Achille Naftalis

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Achille Naftalis
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Ichil NaftalisVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Le bon ToubibVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Royaume de Roumanie (jusqu'en )
française (à partir de )
israélienne (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Autres informations
Grade militaire
Médecin-Capitaine
Conflit
Distinctions

Achille Naftalis (, Bacău, Roumanie - , Petah Tikva, Israël) est un médecin français du XXe siècle et un leader de la communauté juive en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Roumanie[modifier | modifier le code]

Achille Naftalis est né Ichil Naftalis (יחיאל הלוי נפתליס), le fils de Marcu (מרדכי) et Rosa Naftalis, le , à Bacău, en Roumanie, pays traditionnellement francophile et francophone. Sa mère est la fille de David Loebel et la petite fille du Rabbin Aaron Simha Loebel, de Bacău. La famille Naftalis de Bacău est une famille juive traditionaliste et sioniste. Il est le 7e de 9 enfants. Son frère ainé, Samoil (Samuel) Naftalis, né en 1895, est docteur en médecine, et sert comme médecin militaire dans l'armée roumaine.

France[modifier | modifier le code]

Dans l'incapacité d'étudier la médecine en Roumanie, à cause du numerus clausus qui limitait le nombre d'étudiants juifs, il immigre en France après l'obtention de son baccalauréat, en , pour y faire ses études de médecine, les premières années à la Faculté de médecine de Toulouse, puis à la Faculté de médecine de Paris.

Pendant ses études de médecine à Paris, il habite, depuis , au 32 rue des Écoles, dans le 5e arrondissement, jusqu'au , date de son départ au régiment.

Il soutient sa thèse « Contribution à l'étude du tétanos cérébral » et reçoit son Diplôme d'État de docteur en médecine à Paris le .

Il est naturalisé français le [1], ce qui lui permet de pratiquer la médecine[2].

Après la guerre, il installe son domicile à la rue de Reuilly dans le 12e arrondissement de Paris.

Il se marie le avec Hedwige Gluck[3], avec qui il aura deux enfants: Marc, un ingénieur, et Michaèle, une médecin, vivant en Israël.

Israël[modifier | modifier le code]

Après sa retraite professionnelle, il établit son domicile en 1978 à Ramat Gan, en Israël, où il est décédé en 1984 et enterré, ainsi que son épouse.

Service militaire[modifier | modifier le code]

Appelé sous les drapeaux et incorporé le à la 7e Section d'Infirmiers Militaires à Dole, dirigé ensuite comme élève officier de réserve sur l'École de Santé de Lyon, il est nommé médecin auxiliaire le .

Affecté alors au 28e Régiment d'Artillerie divisionnaire à Chaumont, puis en au 21e Régiment d'Infanterie[4] également à Chaumont, il est maintenu à cette unité lors de la déclaration de guerre, le , et part avec celui-ci sur le front d'Alsace. Il est stationné à Roppentzwiller (Haut-Rhin).

Bataille de France (mai-juin 1940)[modifier | modifier le code]

Le docteur Naftalis remplit les fonctions de médecin aide major au 3e bataillon du 21e R.I. de la 13e division.

La Bataille de France débute le , mettant fin à la « drôle de guerre ». Le docteur Naftalis est dirigé avec son régiment sur le secteur de la Somme et prend une part active, à partir du , aux combats de Quevauvillers, Guignemicourt[5] et Frémontiers[6].

Il est cité à l'ordre de la Brigade du « Médecin du 3e bataillon, a assuré le service très pénible jusqu'au . Disparu à cette date alors qu'il était resté à son poste de secours ».

Il est décoré de la Croix de Guerre[7].

Prisonnier de guerre (1940-41)[modifier | modifier le code]

Le docteur Naftalis, fait prisonnier avec le restant de son bataillon le et interné au Frontstalag 172[8], continue son service comme médecin pour les prisonniers, ainsi que pour la population civile[9] de la région (département de la Somme), à Namps-au-Val, puis à Saint-Riquier, à Abbeville et à Doullens. Il fait de son mieux pour libérer les soldats prisonniers pour raisons médicales, ce qui lui vaut d’être transféré au Stalag II-C à Greifswald en Poméranie d’où il est finalement libéré le . C'est à cette époque que le surnom « le bon Toubib[10] » lui est attribué, probablement par les tirailleurs marocains.

Il est mis en congé sans solde le et maintenu à la disposition du Service de Santé militaire.

Résistance (1941-1944)[modifier | modifier le code]

Sa naturalisation ayant été mise en question par la loi du 22 juillet 1940 du fait de sa judaïcité, et la loi du 4 octobre 1940 sur « les ressortissants étrangers de race juive » autorisant l'internement immédiats des juifs étrangers, et après avoir échappé à une arrestation, le docteur Naftalis abandonne son domicile parisien pour la région de Versailles (Seine-et-Oise) et s'installe dans le village de Thiverval, où il se met, à partir de 1941, au service des F.F.I., groupement de résistance de Versailles-Thiverval.

