Valentinien III

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Valentinien III
Empereur romain d'Occident
Image illustrative de l’article Valentinien III
Solidus à l'effigie de Valentinien III
Revers : Théodose II unit Licinia Eudoxia et Valentinien.
Règne
-
29 ans, 4 mois et 21 jours
Période Théodosiens
Précédé par Flavius Honorius (légitime)
Jean (usurpateur)
Suivi de Pétrone Maxime
Biographie
Nom de naissance Flavius Placidius Valentinianus
Naissance - Ravenne (Italie)
Décès (à 35 ans)
Père Constance III
Mère Galla Placidia
Fratrie Honoria
Épouse Licinia Eudoxia
Descendance (1) Eudocia
(2) Placidia

Valentinien III, de son nom d'empereur (en latin) Flavius Placidius Valentinianus Augustus, né le 2 juillet 419 à Ravenne et mort le 16 mars 455 à Rome, est empereur romain d'Occident à partir de 425, sous la tutelle de sa mère Galla Placidia, fille de Théodose le Grand et veuve de Constance III.

Fait César à l’âge de quatre ans, il devint Auguste deux ans plus tard. Les dix premières années de son règne sur l'Empire d'Occident sont marquées par une lutte pour le pouvoir entre les généraux Flavius Felix, Boniface et Flavius Aetius, à une époque où les envahisseurs germaniques s'établissent dans plusieurs régions de l'empire.

Après le mariage de Valentinien en 437, Aetius prend la place de Galla Placidia après l’avoir emporté sur ses rivaux. De 436 à 439, l’attention du gouvernement se porte sur la Gaule et l’Espagne où Goths, Francs, Burgondes, Bagaudes et Suèves s’agitent. En 439, les Vandales s'emparent de Carthage, puis de la Sicile ce qui suscite des projets d’intervention conjointe des deux parties de l’empire, abandonnés du fait de l'arrivée en Gaule des Huns d’Attila, finalement vaincu aux Champs Catalauniques par l'armée d'Aetius alliés aux Wisigoths du roi Théodoric Ier .

La sécurité de l’empire rétablie, Valentinien se débarrasse d'Aetius en 454, mais est à son tour assassiné par des partisans d'Aetius au début de 455.

Sur le plan intérieur, Valentinien légifère beaucoup afin de permettre aux finances publiques de survivre malgré la perte de provinces comme l’Afrique du Nord et la Sicile, essentielles au fonctionnement de l’empire. En matière religieuse, il continue de combattre à la fois les païens et les chrétiens non nicéens. En Italie, il contribue à renforcer l’autorité du pape, reconnaissant la primauté de l’évêque de Rome au sein de l’Église et donnant un statut quasi officiel à la législation ecclésiastique.

Décrit comme paresseux, irresponsable et de caractère dissolu[1], Valentinien règne tout de même presque trente ans, un des plus longs règne qu’ait connu l’empire depuis Auguste (qui a régné officiellement pendant 41 ans).

Prime jeunesse (419-425)[modifier | modifier le code]

Solidus frappé pendant le court règne de Constance III.

Valentinien nait le 2 juillet 419 à Ravenne, ville qui est, depuis 402, la principale résidence impériale dans la partie occidentale de l’empire romain, sous le règne d'Honorius (de 395 à 423), fils de Théodose Ier, dernier empereur (de 379 à 395) qui ait régné sur les deux parties de l'empire, pendant seulement deux ans (393-395).

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Valentinien est le fils du Flavius Constance[2], général qui, au service d'Honorius, a triomphé de 411 à 416 de plusieurs usurpateurs et soumis les Wisigoths, qui ont fondé en 418 le royaume de Toulouse en tant que peuple fédéré de l'empire. En 417, Flavius Constance épouse la demi-sœur de l'Honorius, Galla Placidia, veuve du roi wisigoth Athaulf, qui lui donne une fille et un fils. Flavius Constance est nommé Auguste par Honorius en février 421, ce qui fait de lui un co-empereur d'Occident[N 1],[3] (Constance III), mais il meurt au mois de septembre suivant.

Par sa mère, Valentinien descend à la fois de Théodose Ier, son grand-père maternel, et de Valentinien Ier (empereur de 364 à 375), père de sa grand-mère maternelle. Il est donc aussi neveu d’Honorius, fils de Théodose, et cousin de Théodose II (empereur d'Orient de 408 à 450).

