Ville impériale d'Obernai

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Ville impériale d'Obernai
(de) Reichsstadt Oberehnheim


(396 ans)

Blason
Blason d'Obernai
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Statut Ville d’Empire
État du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Capitale Obernai
Langue(s) Alémanique/alsacien, allemand, français
Religion Catholicisme
Bailliage Grand-Bailliage d'Alsace
Cercle impérial Cercle du Haut-Rhin
Démographie
Population () ~ 3 250 hab.[1]
Superficie
Superficie 52 km2[2]
Histoire et événements
Premier sceau et première mention d'Obernai comme ville
- Occupation de la ville par de le prince-évêque de Strasbourg durant la lutte du sacerdoce et de l'Empire
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire »)
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole
Nouvelle constitution donnant aux roturiers le pouvoir dont les nobles sont définitivement exclus
Prise de la ville par l'armée protestante d'Ernst von Mansfeld durant la guerre de Trente Ans
Occupation par l’armée impériale
- Occupation de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie)
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue)
Révolution française et fin de la constitution municipale

Entités suivantes :

La ville impériale d’Obernai (en allemand : Reichsstadt Oberehnheim) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre [3] et .

Village construit en contrebas du mont Saint-Odile mentionné pour la première fois en , Obernai dépend des abbayes de Hohenbourg et de Niedermunster puis s'affranchit progressivement de leur tutelle pour devenir une ville au Moyen Âge. Le bourg se développe sous l’autorité des Hohenstaufen qui siègent sur le trône impérial et possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. En tant qu'avoués et protecteurs des deux abbayes, ils favorisent l'essor d'Obernai. La ville est alors administrée par un prévôt (Schultheiss) à partir de [4]. Celui-ci rend la justice au nom du souverain du Saint-Empire. La lutte entre la papauté et l'Empire provoque l'affaiblissement du pouvoir impérial. Le prince-évêque de Strasbourg, Henri III de Stahleck, profite de l'instabilité politique pour s'emparer d'Obernai en . Après la défaite de son successeur, Walter de Geroldseck, à la bataille de Hausbergen face aux troupes de la ville libre de Strasbourg en , celles-ci mettent fin à la domination de l'évêque sur la cité qui est alors incendiée[5]. La construction d'un mur d'enceinte a probablement été entreprise entre et [6].

À la suite de son élection au trône du Saint-Empire, chaque nouveau souverain accorde à Obernai une nouvelle charte de franchises pour confirmer les privilèges donnés par ses prédécesseurs, renforcer l'autonomie de la cité et s'assurer de sa fidélité. En , le statut de « ville d'Empire » est reconnu à la cité qui dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière[7]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région. Le territoire d'Obernai s'agrandit peu à peu : la cité-État absorbe les villages et les hameaux aux alentours ou les acquiert, comme Bernardswiller acheté en [8]. Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Obernai forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. Quelques réunions de l'alliance se tiennent à Obernai[9]. Les institutions municipales sont progressivement établies au milieu du XIVe siècle. La cité s'affranchit de l'autorité du prévôt en diminuant son rôle à une fonction judiciaire à partir de [10]. L'évolution politique se fait également au détriment de la noblesse qui doit partager son pouvoir avec la bourgeoisie. Les chefs des corporations peuvent prendre part aux décisions importantes et accéder aux postes de stettmestres (Stettmeister) qui gouvernent la ville. L'accès des nobles à ces hautes fonctions décline régulièrement jusqu'à être empêché par la constitution municipale de [11]. L'économie de la ville repose sur l'activité artisanale ainsi que la production et le négoce de vins d'Alsace[12].

La Réforme protestante est introduite à Obernai par des prédicateurs et une partie de la population se convertit dès . Théologien et humaniste originaire de la ville, Thomas Murner est un farouche opposant à Martin Luther et dénonce la foi luthérienne[13]. Celle-ci n'est pas adoptée par les autorités de la cité qui restent catholiques[14]. L'attitude des dirigeants d'Obernai évolue au cours du XVIe siècle : d'abord favorable au protestantisme à partir de , elle devient hostile entre et avant de redevenir favorable jusqu'en [15]. Lors de la guerre de Trente Ans la ville est pillée et occupée en par l'armée protestante conduite par Ernst von Mansfeld[16], avant d'être reprise en par les troupes catholiques de Léopold V d'Autriche-Tyrol, grand-bailli d'Alsace et prince-évêque de Strasbourg, pour y rétablir l'autorité impériale. Obernai est conquise en par les troupes du royaume de Suède conduites par Gutaf Horn. La ville est ensuite occupée par les armées des États des Habsbourg en , puis à nouveau par les troupes suédoises en et jusqu'à la fin du conflit[17]. Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [18].

Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance d'Obernai qui est rattachée au territoire français[19]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Encyclopédie de l'Alsace 1984] « Obernai », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 9 : Migeon-Ostwald, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 5615-5628.
  • [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
  • [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
  • [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
  • [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
  • [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
  • [Nicollier 2012] Béatrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
  • [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]