Government Accountability Institute

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Government Accountability Institute
La corruption prévaudra si les journalistes ne la dénoncent pas. Pour l'exposer, il faut suivre l'argent.Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
(en) GAIVoir et modifier les données sur Wikidata
Zone d'activité
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Siège
Pays
Langue
Organisation
Fondateurs
Président
Budget
en 2020 :
3 678 463 $ de revenus,
3 298 273 de dépenses,
398 092 $ d'actifs[1],
contre $1.7 million de revenus en 2014[2]
Site web
Identifiants
OpenCorporates

Le Government Accountability Institute (GAI) est une entité qui se présente comme un groupe de réflexion (think tank), ultra-conservateur[3],[4], créé à Tallahassee en Floride[5],[6] en 2012 par Peter Schweizer et Steve Bannon, avec le financement du milliardaire Robert Mercer et de sa famille[7].

Le président du think tank[8], Peter Schweizer, est présenté par le site du GAI comme un « auteur à succès et journaliste d'investigation (…) consultant auprès du Bureau de la rédaction de discours présidentiels à la Maison-Blanche pour le président George W. Bush. Il a également été membre du groupe d'étude sur l'ultraterrorisme au Sandia National Laboratory du gouvernement américain et est un ancien consultant pour NBC News. (…) titulaire d'une maîtrise en philosophie de l'université d'Oxford et d'un baccalauréat ès arts de l'université George Washington »[9].

Objectif[modifier | modifier le code]

Son objectif déclaré est d'enquêter et de dénoncer la corruption gouvernementale, l'utilisation abusive de l'argent des contribuables et le capitalisme de connivence (capitalisme de copinage), pour partager ces résultats d'enquête « avec d'autres journalistes qui n'ont peut-être pas le temps ou les ressources nécessaires pour le faire eux-mêmes ».

Bien qu'étant enregistré comme organisation non partisane[10], dans les faits, le GAI se concentre essentiellement sur les enquêtes relatives à des allégations visant le Parti démocrate[11].

Aperçu[modifier | modifier le code]

Le Government Accountability Institute a été créé par Steve Bannon comme outil susceptible de transmettre aux médias grand public des recherches, jugées partisanes et douteuses par de nombreux observateurs, sur l'opposition au parti de Donald Trump[12],[13]. Jane Mayer du New Yorker explique que Bannon « s'est rendu compte que, même si les grands journalistes se méfient des opinions partisanes, ils sont ouverts aux faits accablants sur les personnalités publiques, quelle qu'en soit la source. Il a entrepris, avec Schweizer, de produire du matériel qui susciterait une forte couverture médiatique et l'indignation de la droite »[14].

Alors que le GAI prétend être « un groupe de surveillance de la corruption autoproclamé présidé et financé par la méga-donatrice conservatrice Rebekah Mercer», fille et héritière du milliardaire Robert Mercer[15], ce think tank est devenu un pilier des médias de l'alt-right américaine[3].

Dans le conseil d'administration de GAI on trouve Steve Bannon, Peter Schweizer, Hunter Lewis, Ron Robinson (président de la Young America's Foundation) et Wynton Hall[16]. Et l'ancien politicien américain Jason Chaffetz les a rejoint en tant que « membre distingué » en 2021[11].

Financements[modifier | modifier le code]

Son budget (2020) déclarait 3 678 463 $ de revenus et 3 298 273 $ de dépenses, avec 398 092 $ d'actifs[1].

En 2013, la Fondation de la famille Mercer fait don de 1 million de dollars au Government Accountability Institute, suivi d'un nouveau don de 1 million de dollars en 2013, puis en 2014, suivi d'un don de 1,7 million de dollars en 2015[17].

Le Washington Post note qu'en 2013, Steve Bannon a à la fois 750 000 dollars en tant que PDG de Breitbart News, et 100 000 dollars en tant que président du Government Accountability Institute[17].

En 2017, la Fondation de la famille Mercer a versé 1,8 million de dollars au Government Accountability Institute[18].

De 2012 à 2014, GAI a déclaré près de 4 millions de dollars de dons provenant de la Mercer Family Foundation et du Donors Trust (affilié aux frères Koch)[19].