Premières années[modifier | modifier le code]

Valentinien a une sœur, Honoria, née en 417 ou 418[N 2]. Sa mère a aussi eu un fils (né en 414) d'Athaulf, mais il est mort en bas âge[4].

En 421 ou 423, Honorius confère à Valentinien le titre de nobilissimus[N 3]. Théodose II refuse de reconnaître ce titre de même qu'il n'a pas reconnu le titre d'Auguste conféré à Flavius Constance ni le titre d’Augusta conféré à Galla Placidia[2].

Malgré cela, lorsque Constance III meurt, Galla Placidia part chercher refuge auprès de Théodose II après s’être querellée[pas clair] avec Honorius[5],[6].

Période de l'usurpateur Jean (423-425)[modifier | modifier le code]

Honorius meurt en août 423, moins de deux ans après Constance III. Théodose hésitant à reconnaître les droits de Valentinien au trône, la bureaucratie impériale de Ravenne décide au bout de trois mois d'attente d’élire empereur le chef de la bureaucratie impériale, le primicerius notariorum Jean (Johannes). Celui-ci est reconnu en Italie, en Hispanie et dans une partie des Gaules[7].

Pour mettre fin à ce qu’il considère comme une usurpation, Théodose se décide à reconnaître rétrospectivement la nomination de Flavius Constance comme coempereur et nomme Valentinien César de l'empire d'Occident (23 octobre 424[8]) et le fiance à sa fille Licinia Eudoxia[N 4].

Il envoie une armée à Ravenne pour escorter Valentinien et Galla Placidia. Pour contrer l'armée de Théodose, Jean fait appel à l'armée des Huns qui accompagnent le général Flavius Aetius en Italie.

L'usurpateur Jean est capturé et exécuté sur l’ordre de Galla Placidia. Valentinien est installé comme Auguste d'Occident à l’âge de six ans, le 23 octobre 425[7],[9].

Règne sous la tutelle de Galla Placidia (425-437)[modifier | modifier le code]

Intérieur du mausolée de Galla Placidia à Ravenne.

Régence de Galla Placidia avec le général Felix (425-427)[modifier | modifier le code]

Pendant la minorité du jeune Auguste, la régence est exercée par Galla Placidia dont l’un des premiers gestes est de nommer le général Flavius Felix magister utriusque militiae[N 5],[10],[11].

Les premières années sont consacrées à stabiliser les provinces occidentales. Après négociations, les Huns consentent à quitter l’Italie et à évacuer la province de Pannonia Valeria qui est restituée à l’empire[12]. Cela permet à Félix et au gouvernement impérial de restructurer la défense des provinces danubiennes en 427 et 428[13].

Les armées romaines remportent d’importantes victoires sur les Wisigoths en Gaule en 426-427 et en 430[14],[15], et sur les Francs rhénans en 428 et 432[16].

En dépit de ces victoires, la situation de l’empire reste précaire. Les Wisigoths dans le sud-ouest de la Gaule restent une menace ; les Vandales d’Hispanie continuent leurs incursions et en 429 commencent à envahir la Maurétanie tingitane[16]. La perte de ces territoires a de sérieuses conséquences sur le fonctionnement de l’empire. La taxation doit être répartie sur les autres provinces dont la loyauté se trouve grandement affectée[16].

Conflit entre généraux romains et guerre contre les Vandales (427-435)[modifier | modifier le code]

De plus, un conflit éclate entre les commandants des trois principales armées en Occident, Flavius Felix qui commandait la garde impériale, Boniface l’armée d’Afrique et Aetius celle des Gaules[14].

En 427, Félix accuse Boniface de trahison et exige son rappel en Italie. Boniface refuse et bat une armée envoyée par Félix. Affaibli, Félix ne peut résister à Aetius, qui avec l’appui de Galla Placidia devient en 429 magister militum praesentalis et fait assassiner Félix l’année suivante[17],[18].

