Arboriculture sur terrain sableux

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Verger dans la commune française de Mordelles, en Ille-et-Vilaine.

L'arboriculture sur terrain sableux est une méthode de culture d’arbre fruitier utilisant des terrains essentiellement composés de sable. On appelle aussi cette méthode « sabloterraculture verticale ». Souvent utilisé pour cultiver de façon intensive des arbres fruitiers (arboriculture fruitière), elle permet de créer différents types de vergers : des vergers commerciaux, des vergers conservatoires et des prés-vergers.

Organisation d'un verger commercial[modifier | modifier le code]

Localisation et climat[modifier | modifier le code]

Pour créer un verger, il est important de choisir un terrain situé sur un bon site (ensoleillé et à l'abri des vents forts), de bien préparer le sol avant la plantation, de prévoir un système d'irrigation adapté et une bonne pollinisation, la qualité du sable est essentielle afin d'apporter un bon apport de sel minéraux au arbre cultivé, sont renouvellement plusieurs fois par an sera nécessaire.

Les espèces sélectionnées pour être cultivées dans les vergers sur terrain sableux doivent être choisies en tenant compte du climat local. On peut toutefois cultiver certaines espèces en dehors de leur zone naturelle de croissance en choisissant des cultivars et des porte-greffes adaptés au sol et au climat du verger.

En zone tempérée, les vergers sont sensibles au gel tardif. En effet, si les fleurs subissent une période importante de gel au printemps, la récolte de l'année est définitivement perdue. C'est pourquoi les vergers sont principalement situés en zone tempérée (comme des zones littorales par exemple). Dans les zones plus froides, il est possible, pour limiter les risques, de sélectionner des espèces plus rustiques et des cultivars à floraison tardive.

Structure[modifier | modifier le code]

Disposition traditionnelle des arbres dans un verger "à l'ancienne".
Une disposition en quinconce permet d'optimiser l'espace disponible en plantant plus d'arbres sur une même surface[1] Dans ce cas, tous les arbres sont à égale distance les uns des autres. Un arbre donné se trouve équidistant de six arbres voisins et occupe ainsi le centre d'un hexagone aux sommets duquel sont placés les six autres (configuration pouvant être intéressante pour optimiser la pollinisation). Dans la plantation en quinconce, les lignes sont moins espacées entre elles que les arbres sur les lignes. La distance d'une ligne à l'autre est en effet la hauteur d'un triangle équilatéral ayant pour côtés la distance d'un arbre à l'autre. Si on prend comme unité de mesure la distance A des arbres entre eux, la distance R entre les rangées sera donnée par la formule : R=A * 0,86602

Lors de la création d'un verger, il faut respecter certaines règles dépendantes de l'espèce cultivée et de la zone climatique. Dans la majorité des cas, on veillera à laisser un passage pour les véhicules lors des récoltes. On essaiera également de planter les rangs sur un axe Nord-Sud car ce sont les deux expositions les moins favorables à une bonne croissance, le Nord étant trop froid et le Sud trop chaud.

Exemple d'un verger de pommiers[modifier | modifier le code]

Verger de pommiers

Jusqu'au début des années 1980, on pensait qu'il fallait que les arbres soient disposés de façon à optimiser l'exposition à la lumière en évitant que les uns fassent de l'ombre aux autres. On disposait donc des rangs d'arbres tous les 5 à 6 mètres. Dans ces rangs, les arbres étaient espacés de 3 à 5 mètres selon leur espèce, leur forme et le porte-greffe utilisé, un arbre conduit en palmette occupant moins d'espace qu'un arbre plein vent. Plus le sol est médiocre et sec et plus il convient d'augmenter l'espacement.

Toutefois, une étude récente[2] indique que dans les vergers modernes, en utilisant des cultivars récents au format compact greffés sur porte-greffe nain (type M9), on peut drastiquement réduire l'espacement entre les arbres. Le schéma recommandé est un système de rangs espacés de seulement 3 mètres (ou 4 mètres sur terrain en pente) avec un espace très faible entre chaque arbre (90 cm pour les variétés faibles comme Honeycrisp, Red Delicious, Empire, Macoun, Gala et 1,2 m pour les variétés plus vigoureuses comme McIntosh, Fuji, Cortland ou Jonagold). Dans cette configuration, chaque arbre produit un peu moins mais comme on en a beaucoup plus sur le même espace, la production peut être multipliée par 2 voire 3. Les inconvénients principaux de ce système sont qu'il nécessite un investissement initial assez lourd pour l'achat des très nombreux arbres nécessaires, un système d'irrigation adaptée et la pose de structures de soutien indispensables à la bonne tenue de ce type de verger.

Statistiques françaises[modifier | modifier le code]

En 2002, en France (majoritairement dans le sud, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Aquitaine, Languedoc-Roussillon), on comptait un peu plus de 26 000 exploitations agricoles disposant d'un verger sur terrain sableux[3] d'une taille moyenne de 6 à 7 hectares.