En 2019, le New Yorker faisait remarquer que la majeure partie du financement du GAI provenait de dons exonérés d'impôt de la fondation familiale de Robert Mercer, et que, selon les déclarations de revenus de l'organisation de 2017, c'est la fille Rebekah de Mercer qui était présidente du conseil d'administration du GAI[14].

Activités[modifier | modifier le code]

Cette entité a publié plusieurs rapports et livres dont les prémisses et les affirmations ont été réfutées après, voire avant la publication[20],[21].

L'un d'eux est Clinton Cash: The Untold Story of How and Why Foreign Governments and Businesses Helped Make Bill and Hillary Rich, un livre de 2015 qui fait de fausses déclarations sur les dons faits à la Fondation Clinton par des entités étrangères, des discours payés par Bill et Hillary Clinton, et l'enrichissement personnel des Clinton depuis leur départ de la Maison Blanche en 2001.

En octobre 2012, le GAI a publié un rapport insinuant que la campagne d'Obama avait reçu des contributions illégales[22], affirmant, sans citer aucune preuve, que « les campagnes qui collectent des fonds de manière agressive en ligne sollicitent des dons de personnes du monde entier, qu'elles le veuillent ou non », et ajoutant que la campagne d'Obama avait manqué de « vérification rigoureuse de la citoyenneté des donateurs » (il est illégal pour les citoyens non américains de contribuer aux campagnes américaines). Plusieurs sources médiatiques ont réfuté cette affirmation, et n'ont trouvé aucune preuve à l'appui[23].

Un autre livre (également démystifié)[14] est Secret Empires: How the American Political Class Hides Corruption and Enriches Family and Friends, qui a été la première source imprimée sur la fausse théorie du complot Biden-Ukraine[24].

Bush Bucks: How Public Service and Corporations Helped Make Jeb Rich, est un livre électronique daté d'octobre 2015, qui soulève des questions sur les millions de dollars que l'ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, a gagné après avoir quitté ses fonctions auprès d'entreprises qui ont bénéficié de la politique de Bush alors qu'il était Gouverneur de Floride[25],[26],[27].

Liens avec Breitbart News[modifier | modifier le code]

En novembre 2016, une enquête publiée par le Washington Post a mis en évidence, et détaillé, divers liens qui unissent le Government Accountability Institute et le site Web conservateur Breitbart News. En particulier :

  • trois employés de GAI ont reçu une rémunération à temps plein tout en travaillant ailleurs[28] ;
  • de 2012 à 2015, Steve Bannon, cofondateur et président exécutif du GAI, a reçu 376 000 $ en y ayant travaillé 30 heures par semaine, et il était simultanément président exécutif de Breitbart News[19]. Durant cette même période, Wynton Hall stratège en communications du GAI a, lui, reçu 600 000 $, alors qu'il était aussi rédacteur pour Breitbart News (et même promu rédacteur en chef en 2013) ;
  • le président et trésorier du GAI, Peter Schweizer, était aussi rédacteur en chef et écrivain de Breitbart News, et il a reçu 778 000 $ du GAI de 2012 à 2015[19].

Le Washington Post a aussi souligné que le plaidoyer politique de cet institut GAI soulevait d'autres questions : en particulier, en tant qu'organisme de bienfaisance public 501(c)(3), il semble être intervenu illégalement dans plusieurs grandes campagnes politiques.