Pendant ce temps, Boniface en Afrique est incapable de vaincre Sigisvultus envoyé par Galla Placidia. Il demande alors l’aide des Vandales à qui il promet de partager la province avec eux[19]. La cour de Ravenne décide de s’entendre avec Boniface, qui accepte en 430 de faire allégeance à Valentinien III[20]. Toutefois le roi des Vandales, Genséric (de 428 à 477), poursuit son avance. Boniface et un groupe de fédérés goths sont battus près de la ville de Calama en 430, après quoi il est contraint de se retrancher dans Hippone[21]. Début 432, Boniface et le général Aspar, magister militum de l’Empire d’Orient, affrontent de nouveau Genséric et sontd nouveau battus. Boniface quitte alors l’Afrique du Nord et rentre en Italie[22].

La cour et surtout Galla Placidia, inquiète de la montée en puissance d'Aetius décide de le relever de son commandement en Gaule pour le confier à Boniface. Il s’ensuit une guerre entre les deux hommes : Boniface bat Aetius à la bataille de Ravenne (ou « bataille de Rimini ») en 432, mais y est mortellement blessé. Aetius s’enfuit chez les Huns et, avec leur aide, obtient d'être reconduit dans ses anciennes fonctions en 434[23]. En conséquence, Valentinien se voit contraint de conclure une paix avec Genséric (435). Aux termes de celle-ci les Vandales conservent toutes leurs conquêtes en Afrique du Nord, mais obtiennent un tribut annuel de l’empire[24] pendant que les Huns se voient concéder de nouveaux territoires en Pannonie[12].

Mariage de Valentinien (437)[modifier | modifier le code]

La régence de Galla Placidia se termine avec le mariage de Valentinien avec sa fiancée Licinia Eudoxia qui a lieu à Constantinople[13]. Il a alors 18 ans.

Toutefois, la domination de sa mère est remplacée par celle d'Aetius[25].

Période de la prédominance d’Aetius (437-444)[modifier | modifier le code]

Le monde méditerranéen en 450.

Situation en Gaule et en Hispanie (437-444)[modifier | modifier le code]

De 436 à 439, Aetius concentre ses efforts sur la situation en Gaule. Les défaites des Goths en 437 et 438 sont annulées par une défaite romaine en 439, conduisant à une trêve qui rétablit le statu quo[26].

Aetius réussit toutefois à remporter des victoires[réf. nécessaire] contre les Francs et les Burgondes, et à maitriser une révolte des Bagaudes en 437. L’année suivante, une paix est conclue avec les Suèves d’Hispanie[27].

Le problème posé par les Vandales en Afrique à partir de 439 permet cependant aux Suèves de prendre le contrôle de l'ensemble de l’Hispanie de 440 à 444, à l'exception de la province de Tarraconaise, mais celle-ci subit les révoltes incessantes des Bagaudes[28] et est effectivement hors de contrôle.

Succès des Vandales en Afrique et en Sicile (439-440)[modifier | modifier le code]

De son côté, Valentinien se consacre à la lutte contre les Vandales en Afrique, mais il s'avère incapable de les contenir. Le 19 octobre 439, ils s'emparent de Carthage, chef-lieu de la province d'Afrique[29]. En 440, ils se lancent dans l'attaque de la Sicile.

C'est un rude coup pour l’économie de l’empire, qui dépend de ces riches colonies, à la fois pour ses finances et pour son approvisionnement[30]. Une opération conjointe de l’Empire d’Orient et de l'Empire d'Occident est mise sur pied et une flotte imposante se dirige[Quand ?] vers la Sicile pour attaquer Genséric[30].

Négociations avec le roi Genséric (440-442)[modifier | modifier le code]

Les plans de guerre contre les Vandales sont abandonnés, lorsque les Huns arrivent sur le Danube[30], créant un danger plus grave[31].

Aetius et Valentinien doivent reconnaître les conquêtes vandales en Afrique proconsulaire, dans la Byzacène et la Numidie occidentale, en contrepartie de la restitution des provinces (dévastées) de Tripolitaine, de Maurétanie Sitifensis, de Maurétanie césarienne, ainsi que d’une partie de la Numidie[32],[33].

Cela n’empêche pas Genséric de reprendre bientôt la Maurétanie Sitifensis et la Maurétanie césarienne, puis de prendre la Corse et la Sardaigne et de continuer ses raids dévastateurs en Sicile[34].

