Cheval au Portugal

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Cheval au Portugal
Cavalier sur un cheval marron et noir
Cavalier de l'École portugaise d'art équestre

Espèce Cheval
Statut natif
Nombre 70 000 (2014)
Races élevées Lusitanien, Sorraia et Garrano

Le cheval au Portugal (portugais : cavalo) est surtout connu à travers l'élevage du Lusitanien une race largement exportée. Le Portugal constitue l'un des plus anciens foyers de domestication du cheval, avec une pratique équestre constante depuis la plus haute antiquité. L'équitation portugaise y est élevée au rang d'art. Le cheptel de chevaux portugais est restreint, avec l'une des plus faibles concentrations de toute l'Union européenne en 2008.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le cheval est arrivé dans la péninsule Ibérique depuis le nord dès l'époque préhistorique, pour s'installer sur la frange maritime et dans les montagnes[1]. Au quaternaire, le Portugal héberge une sous-espèce d'équidés spécifique, Equus Caballus Antunesi[2]. Les chevaux ibériques font partie des plus anciennes races domestiquées au monde. Plusieurs foyers de domestication du cheval y sont recensés, peut-être indépendamment de la domestication qui a eu lieu dans les steppes eurasiennes[3]. L'érudit portugais Ruy d'Andrade défend déjà cette idée[4]. Un foyer daté de la culture campaniforme a été retrouvé au centre du Portugal actuel. Les chevaux y présentent une diminution de stature, et une augmentation de la diversité génétique[5].

Les premières hallebardes découvertes par les archéologues, destinées à combattre des cavaliers, sont datées de 4 000 av. J.-C. ; certaines ont été retrouvées à Garrovillas de Alconétar et[6]. La statuaire et des mosaïques découvertes à Torre de Palma, près de Montforte, montrent que l'élevage du cheval ibérique y est déjà présent à l'époque antique[7]. Il est vraisemblable que la pratique consistant à courser un taureau à dos de cheval soit apparue peu après la domestication[8]. Strabon en atteste l'existence chez les Lusitaniens[8].

Le Livro da Montaria (livre de la vénerie), écrit entre 1415 et 1433 par le roi Jean Ier, fournit de nombreux renseignement sur cette méthode de chasse[9]. Le premier traité d'équitation portugais connu est l'œuvre de Dom Duarte[10], Ensinança de Bem Cavalgar Toda a Sela, écrite au XVe siècle vers 1434[11].

La peste équine est diagnostiquée pour la première fois au Portugal à l'automne 1989, dans le sud du pays[12]. Une campagne de vaccination des équidés permet de déclarer cette maladie comme officiellement éradiquée en décembre 1991[12]. En 2000, 27 000 chevaux sont recensés au Portugal, soit un taux très bas de 2,2 chevaux pour 1 000 habitants[13].

Pratiques et usages[modifier | modifier le code]

Feira Nacional do Cavalo à Golegã.

Le Portugal a essentiellement une pratique d'équitation de loisir[14]. L'équitation portugaise, mélange de dressage et de travail du bétail, est considérée comme un art et une tradition[14]. Les pratiques portugaises incluent aussi la tauromachie[14], connue sous le nom de tourada[15], qui comporte une pratique équestre artistique visant à éviter les charges du taureau, sans mise à mort[16].

Élevage[modifier | modifier le code]

Juments Sorraia à la Herdade de Azinhal.

Le Portugal a, tout à la fois, l'un des cheptels de chevaux les plus bas, et l'une des plus faibles densités de chevaux dans l'Union européenne[17]. D'après le guide Delachaux, ce pays compte environ 70 000 chevaux en 2014[14].

Si peu de chevaux et de diversité de races proviennent du Portugal, ces races de chevaux sont particulièrement réputées, comptant le célèbre Lusitanien (dont la lignée Alter Real), le cheval primitif Sorraia, et le poney Garrano[14]. On compte aussi une race de poneys des Açores, établie sur l'île de Terceira[14].

Les culicoïdes vecteurs de la peste équine sont présents au Portugal, particulièrement dans le centre-est et le long de la péninsule de Lisbonne[18].

