Crozes-hermitage (AOC)

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Crozes-hermitage
Image illustrative de l’article Crozes-hermitage (AOC)
Tradition et modernité : maison bioclimatique dans le vignoble de Crozes-Hermitage.

Désignation(s) Crozes-hermitage
Appellation(s) principale(s) crozes-hermitage ou
crozes-ermitage
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1937
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de la vallée du Rhône
Sous-région(s) vallée du Rhône septentrionale
Localisation Drôme
Climat tempéré méditerranéen dégradé avec influence continentale
Sol diluvions alpins
Superficie plantée 1 650 hectares [1]
Cépages dominants syrah N, marsanne B et roussanne B
Vins produits 90 % rouges et 10 % blancs
Production 61 022 hectolitres en 2004
Pieds à l'hectare minimum 4 000 pieds par hectare
Rendement moyen à l'hectare 45 à 50 hectolitres par hectare[2]

Le crozes-hermitage[3], ou crozes-ermitage, est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit sur dix communes autour de Crozes-Hermitage et de Tain-l'Hermitage, dans la Drôme. Il s'agit d'une appellation du vignoble de la vallée du Rhône septentrionale, sur la rive gauche du Rhône, entourant l'appellation hermitage, en face de la ville de Tournon-sur-Rhône et de l'appellation saint-joseph.

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

Les Romains cultivent des vignobles sur ce terroir durant l’Antiquité[4].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Période moderne[modifier | modifier le code]

La crise du phylloxéra contraint les viticulteurs à reconstituer leurs vignobles en 1881[4].

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Au début du XXe siècle, le conseil municipal de Crozes modifie le nom du village en y ajoutant celui du coteau de l’Hermitage. La crise viticole des années 1920, alors que le vignoble est renaissant, est à l'origine de la création de la cave coopérative de vins fins de Tain-l’Hermitage en 1933. Les viticulteurs augmentent l'offre en vinifiant en commun et relancent les ventes[4].

Leur syndicat viticole obtient en 1937 la protection de leur terroir viticole par l’AOC crozes-hermitage qui garantit la provenance des vins. Son aire de production passe à leur demande de une à onze communes en 1952, une nouvelle modification de l’aire de production a lieu en 1989. Les terroirs les moins bien exposés sont éliminés et l'appellation ne concerne plus que 1400 hectares au lieu des 4800 hectares précédents[4].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Cette appellation tire son nom de deux toponymes. Le premier « Crozes » est dérivé de crucem qui a donné ensuite crocem en bas-latin. Il peut signifier à la fois « croix » ou « croisement de chemins »[5]. Le second « Hermitage » provient de Heremitagium qui a donné ermitage en français. Il fait référence à la colline qui domine le Rhône au sommet de laquelle le chevalier de Sterimberg, de retour de la croisade contre les Albigeois, s'installa pour vivre en ermite[6].

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Avec ses 1 650 hectares et ses 43 103 hectolitres, c’est le plus grand vignoble des côtes-du-rhône septentrionales. Le rendement de ses vignes a été plafonné à 45 hectolitres par hectare.

Orographie[modifier | modifier le code]

Ce terroir viticole étendu, au sol rarement uniforme, présente un relief assez varié. La partie la plus importante (sud et est de Tain-l’Hermitage), est composée de puissantes couches de cailloux roulés des époques glaciaires (Riss et Würm) mêlés à de l’argile rouge. Ce terroir légèrement moutonné à plat est appelé plateau ou terrasse comme aux lieux-dits les Chassis ou les Sept-Chemins. Vers le nord-ouest, dominent des coteaux assez accentués. Vers Larnage et Crozes-Hermitage, une terrasse, vestige de la glaciation de Mindel, a son substrat caillouteux recouvert de lœss ou de sables blancs kaoliniques[7].

Géologie[modifier | modifier le code]

Le vignoble est implanté soit sur des coteaux granitiques, soit sur les anciennes alluvions glaciaires du Rhône, soit sur des terrasses de cailloux roulés et de lœss[7].