Après guerre[modifier | modifier le code]

Le docteur Naftalis est libéré du service militaire le avec le grade de médecin-lieutenant.

Il est décoré en 1947 de la médaille de la Reconnaissance française[11].

Il est promu au grade de médecin-capitaine de réserve en 1955 et au grade de médecin-capitaine honoraire en 1967.

Activité professionnelle[modifier | modifier le code]

Le docteur Naftalis a une pratique privée dans la Cour d'Alsace-Lorraine au 67 de la rue de Reuilly dans le 12e arrondissement de Paris.

Il est aussi médecin du travail pour plusieurs entreprises internationales à Paris: il est médecin de la banque new-yorkaise Guaranty Trust (à l'Hôtel de Coislin, 4 place de la Concorde), de la société de presse Time Inc. (également à la place de la Concorde)[12], de l'entreprise financière American Express (au 11 rue Scribe), ainsi que le médecin de la compagnie aérienne israélienne El-Al (au 167 rue de Courcelles et à l'aéroport d'Orly).

Il donne également, à titre bénévole, une fois par semaine, des consultations au dispensaire[13] de la rue Saulnier.

Administrateur de communauté[modifier | modifier le code]

En dehors de sa pratique médicale, le docteur Naftalis consacre son énergie à l'administration de communautés juives.

Il est un administrateur de la Synagogue des Tournelles, une des plus grandes synagogues de Paris, dans le quartier du Marais, lorsque son beau-frère le rabbin David Feuerwerker la dirige. Le rabbin David Feuerwerker célèbre son mariage avec Hedwige Gluck, à la Synagogue des Tournelles.

Puis, il devient président de la Synagogue Adath Israël, Rue Basfroi, dans le 11e arrondissement. C'est à lui que l'on doit la transformation radicale de cet oratoire orthodoxe qui physiquement était désuet en une synagogue moderne et adaptée à son temps.

La synagogue Adath Israel, une synagogue orthodoxe indépendante du Consistoire, faisait partie de l'Agudas Hakehilos[14](אֲגֻדָּת־הַקְּהִלּוֹת, Union des communautés[15]).

Il conçoit le projet de ce renouveau en travaillant de concert avec l'entreprise immobilière qui désirait acheter le terrain de la synagogue, et qui, en retour, s'engageait à créer une nouvelle Synagogue selon les désidératas de la Communauté.

Il obtient entre autres le maintien, sans interruption, d'un lieu de prières, ce qui fut fait en créant un oratoire temporaire, situé à proximité, à la Cour Debille.

Il demande également l’aménagement d'une Mikveh dans l'immeuble de la synagogue.

Avant la réalisation finale du projet, pendant les longs mois de planification puis de mise en chantier, il doit rassurer ceux qui doutaient. Le temps lui donne raison. Son œuvre continue de porter des fruits. Il travaille de fait pour l'avenir de la communauté.

Décorations[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Journal officiel du 18 juillet 1937, page 8132.
  2. la loi Armbruster de mai 1933, adoptée sous le Gouvernement Daladier limitait l’exercice de la médecine au titulaire français d’un doctorat de médecine
  3. Hedwige Gluck, son épouse, est la sœur d'Antoinette Feuerwerker, Salomon Gluck et Rose Warfman.
  4. commandé par le Lieutenant Colonel Lambert
  5. Une plaque commémorative du 3e bataillon du 21e R.I. est adossée au monument aux morts du village de Guignemicourt « À la gloire de ce régiment qui a héroïquement défendu Guignemicourt du 27 mai au 6 juin 1940 »
  6. Un monument commémoratif au lieu-dit « Sur la montagne », sur la route de Frémontiers à Brassy "Pour perpétuer l'héroïque défense de Frémontiers par le 3e bataillon 21e R.I.". Sur ce monument, les noms des soldats tués au cours de la bataille des Évoissons du 5, 6 et 7 juin sur le territoire des communes de Frémontiers et de Brassy.
  7. Journal Officiel du 7 août 1941, page 452 CG
  8. Le Frontstalag 172 sert à l'internement des soldats français faits prisonniers en 1940. Il est situé à Doullens de juillet à décembre 1940, puis à Amiens de janvier à mars 1941.
  9. la Sœur Giraudon, Fille de Charité, Supérieure à l'Hospice Dumont à Abbeville, témoigne du dévouement du docteur Naftalis, autant pour les militaires blessés que pour la population civile à qui il apporte bénévolement des soins médicaux
  10. Voir, toubib sur le Wiktionnaire
  11. décret du 15 décembre 1947, publié au Journal Officiel page 377
  12. Le Docteur Naftalis fait le sujet d'un article publié, le 8 avril 1949, dans le périodique des employés du Time Inc.
  13. Dispensaires populaires qui sont créés à Paris à la mémoire de Wladimir Tiomkin (rue Jean-Pierre-Timbaud et rue Saulnier)
  14. Voir Nancy L. Green, 1986, p. 85-87
  15. Cette Union des communautés est issue de neuf sociétés israélites orthodoxes

Bibliographie[modifier | modifier le code]