Le rapport du Washington Post révèle également que, de 2013 à 2015, le GAI a acheté pour plus de 200 000 $ de publicité sur le site Web de Breitbart[19],[29].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en-US) « Government Accountability Institute », sur InfluenceWatch (consulté le ).
  2. 2014 Form 990 |url=http://www.guidestar.org/FinDocuments/2014/454/681/2014-454681912-0c23a818-9.pdf |GuideStar |consulté le 22 avril 2016.
  3. a et b (en) « The Mercers and Stephen Bannon: How a populist power base was funded and built », sur Washington Post (consulté le ).
  4. (en-US) Jim Rutenberg, « How Trump's ‘Voter Fraud' Lie Is Disenfranchising Americans », sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
  5. (en-US) Marc A. Thiessen, « Why is Obama skipping more than half of his daily intelligence meetings? », sur Washington Post, (ISSN 0190-8286, consulté le ).
  6. Ralph Nader, Unstoppable: The Emerging Left-Right Alliance to Dismantle the Corporate State, Nation Books, (ISBN 9781568584553, lire en ligne).
  7. (en) Gregory Zuckerman, Keach Hagey, Scott Patterson and Rebecca Ballhaus, "Meet the Mercers: A Quiet Tycoon and His Daughter Become Power Brokers in Trump's Washington" (subscription), The Wall Street Journal, 8 janvier 2017.
  8. (en) Ian Schwartz, « CNN Report On "Legalized Extortion": Politics, Money And Influence », sur realclearpolitics.com, (consulté le ).
  9. (en-US) « About GAI », sur Government Accountability Institute, (consulté le ).
  10. (en) Dave Davies, « How a Political Hit Job Backfired, and Led to Trump's Impeachment Peril », Fresh Air, NPR, .
  11. a et b (en) « Former Rep. Jason Chaffetz just joined this conservative think tank », sur Deseret News, (consulté le ).
  12. Seth Barrett Tillman, « Disqualification from the Presidency and a Trump Plea Bargain », SSRN Electronic Journal,‎ (ISSN 1556-5068, DOI 10.2139/ssrn.4194941, lire en ligne).
  13. Joshua Green, Devil's bargain: Steve Bannon, Donald Trump, and the storming of the presidency., Penguin, , 155 p..
  14. a b et c (en-US) Jane Mayer, « The Invention of the Conspiracy Theory on Biden and Ukraine », sur newyorker.com, (ISSN 0028-792X, consulté le ).
  15. (en) « Trump's Story of Hunter Biden's Chinese Venture Is Full of Holes », sur Bloomberg.com, (consulté le ).
  16. (en) « About », Government Accountability Institute (consulté le ).
  17. a et b (en-US) « Mercer Family Foundation », sur InfluenceWatch (consulté le ).
  18. Mercer Family Foundation 2017 Form 990, cité par (en-US) « Mercer Family Foundation », sur InfluenceWatch (consulté le ).
  19. a b c et d (en-US) Robert O'Harrow Jr, « Trump adviser received salary from charity while steering Breitbart News », sur Washington Post, (ISSN 0190-8286, consulté le ).
  20. Kristen Erichsen, Douglas Schrock, Benjamin Dowd-Arrow et Pierce Dignam, « Bitchifying Hillary: Trump Supporters' Vilification of Clinton during the 2016 Presidential Election », Social Currents, vol. 7, no 6,‎ , p. 526–542 (ISSN 2329-4965, DOI 10.1177/2329496520941022, lire en ligne).
  21. Richard G. Mayopu, Yi-Yun Wang et Long-Sheng Chen, « Analyzing Online Fake News Using Latent Semantic Analysis: Case of USA Election Campaign », Big Data and Cognitive Computing, vol. 7, no 2,‎ , p. 81 (ISSN 2504-2289, DOI 10.3390/bdcc7020081, lire en ligne).
  22. Mike Burns, Fox Hypes Unsubstantiated Claim That Obama May Be Receiving Illegal Foreign Donations, Media Matters for America (October 9, 2012).
  23. (en) A. B. C. News, « Group Warns of Foreign, Fraudulent Donors to Obama Campaign », sur ABC News (consulté le ).
  24. Joshua Green, « This Man Is the Most Dangerous Political Operative in America », Bloomberg Businessweek,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. (en) « New Peter Schweizer E-Book Questions Jeb Bush's Earnings », sur Bloomberg.com, (consulté le ).
  26. « Report Traces Jeb Bush's Ties to Companies That Had Business With Florida », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. (en-US) Matt Flegenheimer et Steve Eder, « Report Traces Jeb Bush’s Ties to Companies That Had Business With Florida », sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
  28. Michael Wyland, « Trump Adviser Double-dipping from Breitbart and Nonprofit Foundation| Nonprofit Quarterly », Nonprofit Quarterly,‎ (lire en ligne).
  29. (en-US) Joe Concha, « Fla. charity paid Bannon, other Breitbart employees: report », sur The Hill, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]