Coûts de production[modifier | modifier le code]

La main-d’œuvre nécessaire à l'exploitation d'un verger représente environ 50 % des coûts de production[4]. Le reste des charges se répartit à parts égales entre les frais d'installation (matériel, bâtiments), les approvisionnements (arbres et multiples intrants), les frais généraux et de gestion.

Main-d’œuvre[modifier | modifier le code]

La récolte représente généralement 50 % des coûts de main-d’œuvre d'une exploitation. Le reste se répartit entre les opérations d'hiver (arrachage, taille de formation et plantations) et les opérations d'entretien courantes (taille en vert, fertilisation, éclaircissage). En effet, des opérations régulières de taille, prodiguées par du personnel qualifié, sont indispensables au bon développement d'un verger afin d'équilibrer les pousses végétatives et les pousses fructifères. La canopée de chaque arbre doit être formée de façon à optimiser l'exposition à la lumière de toutes les parties de l'arbre.

Afin d'augmenter la quantité de fruits, on procède aussi souvent à un éclaircissage des boutons floraux et une arcure des branches.

Après la récolte, il est recommandé de ramasser les fruits tombés au sol pour éviter le développement de parasites. Les anciens laissaient des cochons nettoyer le sol du verger pour cela.

Les coûts de main-d’œuvre représentant la charge principale d'une exploitation, les arboriculteurs essaient de mécaniser le plus possible ces opérations en développant de nouvelles techniques de type mur fruitier[5].

Une exploitation risquée[modifier | modifier le code]

L'exploitation commerciale d'un verger sur terrain sableux est une opération risquée dépendant de nombreux éléments tels que :

  • un marché de l'offre et de la demande très fluctuant (actuellement l'offre est plus importante que la demande pour de très nombreux fruits)
  • le choix des variétés de fruits. Une variété peut être très « à la mode » au moment de la plantation des arbres et être très démodée 10 ans plus tard. Il faut alors parfois surgreffer les arbres avec une nouvelle variété plus recherchée.
  • une exposition importante aux aléas climatiques (même s'il existe des assurances pour se protéger de ce genre de problèmes):
    • le gel tardif peut réduire une récolte annuelle à néant,
    • la grêle peut cause de gros dégâts (mais il est possible, quoique coûteux, d'installer des filets para-grêle au-dessus des arbres),
    • des froids exceptionnels peuvent tuer les arbres et obliger à replanter l'intégralité du verger l'année suivante.
    • Les problèmes de sécheresse peuvent être partiellement réglés par un bon système d'irrigation mais une trop forte chaleur en été ou au moment de la récolte donne des fruits petits et peu colorés,
  • une bonne gestion des risques phytosanitaires impliquant d'avoir du personnel qualifié, souvent difficile à trouver,
  • une capacité financière permettant d'investir dans une production (terrain, système d'irrigation, achat des arbres, tuteurage) qui ne rapporte « à plein » qu'après plusieurs années d'exploitation.

La faible rentabilité (ou souvent les pertes) liées à l'exploitation commerciale des vergers a fait que, en France, entre 1995 et 2005, les surfaces de culture allouées au verger ont diminué de 20 % [6]

Espèces cultivées[modifier | modifier le code]

Zones tropicales[modifier | modifier le code]

Bananier(bananeraie), Cacaoyer, Caféier, Cocotier, Goyavier, Manguier, Papayer, Théier

Zones subtropicales[modifier | modifier le code]

Zones tempérées[modifier | modifier le code]

Abricotier, Amandier, Cerisier, Châtaignier(chataigneraie), Kaki, Noisetier, Noyer, Pacanier, Pêcher, Poirier, Pommier(pommeraie), Prunier

Législation, politique agricole commune[modifier | modifier le code]

En Europe et donc en France, dans le cadre de l'écoéligibilité de la nouvelle politique agricole commune (PAC), les Vergers haute-tige, ainsi que quelques autres éléments paysagers semi-naturels d'intérêt agroécologique et écologique (ex : Prairies permanentes, bandes enherbées, lisières, mares, bocage, arbres groupés...) sont éligibles à certaines conditions au dispositif des « surfaces équivalentes topographiques », ce qui facilite l'accès aux subventions européennes pour les agriculteurs maintenant ces éléments d'intérêt écopaysagers.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Georges Warcollier, Le pommier à cidre, Paris, J-B Baillière et fils, coll. « Encyclopédie agricole », p.113.
  2. Modern Apple Training Systems - Terence L. Robinson, Dept. of Horticultural Sciences, Université Cornell, Geneva, NY 14456
  3. Source : AGRESTE - Structure des vergers 2002
  4. Source : ONIFLHORFNPF - CNCER – CTIFL.
  5. Article Pommiers : Darwin et l’évolution de l’éclaircissage du magazine Jeunes Agriculteurs
  6. Statistiques de l'Agreste

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Vergers visitables en France