Lévon Mozian

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Lévon Mozian
Fonction
Rédacteur en chef
Alik (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Sépulture des intellectuels arméniens du cimetière parisien de Bagneux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Լեւոն ՄօզեանVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Ali NureddinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
française (à partir du )
ottomaneVoir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
Formation
Activités
Écrivain, rédacteur, libraireVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Arevmoudk (-)
Alik (d) ( - )
Yergounk (d)
Haratch
Azat Khosk
Mardgotz
Djagadamard (d)
Guiliguia (d)
Joghovourt (d)
AzadamardVoir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Vue de la sépulture.

Lévon Mozian (francisé en Léon Mozian, en arménien : Լեւոն Մօզեան), né le à Şebinkarahisar et mort le à Paris, est un écrivain arménien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et débuts en Orient[modifier | modifier le code]

Lévon Mozian naît le à Şebinkarahisar[1],[2]. Son père, Haroutioun, possède un moulin à eau au bord d'une rivière et équipé de machines modernes, dont Lévon évoque plus tard le souvenir avec nostalgie[3].

Il fait ses études primaires à Sivas puis au Lycée arménien Guétronagan de Constantinople[2]. Dans la capitale ottomane, Lévon Mozian rejoint la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA)[2] et, en 1912, il dirige le journal Yergounk (Երկունք)[3],[2], organe de l'Union des étudiants de la FRA[4], et intègre le comité de rédaction du quotidien Azadamard[2], lui aussi affilié au parti.

Lors du génocide arménien, il échappe aux premières arrestations du mois d'avril, mais est obligé de prendre la route de l'exil malgré ses efforts[2]. Il raconte cette expérience dans son ouvrage L'Odyssée d'un exilé[3]. Il passe par Konya en juillet 1915 escorté par deux policiers, et profite de l'aide du prélat Karékine Khatchadourian et du directeur du collège national Meguerditch Barsamian, puis est envoyé vers Eregli et Bozanti[5]. Il est arrêté à Mersine (accusé d'être un déserteur voire un espion au profit des Britanniques) puis interné à Tarse[6]. En septembre, le docteur Boghossian, affecté au camp de transit de Tarse, permet à Lévon Mozian, à Aram Andonian, à Yervant Odian et à Sébouh Agouni d'être recueillis par les frères Aram et Ardachès Chalvardjian, qui fournissent les soldats turcs de la région en farine et qui bénéficient donc de facilités de circulation, ce qui leur permet de sauver la vie de nombreux Arméniens[7]. Lévon Mozian est ensuite membre du réseau clandestin travaillant sur le chantier du Bagdadbahn à Intilli, parvient à échapper à la liquidation des ouvriers arméniens du chantier et se réfugie à Hama en août 1916[6] grâce à Lévon Zakarian, inspecteur de la dette publique qui circule alors régulièrement entre Adana et Beyrouth[6]. À Hama, Lévon Mozian prend le nom d'Ali Nureddin et exerce le métier de professeur de mathématiques dans le seul collège de la ville[6].

Il atteint ensuite Alep, d'où il rejoint Adana (Cilicie) en 1919 et s'y marie[3]. Pendant l'occupation de la Cilicie par la France, il y publie le journal Guiliguia (Կիլիկիա[8], « Cilicie »), journal du comité central de la FRA de la région[2].

Après l'évacuation de la Cilicie par les troupes françaises[2] en 1920, il quitte Adana avec sa famille et retourne deux ans à Constantinople[3]. Là, il travaille pour le journal de la FRA Djagadamard[2], qui a pris la suite d'Azadamard. L'invasion kémaliste de la capitale turque oblige une partie de la population à fuir en catastrophe et le pousse de nouveau à l'exil[2].

Lévon Mozian part ensuite pour Thessalonique (Grèce) où il publie le journal quotidien Alik (Ալիք[9], « Vague ») en 1923[3] avec ses propres modestes moyens et en cumulant les postes (rédaction, administration, expédition, assistant de typographie)[2].

Carrière en France[modifier | modifier le code]

Avec sa famille, Lévon Mozian s'installe à Paris en 1925[2],[3]. Dans la capitale française, il intègre le comité central de la FRA de l'Europe de l'ouest en 1928[2].

En septembre 1929, avec Simon Vratsian, Meguerditch Barsamian, L. Krikorian, Vasken Chouchanian, G. Sassouni, Chavarch Nartouni et Ohan Garo, il fonde une association, les « Amis des écrivains martyrs » (Նահատակ Գրողներու Բարեկամներ[2]), qui a pour objectif de publier les œuvres des écrivains arméniens morts avant et pendant le génocide[10].