Culture[modifier | modifier le code]

Le Portugal conserve de nombreuses traditions équestres[14]. La présence de peintures rupestres animalières dans la vallée de la côa a motivé des projets de réensauvagement[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. d'Andrade 1991, p. 11.
  2. João Luís Cardoso et V. Eisenmann, « Equus Caballus Antunesi, nouvelle sous-espece quaternaire du Portugal », Palaeovertebrata,‎ , p. 48–72 (ISSN 0031-0247, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Jaime Lira, Anna Linderholm, Carmen Olaria et Mikael Brandström Durling, « Ancient DNA reveals traces of Iberian Neolithic and Bronze Age lineages in modern Iberian horses », Molecular Ecology, vol. 19, no 1,‎ , p. 64–78 (DOI 10.1111/j.1365-294X.2009.04430.x, lire en ligne, consulté le ).
  4. Elisabeth Saccasyn-della Santa, Les figures humaines du paleolithique superieur eurasiatique, De Sikkel, (OCLC 83884862, lire en ligne), p. 76.
  5. Rose-Marie Arbogast, Archéologie du cheval : des origines à la période moderne en France, Paris, Errance, coll. « des Hespérides », , 127 p. (ISBN 2-87772-211-2 et 9782877722117), p. 23.
  6. d'Andrade 1991, p. 15.
  7. André Champsaur, Le guide de l'art équestre en Europe, Lyon, La Manufacture, 4e trimestre 1993, 214 p. (ISBN 9-782737-703324), L'Espagne et le Portugal.
  8. a et b d'Andrade 1991, p. 39.
  9. d'Andrade 1991, p. 29.
  10. Pereira 2010, p. 26.
  11. Pereira 2004, p. Résumé éditeur.
  12. a et b (en) M. Portas, F. S. Boinas, J. Oliveira E. Sousa et P. Rawlings, « African horse sickness in Portugal: a successful eradication programme », Epidemiology & Infection, vol. 123, no 2,‎ , p. 337–346 (ISSN 1469-4409 et 0950-2688, DOI 10.1017/S0950268899002897, lire en ligne, consulté le ).
  13. Khadka 2010, p. 10.
  14. a b c d e f et g Rousseau 2016, p. 96.
  15. d'Andrade 1991, p. 7.
  16. d'Andrade 1991, p. résumé éditeur.
  17. Khadka 2010, p. 8.
  18. (en) R. Capela, B. V. Purse, I. Pena et E. J. Wittman, « Spatial distribution of Culicoides species in Portugal in relation to the transmission of African horse sickness and bluetongue viruses », Medical and Veterinary Entomology, vol. 17, no 2,‎ , p. 165–177 (ISSN 0269-283X et 1365-2915, DOI 10.1046/j.1365-2915.2003.00419.x, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Caitlin DeSilvey et Nadia Bartolini, « Where horses run free? Autonomy, temporality and rewilding in the Côa Valley, Portugal », Transactions of the Institute of British Geographers, vol. 44, no 1,‎ , p. 94–109 (ISSN 0020-2754, DOI 10.1111/tran.12251, lire en ligne, consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [D'Andrade 1991] Fernando Sommer d'Andrade (trad. Ilda Mendes), La tauromachie équestre au Portugal, Éditions Chandeigne, , 141 p. (ISBN 2906462004 et 9782906462007)
  • [Pereira 2001] Carlos Henriques Pereira, Étude du premier traité d'équitation portugais : « Livro da ensinança de bem cavalgar toda sela », du roi Dom Duarte, L'Harmattan, , 192 p. (ISBN 2296210821 et 9782296210820)
  • [Pereira 2004] Carlos Henriques Pereira (ill. Marine Oussedik), L'équitation portugaise: Un art équestre, Actes Sud, coll. « Série Cheval », , 91 p. (ISBN 2742751823 et 9782742751822)
  • [Pereira 2010] Carlos Henriques Pereira, Naissance et renaissance de l'équitation portugaise: Du XVe au XVIIIe siècle d'après l'étude des textes fondateurs, L'Harmattan, , 442 p. (ISBN 2296266266 et 9782296266261)
  • [Khadka 2010] (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics,
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleVoir et modifier les données sur Wikidata
  • [Rousseau 2016] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Guide des chevaux d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02437-9), « Portugal », p. 96Voir et modifier les données sur Wikidata