Mardgotz

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Mardgotz
Մարտկոց
Image illustrative de l’article Mardgotz

Pays Drapeau de la France France
Zone de diffusion Diaspora arménienne
Langue Arménien
Périodicité Variable
Genre Journal
Fondateur Vasken Chouchanian
Lévon Mozian
Mesrob Kouyoumdjian
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Paris

Mardgotz (arménien : Մարտկոց, littéralement « La Batterie »[1] ou « Le Bastion »[2]) est un journal en langue arménienne fondé le par une faction dissidente de la Fédération révolutionnaire arménienne à Paris et publié jusqu'au .

Historique[modifier | modifier le code]

Au début des années 1930, et plus précisément à partir de 1931[1], une partie des militants de la branche française de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) se soulève contre la direction caucasienne du parti[3]. Ce mouvement de contestation met en danger toute l'organisation de la FRA car il voit l'émergence d'une multitude de comités dissidents à travers la France[1]. Il atteint son pic avec la publication de Mardgotz de septembre 1932 à septembre 1933[1]. Parmi les leaders de cette branche contestataire, et donc du journal, on compte Vasken Chouchanian, Lévon Mozian et Mesrob Kouyoumdjian[1]. Ce premier est même attaqué physiquement à Issy-les-Moulineaux[1], l'un des bastions de la diaspora arménienne en France. Minoritaires, les dissidents sont rapidement exclus du parti[1].

Les militants contestataires partent d'un sombre constat, exposé dans l'éditorial du n° 1 de leur journal[4] :

« […] les derniers restes du peuple arméno-occidental meurent. La nouvelle génération grandit à l'étranger et la vision de la patrie arménienne devient trouble à ses yeux. L'écroulement nous menace. »

Ils cherchent donc à fonder une organisation de « solidarité nationale » au-delà des clivages[4] et veulent du changement[5],[4]. Ils accusent la direction du parti d'inertie et d'anti-soviétisme[3], demandant notamment plus de souplesse vis-à-vis de l'Arménie soviétique[4]. Ils l'accusent aussi de turcophilie[4] et l'exhortent à reprendre les actions terroristes contre la Turquie[3]. Enfin, ils demandent plus de place pour la jeune génération et un retour aux sources dans le passé révolutionnaire du parti[4].

Dans un éditorial de janvier 1933, le mouvement se fait optimiste et volontaire[6],[4] :

« Dès le début de notre mouvement, dans un souci de corriger l'histoire passée des Arméniens, de la purifier et pour ouvrir la voie de l'histoire future, nous sommes arrivés à la profonde conviction qu'il nous faut purifier l'esprit de notre peuple, afin d'en effacer les traces de l'asservissement séculaire, de l'allumer comme une flamme sacrée, de le dresser, de le moderniser et de l'installer sur son ancien et admirable piédestal. Retrouver la vraie veine antique de la race et, en la confrontant à la culture contemporaine internationale, y faire des greffes, ériger l'âme nouvelle, courageuse, triomphante et sans peur, riche de tendances et de frissons […] C'est la nouvelle génération de l'étranger qui doit accomplir cette tâche […] mais elle doit se mettre à l'écoute du pays, suivre les battements de son cœur, au nom de l'unité et de la totalité de la culture arménienne. »

Selon Krikor Beledian, cet éditorial est de la plume de Vasken Chouchanian, antiraciste déclaré, qui prône un socialisme qui se situe dans le cadre de la nation[7].

Surtout politique, Mardgotz investit aussi le plan littéraire, voyant en les écrivains arméniens de la nouvelle génération « les gardiens volontaires du feu inextinguible qui lui vient du fond des âges »[6],[4].

Le mouvement finit par être infiltré par des agents soviétiques, qui obtiennent un changement de cap idéologique en échange d'une aide financière, ce que les fondateurs dénoncent et ce qui provoque la dissolution du groupe fin 1933[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Krikor Beledian 2001, p. 127.
  2. « Mardgotz – մարտկոց – Le Bastion », sur webaram.com
  3. a b et c Anahide Ter Minassian 1997, p. 77.
  4. a b c d e f g et h Krikor Beledian 2001, p. 128.
  5. (hy) « Պետք է բան մը փոխվի, վերջապէս… » [« Quelque chose doit enfin changer… »], Mardgotz, no 1,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  6. a et b (hy) « Ճիգերու կեդրոնացում նաեւ գրական մարզի վրայ » [« Concentration des forces aussi dans le domaine littéraire »], Mardgotz, no 45,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  7. Krikor Beledian 2001, p. 128-129.
  8. Krikor Beledian 2001, p. 127-128.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]