Il est naturalisé français en 1930[11].

Dans les années 1930, il est responsable de la rédaction d'Annuaires des adresses arméniennes (Ամենուն հասցէն) édités par la librairie Arpi et dont les deux premiers numéros (1931 et 1932) sont disponibles à la bibliothèque de la Cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste de Paris[12].

Membre impliqué de la branche française de la FRA, il fait partie du mouvement qui en critique la direction au début des années 1930[13]. Meneur de cette aile dissidente avec Vasken Chouchanian et Mesrob Kouyoumdjian, il fonde avec eux le journal qui se fait le porte-voix de leurs revendications, Mardgotz (1932-1933), et est finalement exclu du parti[13]. Son groupe est infiltré par des agents soviétiques qui le financent en échange d'un changement de cap politique, financement que Mozian, Chouchanian et A. Apoyan dénoncent, et ce qui finit par provoquer sa dissolution fin 1933[13].

Après la guerre, il fonde la revue Arevmoudk en compagnie de Puzant Topalian et de Lévon Tchormissian[14],[2]. Il écrit dans de nombreux périodiques, dont Haratch, Joghovourt, Azat khosk, Loussartsag Parizi, Aïssor Abaka, Aztarar, Baïkar, etc., en particulier des feuilletons qu'il regroupe ensuite dans son L'Odyssée d'un exilé, publié l'année de sa mort[2]. Il tient aussi la librairie Arpi dans le quartier de Belleville[15].

Au cours de sa vie, il s'intéresse à la littérature (romanciers français et étrangers, traduisant notamment Crime et Châtiment et Les Frères Karamazov de Dostoïevski, mais aussi du Gabriele D'Annunzio ou encore du Jean-Paul Sartre[2]), aux sciences humaines, à la psychanalyse, à la philosophie, à la sociologie[3]… Très attaché à l'idée que la diaspora arménienne garde son arménité, il préconise le rassemblement autour de l’Église apostolique arménienne[3].

Il meurt le [1]. Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux[16].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il a une fille, Sonia, née le à Adana[11].

Œuvre[17][modifier | modifier le code]

  • (hy) Հայ Գաղթաշխարհը իր գոյութեան հարցականին առջեւ [« La diaspora arménienne devant la question de son existence »], Paris, Impr. A. Der Agopian,‎ , 186 p. (BNF 41168145, lire en ligne sur Gallica Accès libre)
  • (hy) Աքսորականի մը ոդիսականը : Սեւ օրերու յիշատակներ [« L'Odyssée d'un exilé : Souvenirs de jours sombres »], Beyrouth, Impr. Baykar,‎ , 115 p. (BNF 41410412)
  • (hy) Հայ ազգային ոգին : Մեր ներկայ աշխարհաբարին մէջ [« L'esprit du peuple arménien : Au sein du monde actuel »], Paris, Impr. A. Der Agopian,‎ , 82 p. (BNF 41173274, lire en ligne sur Gallica Accès libre)

Traduction[modifier | modifier le code]

  • (hy) Maxime Gorki (trad. Lévon Mozian), Մահացու Սէրը : Պատմուածք գնչուներու կեանքէն [« L'amour mortel »], Paris, Impr. G. H. Nersès,‎ , 31 p. (BNF 43664292)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Mozian, Léon (1890-1958) », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Lévon Mozian 1960, p. 4-5 (préface posthume).
  3. a b c d e f g h et i « Biographie de Lévon Mozian », sur levonmozian.blogspot.com (consulté le )
  4. (hy) « Երկունք », sur tert.nla.am
  5. Raymond Kévorkian 2006, p. 722.
  6. a b c et d Raymond Kévorkian 2006, p. 836-837.
  7. Raymond Kévorkian 2006, p. 739-740.
  8. (hy) « Կիլիկիա », sur tert.nla.am
  9. (hy) « Ալիք / Alik », sur tert.nla.am
  10. Krikor Beledian 2001, p. 84.
  11. a et b « Naturalisations et réintégrations », Journal officiel de la République française. Lois et décrets, no 176,‎ , p. 8542 (lire en ligne sur Gallica Accès libre)
  12. « Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne de Paris », sur bibliotheque-eglise-armenienne.fr
  13. a b et c Krikor Beledian 2001, p. 127-129.
  14. Krikor Beledian 2001, p. 315.
  15. Claire Mouradian et Anouche Kunth, Les Arméniens en France : Du chaos à la reconnaissance, Éditions de l'attribut, , 168 p. (ISBN 978-2916002187, lire en ligne), p. 50
  16. « Sépulture des intellectuels arméniens », sur geneanet.org
  17. Krikor Beledian 2001, p. 456.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]