En 442, Hunéric, fils aîné de Genséric, est envoyé à Ravenne comme otage dans le cadre d'un traité[pas clair] signé par son père. À cette occasion, il est fiancé à Eudocia, fille de l’empereur, mais le mariage n'a finalement pas lieu, Hunéric étant renvoyé à Carthage après que son père a respecté les termes du traité[N 6].

Difficultés financières de l'empire d'Occident et créations de taxes (444)[modifier | modifier le code]

Le résultat de ces pertes territoriales est que vers le milieu des années 440, l’État est en sérieuse difficulté financière : les rentrées fiscales ne suffisent pour assurer la défense du territoire[35],[36], d'autant plus que Valentinien est contraint de réduire les taxes dans les provinces ravagées : en Sicile, au septième de la norme antérieure, en Numidie et en Maurétanie Sitifensis au huitième[37].

En compensation, l’empereur promulgue en 444 un décret mettant fin à l’exemption de la taxe de recrutement dont jouissent les fonctionnaires[35]. La même année, deux taxes sont instaurées : la première est une taxe sur les ventes d’environ quatre pour cent[38] ; la deuxième frappe la classe sénatoriale et doit permettre la levée de troupes, leur équipement et leur approvisionnement[35],[39] : les sénateurs portant le titre d’ « illustres » doivent verser un montant correspondant à l’entretien de trois soldats, les sénateurs de seconde catégorie un montant équivalent à un soldat, les sénateurs de troisième catégorie doivent à trois verser le montant équivalent à un soldat[39]. Valentinien lui-même dpot abandonner une partie de ses revenus tout en utilisant ce qui lui reste pour venir en aide au budget de l’État[pas clair][40],[39].

Invasions des Huns[modifier | modifier le code]

Le pape Léon Ier rencontrant Attila hors de Rome (tableau de Raphaël au Vatican).

Pendant que Valentinien et Théodose préparaient leur expédition contre les Vandales, les Huns, sous la conduite d’Attila (roi des Huns : 434 – 453) ravageaient les provinces situées le long du Danube. Les forces des Balkans ayant été réquisitionnées pour l’attaque contre les Vandales, Attila put se frayer un passage à travers l’Illyricum pour se diriger vers cette dernière région et ayant saccagé Margus et Viminacium en 441, s’empara de Singidunum (Belgrade) et Sirmium (aujourd'hui Sremska Mitrovica)[41],[42].

L’attention d’Attila fut toutefois détournée vers l’ouest lorsque, en 449, il reçut un message de la sœur de Valentinien III, Justa Grata Honoria, lui demandant contre compensation de la sauver d’un mariage que son frère voulait lui imposer avec un sénateur romain du nom de Bassus Herculanus. Attila décida d’interpréter la requête de Justa Grata Honoria comme une demande en mariage qu’il accepta en exigeant la moitié de l’empire comme dot[43]. Lorsque Valentinien fut informé de la chose, il envoya sa sœur en exil et écrivit à Attila pour expliquer que celle-ci n’aurait pu faire une telle demande en mariage[44].

En fait, Attila ne cherchait qu’un prétexte pour envahir l’Occident. En 450, vraisemblablement à la suggestion de Genséric et après avoir conclu une trêve avec l’empire d’Orient[41], il traversa le Rhin entrant dans les provinces de Belgique et capturant Mediomatricum (Metz) le . Pour parer au danger, Aetius assembla à la hâte une coalition de forces comprenant Wisigoths et Burgondes et se précipita pour empêcher les Huns de prendre Aurelianum (Orléans). Après les avoir forcés à battre rapidement en retraite[45], les forces romano-germaniques affrontèrent Attila lors de la bataille des champs Catalauniques (451). Celle-ci résulta en une victoire romaine; toutefois Attila réussit à s’échapper avec une bonne partie de ses troupes[46].

