Dora Schaul

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Dora Schaul
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Naissance
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Nationalité

Dora Schaul (née Davidsohn) (21 septembre 1913, Berlin, Allemagne - 8 août 1999, Berlin) est une juive communiste allemande ayant participé à la Résistance en France sous le nom de Renée Fabre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dora Davidsohn est née le 21 septembre 1913 à Berlin, en Allemagne[1],[2].

Elle est la fille de Julius Davidsohn (1879-1942) et de Else Davidsohn (Rosener) (1881-1942)[3],[4],[5]. Ses parents, sa sœur, Lotte, son aînée de 6 ans, et son beau-frère, Josef Grüner, restés en Allemagne sont arrêtés en 1942 et sont déportés et morts à Maidanek[6],[7].

Sa famille va habiter à Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), lorsqu'elle a 4 ans. Ses parents ont un petit commerce de radios et phonographes.

Elle fait des études dans une école de commerce et devient représentante de commerce à Berlin[1].

Amsterdam[modifier | modifier le code]

En 1933, elle part pour Amsterdam, où elle rencontre son futur époux, Alfred Benjamin. un membre du Parti communiste d'Allemagne. Lorsqu'il s'exile en France, en automne 1934, elle le suit[1].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Dora Davidsohn vit à Paris, sans statut légal. Elle est arrêtée et placée à la prison de la Petite Roquette. En octobre 1939, elle est transférée au camp de détention de Rieucros à Mende (Lozère) puis, en février 1942, au camp de détention de Brens (Tarn) où 1 150 femmes sont internées[1],[7].

Elle se marie avec Alfred Benjamin, alors qu'elle est en détention.

Le 14 juillet 1942, elle s'évade de Brens.

En août 1942, Alfred Benjamin s'évade du camp de travail de Chanac (Lozère). Il meurt accidentellement, en septembre 1942, en tentant d'entrer en Suisse[1].

Résistance à Lyon[modifier | modifier le code]

De Brens, Dora Benjamin rejoint la Résistance à Lyon.

Elle participe à partir de aux réseaux clandestins Deutsch-Arbeit (Travail allemand) et Deutsche-Feldpost (Poste de campagne allemande), à partir de l'École de santé militaire de Lyon.

Elle reçoit des faux-papiers au nom de Renée Gilbert puis de Renée Fabre.

Bien que vivant en France, depuis environ 10 ans, elle garde un accent allemand, et peut se faire passer pour alsacienne.

Elle trouve un emploi dans un centre de triage pour le service postal militaire de la Wehrmacht, dans l'ancienne faculté de médecine au 14 avenue Berthelot. La Gestapo va utiliser cet endroit comme centre administratif. Klaus Barbie y a un bureau.

En juillet 1943, Dora Benjamin trouve la liste de tous les membres de la Gestapo de la région lyonnaise. Elle mémorise les noms pour les transmettre à la Résistance. La liste est communiquée à Londres, et est citée peu de temps après dans un programme français de la BBC, causant un grand émoi à travers les rangs de la Gestapo en France.

Dans le cadre du Travail allemand (TA), elle participe au "travail des filles" qui consiste à entrer en contact avec des soldats allemands[8] et à leur distribuer des dépliants et des prospectus contre le national socialisme[1].

Retour en Allemagne[modifier | modifier le code]

Dora Benjamin retourne en Allemagne en 1946. Elle se remarie avec Hans Schaul, qui avait été interné au Vernet, puis transféré à Djelfa, en Algérie[1].

Ils ont un fils, Peter Schaul[7].

Témoignage[modifier | modifier le code]

Dora Schaul a raconté son parcours, de l'émigration à l'engagement en politique et dans la résistance, dans une interview réalisée en 1997 par Cathy Gelbin et Sonja Miltenberger pour le Centre Moses Mendelssohn (MMZ) (de)[9]. Cet enregistrement est le fil rouge d'une série documentaire de France Culture consacrée aux FTP-MOI diffusée en 2024[10].

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • (de) Dora Schaul et Otto Niebergall, Résistance – Erinnerungen deutscher Antifaschisten (Mémoires d'antifascistes allemands). Dietz Verlag, Berlin, 1973[11]

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Route Dora Schaul à Brens (Tarn)[12].
  • Amphithéâtre Dora Schaul à Lyon (Rhône)[13].
  • Une plaque commémorarive est apposée au dernier domicile de Dora Schaul à Berlin, Dammweg 73[14]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dora Schaul, « “Renée Fabre” dans la Résistance », Le Monde juif, revue d'histoire de la Shoah, no 170,‎  ; propos recueillis en 1998 ; entretien reproduit dans Claude Collin, Le « Travail Allemand », une organisation de résistance au sein de la Wehrmacht : Articles et témoignages, Paris, Les Indes savantes, 131 p. (ISBN 978-2-84654-352-1), p. 23-32

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g « German Resistance Memorial Center - Biographie », sur www.gdw-berlin.de (consulté le )
  2. « Collections Search - United States Holocaust Memorial Museum », sur collections.ushmm.org (consulté le )
  3. « Dora Schaul », sur geni_family_tree, (consulté le )
  4. « Julius Davidsohn », sur geni_family_tree, (consulté le )
  5. « Else Davidsohn », sur geni_family_tree, (consulté le )
  6. Claude Collin. Dora Schaul, « Renée Fabre » dans la Résistance (1913-1999). Guerres mondiales et conflits contemporains No. 194 (décembre 1999), p. 187-193. Voir, note 1.
  7. a b et c « Une route Dora-Schaul, pour la mémoire des internées », sur ladepeche.fr (consulté le )
  8. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
  9. (de) « Dora S. Holocaust testimony », sur fortunoff.aviaryplatform.com (consulté le )
  10. « M.O.I, la main-d'œuvre immigrée en lutte », sur radiofrance.fr (consulté le )
  11. « Dora Schaul (1913-1999) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  12. « Route Dora Schaul à Brens (Tarn) - [Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah] », sur www.cercleshoah.org (consulté le )
  13. « Baptême de l’amphithéâtre Lucie et Raymond Aubrac | Sciences Po Lyon - IEP Lyon », sur www.sciencespo-lyon.fr (consulté le )
  14. (de) « Gedenktafeln in Berlin: Dora Schaul », sur www.gedenktafeln-in-berlin.de (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]