Climatologie[modifier | modifier le code]

Relevés météorologiques de la région de Tournon
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1 0 2 4 9 12 14 14 11 8 3 1 6,4
Température moyenne (°C) 3,5 4 7 8,5 14,5 17,5 20 20 16,5 12,5 6,5 3,5 11,1
Température maximale moyenne (°C) 6 8 12 15 20 23 26 26 22 17 10 6 15,9
dont pluie (mm) 42,7 34,7 39,5 61,8 63,9 44,4 42,3 43,6 70,9 78,6 63,2 43,5 431,5


Ce terroir viticole bénéficie d'un climat tempéré dont la principale caractéristique est le vent fréquent qui souffle le long du couloir rhodanien. Ce vent, lorsqu'il vient du nord, le mistral, a pour effet d'assécher l'air et d'apporter du beau temps et de la fraîcheur en été, mais une impression de froid glacial en hiver. Lorsqu'il provient du sud, il annonce généralement l'arrivée de perturbations orageuses ; il s'appelle alors « vent du midi » ou « vent des fous » car, pour certaines personnes, il rend l'atmosphère pénible à supporter, surtout en été.

À partir de cette latitude, l'influence du climat méditerranéen se fait directement sentir. L'ensoleillement annuel est élevé (environ 2 400 heures à Valence (estimation de Météo France). Les étés y sont chauds et secs. La température moyenne du mois de juillet est de 20 °C (Montélimar 23 °C). Les hivers, froids sans excès, s'inscrivent plutôt dans un climat de type semi-continental dégradé. La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est ainsi de 3,5 °C.

La pluviométrie annuelle est modérée : environ 430 mm. Les pluies sont particulièrement importantes à la fin de l'été, particulièrement en septembre à cause de l'effet cévenol ou orage cévenol, qui déverse des trombes d'eau.

Vignoble[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

Les onze communes faisant partie de l'appellation sont Beaumont-Monteux, Chanos-Curson, Crozes-Hermitage, Érôme, Gervans, Larnage, Mercurol, La Roche-de-Glun, Pont-de-l'Isère, Serves-sur-Rhône, Tain-l'Hermitage.

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les cépages autorisés sont syrah, marsanne et roussanne pour les rouges et marsanne et roussanne pour les blancs.

Comparaison de l'encépagement de l'AOC crozes-hermitage avec les autres appellations locales des côtes-du-rhône septentrionales

Dans les décrets d'appellation, une distinction est faite entre les cépages principaux (indiqués par « M »), les variétés supplémentaires (indiquées par « S ») et celles autorisées (indiquées par « (A) »).

Cépage AOC locales septentrionales
Condrieu[8],
Château-Grillet[9]
Cornas[10] Côte-Rôtie[11] Hermitage[12], Crozes-Hermitage[13] Saint-Joseph[14] Saint-Péray[15]
Rouge Blanc Rouge Blanc
Marsanne (A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
Roussanne (A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
Syrah M
100 %
M
min 80 %
M
min 85 %
M
min 90 %
Viognier M
100 %
(A)
max 20 %

Méthodes culturales[modifier | modifier le code]

Vinification et élevage[modifier | modifier le code]

Terroir et vins[modifier | modifier le code]

AOC crozes-hermitage, Paul Jaboulet, 2003
AOC Crozes-hermitage blanc

La plus grande appellation septentrionale a un terroir qui évolue des coteaux granitiques du nord aux terrasses de galets roulés et de lœss au sud. Ses syrah, marsanne et roussanne, avec un rendement de 45 hectolitres par hectare, fournissent des rouges et des blancs de grande classe. Le rouge à la robe vermeille et brillante a un nez de fruits rouges, de cuir et d’épices que conforte une bouche élégante, gracieuse et franche. Du blanc, à la robe jaune d’or pâle, émane une grande floralité ponctuée de notes de fruits secs. En bouche, ce vin est gras tout en restant sec et bien équilibré[16].