Après avoir regroupé celles-ci, Attila envahit l’Italie l’année suivante. Après avoir détruit Aquilée, il prit Vérone et Vincentia (Vicenza)[47]. Aetius suivait de près les Huns, mais n’avait pas les forces nécessaires pour les attaquer; la voie était donc ouverte vers Rome. Valentinien, qui résidait habituellement à Ravenne, y avait transféré sa cour; c’est là qu’il se trouvait à l’approche d’Attila[48]. L’empereur dépêcha alors une délégation formée du pape Léon Ier (pape : 440-461), d’un des consuls cette année-là, Gennadius Avienus et de l’ancien préfet de Rome Memmius Aemilius Trygetius. On ignore la façon dont se déroulèrent les négociations ; chose certaine toutefois, à leur issue Attila se retira, soit qu’il ait été persuadé par le pape comme l’affirment les chroniqueurs de l’époque, soit que la peste qui s’était déclarée dans ses troupes, le manque de nourriture et l’annonce d’une attaque des territoires huns traditionnels par l’empereur Marcien l’aient convaincu de quitter l’Italie[49],[50]. Il devait mourir en Pannonie dans les premiers mois de 453 alors qu’il célébrait son plus récent mariage ; la querelle qui se déclencha alors entre ses fils pour son héritage mit fin au péril hun pour les deux empires[51].

Politique religieuse[modifier | modifier le code]

Extension du manichéisme des années 300 à 500.

Comme tous les empereurs de la dynastie valentinienne, Valentinien III fut confronté à la lutte des chrétiens contre les païens et aux divisions entre chrétiens eux-mêmes.

Contre les païens, il se montra intolérant appliquant strictement le Code théodosien; il promulgua trois édits de persécution générale contre ceux-ci en 435, 438 et 451, tout acte de paganisme étant désormais passible de la peine capitale. Il s’acharnera entre autres sur les Manichéens qui seront visés par un édit de 445 promulgué à la suite d'une campagne du pape Léon Ier[52]. Un édit de 447 rendra également les chrétiens non nicéens passibles des mêmes peines.

Par ailleurs il se montra également strict à l’endroit de l’Église elle-même ou plus exactement à l’endroit de ceux qui cherchaient à s’en servir pour échapper à leurs devoirs civiques. À une époque où les plus riches citoyens étaient recrutés pour diriger villes (curiales) et corporations (collegiati), nombre d’entre eux cherchaient à échapper aux obligations qui en découlaient (construction de monuments publics, jeux), Valentinien interdira en 452 l’ordination des collegiati qui, placés sous la juridiction de l’Église, échappaient à ces obligations[53]. Par ailleurs, il agit de même à l’endroit des esclaves qui cherchaient à entrer dans les ordres pour échapper à leur maitre : ceux-ci ne pouvaient être renvoyés s’ils devenaient évêques ou prêtres; ceux qui étaient dans les ordres inférieurs devaient être renvoyés à leur maitre sauf si s’appliquait une proscription de trente ans[54].

Également en 452, il révoquera un décret passé dans sa jeunesse par ses ministres et déterminera que, s’ils étaient accusés d’un crime, les membres du clergé, y compris les évêques, seraient jugés par une cour civile. Une action intentée au civil entre des membres du clergé ou entre un laïc ou des membres du clergé pourrait continuer à être jugée devant le tribunal de l’évêque, mais en cas de refus d’une partie la cause serait entendue devant un tribunal civil[55]. Enfin, il interdit aux membres du clergé de se livrer au commerce ou à l’artisanat pour augmenter leurs revenus[56].

Dernière année[modifier | modifier le code]

L'assassinat d'Aetius par Valentinien (21 septembre 454)[modifier | modifier le code]

Valentinien n’avait jamais pardonné à Aetius l’appui que celui-ci avait donné quelque trente ans auparavant à l’usurpateur Johannes. Et bien qu’il ait donné sa propre fille Placidia en mariage au fils d’Aetius, Gaudentius, il craignait que le général ne plaçât ce dernier sur le trône.

Délivré du péril hun, Valentinien décida de se débarrasser de lui avec l’appui du sénateur Pétrone Maxime qui portait une haine personnelle à Aetius et celui de son chambellan Heraclius.

Selon l’historien Priscus[N 7], le 21 septembre 454, alors qu’Aetius était venu lui présenter un rapport financier, l’empereur bondit de son siège, clamant qu’il ne serait plus victime de la débauche alcoolique du général. Il le tint responsable des malheurs de l’empire et l’accusa de tenter d’usurper le trône.

Lorsqu’Aetius tenta de se défendre des accusations portées contre lui, Valentinien sortit son épée et, avec Heraclius se jeta sur Aetius qu’il frappa à la tête. Ce dernier mourut sur l’heure[57].

