-4, DOI 10.1007/978-94-024-2080-7, lire en ligne), « The Behavior, Ecology and Evolution of Cichlid Fishes »
  12. (en) Tavolga, W. N., « Signal/noise ratio and the critical band in fishes », The Journal of the Acoustical Society of America, vol. 55, no 6,‎ , p. 1323‑1333 (ISSN 0001-4966, DOI 10.1121/1.1914704)
  13. a et b World Register of Marine Species, consulté le 29 mars 2024
  14. a et b (en-US) « Order CICHLIFORMES: Family CICHLIDAE: Subfamily PSEUDOCRENILABRINAE (p-y) », sur The ETYFish Project, (consulté le )