Les vins ont une grande parenté gustative avec l’hermitage. Comme lui, pour les rouges la syrah peut recevoir un ajout de 15 % de roussanne et de marsanne, les deux cépages qui entrent dans la composition des blancs. Le vin rouge, à la robe rouge grenat, est un vin de moyenne garde, savoureux dès sa prime jeunesse. Il dégage alors un nez de fruits rouges qui va évoluer au fil des ans vers les épices et le cuir. Le vin blanc, habillé d’or pâle, gras en bouche, sec et équilibré, a un joli nez floral qui recèle des pointes de fruits secs[16].

Structure des exploitations[modifier | modifier le code]

Type de vins et gastronomie[modifier | modifier le code]

Les blancs sont présentés en apéritif, sur des poissons ou des crustacés[4]. Parmi les poissons grillés, il se révèle parfait sur un filet de truite poêlé et s’apprécie tout aussi bien sur un hareng - pommes à l’huile[7]. Sur les crustacés, il peut atteindre les sommets de la gastronomie en accompagnant les pâtes au homard et piment d’Espelette que propose le chef Gérard Vives [17]. Dans les deux premières années, ces vins sont bus pour le plaisir du fruit. en vieillissant, ils développent des notes évoluant vers les fruits secs[7].

Les rouges s'accordent parfaitement avec de la charcuterie, de l'agneau, de la pintade rôtie, des viandes en sauce, un coq au vin ou des daubes[4]. Ils peuvent accompagner tout un repas. Dans leur prime jeunesse, ils conviennent au lapin, aux volailles et aux entrées charcutières. Les mêmes s'imposent, en fin de repas, avec le Saint-Marcellin, fromage local. Un vieux millésime devient le compagnon parfait du canard, des viandes rouges et des gibiers. Pour atteindre leur plénitude, ils doivent être servis autour de 15 °C pour les vins jeunes et autour de 17 °C pour les millésimes plus anciens[7].

Millésimes[modifier | modifier le code]

Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle Article de qualité, grande année Bon article, bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.

Millésimes 2000
2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
Caractéristiques Article de qualité *** *** Bon article Article de qualité Bon article Bon article *** Bon article Bon article
Millésimes 1990
1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990
Caractéristiques *** *** ** *** Bon article ** ** ** *** Article de qualité
Millésimes 1980
1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité Bon article *** Article de qualité ** Bon article *** Bon article Article de qualité
Millésimes 1970
1979 1978 1977 1976 1975 1974 1973 1972 1971 1970
Caractéristiques Bon article Article de qualité Bon article ** *** Bon article *** ** ** Article de qualité
Millésimes 1960
1969 1968 1967 1966 1965 1964 1963 1962 1961 1960
Caractéristiques ** * Article de qualité Article de qualité *** *** ** ** *** Article de qualité
Millésimes 1950
1959 1958 1957 1956 1955 1954 1953 1952 1951 1950
Caractéristiques Bon article Bon article Article de qualité Bon article Bon article *** Bon article Article de qualité ** Article de qualité
Millésimes 1940
1949 1948 1947 1946 1945 1944 1943 1942 1941 1940
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité Article de qualité Bon article Article de qualité ** Article de qualité Bon article ** **
Millésimes 1930
1939 1938 1937 1936 1935 1934 1933 1932 1931 1930
Caractéristiques * Bon article Bon article *** ** Article de qualité Article de qualité ** ** **
Millésimes 1920
1929 1928 1927 1926 1925 1924 1923 1922 1921 1920
Caractéristiques Article de qualité Article de qualité ** Bon article ** Bon article Bon article ** Bon article Bon article
Sources : Yves Renouil (sous la direction), Dictionnaire du vin, Éd. Féret et fils, Bordeaux, 1962 ; Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, Les millésimes de la vallée du Rhône & Les grands millésimes de la vallée du Rhône

Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.

Commercialisation[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation Côtes du Rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  • Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, USA, 1987.
  • Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des Côtes-du-Rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
  • Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
  • Jean-Pierre Saltarelli, Vallée du Rhône : de l’appellation à la notion de cru, Vins magazine, n° 41, , janvier-.
  • François Baudez et Jules Franck, Hermitage & Crozes-Hermitage, terroirs de passions, Éd au Fil du Rhône, , (ISBN 978-2-84668-460-6).

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

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