Sidoine Apollinaire[58] aurait rapporté que lorsque l’empereur se vanta de ce geste devant la cour, quelqu’un aurait répliqué : « Que ce geste ait été un bien ou un mal, je l’ignore; chose certaine toutefois, vous avez coupé votre main droite de votre main gauche »[59].

L'assassinat de Valentinien sur ordre de Pétrone Maxime (16 mars 455)[modifier | modifier le code]

Pétrone Maxime espérait devenir patrice à la place d’Aetius, mais se heurta aux objections d’Heraclius[60].

Voulant prendre sa revanche, il complota avec deux anciens partisans d’Aetius, Optila et Thraustila, pour assassiner à la fois Valentinien et Heraclius.

Le 16 mars 455, alors que l’empereur descendait de cheval au Champ de Mars pour se préparer à tirer à l’arc, Optila le frappa à la tête. Lorsque l’empereur se tourna pour voir qui l’avait frappé, Optila porta le coup fatal. De son côté, Thraustila tua Heraclius. La plupart des soldats assistant à la scène avaient eu une grande admiration pour leur général et personne ne tenta d’aider l’empereur gisant au sol[60].

Suites[modifier | modifier le code]

L'usurpation de Pétrone Maxime (17 mars-31 mai 455)[modifier | modifier le code]

Au lendemain de l’assassinat, Petronius Maximus qui était fort riche, soudoya ce qui restait de l’armée de l’empire occidental pour être nommé empereur[61].

Pour se donner une légitimité et obtenir la reconnaissance de l’empereur d’Orient, Marcien (r. 450-457), il épousa contre son gré la veuve de Valentinien, Licinia Eudoxia, en même temps qu’il fiançait la fille de celle-ci, Placidia, à son fils Palladius qu'il nomma César.

Mort de Pétrone Maxime (31 mai) et prise de Rome par les Vandales (juin 455)[modifier | modifier le code]

Le sac de Rome par Genséric et ses Vandales d'après un tableau de Karl Brioullov (1833–1836).

Pour se venger à son tour, Eudoxia appela à l’aide Genséric. Ce dernier appareilla aussitôt et, une fois en Italie, marcha sur Rome. Maxime voulut fuir mais fut arrêté par la foule terrorisée, qui le lapida le 31 mai après onze semaines de pouvoir.

Trois jours plus tard, Genséric prend Rome qui est pillée par les Vandales pendant deux semaines[62],[63].

Destin de la famille de Valentinien[modifier | modifier le code]

Genséric retourna en Afrique avec un énorme butin et de nombreux otages, dont Licinia Eudoxia et ses filles, Eudoxia et Placidia.

Eudoxia épouse son fiancé de longue date, Hunéric, fils de Genséric[64], à qui elle donne un fils, Hildéric, roi des Vandales de 523 à 530. Répudiée en 472, elle s'enfuit à Jérusalem où elle meurt au bout de quelques jours.

Licinia Eudoxia recouvre la liberté en 462, ainsi que Placidia, grâce à l'intervention des deux empereurs et du général Olybrius.

Jugement[modifier | modifier le code]

Aucun des descendants de Théodose Ier n’hérita de la force de caractère de leur ancêtre et la plupart d’entre eux devinrent Augustes alors qu’ils n’étaient encore qu’enfants ce qui provoqua une suite de longues minorités dont ils ne surent ou ne voulurent pas s’émanciper[1]. Si Valentinien III fut un souverain sans personnalité[N 8], sa légitimité et ses liens avec la dynastie issue de Valentinien Ier lui assuraient la loyauté de ses sujets et de l’armée en général; son existence même était une garantie contre les usurpations et les guerres civiles que l’on retrouvera par la suite[1]. De plus ces facteurs contribuèrent à conserver un semblant d’unité à un empire qui se désagrégeait : les différentes régions de l’empire occidental devenaient de plus en plus autonomes et le pouvoir de l’empereur, éclipsé par celui des généraux, se limitera désormais de plus en plus à l’Italie[65].

Valentinien III dans la littérature et les arts[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Valentinien III est présent dans

Il est présenté de façon défavorable dans les deux derniers : adulte juvénile, capricieux et peureux, il est dépeint comme un empereur facilement manipulable.

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Valentinien III, ainsi que sa sœur Honoria et son épouse Licinia Eudoxia, apparaissent dans la bande dessinée Léon le Grand : défier Attila[66], qui parle de la rivalité qu'il aurait eue avec le pape Léon le Grand, alors qu'Attila et son armée menaçaient Rome en 452.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Flavius Constantius sera fait coempereur par Honorius sous le nom de Constance III alors que Valentinien n’avait que deux ans; il régnera brièvement de février à septembre 421.
  2. L’Histoire de Paul Diacre la mentionne en premier parmi les enfants du mariage, signifiant sans doute qu’elle était l’aînée.
  3. Cette épithète est liée à l’origine au titre de « César » dont les détenteurs sont les héritiers présomptifs des empereurs titrés « Auguste » (dans le cadre du système de la tétrarchie établi par Dioclétien en 293). Par la suite, elle sert à honorer certains parents de l’empereur sans impliquer de droit au trône impérial.
  4. Le mariage ne sera célébré que lorsque Valentinien atteindra sa majorité à 18 ans en 437.
  5. Officier militaire de haut rang dont le titre signifiait qu’il commandait à la fois l’infanterie et la cavalerie. Il est aussi appelé magister militum; le commandant des corps demeurant à la disposition de l’empereur près de la capitale est appelé magister militum praesentalis.
  6. Le mariage aura tout de même lieu une décennie plus tard, lorsque Genséric, après avoir pris Rome (juin 455), retourne à Carthage avec l'impératrice, Eudoxie et ses filles, Eudocia et Placidia, comme prisonnières. Eudocia est alors mariée de force à Hunéric, à qui elle donne un fils, Hildéric, roi des Vandales de 523 à 530.
  7. Historien grec originaire de Thrace et diplomate au service des empereurs d'Orient Théodose II (408-450) et Marcien (450-457).
  8. Gibbon en 1825 propose ce portrait : « Il hérita des faiblesses de son cousins et de ses deux oncles, sans posséder cette délicatesse, cette pureté et cette innocence qui remplaçaient dans leur personnalité leur manque d’énergie et de capacité. Valentinien était d’autant moins excusable que s’il avait des passions, il n’avait aucune vertu; même sa religion avait un caractère douteux et s’il ne frôla jamais l’hérésie, il scandalisa les chrétiens pieux par son attachement aux arts profanes de la magie et de la divination. (Gibbon, The History of the Decline and the Fall of the Roman Empire, vol. 4, chap. 35, notre traduction).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Jones (1964) p. 173.
  2. a et b Martindale, « The Prosopography of the Later Roman Empire » (ci-après PLRE), p. 1138.
  3. Martindale, PLRE, p. 323.
  4. Cawley, « Profile of Ataulf ».
  5. Mathisen, « Galla Placidia », paragraphe 4.
  6. Blockey (2008) p. 136.
  7. a et b Canduci (2010) p. 158.
  8. Martindale, PLRE, p. 1139.
  9. Jones (1964) vol. 1, p. 174.
  10. Blockey (2008) p. 137.
  11. Jones (1964) vol. 1, p. 176.
  12. a et b Bury (1889) p. 272.
  13. a et b Bury (1889) p. 240.
  14. a et b Heather (2008) p. 5.
  15. Bury (1889) p. 242.
  16. a b et c Heather (2008) p. 7.
  17. Heather (2008) pp. 5-6.
  18. Jones (1964) vol. 1, pp. 176-177.
  19. Jones (1964) vol. 1, p. 190.
  20. Bury (1889) p. 247.
  21. Petridès, « Calama » Catholic Encyclopedia.
  22. Hughes (2012) pp. 83-84.
  23. Bury (1889) p. 248.
  24. Bury (1889) p. 249.
  25. Bury (1889) pp. 250-251.
  26. Heather (2008) p. 8.
  27. Heather (2008) p. 9.
  28. Heather (2008) p. 12.
  29. Bury (1889) p. 254.
  30. a b et c Heather (2008) p. 11.
  31. Voir section infra : Invasions des Huns.
  32. Heather (2008) pp. 11-12.
  33. Bury (1889) p. 255.
  34. Bury (1889) p. 258.
  35. a b et c Heather (2008) p. 14.
  36. Jones (1964) vol. 1, p. 201.
  37. Jones (1964) vol. 1, p. 453.
  38. Jones (1964) p. 205.
  39. a b et c Bury (1889) p. 253.
  40. Jones (1964) p. 424.
  41. a et b Heather (2008) p. 15.
  42. Bury (1889) pp. 273-276.
  43. Bury, « Justa Gratia Honoria », p. 11 [en ligne] https://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Journals/JRS/9/Justa_Grata_Honoria*.html.
  44. Oost (1968) p. 11.
  45. Bury (1889) p. 292.
  46. Bury (1889) p. 293.
  47. Bury (1889) pp. 294-295.
  48. Gillett (2001) pp. 131-167.
  49. Heather (2008) pp. 17-18.
  50. Bury (1889) pp. 295-296.
  51. Heather (2008) p. 18.
  52. Jones (1964) p. 361.
  53. Jones ( 1964) vol. 1, p. 762.
  54. Jones (1964), vol 2, p. 921.
  55. Jones (1964), vol. 1, p. 491.
  56. Jones (1964) vol. 2, p. 907.
  57. Given (2014) p. 126.
  58. Selon Edward Gibbon.
  59. Gibbon, chap. XXXV.
  60. a et b Given (2014) p. 128.
  61. Bury (1889) pp. 323-324.
  62. Bury (1889) p. 325.
  63. Zosso & Gingg (1995) p. 161.
  64. Procope, Histoire de la guerre des Vandales, V,1 : « Gizeric ensuite maria Eudocia à Honoric, l'aîné de ses fils, mais l'autre des deux femmes, qui était l'épouse d'Olybrius, un homme des plus distingués du sénat romain, il l'envoya à Byzance avec sa mère, Eudoxie, à la demande de l'empereur. »
  65. Mathiesen (1999) para. 4.
  66. Scénario de France Richemond, dessin de Stefano Carloni, couleurs de Luca Merli. Ouvrage publié en 2019 par les éditions Glénat et les Éditions du Cerf, collection « Un pape dans l'histoire ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Auteurs antiques[modifier | modifier le code]

  • Jordanes, Histoire des Goths, traduction d'Olivier Devillers, Paris, Les Belles Lettres, 1995 (ISBN 2-251339-27-2).
  • Procope, Histoire de la guerre des Vandales, Paris, Les Belles Lettres, coll. « La Roue à Livres », 1990 (ISBN 978-2-251-33905-4).
  • Priscus, History of Byzantium (titre original : Ἱστορία Βυζαντιακή), traduction en anglais de John Given, Merchantville (New Jersey), Evolution Publishing (ISBN 978-1-935228-14-1).
  • Prosper, Epitoma Chronicon, dans Jacques-Paul Migne, Patrologia Latina, volume 51.

Ouvrages historiques en français[modifier | modifier le code]

  • Roger Rémondon, La Crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », Paris, 1964.
  • François Zosso et Christian Zingg, Les Empereurs romains, Paris, Éditions Errance, 1995 (ISBN 2877722260).
  • Max Gallo, La Chute de l'Empire romain, Villeneuve d'Ascq, XO éditions, 2014, 258 p. (ISBN 978-2-84563-594-4).

En d'autres langues[modifier | modifier le code]

  • (en) Barnes, Thimothy D. “Patricii Under Valentinian III”, Phoenix 29, 1975, pp. 155-170.
  • (en) Blockley, R. C., "The Dynasty of Theodosius" (in) The Cambridge Ancient History: The Late Empire, A.D. 337–425 , [en ligne] 2008 (ISBN 9781139054409) pour cette édition.
  • (en) Bury, J. B., A History of the Later Roman Empire from Arcadius to Irene, Vol. I, 1889; repris par McMillan 1923.
  • (en) Bury, J. B. The Cambridge Medieval History. Vol. I. 1924.
  • (en) Canduci, Alexander. Triumph and Tragedy, The rise and fall of Rome’s immortal emperors. Pier 9 (ISBN 978-1741965988).
  • (it) Elia, Fibronia, Valentiniano III, CULC, Catania, 1999. OCLC: 44135614.
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  • (en) Gordon, Colin Douglas (1966). The Age of Attila: Fifth-century Byzantium and the Barbarians. Ann Arbor, Michigan, University of Michigan Press, 1966 (ISBN 9780472061112).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]